Le musée imaginaire d Hannah Arendt / Hannah Arendt, philosophe d action
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Dans Condition de l'homme moderne, Hannah Arendt met en place une hiérarchie de concepts - travail, oeuvre, action - qui lui permet d'analyser un retournement typique, selon elle, de la modernité. Au sommet se situe l'action. Avant tout politique, l'action permet la création d'un monde commun, un domaine public où l'homme dépasse le confinement biologique de la famille et l'isolement du soi. L'existence de ce monde commun est la condition de notre relation au réel.
Bérénice Levet, docteur en philosophie, est également professeur et collabore aux revues Esprit, Commentaire ainsi qu'à La Revue des Deux Mondes. Elle est l'auteur, avec François Boespflug, d'un livre d'entretiens sur l'art et le christianisme, La Pensée des images (Bayard, 2011). Le Musée imaginaire d'Hannah Arendt est son premier essai.
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Langue Français

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Hannah Arendt, philosophe d'action
LE MONDE DES LIVRES | 28.06.2012 à 10h37 • Mis à jour le 05.07.2012 à 09h03Par Nicolas Weill
Ce qu'il y a de singulier dans la longue redécouverte en France de la philosophe allemande puis américaineHannah Arendt(1906-1975), c'est que chaque étape de ces retrouvailles tardives paraît précéder ouaccompagnerun temps fort de notre vie intellectuelle la plus présente. Retrouvailles tout d'abord parce que, comme d'autres fugitifs juifs ayant quitté l'Allemagnenazie et dont elle fut proche (Walter Benjamin, par exemple), la première station de son exil futParis, où elle demeura de 1933 à 1941, avant departirdans des conditions extrêmement précaires pour les Etats-Unis. Là, à l'instar d'un autre exilé, Siegfried Kracauer, elle fit le choix devivreet d'écrire en anglais, de sorte que la plupart de ses grandslivresde maturité ont été rédigés dans cette langue.
Toutefois, comme le montreCondition de l'homme moderne(1958) aujourd'hui réédité par Gallimard comme texte principal du "Quarto"L'Humaine condition,jamais elle n'aura cessé d'abreuversa pensée aux sources allemandes, grecques et latines, àcommencerpar la phénoménologie d'Edmund Husserl, la théologie de saint Augustin et la philosophie de Karl Jaspers ainsi que de celui qui fut un temps son amant, Martin Heidegger
. Mieux, son entreprise intellectuelle peut apparaître, à bien des égards, comme une extension de la phénoménologie à la philosophiepolitique.
Hannah Arendt est donc demeurée une Européenne, aussi admirative qu'elle ait été de la révolution et du fédéralisme américain, qu'elle oppose souvent à la Révolution française. D'où l'impression de familiarité que suscite le vivier théorique de cette polyglotte où surgissent de nombreuses références françaises qui lui sont contemporaines (Jean-Pierre Vernant,Alain Touraine,Georges Friedmann,Jules Vuillemin, etc.).
INCLASSABLE
Traduits et édités pour l'essentiel àpartirdes années 1960 dans la collection "Liberté de l'esprit" dirigée par Raymond Aron chez Calmann-Lévy, les textes d'Arendt, malgré leur caractère inclassable, semblaient plutôttrouverune place dans une bibliothèque libérale et conservatrice. Arendt fut ainsi abordée et connue surtout àpartirde ses réflexions sur lesOrigines du totalitarisme(1951). Militante sioniste dans sa jeunesse, mais très critique vis-à-vis de la politique de l'Etat d'Israël, elle prit ses distances avec ces questions après 1948 pour n'yrevenir, sur un mode spectaculaire, qu'au début des années 1960, par son très controverséEichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal.
De la profondeur de ce lien témoigne la compilation de sesEcrits juifsrassemblés en 2011 et édités par Fayard, incluant, dans une traduction deSylvie Courtine-Denamy, les articles qu'Arendt, toujours attentive au monde tel qu'il allait et modèle de journalisme, livra dans les années 1940 à la revue de l'émigration allemande aux Etats-UnisAufbau.
Paradoxalement, le réveil d'une mémoire juive et non juive de laShoah, à la fin des années 1970, mit les conceptions d'Arendt, très critique vis-à-vis de l'attitude des dirigeants juifs et dont la charge se voulait avant tout politique, quelque peu en porte à faux avec l'attention nouvelle portée aux victimes du génocide. De même que l'effacement relatif du paradigme antitotalitaire, à la suite de l'effondrement du communisme dans les années 1990, aurait pucantonnerl'auteur desOrigines... au rôle de pionnier théorique d'autrefois légèrement dépassé par les bouleversements du contexte historique.
Ce serait sanscompteravec l'autre partie de l'oeuvre arendtienne, qui nous est restituée grâce à ce "Quarto". Il comprend, aux côtés de textes inspirés par la politique américaine de son époque, l'un des écrits les plus purement philosophiques d'Hannah Arendt,Condition de l'homme moderne(connu dans sa version allemande sous letitremieux adapté deVita activa). Certes, comme le rappelle l'éditeur du volume,Philippe Raynaud, dans la préface, Hannah Arendt se voulait"écrivain
politique"et non philosophe. Pourtant, ces pages, par leur acuité, leur discussion serrée de la tradition philosophique des Grecs à Descartes, restituent une Arendt dont la pensée n'est pas seulement liée aux circonstances mais qui a produit aussi un des grands livres de philosophie politique, discipline qu'elle estimait menacée.
Il s'agit moins cette fois depenserl'événement ou les horreurs du "siècle de fer" (nazisme ou communisme) que de définir la cassure d'où est issue la modernité. Modernité décrite en des termes quasi tocquevilliens, livrée à laconsommationanimale sans but ni fin, soit affectée d'un mal autre que la maladie totalitaire.
TRAVAIL, OEUVRE, ACTION
DansCondition de l'homme moderne,Hannah Arendt met en place une hiérarchie de concepts - travail, oeuvre, action - qui lui permet d'analyserun retournement typique, selon elle, de la modernité. Au sommet se situe l'action. Avant tout politique, l'action permet la création d'un monde commun, un domaine public où l'homme dépasse le confinement biologique de lafamilleet l'isolement du soi. L'existence de ce monde commun est la condition de notre relation au réel.
L'action nous met par ailleurs en relation avec la pluralité humaine qui, selon Arendt, est notre seule voie d'accès à la réalité infinie du monde. Tant il est vrai que nous n'éprouvons celui-ci comme vrai que parce que d'autres l'éprouvent avec nous. Contre la tradition platonicienne qui privilégie la vie contemplative, à la"vita activa", Arendt pense que l'action est le seul remède à l'"acosmisme", c'est-à-dire au refus du monde.
L'oeuvre, en revanche, se distingue de l'action par son caractère fini et prévisible.Homo faber, l'artisan, produit certes un monde d'objets extérieurs dont la durabilité contraste avec la brièveté de l'existence. Mais parce qu'il évolue dans un espace exclusivement concentré sur l'adaptation des moyens et de la fin, il engendre un monde fondé sur l'utilitarisme, l'efficacité et politiquement dominé par l'expertise. Quant au travail, il ravale l'homme à ses besoins vitaux. Dans sa critique savante de Marx se profile l'horreur que suscite chez Arendt la perspective d'un monde humain entièrement "socialisé", où rien n'échappe à la vie réduite à la reproduction mécanique des désirs et des besoins aussi vite effacés que suscités, ce qu'Arendt appelle le triomphe de l'"animal laborans".
Dans la société de masse contemporaine de plus en plus apolitique la hiérarchie s'inverse. L'homme le plus prisé est le travailleur, tandis que l'action est méprisée. Le privé l'emporte sur le public, la nature sur l'humanité et la cité. Sansutiliserle terme de "biopolitique", popularisé plus tard par Michel Foucault dans ses cours du Collège de France, Hannah Arendt voit dans la modernité un processus inquiétant de naturalisation dusocial. L'heure est à l'activisme et au pragmatisme, lefairecaricature l'agir. Cette évolution n'a d'ailleurs guère profité aux philosophes, dont elle constate l'abaissement.
On retrouve dans ce pessimisme des échos de la célèbre condamnation de la technique par Heidegger et de l'inquiétude du fondateur de la phénoménologie, Husserl, face à la crise des sciences européennes de moins en moins préoccupées
defonderleur incontestable réussite sur du sens. Chez Arendt aussi la dérive de la modernité s'explique par l'histoire même de cessciences, dont elle a une connaissance précise. Le malheur de l'homme moderne tiendrait en effet à ce que, depuis l'invention du télescope, il situe la perspective de sonsyqihpovriasue, astronomique, etc., non plus àpartirde la Terre, mais du point de vue de Sirius !
Ce détachement de la science et de nos perceptions coïncide avec le doute cartésien e au XVII siècle, et c'est depuis lors que la seule certitude est censéevenirde notre seule intériorité. Si cette méfiance vis-à-vis de la science peutagacer, ce serait une erreur d'yvoirun quelconque accès de "misologie" (haine de la raison). Tout au contraire : de même queSimone Weil, dont Hannah Arendt fréquente les textes les moins accessibles, prônait un retour à la science des Grecs, de même Hannah Arendt veut une science et une pensée qui retrouvent le "souci du monde".
Antérieur à la révolution informatique et aux préoccupations écologiques mais déjà marqué par les désillusions du progrès propre à une ère industrielle révolue, taraudé par les capacités destructrices de l'atome, le prologue deCondition de l'homme modernelançait un appel :"Il se pourrait que nous ne soyons plus jamais capables decomprendre, c'est-à-dire depenserou d'exprimer, les choses que nous sommes capables defaire(...). S'il s'avérait que lesavoir(au sens moderne de savoir-faire) et la pensée sont séparés pour de bon, nous serions bien alors les jouets et les esclaves(...)de nos connaissances pratiques, créatures écervelées à la merci de tous les engins techniquement possibles, si meurtriers soient-ils."Cet appel àretrouverle réel est toujours àentendre.
L'Humaine Condition,d'Hannah Arendt, édité sous la direction de Philippe Raynaud, multiples traducteurs de l'anglais, Gallimard, "Quarto", 1 056 p., 26 €.
Nicolas Weill
Parcours
1906 Hannah Arendt naît à Hanovre.
1924-1933 Elle étudie la philosophie et devient l'élève de Martin Heidegger, Edmund Husserl et Karl Jaspers.
1933 Fuyant le nazisme, elle gagne la France.
1941 Elle parvient à émigrer aux Etats-Unis.
1951 Elle obtient la nationalité américaine, publieLes Origines du totalitarisme(Seuil, 1972-1982) et entame une carrière d'enseignante en sciences politiques.
1958Condition de l'homme moderne(Calmann-Lévy, 1961).
1961-1962 Elle couvre pour leNew Yorkerle procès du criminel nazi Adolf Eichmann.
1963Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal(Gallimard, 1966).
1975 Elle meurt à New York.
http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/06/28/hannah-arendt-philosophe-d-action_172 5577_3260.html
.. Le musée imaginaire d'Hannah Arendt
Auteur :Bérénice Levet
Editeur :Stock, Paris, France
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Les présentations des éditeurs :21/02/2012
Bérénice Levet, docteur en philosophie, est également professeur et collabore aux revues Esprit, Commentaire ainsi qu'à La Revue des Deux Mondes. Elle est l'auteur, avec François Boespflug, d'un livre d'entretiens sur l'art et le christianisme, La Pensée des images (Bayard, 2011). Le Musée imaginaire d'Hannah Arendt est son premier essai.
«Le Musée imaginaire d'Hannah Arendt : le titre est à entendre en un sens large, comme la métaphore des oeuvres littéraires, picturales, musicales qui ont nourri le vocabulaire de sa sensibilité et de son intelligence. Les commentateurs d'Arendt ont remarqué, souligné la présence de la littérature dans son oeuvre - moins, mais il est vrai qu'elles sont plus discrètes, celles de la peinture ou de la musique. Cependant, personne, jusqu'à présent, n'était entré dans son oeuvre exclusivement par cette voie. J'ai choisi de l'emprunter afin de comprendre pourquoi elle s'était ainsi volontiers tournée vers les écrivains et les artistes. Quelle est la spécificité de l'approche littéraire et artistique du réel ? A quoi les moyens de
l'art doivent-ils d'être, comme elle le déclare, sans rivaux pour raconter la vie de quelqu'un ou dire ce qui s'est passé ? Au terme de l'enquête, la réponse s'impose : l'art est seul, pour Arendt, adéquat à l'étoffe dans laquelle l'existence humaine est taillée. Le fondement de son parti pris artistique est ontologique. Et il n'est pas sans lien avec son expérience du XXe siècle, de l'épreuve et de l'examen des totalitarismes. Ces régimes qui se sont donné pour fin d'humilier et de nier le réel dans ses traits essentiels, de dérober à l'homme son humanité. Toutefois, je n'ai pas voulu simplement ajouter une nouvelle contribution aux études arendtiennes mais tenter de refonder, par le prisme d'une personnalité singulière, notre propre besoin des Humanités concurrencées, aujourd'hui, comme au temps d'Arendt, par les sciences humaines et sociales.»
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La revue de pressePierre Jourde - Le Nouvel Observateur du 16 février 2012
Ce livre est indispensable à un moment où l'on s'emploie à faire doucement mourir la littérature et les sciences humaines. Car, n'est-ce pas, ça ne sert à rien. Ça ne rapporte pas de profit mesurable à court terme... On y apprend, parmi bien d'autres choses, l'importance vitale de l'imagination aux yeux d'Hannah Arendt (voilà qui nous rappelle un débat récent sur les vertus de l'imagination en littérature). L'imagination comme «aptitude de l'esprit humain à s'ouvrir à ce qui n'est pas lui», «à se mettre à la place d'autrui, à envisager les choses depuis d'autres points de vue que le sien»... Profondément, une société qui se coupe de la littérature court le risque d'assécher ou de raréfier ce mode particulier de pensée. Comme le dit Karen Blixen, citée par Bérénice Levet : «ce sont les gens sans imagination qui sont les pires».
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Les courts extraits de livres :25/10/2011
Extrait de l'avant-propos
Allemagne, année 1952. Au cours d'un voyage de cinq mois à travers l'Europe, après Paris et avant d'autres villes européennes, Hannah Arendt séjourne à Munich. Elle assiste à un concert donné par l'orchestre philharmonique. Au programme : l'oratorio de Haendel, le Messie, dont elle rend compte à Heinrich Blücher en des termes fervents : «Quelle oeuvre ! L'Alléluia me résonne encore dans les oreilles et dans le corps. Pour la première fois, j'ai compris combien c'était formidable : un enfant nous est né. Le christianisme c'est quand même quelque chose !» Et, dans ses cahiers, elle consigne et commente cette découverte, déposant les ferments d'une notion inédite dans le vocabulaire de la philosophie, la notion de natalité. Nous connaissions la dette contractée par Hannah Arendt envers l'Évangile de Luc, Virgile et saint Augustin pour l'inscription de cette notion au coeur de sa philosophie. Sa
correspondance et son Journal de pensée nous révèlent que c'est en écoutant Haendel qu'elle a eu, «pour la première fois», l'intuition de la fécondité philosophique du motif «For unto us a Child is born» ou, pour le dire avec les mots d'Heinrich Blücher, qu'elle a «pressenti ce que voulait dire la bonne nouvelle au sens métaphysique». Détail anecdotique, dira-t-on ? Je ne le crois pas. Que ce soit à l'influence d'une oeuvre musicale qu'Hannah Arendt doive l'une de ses harmoniques les plus originales me semble au contraire hautement révélateur de sa démarche, de la façon dont elle a su laisser son imagination de philosophe être fécondée par des oeuvres non philosophiques.
Hannah Arendt n'est pas la seule, assurément, parmi les philosophes, spécialement au XXe siècle, à tourner ses regards vers l'art et la fiction, à emprunter ses références à des domaines autres que théoriques. On met volontiers au crédit du siècle écoulé d'avoir présidé sinon aux noces de la philosophie et de la littérature, du moins à un décloisonnement des genres. Les frontières seraient devenues poreuses et les philosophes curieux d'oeuvres non conceptuelles. Cette façon de voir, flatteuse pour l'esprit contemporain, présente à l'évidence le défaut d'escamoter l'ambiguïté ancestrale des relations entre la philosophie et l'art, de réduire les forces d'attraction et de répulsion qui règlent leurs rapports en présentant une version en blanc et en noir dans laquelle Platon tient par avance le mauvais rôle.
NDRL
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Car, même si c'est en effet avec Platon, comme le rappelle Monique Dixsaut, que s'établit et se fixe la «distinction entre muthos : récit, fiction, histoire et logos : discours rationnel et vrai», entre récit forgé et discours véritable, c'est néanmoins le même Platon qui, tout en disqualifiant le premier au bénéfice du second, compose des fables à la manière d'Ésope, recycle ou forge des mythes. Et «tout cela laisse perplexe», avoue Monique Dixsaut dont la perplexité devrait nous instruire. Notons qu'Arendt ne cède pas à ces facilités interprétatives. Non seulement, elle observe que les «deux premières paraboles de la pensée, les plus marquantes», incitent fortement à reconnaître que la philosophie, à son origine, «s'est mise à l'école d'Homère pour suivre son exemple» : «Je pense, précise-t-elle, au voyage de Parménide jusqu'aux portes du jour et de la nuit et à l'allégorie de la caverne de Platon dont le premier est un poème et la seconde, de nature essentiellement poétique, exploite de bout en bout le langage homérique.» Mais, relisant, en 1952, avec une attention extrême la République, elle s'arrête sur la sentence de bannissement prononcée par Platon contre les poètes. Son examen des objections produites à charge contre Homère lui fait conclure à un manque de consistance de la condamnation platonicienne. Elle parle d'une «argumentation cousue de fil blanc» et incline à considérer qu'il entre dans cette velléité d'exiler les poètes de la cité plus de «jalousie» que de mépris de la poésie. Il suffit de relire attentivement le livre X pour vérifier que la radicalité, la brutalité de la décision platonicienne n'est qu'à proportion de l'attrait que la poésie a exercé sur le philosophe. Son oeuvre entière porte l'empreinte d'une paideia toute littéraire, spécialement homérique, et rares, sans doute, sont les philosophes contemporains capables de rivaliser avec Platon dans l'amour de la poésie.
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