Balzac et Swedenborg - article ; n°1 ; vol.15, pg 295-307
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1963 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 295-307
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 53
Langue Français

Extrait

K. E. Sjöden
Balzac et Swedenborg
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1963, N°15. pp. 295-307.
Citer ce document / Cite this document :
E. Sjöden K. Balzac et Swedenborg. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1963, N°15. pp. 295-307.
doi : 10.3406/caief.1963.2263
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1963_num_15_1_2263BALZAC ET SWEDENBORG
Communication de M. K.-E. SJÓDÉN
{Strasbourg)
au XIVe Congrès de Г Association, le 28 juillet 1962.
En 19 14, Pauline Bernheim prouva dans sa thèse : Balzac
und Swedenborg. Einfluss der Mystik Swedenborgs und Saint-
Martins auj die Romandichtung Balzacs (1), que Balzac avait
puisé la totalité de ses connaissances sur Swedenborg et sur
sa doctrine dans un Abrégé des Ouvrages ď Emanuel Swedenb
org, paru sous l'anonymat à Strasbourg en 1788. Par la juxta
position des textes de Séraphita, de Y Abrégé et parfois de
l'œuvre originale de Swedenborg, Mlle Bernheim démontre
comment Balzac résume cet ouvrage de compilation, et même
le copie textuellement en reproduisant fidèlement ses inexac
titudes. On ne saurait exagérer l'importance de cette découv
erte, et nous sommes quelque peu gêné d'avoir à rapporter
comment d'autres chercheurs ont au contraire essayé d'amoind
rir ou de négliger ce travail de pionnier.
Ernst Robert Curtius, le grand Curtius, n'apprécia pas la
méthode de Pauline Bernheim qui, il est vrai, laisse souvent
au lecteur le soin de tirer les conclusions :
« Dass Swedenborg und Saint-Martin, mittelbar oder unmittel-
bar, seine Hauptquellen sind, ist ohne weiteres ersichtlich. »
« N. I. : Dies ist das einzige positive Ereignis der in allem iibri-
gen vôllig verfehlten oben erwâhnten Arbeit von P. Bernheim (2). »
(1) = Romanische Studien verôffentlicht von D1 Emil Ebering. Heft.
XVI, Berlin, 1914.
(2) E. R. Curtius, Balzac und die Religion (dans la revue Hochland,
avril-sept., 1922), p. 466. 296 K.-E. SJÔDÉN
Cette critique est injuste. Si, aujourd'hui, il ressort à pre
mière vue que Swedenborg et Saint-Martin sont les sources
principales de Balzac, comme l'affirme Curtius, le mérite
en revient justement à Pauline Bernheim qui avait, en citant
mot à mot Balzac et ses modèles exacts, donné la preuve de
cette influence, indirecte pour Swedenborg et directe pour
Saint-Martin.
En 1922, l'année même où Curtius publia son article, Ch.
Grolleau, l'annotateur de Séraphita, aurait eu une belle occa
sion de présenter la découverte de P. Bernheim au public
français, l'éditeur lui ayant demandé de faire une « note sur
les différences singulières qu'offre avec la doctrine authen
tique d'Emmanuel Swedenborg l'interprétation du génial
écrivain... » Cela lui aurait facilité de beaucoup « cette besogne,
un peu prétentieuse et puérile » (3). Mais l'ouvrage de P.
Bernheim n'était pas tombé sous ses yeux et la France dut
attendre encore cinq ans avant d'en profiter.
Ce fut en effet Fernand Baldensperger qui, dans son étude
intitulée En marge du Livre Mystique, rendit enfin hommage
au Dr Bernheim (4). Mais pour une seule et unique fois, ce
grand spécialiste de la littérature comparée n'eut pas la plume
heureuse. Il insista surtout sur le point faible, ou du moins
ambigu, de la thèse de P. Bernheim. Celle-ci conclut que tout
« le Livre Mystique n'aura été qu'une aberration sous l'influence
de Mme Hanska ; peut-être aussi seulement une tentative de lui
plaire et de ne pas laisser inutilisés les matériaux sous forme de
fiches réunies (5). »
Baldensperger a corroboré le premier point en apportant une
série de preuves des dispositions que Mme Hanska aurait
pu avoir pour la doctrine swedenborgienne, preuves null
ement dignes de leur grand auteur (6). Mais lorsqu'une telle
autorité se prononce, ses paroles ne tardent pas à être recon
nues universellement, et il est tout naturel que le rédacteur
(3) Séraphita, éd. « At home », 1922, p. 209.
(4) Ds F. Baldensperger, Orientations étrangères chez Balzac, Paris,
Champion, 1927.
(s) P. Bernheim, op. cit., p. 122.
(6) F. op. cit., pp. 174-175. BALZAC ET SWEDENBORG 297
des Témoignages et Jugements sur Balzac, Marcel Blanchard,
en ait pris acte, et que Mme Hanska y figure comme l'initia
trice de Balzac au swedenborgisme (7). Il y aurait eu, pourt
ant, la possibilité de rectifier cette inexactitude, puisque
Fernand Baldensperger s'était fait corriger lui-même en fai
sant insérer dans sa Revue de Littérature comparée pour 1930
un précieux article de van der Elst rétablissant l'ordre des
choses.
Baldensperger avait également insisté sur un autre point :
Le culte de la volonté chez Balzac aurait été nourri par la
lecture de Swedenborg. Il est vrai que Swedenborg parle très
souvent de la volonté et de son rapport avec l'entendement,
mais puisque P. Bernheim a prouvé que Balzac n'a pas étudié
les écrits de Swedenborg, il nous semble bien plus naturel de
recourir à l'explication de Frédéric Ségu. Celui-ci, dans sa
biographie de Latouche, affirme que Balzac tient ce culte de
Latouche (8). La citation d'une lettre de Latouche à son cousin
Duvernet fournit la preuve de cette thèse :
« Je n'ose te parler à toi relativement à ton voyage. Je suis persuadé
que tu as manqué de vouloir. Si tu avais bien voulu, les obstacles
auraient cédé. J'ai, sur cette puissance si rare, la volonté, une théorie
qui place, avant tous les fluides électriques et les puissances sur
naturelles, sa fascination irrésistible. J'en ai souvent montré les
effets à Balzac... (9) »
On sait maintenant que Latouche fut l'initiateur de Balzac.
On connaît moins l'importance qu'attribue le martiniste à la
volonté. Citons à ce sujet Henri Durville :
« ... l'Initiation est certainement le résultat d'un enseignement
mais... il y a dans son développement une immense part de format
ion personnelle (10). »
Le même auteur cite un autre initié :
(7^ M. Blanchard, op. cit., 1931, p. 123.
(8) F. Ségu, Henri de Latouche, Thèse, Fac. des Lettres, Paris, 193 1,
p. 427.
(9) Ibid., p. 428.
(10) H. Durville, La Science Secrète, Paris, Henri Durville, 1923, p. 453. 298 K.-E. SJÔDÉN
« La méthode que je vous propose, dit Poisson au novice, consiste
d'abord à développer la volonté ; ... il faut que votre âme, votre
volonté, arrive à dominer complètement votre corps, à en faire un
instrument docile ... (11) »
Cette glorification de la volonté se trouve dans Y Initiation
alchimique. N'oublions pas que Balzac fut alchimiste. Nous
pensons non seulement à son illustration des deux buts essent
iels de l'alchimiste : la fabrication de l'or, la pierre philoso-
phale ou autrement dit : La Recherche de V Absolu, et la
production de « l'or potable » ou d'un Elixir de Longue vie,
mais aussi au ms. qui se trouve dans la Collection Spolberch
de Lovenjoul sous le n° A.390 : Le véritable petit paysan con
tenant tout ce qu'il y a de plus sûr et de plus curieux dans la
vray (sic) magie. Très curieux ms. de la fin du XVIIe siècle.
Il faisait partie des papiers de Louis-Henry de Saint-Germain,
et fut saisi en 1712 par le lieutenant de police ďArgenson...
Cette brochure faisait partie de la bibliothèque de Balzac.
Elle contient des recettes alchimiques et de divers élixirs.
Et, puisque Arsène Houssaye a affirmé que :
« Son Évangile, c'était celui du grimoire... » (12),
peut-être même fut-ce dans ce grimoire et non pas dans
l'Évangile de saint Jean en latin que Balzac a cherché pour
Louis Lambert la sublime parole : Et Verbum carofactum est.
Toujours est-il que cette y figure inscrite dans un cercle
magique destiné à chasser la pluie.
On pourrait croire que nous nous éloignons de notre
sujet. Certes, Swedenborg est loin des pratiques alchimiques
et du pouvoir magnétique de l'alchimiste qui devait compléter
son effort pour le faire aboutir. Mais nous sommes très près
d'un Pernetti, premier traducteur de Swedenborg en fran
çais, fondateur de l'Académie des Illuminés d'Avignon qui
se voulait swedenborgienne, continuateur du Grand Œuvre
d'Ëlie l'Artiste et considéré comme le

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