L’envers de l’histoire contemporaine
197 pages
Français

L’envers de l’histoire contemporaine

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième et quatrième livres, Scènes de la vie parisienne et scènes de la vie politique - Tome XII (sic, erreur pour le tome IV). Douzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : ― Chaque blessure, chaque nouvelle atteinte a redoublé chez elle la patience, la résignation, reprit Alain 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 220
EAN13 9782824710136
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
L’EN V ERS DE
L’H IST OI RE
CON T EMPORAI N E
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
L’EN V ERS DE
L’H IST OI RE
CON T EMPORAI N E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1013-6
BI BEBO OK
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.L’EN V ERS DE
L’H IST OI RE
CON T EMPORAI N E
1CHAP I T RE I
P REMI ÈRE ÉP ISODE
 1836,   une b elle soiré e du mois de septembr e , un homme
d’ envir on tr ente ans r estait appuyé au p arap et de ce quai d’ oùE l’ on p eut v oir à la fois la Seine en amont depuis le Jardin des
P lantes jusqu’à Notr e-D ame , et en aval la vaste p er sp e ctiv e de la rivièr e
jusqu’au Louv r e . Il n’ e xiste p as deux semblables p oints de v ue dans la
capitale des idé es. On se tr ouv e comme à la p oup e de ce vaisse au de v enu
gig antesque . On y rê v e Paris depuis les Romains jusqu’aux Francs, depuis
les Nor mands jusqu’aux Bour guignons, le Mo y en- Âg e , les V alois, Henri
I V et Louis X I V , Nap olé on et Louis-P hilipp e . D e là , toutes ces
dominations offr ent quelques v estig es ou des monuments qui les rapp ellent au
souv enir . Sainte-Gene viè v e couv r e de sa coup ole le quartier latin. D
errièr e v ous, s’élè v e le magnifique che v et de la cathé drale . L’Hôtel-de- Ville
v ous p arle de toutes les ré v olutions, et l’Hôtel-Dieu de toutes les misèr es
de Paris. and v ous av ez entr e v u les splendeur s du Louv r e , en faisant
deux p as v ous p ouv ez v oir les haillons de cet ignoble p an de maisons
2L’ env er s de l’histoir e contemp oraine Chapitr e I
situé es entr e le quai de la T our nelle et l’Hôtel-Dieu, que les mo der nes
é che vins s’ o ccup ent en ce moment de fair e disp araîtr e .
En 1835, ce table au mer v eilleux avait un enseignement de plus  :
entr e le Parisien appuyé au p arap et et la cathé drale , le T er rain, tel est
le vieux nom de ce lieu désert, était encor e jonché des r uines de l’ar
chevê ché . Lor sque l’ on contemple de là tant d’asp e cts inspirateur s, lor sque
l’âme embrasse le p assé comme le présent de la ville de Paris, la Religion
semble log é e là comme p our étendr e ses deux mains sur les douleur s de
l’une et l’autr e riv e , aller du faub our g Saint- Antoine au faub our g
SaintMar ce au. Esp ér ons que tant de sublimes har monies ser ont complété es p ar
la constr uction d’un p alais épiscop al dans le g enr e g othique , qui r
emplacera les masur es sans caractèr e assises entr e le T er rain, la r ue d’ Ar cole , la
cathé drale et le quai de la Cité .
Ce p oint, le cœur de l’ancien Paris, en est l’ endr oit le plus solitair e ,
le plus mélancolique . Les e aux de la Seine s’y brisent à grand br uit, la
cathé drale y jee ses ombr es au coucher du soleil. On compr end qu’il
s’y émeuv e de grav es p ensé es chez un homme aeint de quelque maladie
morale . Sé duit p eut-êtr e p ar un accord entr e ses idé es du moment et celles
qui naissent à la v ue de scènes si div er ses, le pr omeneur r estait les mains
sur le p arap et, en pr oie à une double contemplation  : Paris et lui  ! Les
ombr es grandissaient, les lumièr es s’allumaient au loin, et il ne s’ en allait
p as, emp orté qu’il était au courant d’une de ces mé ditations gr osses de
notr e av enir , et que le p assé r end solennelles.
En ce moment, il entendit v enir à lui deux p er sonnes dont la v oix
l’avait frapp é dès le p ont en pier r e qui réunit l’île de la Cité au quai de la
T our nelle . Ces deux p er sonnes se cr o yaient sans doute seules, et p arlaient
un p eu plus haut qu’ elles ne l’ eussent fait en des lieux fré quentés, ou si
elles se fussent ap er çues de la présence d’un étrang er . Dès le p ont, les v oix
annonçaient une discussion qui, p ar quelques p ar oles app orté es à l’ or eille
du témoin inv olontair e de cee scène , étaient r elativ es à un prêt d’ar g ent.
En ar rivant auprès du pr omeneur , l’une des deux p er sonnes, mise comme
l’ est un ouv rier , quia l’autr e p ar un mouv ement de désesp oir . L’autr e se
r etour na, rapp ela l’ ouv rier et lui dit  : ―  V ous n’av ez p as un sou p our
r ep asser le p ont. T enez, ajouta-t-il en lui donnant une piè ce de monnaie ,
et souv enez-v ous, mon ami, que c’ est Dieu lui-même qui nous p arle quand
3L’ env er s de l’histoir e contemp oraine Chapitr e I
il nous vient de b onnes p ensé es  !
Cee der nièr e phrase fit tr essaillir le rê v eur . L’homme qui p arlait ainsi
ne se doutait p as que , p our emplo y er une e xpr ession pr o v erbiale , il faisait
d’une pier r e deux coups, qu’il s’adr essait à deux misèr es  : une industrie
au désesp oir , et les souffrances d’une âme sans b oussole  ; une victime de
ce que les moutons de Panur g e nomment le Pr ogrès, et une de
ce que la France app elle l’Ég alité . Cee p ar ole , simple en elle-même , fut
grande p ar l’accent de celui qui la disait, et dont la v oix p ossé dait comme
un char me . N’ est-il p as des v oix calmes, douces, en har monie av e c les
effets que la v ue de l’ outr e-mer pr o duit sur nous  ?
A u costume , le Parisien r e connut un prêtr e , et vit aux der nièr es clartés
du crépuscule un visag e blanc, auguste , mais ravag é . La v ue d’un prêtr e
sortant de la b elle cathé drale de Saint-Étienne , à Vienne , p our aller p
orter l’ e xtrême-onction à un mourant, déter mina le célèbr e auteur tragique
W er ner à se fair e catholique . Il en fut pr esque de même p our le Parisien
en ap er ce vant l’homme qui, sans le sav oir , v enait de le consoler  ; il ap
erçut dans le menaçant horizon de son av enir une longue trace lumineuse
où brillait le bleu de l’éther , et il suivit cee clarté , comme les b er g er s de
l’Évangile allèr ent dans la dir e ction de la v oix qui leur cria d’ en haut  :
― Le Sauv eur vient de naîtr e . L’homme à la bienfaisante p ar ole mar chait
le long de la cathé drale , et se dirig e ait, p ar une consé quence du hasard,
qui p arfois est consé quent, v er s la r ue d’ où le pr omeneur v enait et où il
r etour nait, amené p ar les fautes de sa vie .
Ce pr omeneur avait nom Go defr oid. En lisant cee histoir e , on
compr endra les raisons qui n’y font emplo y er que les prénoms de ceux dont
il sera question. V oici donc p our quoi Go defr oid, qui demeurait dans le
quartier de la Chaussé e-d’ Antin, se tr ouvait à une p ar eille heur e au
chev et de Notr e-D ame .
Fils d’un détaillant à qui l’é conomie avait fait fair e une sorte de
fortune , il de vint toute l’ambition de son pèr e et de sa mèr e , qui le ré vèr ent
notair e à Paris. A ussi, dès l’âg e de sept ans, fut-il mis dans une
institution, celle de l’abbé Liautard, p ar mi les enfants de b e aucoup de familles
distingué es qui, sous le règne de l’Emp er eur , avaient, p ar aachement à la
r eligion un p eu tr op mé connue dans les ly cé es, choisi cee maison p our
l’é ducation de leur s fils. Les inég alités so ciales ne p ouvaient p as alor s êtr e
4L’ env er s de l’histoir e contemp oraine Chapitr e I
soup çonné es entr e camarades  ; mais, en 1821, ses études ache vé es, Go
defr oid, qu’ on plaça chez un notair e , ne tarda p as à r e connaîtr e les distances
qui le sép araient de ceux av e c lesquels il avait jusqu’alor s vé c

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