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Extrait

er 1 concoursnational de nouvelles
CULTURE
Être lu et faire partager son talent
Le CAES du CNRS a imaginé un concours de nouvelles pour offrir une visibilité et une reconnaissance à tous les agents du CNRS dont la passion est d’écrire. Sous la forme « Nouvelle » imposée par lerèglement, 38 œuvres ont concouru pour les quatre prix décernés par un jury de professionnels ayant un lien avec l’écriture. Réuni chez Drouant, ce jury a annoncé, le 14 octobre, le palmarès. Le 29 novembre, le secteur culture du CAES a organisé, en associa-tion avec l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS, une « Pause littéraire » au campus Gérard-Mégie à Paris. Ouverte au public, cette cérémonie de remise des prix a été suivie d’un débat sur le thème « Écrire aujourd’hui ». LeCAES Magazinea rencontré les quatre lauréats pour tenter de découvrir qui se cache derrière les mots. Mais quel auteur êtes-vous donc, cher collègue ?
Lundi 29 novembre 2010 à 12 heures : remise des prix au siège du CNRS. La manifestation est retransmise en direct sur Internet.
er Pierre-Yves Demars, 1prix, auteur deDocteur Jivaro
« Dans la ligne de mon métier de préhistorien, ma nouvelle montre un arrière-plan de la recherche »
Votre profession est-elle à l’origine de l’idée du personnage de votre nou-velle ?Je suis chargé de recherche en préhistoire-archéologie, et la préhistoire est un domaine où des amateurs et des profes-sionnels se côtoient. Avec des constantes : la notion de « collection » notamment – ce n’est pas mon cas, mais je fréquente de nombreux préhistoriens collectionneurs ! J’ai, plus ou moins, puisé l’idée du person-nage dans mon entourage professionnel. Même si un personnage est toujours une mosaïque de traits de plusieurs personnes que l’on assemble. J’ai repris et retravaillé cette nouvelle, écrite dans les années 2000, pour répondre au calibrage du concours. Je l’ai choisie parce qu’elle est dans la ligne de mon métier de préhistorien au CNRS, et qu’elle montre un arrière-plan de mon travail. Parler de votre métier est important pour vous ?Autodidacte, je viens de prendre ma retraite, et je peux vous assurer que je suis un cas à part ! J’ai eu une carrière très bizarre. J’ai rencontré des intellectuels vers l’âge de 20 ans. J’ai brusquement dé-couvert un monde passionnant qui m’était étranger avec ses propres règles, comme une population primitive[rires]. Jeme suis aussi intéressé à l’épistémologie. Thomas Kuhn* a étudié la notion de repli sur elle-même de la communauté scientifique – un peu comme celui d’une « secte », même si je force le trait ! L’arrière-plan de la recherche est constitué d’un ensemble de règles et de
comportements beaucoup plus complexes que la simple recherche. Vos collègues connaissent-ils votre ac-tivité d’écrivain ?Certains. J’ai déjà été primé lors d’un concours de nouvelles orga-nisé par le Clas de Bordeaux. Mais je ne pense pas que ça les intéresse. Vous avez l’habitude de rédiger des publications. Pourquoi la fiction ?C’est l’une de mes préoccupations en tant que chercheur qui m’a poussé à écrire en dehors de mon métier. Souvent, les livres scienti-fiques ratent leurs cibles parce qu’ils sont trop savants. Transmettre un message écrit à un public nécessite d’adapter son dis-cours pour captiver le lecteur. Il s’agit d’être clair et « savant » ! Je n’écris pas un article scientifique de fond, comme je m’adresse au « grand public ». J’essaie de résoudre ce problème en écrivant des nouvelles. Vous n’écrivez que des nouvelles ?Je suis plus intéressé par la forme « nouvelle » que par les romans. Pour résumer : plus par Maupassant que par Balzac. J’ai écrit un re-cueil de nouvelles d’où est extraitDocteur Jivaro,une quarantaine de textes « à la et manière de ». À la manière de ?Avec l’intention de tra-vailler et d’assouplir mon style en « me glis-sant » dans d’autres styles. J’ai commencé à travailler – non pas des pastiches –, mais des textes relativement courts. J’ai ainsi écrit des poèmes à la manière de Ronsard, de Hugo. Des pièces de théâtre courtes à la
manière de Sartre, de Racine… Bref, cela va de la fin du moyen âge jusqu’à Modiano. Je termine en ce moment un livre de contes. Depuis quand écrivez-vous ?J’écris de-puis très longtemps, et absolument pas en continu. J’écris pendant mes temps de loi-sirs, ce qui me permet de faire ma recherche sans problème. Je considère qu’il ne faut pas se laisser phagocyter par la recherche. Dès mes débuts, j’ai toujours pensé qu’il fallait développer d’autres potentialités. J’ai beaucoup de défauts, mais je crois avoir une qualité : la capacité de trouver des idées. C’est très important en recherche et en écri-ture. À la manière d’un humaniste de la Re-naissance : ne pas trop se cantonner dans des spécialités. Je suis un peu à la marge, il faut bien le reconnaître ! Avez-vous déjà pensé à vous faire éditer ? Oui, dans les années quatre-vingt, mais je n’étais pas prêt. Je vous l’ai dit, je suis un autodidacte. J’apprends en pratiquant, et il y a des choses que je n’avais pas intégrées. Mes écrits ne sont jamais achevés. Ils ne sont qu’un état, à un moment. C’est important pour vous l’édition ? Oui, c’est la reconnaissance, et cela rassure. En science comme en art, il y a toujours un doute.
* Philosophe et historien des sciences américain, Thomas Samuel Kuhn, décédé en 1996, s’est intéressé aux structures et à la dynamique des groupes scientifiques.
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CULTURE
Rémy Gourvennec, auteur deUne histoire
« Je suis un scientifique et un littéraire avorté ! »
Est-ce la première œuvre que vous écri-vez ?J’écris… j’allais dire depuis tout petit [rires]. De petits textes, des poèmes depuis l’adolescence, comme tout le monde. De-puis deux ans, j’écris des nouvelles. Pour mon plaisir, pour passer le temps ! Pour passer le temps ?Tous les articles que l’on écrit maintenant en tant que scienti-fique sont en anglais. Et cela devient lassant. En plus, c’est de l’anglais de seconde zone, du « globish » ! Je regrette de ne plus pouvoir rédiger mes articles scientifiques en français. Ils ne sont plus acceptés nulle part. Du coup, j’écris mes petites histoires qui n’ont plus grand-chose à voir avec la science. Même si de temps en temps, j’écris aussi de la science-fiction. J’ai envoyé deux nouvelles au concours, dont l’une dans le style SF. Vous souvenez-vous de votre premier écrit ?J’ai toujours aimé écrire. J’ai écrit beaucoup de lettres : la correspondance m’a toujours plu. À ma femme, à des copains. Ou des lettres de réclamation aux impôts, aux institutions, avec souvent beaucoup d’humour qui touche là où ça fait mal ! J’ai écrit une centaine de textes en comptant les poèmes. Et une vingtaine de nouvelles. En général, j’écris le soir… Vous songez à un roman ?Le roman est une course de longue haleine, et je suis un peu fainéant ! La forme de la nouvelle est plus adaptée pour moi. Un roman néces-site beaucoup de documentation. Je vois cela comme une course d’endurance. La nouvelle, c’est plus une épreuve de vitesse, ça vient assez vite. J’ai écritUne histoireen moins d’une semaine. Vous l’avez écrite spécialement pour le concours ?Une histoire était« en gesta-tion » sous forme de brouillon, alors je l’ai finalisée ! Parmi les différentes nouvelles que j’avais en tête, je me suis dit que celle-là se-rait bien pour ce concours. D’où vous est venue l’idée de votre nou-velle ?Le point de départ historique, c’est la fameuse affaire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit. Récemment, des journalistes ont ressorti cette affaire, qui remonte aux années cinquante, en impliquant la CIA… J’avais commencé une petite histoire sur laquelle j’ai greffé cette actualité, en imagi-nant une autre fin. À l’occasion, je note des faits divers au vol pour me donner des idées. Dans un petit restaurant près de la fac, je re-lève des brèves de comptoir qui me font rire. Vos collègues savent-ils que vous écri-vez ?Certains, pas tous…
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Pourquoi, vous les sélectionnez ?Non, je les informe au hasard des conversations ! Le labo, qui va pouvoir bientôt déposer un label, compte un autre écrivain à mon étage ! Ses polars sont édités depuis quelques années. Avant qu’il soit édité, nous parlions littérature. Il m’a montré ses premiers écrits.« Pourquoi tu ne publies pas ?me fit-il remarquer un jour lors d’une mission au Portugal.Quand on écrit, c’est pour être publié. Toi, tu écris et tu ne publies pas, ça n’a pas de sens ! » Que lui avez-vous répondu ?Que j’écri-vais pour mon plaisir sans désir particulier d’être publié. Cela a changé, depuis tout récemment… Début 2010, j’ai envoyé une dizaine de nouvelles à des éditeurs. Je me suis « fait bananer ». Enfin, pour l’instant. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis par rapport à l’édition ?Je ne saurais dire… Peut-être pour améliorer ma retraite ! Qui est votre premier lecteur ?Ma femme. Mais j’aime qu’un texte repose. Dans le feu de l’action, ça fuse et j’aime revenir sur ce que j’ai écrit. Pour améliorer la fluidité, la mu-sique des mots… Après ce travail, je peux le donner à lire. Je n’aimerais pas qu’on lise
Pause littéraire
par-dessus mon épaule. Ce qui doit être lu, c’est le « produit fini ». Comment votre femme a-t-elle réagi lorsqu’elle a su que vous étiez lauréat ? Elle était ravie ! Les éditeurs m’ont souvent répondu qu’ils ne publiaient pas de nouvelles. Le genre ne marche pas trop en France, en comparaison des pays anglo-saxons. Et l’un d’eux est manifestement passé à côté de l’humour de certaines nouvelles. Quand ma femme a vu ses commentaires, elle était outrée…« Voilà des gens bien », s’est-elle exclamée en lisant la réponse du CAES ! Quel est le rapport entre le scientifique et l’écrivain ?Je suis un scientifique, et un littéraire avorté ! La question s’est d’ailleurs posée lors de mon orientation au lycée. Mais l’influence des profs et des parents a joué : « Le littéraire ça ne mène pas loin. Le scienti-fique, c’est plus stable. »J’ai donc suivi une voie scientifique, mais j’ai toujours gardé un goût pour la littérature, l’histoire, la géogra-phie. D’une certaine façon, je prends une forme de revanche en écrivant.
Qu'est-ce qu'écrire aujourd'hui ?
La pauselittéraire a clos le concours de nouvelles 2010 avec un débat sur le thème« Écrireaujourd'hui ».Quatre invités ont apporté leur point de vue, leur savoir et leur expérience pour tenter de décrypter ce qu’est l'art d'écrire, sa démarche, son mobile et sa finalité à notre époque. La discussion, qui a privilégié un dialo-gue avec la salle, a été retransmise en direct sur Internet et projetée sur grand écran dans l'auditorium. La manifestation, enregistrée le lundi 29 novembre, est visible sur <www.caes.cnrs.fr. <http://www. caes.cnrs.fr> >.
De gauche à droite : Laurent Mandeix,animateur du débat. William Marx,de l'Institut des membre textes et manuscrits modernes (Item), historien de la littérature, professeur de littératures comparées à l'université de Paris X. Annie Dana, comédienne,metteur en scène, écrivain, enseignante en conser-vatoire et animatrice d'ateliers d'écriture. Henri Ostrowiecki,ingénieur de ancien recherche au CNRS, auteur d'un premier livre qui paraîtra en 2011. Danielle Orhan,éditrice aux éditions Allia.
Isidore N., auteur deLa Pénultième Colère de Monsieur P.
« Je veux garder une certaine distance entre mes écrits et mon travail de chercheur »
D’où vient le nom Isidore N. ?Isidore fait référence à Isidore Isou* et N est au depart pour Nikitin, qui s’inspire de Bilal, avec des noms comme Nikopol deLa Femme piègePourquoi un pseudonyme ? Parceque c’est assez différent de ce que j’ai pu écrire dans ma vie. Et il y a des choses que je pré-fèrerais que mes collègues ne lisent pas… Pourquoi ?Certains écrits sont très sexuels.De la littérature érotique ?Oui… Pas vraiment… Peut-être érotique… l’étiquette est un peu réductrice ! En tout cas, ce sont des réflexions sur la séduction et la sexua-lité. Certains de mes écrits – sous forme de lettres ou autres – sont assez crus ou assez obsessionnels ! Que mes collègues me lisent ne me gêne pas en soi. Mais je ne voudrais pas qu’un moteur de recherche leur retourne une page qui affiche, sous le même nom, mon travail scientifique et mes écrits. Je n’ai pas envie de mélanger… Le nom de certains de mes collègues est associé à leur dernier bouquin chez Gallimard, avant leur boulot de
recherche. Moi, je veux garder une certaine distance entre mes écrits et mon travail de chercheur. Comment vous est venue l’idée de votre nouvelle ?En général, je ne suis pas très forte pour trouver des histoires. Je m’inté-resse plutôt au style, à la poésie. En fait, j’ai fait le tour du labo et j’ai demandé à mes col-lègues de me confier une anecdote. Je leur ai dit que je voulais participer au concours de nouvelles du CAES. Et Monsieur Milu que je cite en préambule m’a raconté qu’un jour Monsieur P. – je ne veux pas d’histoire !s’est énervé énormément et a cassé le bu-reau d’un collègue ! Cette anecdote m’a plu. J’ai voulu représenter l’image du vieux ponte en fin de carrière qui veut quand même gar-der la mainmise, tout en ne l’assumant pas. En cours de route, je me suis dit que c’était devenu un peu revanchard ! Avez-vous un premier lecteur ?Un col-lègue du CNRS à Toulouse. C’est l’un de mes principaux lecteurs. Deux ou trois autres personnes m’ont donné des retours
Édition du recueil des nouvelles primées Le recueil des œuvres lauréates du concours de nouvelles 2010 est dis-ponible gratuitement auprès de votre CAES local. Après « épuisement du stock », vous pourrez en emprunter un exemplaire à la bibliothèque de votre Clas ou dans nos villages de vacances ! Le jury s’est laissé prendre par le plaisir de la découverte de ces textes dont les auteurs sont peut-être vos collègues proches… Et vous ?
Remise des prix au siège du CNRS. De gauche à droite : Armelle Leclerc, chargée de communication à l’INSHS ; Yannik Hoppilliard, présidente du CAES du CNRS ; Rémy Gourvennec, lauréat ; Laurent Mandeix, responsable Communication-Culture er au CAES du CNRS ; Pierre-Yves Demars, 1prix du concours ; Isidore N., lauréate ; Suzanne Chousterman, présidente de la commission Culture du CAES du CNRS ; Christian Peligry, conservateur de la bibliothèque Mazarine et membre du jury.
CULTURE
positifs par rapport à ce que j’ai écrit et ils reçoivent en général les textes eux aussi. Rédiger des publications vous aide-t-il à écrire ?Aucunement : ces deux activités sont totalement déconnectées. Avez-vous déjà été publiée ?Non, mais je suis positive : un jour, je le serai ! J’écris depuis huit ans, et je me dis que je suis en-core au boulot pour trente ans : c’est une sacrée perspective ! Pourquoi écrivez-vous ?[Un silence]. Je voulais faire des films, mais comme je n’ai pas eu l’occasion, alors j’écris. On peut écrire à peu près n’importe quand. Ce que je fais par période. Avez-vous tenté votre chance auprès d’éditeurs ?Oui, chez P.O.L., où j’ai été gar-dée en lecture par Monsieur P.O.L lui-même ! Mais visiblement… J'ai aussi adressé récem-ment un écrit de science-fiction aux éditions du Diable Vauvert, mais je n’ai pas de nou-velles. J’ai essayé les revues… En fait, c’est compulsif ! Il y a des périodes où j’envoie mes écrits. Et puis ce n’est pas pris. Alors je n’envoie plus rien pendant quatre ans, puis à nouveau… Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez écrit ?Très bien. C’était en Angleterre. Un concours de nouvelles réservé aux jeunes homosexuels mâles, anglais. Ça m’a énervée qu’ils fassent une discrimination sur qui avait le droit d’écrire. C’est absurde, presque insultant, de limiter aux jeunes homosexuels mâles le discours sur l’homosexualité. Bon, les Anglais ont tendance à être plus communautaristes que nous ! J’ai envoyé une nouvelle sous le nom d’un copain. En anglais,of course !Êtes-vous fière d’avoir été primée ? Ce n’est pas de la fierté, mais je suis contente, surtout de cette nouvelle. Mes lecteurs habi-tuels ne l’aiment pas tellement, mais je trouve qu’elle correspond à ce que je veux faire. Écrire est un exercice horriblement solitaire et l’on a rarement un retour. Moi, en particulier : je ne fais partie d’aucun cercle. J’ai cru com-prendre que le jury du concours CAES était composé de personnalités qui ont un lien avec le milieu littéraire : c’est un retour positif. Il est difficile de croire en soi…* Isidore Isou, de son vrai nom Jean-Isidore Isou Goldstein (1925 – 2007), est un poète, peintre, cinéaste et économiste français, créateur du let-trisme – mouvement fondé en 1945 qui renonce à l’usage des mots et qui s’attache à la poétique des sons, des onomatopées, à la musique des lettres.
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CULTURE
Georges Helmer, mention spéciale du jury, auteur deTranche de vie d'un observateur
« C'est parce qu'il m'est arrivé un accident grave que j'ai pu écrire »
Séduit par la singularité de la mise en page, de la typographie et de l’ortho-graphe de votre texte tout à fait justifié par le propos de votre nouvelle, le jury vous a décerné une mention spéciale. En êtes-vous surpris ?Oui, parce que l’histoire que je raconte est mon histoire. J’ai eu un accident de voiture en 2001. Je suis resté six mois à l’hôpital, dont deux dans le coma. J’étais soi-disant incurable. Et les psy-chanalystes et autres psychologues que j’ai rencontrés à la suite de mon accident m’ont fortement invité à écrire. Une recommanda-tion médicale dans un but thérapeutique ! Comment avez-vous procédé pour l’écriture ?La nouvelle est faite de petits bouts. De petits bouts d’une correspon-
dance que je me suis obligé à entretenir avec ma famille et mes amis. Enfin des phrases, de petites lettres. Pour le concours de nou-velles, j’ai sélectionné des extraits de ces lettres et je les ai regroupés dans un seul et même texte pour en faire une histoire. Je l’ai envoyé partiellement à mon entourage – fa-mille, copains, collègues – pour leur deman-der leurs avis. Ils me répondaient« Oui, c’est pas mal » ou« C’est un peu morbide »J’ai retouché le texte – des modifications lé-gères –en essayant de tenir compte de leurs remarques. Ils m’ont beaucoup soutenu.
Est-ce votre première expérience d’écri-ture ?Oui. C’est parce qu’il m’est arrivé quelque chose de grave que j’ai pu écrire ce texte. Ça n’arrive qu’une fois dans la vie
Le jury en délibération chez Drouant Les sept membres du jury, présidé par Suzanne Chousterman, ont eu la délicate charge de choisir les œuvres lauréates parmi 38 nouvelles. La délibération a eu lieu, le 14 octobre 2010, chez Drouant, symbole des concours littéraires – ce restaurant accueille, depuis 1914, le jury du prix Goncourt et, depuis 1926, celui du prix Renaudot. Cette délibération a devancé, de quelques semaines, l’annonce du prestigieux Goncourt !
De gauche à droite : Christian Peligry, Suzanne Chousterman, Laurent Mandeix, Louis-Charles Sirjacq, Françoise Neveu, Bernard Thomasson et Christian Siméon.
un accident pareil… De nouveau, j’ai essayé d’écrire, mais j’ai vite abandonné. L’écriture est un exercice exigeant qui demande beau-coup d’énergie. Et surtout, j’ai trouvé que ce que j’écrivais était insipide ! Que faites-vous au CNRS ?Je suis re-traité depuis 2006. J’ai été en mi-temps thé-rapeutique pendant deux ans. J’ai travaillé à l’observatoire de Nice, puis à l’Observatoire de la Côte d’Azur. J’observais des satellites artificiels. D’abord visuellement puis la préci-sion augmentant, nous avons procédé à des tirs laser sur les satellites. Comment avez-vous eu connaissance du concours de nouvelles ?Je suis un militant du CAES depuis très longtemps. Avec des collègues, nous sommes à l’ori-gine de la création du CAES régional Alpes Côte d'Azur. À l’époque, j’ai été président du Clas de l’Observatoire à Nice. J’ai appris le concours par le site Web et par laLettre du CAESde février. Avez-vous annoncé votre prix ?À mon entourage proche, oui. Sinon, ce n’est pas quelque chose que l’on clame sur les toits ! Je ne pensais pas avoir de prix. J’ai simple-ment voulu participer parce que le CAES or-ganisait quelque chose. C’était important en tant qu’ancien militant de participer. Mais je l’avoue, je suis très content et très fier d’être lauréat !
Propos recueillis par Laurent Mandeix.
Hommage Un grand militant de l’action sociale nous a quittés C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris la mort de notre collègue Henri Hubrecht. Pilier du CAES pendant de longues années, actif en Clas et en Région depuis 1979, membre de la CNAS puis du Conseil d’administration de 1982 à 2001, il occupa les postes de trésorier, secrétaire général et vice-président jusqu’à son accident cérébral intervenu lors d’une réunion de travail à Oléron. Il n’a pas hésité à s’emparer des dossiers difficiles comme les questions de fiscalisation de certains secteurs d’activité du CAES. Avec dé-termination, il a su imposer un renouveau dans le fonctionnement de notre association, mutation devenue indispensable pour s’ajuster aux évolutions de la législation et des règles budgétaires. Travailleur acharné, il était souvent le premier dans les bureaux à Ivry-sur-Seine d’où il repartait très tard le soir. Grâce à ses qualités de négociateur, il était aussi un interlocuteur écouté et respecté par la direction du CNRS. Mais le domaine qui lui tenait le plus à cœur était celui de l’Enfance : à l’origine de la construction du CLE de Strasbourg, il a suivi ce secteur tout au long de son parcours de militant de l’action sociale. Malgré le handicap lié à son accident, il a continué de siéger au Bureau puis a pris des responsabilités au niveau local. Les élus et pro-fessionnels qui l’ont connu garderont de lui le souvenir d’un homme au contact facile surmontant les embûches de la vie avec beaucoup de courage ainsi que d’un acteur exemplaire de l’action sociale. Nos pensées vont à Jeanne son épouse et à ses deux enfants qui l’ont beaucoup soutenu et aidé dans la lutte contre la maladie.
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