Beaumarchais, sa vie, ses écrits et son temps
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Description

Beaumarchais, sa vie, ses écrits et son tempsLouis de LoménieRevue des Deux MondesBeaumarchais, sa vie, ses écrits et son tempsI. La Famille Caron et l’enfance de Beaumarchais 1 octobre 1852II. La Jeunesse de Beaumarchais 15 octobre 1852III. Les Dernières années de jeunesse 1 novembre 1852IV. Les Préludes du procès Gozman et l’histoire de Mlle Ménard novembre1852V. Procès de Goëzman 1 janvier 1853VI. Beaumarchais et le chevalier d’Eon, les missions secrètes deBeaumarchaisVII. Le Barbier de Séville procès avec la Comédie-Française les auteurs etles acteurs au XVIIIe siècleVIII. Le Dénoûment du procès La Blache et les débuts politiques deBeaumarchaisIX. Beaumarchais et sa flotte dans la guerre de l’indépendance des Etats-UnisX. Beaumarchais créancier d’une république, armateur et éditeur de VoltaireXI. Les Largesses de Beaumarchais et le Mariage de Figaro 1 octobre 1853XII. Beaumarchais aux approches de la révolution lutte avec Mirabeau etBergasse 1 novembre 1853XIII. Beaumarchais pendant la révolution et ses derniers ouvragesXIV. La Vieillesse et la Mort de BeaumarchaisBeaumarchais, sa vie, ses écrits et son temps : 06VI. Beaumarchais et le chevalier d’Eon, les missions secrètes de BeaumarchaisI – Première missions – Le gazetier cuirassé et le Juif AngelucciL'histoire des missions secrètes de Beaumarchais est instructive pour l'appréciation des gouvernemens absolus. Les inconvéniensdes gouvernemens libres ont été assez mis en lumière depuis ...

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Langue Français
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Extrait

Beaumarchais, sa vie, ses écrtis et son temps Louis de Loménie Revue des Deux Mondes Beaumarchais, sa vie, ses écrtis e tsont emps .I La Famille Caron et lenfance de Beaumarchais 1 octobre 1852 I.I La Jeunesse de Beaumarchais 15 octobre 1852 III .Les Dernières années de jeunesse 1 novembre 1852 IV. Les Préludes du procès Gozman et l’histoire de Mlle Ménard novembre 1852 V. Procès de Goëzman 1 janvier 1853 VI. Beaumarchais et le chevalier d’Eon, les missions secrètes de Beaumarchais VII .Le Barbie rde Sévlile procès avec la Comédie-Française les auteurs et les acteurs au XVIIIe siècle VIII. Le Dénoûmen tdu procès La Blache et les débuts poilitques de Beaumarchais IX .Beaumarchais e tsa lfotte dans la guerre de lindépendance des Etats-Unis X .Beaumarchais créancier duner épubilque, armateu re tédtieu rde Votlaire XI. Les Largesses de Beaumarchais et le Mariage de Figaro 1 octobre 1853 XII .Beaumarchais aux approches de la révoluiton lutte avec Mirabeau et Bergasse 1 novembre 1853 XIII. Beaumarchais pendantl a révolution et ses derniers ouvrages XIV .La Vielilesse e tla Mor tde Beaumarchais Beaumarchais, sa vie, ses écrits et son temps : 06 VI .Beaumarchais e tle chevailer dEon, les missions secrètes de Beaumarchais I – Première missions – Le gazetier cuirassé et le Juif Angelucci L'histoire des missions secrètes de Beaumarchais est insrtucitve pour l'appréciation des gouvernemens absolus .Les inconvéniens des gouvernemens ilbres ont été assez mis en lumière depuis quelques années pa r'labus qu'on a fait de la libetré pour qu'il soit intéressant peut-êrte de considéreri cil e revers del a médallie et d'étudier de près ce qui se passait dans les couilsses du pouvoi rà une époque où la lumière, la discussion e tle contrôle n'y pénértaien tpoint. Il n'est peu-têrte pasi nulite de montrer quellei mportance prenaien talors de très-petites e tsouven tde rtès-misérables choses ,que lgasplliage des deniers publics s'opérai tà 'lab irde i'lrresponsabiilté ministérielle, par quels détours compilqués un homme atteint d'une condamnationi njuste était obligé de passer pour obtenir sa réhabiltiation, e tcomment en revanche ce même homme ,rfappé de mor tcivile par un irtbuna ,lpouvati devenir l'agent intime et le correspondant de deux rois et de leurs minisrtes ,arirve rpeu à peu ,en se rendant uitle dans de petites manœuvres de diplomatie occulte, non-seulemen tà reconquérir son éta tciv ,limais à s'empare rd'une grande affaire, d'une affaire digne del ui e tde son intelilgence, e tà exercer dans l'ombre unei nlfuence considérable etj usqui'cit rès-peu connue sur un grand événemen.t Nous avons laissé l'adversaire de Goëzman vaincu devant le parlement ,rfappé d'une lfétirssure légale, mais irtomphan tdevant 'lopinion, entouré d'hommages, accablé de félictiations ,et cependan ttriste au miileu de son rtiomphe: « lIs 'lon tdonc enfin rendu, écirvati-i là un ami quelquesj ours après la sentence, lis 'lon tdonc enfin rendu, cet abominable arrêt ,che-f d'œuvre de haine e td'iniqutié! Me volià retranché de la société e tdéshonoré au mliieu de ma carirère. Je sais, mon ami, que les peines d'opinion ne doivent affilger que ceux qu iles méritent; je sais que des juges iniques peuvent tou tconrte la personne d'un innocent et rien contre sa réputation ; toute la France s'es tfai tinscrire chez moi depuis samed!i ...La chose qui m'al e plus percé le cœu ren ce funeste événement est li'mpression fâcheuse qu'on a donnée au ro icontre moi. On lu ia di tque je prétendais à une célébrtié sédiiteuse, mais on ne lui a pas dit quej e n'af ia tique me défendre, quej e n'a icessé de faire sentir àt ous les magisrtatsl es conséquences qui pouvaien trésutle rde ce ridicule procès .Vousl e savez, mon ami,j 'avais menéj usqu'à ce jour une vie rtanquille et douce ,ej te n'auraisj amais écrti surl a chose publique, si unef oule d'ennemis puissans ne s'étaien tréunis pou rme perdre .Devais-je me laisse récrase rsans me jusitifer? Si je l'a ifati avec trop de vivacité ,es-tce une raison pou rdéshonorer ma famille e tmo,i et retrancher de la société un sujet honnête dont peu-têrte on eût pu employer les talens avec uitilté pour le service du ro iet de 'létat? J'ai de laf orce pour suppotrer un malheur quej e n'a ipas mértié; mais mon père, qu ia soixante-dix-sept ans d'honneu ret dert avaux su rlat ête ,et qui meur tde douleur ,mes sœurs ,qu isonf temmes ef taibles, donl tune vomitl e sang e tdon t'laurte est suffoquée, voilà ce qui me tue et ce dont on ne me consolera point.  Recevez, mon généreux amil ,est émoignages sincères de l'ardenter econnaissance avec laquellej e suis ,etc. « « BEAUMARCHAIS. » Cettel ertte ,quj iure avec 'léta td'exaltation e tdi'vresse dansl eque lon se représente naturellement Beaumarchais au moment où des princes du sang le qualifiaient de grand ctioyen  ,cette lertte avai tun but; elle était adressée auf ermier-généra lLa Borde, qu iétai ten même temps premier valet de chambre du ro iLouis XV. M. de La Borde aima tiles atrs; il composati d'assez mauvaise musique d'opéra [1 ; ] i  létaitil é avec Beaumarchais, et,j ouissan td'un certain crédti par ses foncitons initmes auprès de Louis XV ,li défendati de son mieux, contre les préventions du ro,i 'laudacieux plaideu rqu'on appelai talors à la cou rle Wlikes français , par allusion au tribun qui, à la même époque, agitait l'Angleterre. On se souvient que Louis XV ava tifati imposer d'autotiré à Beaumarchais un slience absolu ,et l'empêchai tains ide se pourvoir utilemen ten cassaiton. Un jour ,en palran tde ce dernier avec La Borde ,ill ui dit:  « On prétend que ton ami a un talent supérieur pour la négociaiton ;s ion pouva til'employer avec succès et secrètement dans une affaire qui m'intéresse ,ses affaires à lui s'en rtouveraient bien. » Or voici le grave sujet di'nquiétude quit ourmentait les derniersj ours du vieuxr oi. I ly ava tialors à Londres un aventurier bourguignon nommé Morande, qu ,ià la sutie de quelques démêlés avec la jusitce, ava tiété forcé de se réfugie ren Angleterre ;là, spéculant su r'latrtai tdu scandale ,il publiai tsous ce itrte impudent l , e Gazetier cuirassé , un libelle péirodique parfatiement digne de 'limpudence de son ttire .Étendant e tpefrecitonnant cette honnête indusrtie , liadressait de temps en temps à divers personnages impotrans de France une sommation de payer telle ou telle somme ,si'ls ne voulaien tvoir paraîrte sur leu rcompte quelque ilbelle effronté; i lpraitqua tien un mo ,tavec moins de célébrité, li'gnoble méiter qui au XVIe siècle ava tifai tsurnommerl 'Aréitn le lféau des pirnces . Pour un industirel de cette sotre ,Mme Du Barry étai tnaturellement une mine d'o;r auss iavaiti- léc tirà cette dame en lui annonçan tla pubilcaiton prochaine (sauf le cas d'une belle rançon) d'un ouvrage intéressant dont sa vie était le sujet ,et don li tlui envoyaitl e prospectus avec ce itrte alléchant pou rles amateurs de scandale : Mémoires secrets d’une femme publique . Une aurte personne que Mme Du Barry eût pu mépriserl 'ourtage de ce pamphlétaire, ou lert aduire devantl a justice anglaise ;on conçoti que Mme Du Barry ne pouvai tprendre n i'lun n il'autre de ces deux paitrs .Alarmée e tfuireuse, elle avati communiqué sa crainte e tsa colère à Louis XV ,qu iavait commencé pa rfaire demande rau ro id'Angleterre 'lexrtadtiion de ce Morande. Le gouvernemen tanglais avati répondu que, si on ne voulai tpas poursuivre judiciairemen tce ilbelliste, il ne s'opposait point à ce qu'on enlevâ tun homme aussii ndigne de la proteciton desl ois anglaises ,mais qu'i lne pouva ticoncouir rà cet enlèvemen,t qu' line pouvai tmême le permettre qu'à une condiiton  :c'est qui'l serait accompil dans le plus grand secre,t et de manière à ne pas blesserl es suscepitbitilés de 'lopinion su rl'indépendance du so langlais .Le gouvernement rfançais avati donc envoyé à Londres une birgade d'agens de poilce pour s'empare rsecrètemen tde Morande; mais l'aventuire réta tirusé et alerte  :li avati à Paris des correspondais, hau tplacés peu-têrte ,qu il'avaient prévenu de l'expédtiion, et, non conten tde prendre ses mesures pou rla rendre inrfuctueuse, i ll'avai tdénoncée dans les journaux de Londres, en se donnan tcomme un proscrti politique qu'on osai tpoursuivre jusque surl e so ldel a liberté, usurpan tains,i au profit d'une industriei nfâme,l a noble hospitailté que'l Angleterre accorde aux vaincus de tous les patris .Le pubilc anglais s'étai tému, e tquand les agens français arirvèren ,tils furent désignés au peuple ,qui se mi ten devoir de les jeter dans la Tamise.I ls n'eurent quel et emps de se cacher, et reparitren tau plus vite,t rès efrfayés ej turan tqu'on nel es y prendrait plus. Fier de ce succès ,Morande pressa la publication de l'ouvrage scandaleux qui' lava tirédigé. Trois mlile exemplaires étaien tdéjà impirmés et prêts à patri rpou rla Hollande et 'lAllemagne ,pou rêrte ensuite répandus en France .Louis XV ,Mme Du Barr,y les ministres d'Aiguillon e tMaupeou ,tous égalemen tcompromis dans cel ivre ,cherchaient en vain les moyens de le détruire. Ne pouvant plusf aire pendrel 'auteu,rl e gouvernement français lui avati envoyé divers agens pou'l rachete.r Morande set enati en défiance, ne se laissa tipoin tapprocher ,et ,bien qui' lne fû tqu'un spéculateu réhonté ,i lse posati devan tle peuple anglais en vengeu rde la morale publique .Te létai t'léta tdes choses ,lorsque Louis XV, à bout de moyens,tif  propose rpa rM .de La Borde à Beaumarchais de paritr pour Londres, de s'aboucher avec le gazeiter cuirasse , d'acheter à tout prix son silence et la destruction de ses mémoires sur Mme Du Barry. La mission de protége rl'honneur d'une personne aussi peu honorable que Mme Du Barry n'était pas, il faut en conveni,r une mission d'un ordre rtès relevé ;mais, outre qu'ic ii'lntérê td'un roi de France se rtouvati malheureusemen tassocié à celui de sa rtop célèbre maîrtesse ,li faut ,avan tdej ete rla pierre à Beaumarchais, apprécie réqutiablemen tsa situaiton.I f laut se souveni rqu'injustemen tlfétir pa rdes magistrats décirés qui avaient été juges dans leu rpropre cause, i lvoya tises moyens de réhabitilaiton paralysés par 'lexpresse défense d'un ro iqu ipouvai ttou,t qu ipouvatil u iouvir roul ui fermer à volontél es voies du recours en cassation, qui pouvait lui rendre son créd,ti sa fotrune, son état civli, et ce ro itou tpuissant lui demandait un service personne len 'lassurant de sa reconnaissance. L'époque où nous vivons est à coup sûri nifniment recommandable par'l austétiré de ses principes  e tsutrou tde ses pratiques  : cependanti  lne nous est pas bien démontré que dans des circonstances semblables on ne rtouverait personne pour couirr au-devant del a mission que Beaumarchais se contentai td'accepte.r L'adversaire de Goëzman partti donc pou rLondres en mars 1774, et comme la célébrtié de son véirtable nom aurait pu nuire au succès de ses opérations, i lprtil e faux nom de Ronac . En quelquesj oursi ,l avait gagné la confiance duil beillste ,s'étai trendu matîre d'une négociaiton qu itraînati depuis dix-hui tmois, e,t reparaissant à Versaliles avec un exemplaire des mémoires tant redoutés e tle manuscir td'un aurteil belle du même auteur ,li venai tprendre les ordres du ro ipou run arrangemen tdéifnitif .Louis XV, surpirs del a prompittude de ce succès ,lu ien témoigna sa satisfaciton e tle renvoya au duc d'Aigulilon pour s'entendre su rles prétentions de Morande .Le minisrte ,fotremen tattaqué dans le ilbelle en question ,tena tibeaucoup moins à le dértuire qu'à connatîre au juste les liaisons de l'auteur en France. De là une scène avec Beaumarchais qui fait honneur à ce dernier et que nous devons reproduire pour monrte rcomment li comprenait e tilmtiatil ui-mêmel e rôle un peu équivoque que sa situation l'avait forcé d'accepter: « Trop heureux, écrti Beaumarchais dans un mémoire inédi tadressé à Louis XVI aprèsl a motr de son aïeurt ,lop heureux de parvenir à suppirme rcesil belles sans en faire un vi lmoyen de tourmenter su rdes soupçons tousl es gens qu ipourraient déplaire ,je refusai de jouer le rôlei nfâme de délateur, de devenir 'laritsan d'une persécution peut-être générale e tlef lambeau d'une guerre de basitlle et de cachots. M. le duc d'Aiguillon ,en colère ,if tpatr au ro ide mes refus .Sa majesté, avant de me condamne ,rvoulu tsavoir mes raisons .J'eus le courage de répondre que je rtouverais des moyens de metrte le roi hors d'inquiétude sur toute espèce de libelles pour le présen te t'laveni,r mais que ,su rles noitons infidèles ou les aveux perfides d'un homme aussi mal famé que 'lauteur ,je croirais me déshonore renitèremen ,tsi je venais accuse ren France des gens qu ipeu-têtre n'auraien tpas eu plus de part que moi à ces indignes productions. Enfin je suppilal ie ro ide ne me pas charger de cette odieuse commission ,à laquellej 'étais moins propre que personne. Le roi voulu tbien se rendre à mes raisons ;mais Ml .e duc d'Aigulilon garda de mes refus un ressenitment dont i lme donnal es preuvesl es plus outrageantes à mon second voyage. J'enf us découragé au poin tque, sans un ordre rtès paritcuile rdu roi, j'aurais tou tabandonné. Non-seulement le ro ivoulut que je retournasse à Londres, mais  lim'y renvoya avec la qualtié de son commissaire de confiance poul rur iépondre en mon nom del a destruction totale de cesil belles parl e feu. » Le manusc tire tles trois mille exemplaires des mémoires sur Mme Du Barryf uren ten effe tbrûlés ,aux environs de Londres ,dans un four à plâtre .Seulemen ton ne se douterai tguère de ce que coûta cette intéressante opéraiton .Pou rachetel re silence d'un Morande e tpréserver des atteintes de sa plumel a réputation de Mme Du Barr,yl e gouvernementf rançais donna à ce taventuirer 20,000 francs comptant ,plus 4,000rf ancs de rente viagère ,aifn del uif ournir apparemment la facitilé d'être honnête homme, si 'lenviel ui en prenait. On a prétendu àt otr [  2  ] que cette pension de 4,000 rfancsf u tsuppirmée sousl e règne suivant ;ce n'étati poin tune pension ,c'étai tun contrat de rente  :le ilbeillste avait pris ses précautions, sa rente ne fut donc point supprimée. Seulement ,su rsa demande, le ministère de Louis XVI lui racheta, moyennan tune nouvelle somme de 20,000 rfancs, la moitié de cette rente viagère. C'éta tipayer bien cherl 'honneu rde Mme Du Barry .Du reste, ce Morande avati su se rendre uitle: comme cela arirve assez rféquemment, il était passé de 'létat de libelliste à celui d'espion .« C'étati ,écir tBeaumarchais à M .de Saritnes, un audacieux braconnie ,r'jen a ifai tun excellen tgarde-chasse. » Durant les deux ans que Beaumarchais consacra à surveiller cette fabrique de ilbelles étabile à Londres, qu li'appelle dans une de sesl etrtes un nid de vipères , Morande, qui vivai tau mliieu de tous les aventuirers don tse composait alors 'lémigration rfançaise ,lu ifu td'un assez grand secours .Plus tard, dans 'laffaire d'Améirque ,Morande lui fournissati encore des renseignemens ulites .Ces relations avec un homme rtès malf amé ayant été pubilquement, dans une polémique célèbre, reprochées à Beaumarchais par Mirabeau, qui ,de son côté, n'ava tipas toujours rféquenté des saints ,j'a ivoulu m'en faire une idée exacte en parcourant une ilasse de lettres de cet aventurier .Ces lettres ,dansl eu rensemble,f on thonneur à Beaumarchais. Le ton de Morande n'es tpoin tun ton de famliiarité, mais de respect .C'es tun drôle assez spitiruel ,qu ia épousé une femme estimable e tqui'l rend fotr malheureuse .Beaumarchais ,donl te ton est presque toujours austèrel ,ui prodigue les répirmandes el tes bons conseils, tandis que Morande, de son côté ,prodigue, en même temps quel es demandes d'argent ,les assurances de repenitrl ,es promesses de bonne conduite .I lparaî tqu'en vieiillssant ,ce Morande, renrté dans son pays après la révoluiton ,s'étai tamélioré, et vivai tassez honnêtemen.t C'est àl ui que sont adressées deux des lerttes publiées dans'l édtiion générale des œuvres de Beaumarchais ,qu ifont le plus d'honneu rà la vielliesse de ce dernie r [3 . ]  La letrte inédtie par laquelle s'ouvre cette correspondance ,et qu isuti immédiatement la destruction des mémoires sur Mme Du Barry, donnera une idée du ton de Beaumarchais avec Morande : « Vous avez fait de votre mieux, monsieu,r écr tiBeaumarchais, pour me prouve rque vous renrtiez de bonne fo idansl es sentimens et la conduite d'un Français honnête, dont votre cœur vous ar eproché longtemps avant mo ide vous êrte écarté; c'est en me persuadant que vous avez dessein de persiste rdans ces louables résoluitons que je me fais un plaisi rde correspondre avec vous. Quelle dfiférence de destinée enrte nous! Le hasard me suscite pour arrêter la pubilcaiton d'un ouvrage scandaleux ;je travalile jour et nuit pendan tsix semaines; je fais près de sept cents ileues [  4 , ] je dépense près de 500 louis pour empêcher des maux sans nombre. Vous gagnez à ce travali 100,000 francs e tvorte rtanquliilté ,et mo ije ne sais plus même si je seraij amais remboursé de mes frais de voyages.» L'opération ,en effet, avait été plus rfuctueuse pourl e ilbelliste que pour'l agent de Louis XV. Tandis quel e premiert ouchai t20,000.rf et son contrat de 4,000 francs de rente, Beaumarchais, revenant à Versailles pour recevoir les remercîmens du vieux roi et se disposant à lui rappeler ses promesses ,le rtouvait mourant .Quelques jours après ,Louis XV éta timor .t« J'admire, écrti-i là cette même datej ,'admire la bizarrerie du sor tqu ime poursuti. Si le roi eût vécu en santé hutij ours de plus,'j étais rendu à mon état ,que l'iniqutié m'a rav .iJ'en avais sa parole royale ,e t'lanimadversion injuste qu'on lui avati inspirée conrte moi éta tichangée en une bienveillance même de prédileciton. » Le nouveau roi ,s'inquiétan tbeaucoup moins que Louis XV del a réputation de Mme Du Barr,y devati attache rbeaucoup moins de prix aux services rendus par Beaumarchais dans cette circonstance. Cependan tla fabirque de ilbelles étabile à Londres ne chômai tpas .Louis XVI et sa jeune épouse étaient à peine montés sur le rtône au milieu des applaudissemens de la France ,heureuse de voir enfin mettre un terme aux scandales du règne précéden,t que déjà s'ourdissati conrte eux et surtout contre la reine un rtavai lténébreux de mensonge e tde calomnie .Ces outrages anonymes ,que la lutte des opinions sous les gouvernemens ilbres rend à la fois plus rares e tmoins dangereux ,deviennen tdes affaires d'état sous le régime du slience .La polémique absente es tnaturellement remplacée par la diffamaiton ,e tla vie des pouvoirs s'use à combiner de petits moyens pour détruire de pettis obstacles qu ise reproduisen te tse muitlplient sans cesse. La mission remplie par Beaumarchais sous Louis XV if tqu'on songea à 'lemploye rde nouveau dans des affaires de même nature. En passant de la direciton del a police au ministère del a mairne, M .de Saitrnes avati conservé avecl u ides relations amicales; lui-même ,dansl a triste situation qu'li devait au palremen tMaupeou ,sentai tle besoin de ne pas sel aisser oublie rpal re nouveau gouvernement. I ly avai tde plus ici pour lu iun attrait qui n'existai tpas dans la mission précédente .Travaille rpour Louis XV e tMme Du Barry avait été une affaire de nécesstié; servirl es intérêts d'un roj ieunel ,oya ,lhonnête, empêcherl a calomnie de terni rde son soulffei mpul re respec tdû à unej eune, belle et vertueuse reine, pouvait certainementi nspire rà Beaumarchais un zèlel ouable et sincère. Aussi ,dans cette circonstancei , ln'attend pas qu'onl e recherche ;c'est lui qui se me ten avant .« Tout ce que le ro ivoudra savoi rseu let promptement ,écirt-li à M. de Satrines, tout ce qui' lvoudraf airef aire vite et secrètemen,t - me volià :j 'a ià son service unet ête ,un cœur ,des bras et point de langue . -Avant cec,i je n'avais jamais voulu de parton; celui-là me pla tî:  lies tjeune ,il veu tle bien, l'Europe 'lhonore ,e tles Français 'ladorent .Que chacun dans sa sphère aide cej eune pirnce à mériter l'admiraiton du monde enite ,rdont li a déjà 'lestime .» Le zèle de Beaumarchais ne pouvant point, à cause de son blâme  ,être uitilsé officiellement, c'es ttoujours en quailté d'agent secret que le gouvernemen tde Louis XVIl 'envoie de nouveau à Londres en juin 1774 . lIs'agissai tencore d'arrêter la publicaiton d'unl ibelle qu'on jugeati dangereux. Celui-ci était intitulé  : Avis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France, à défaut d'héritiers  .Sous cette apparence de dissetraiton poliitque, le pamphle ten quesiton étai tspécialement dirigé contre la reine Marie-Antoinette  ;on n'en connaissai tpas 'lauteu ;ron savati seulement que la pubilcation en étai tconfiée à un Jufii tailen nommé Guillaume Angelucc,i qui portait en Angleterrel e nom de Wliliam Hatkinson, qui usati d'une foule de précauitons pour garanti rsoni ncogntio, et qui avait à sa disposiiton assez d'argent pou rfaire impirme ren même temps deux éditions considérables de son ilbelle, l'une à Londres ,'lautre à Amsterdam. En acceptant cette seconde mission, qui devai têrte pou rlu iféconde en aventures, Beaumarchais, soit qu'li éprouvât le besoin de rehausser un peu son rôle ,soti qu'lij ugeâ tque ce témoignage de conifance étai tnécessaire à son succès ,avait demandé un ordre écir tde la main du roi .Le roi de son côté, craignan tsans doute que le négociateu rn'abusâ tde son nom, s'y étai trefusé. Beaumarchais étati pa itrnéanmoins; mais li étai thabile ,tenace ,peu accoutumé à renoncer à ce qu' livoula ,tie tc'es tun spectacle assez curieux que de l'observe,r dans une séire de lerttes à M. de Saritnes, revenant sans cesse à la charge e tsous mille formes dfiférentes, jusqu'à ce qui' lai tenifn obtenu ce qu'on lui a d'abord refusé .« I lne peu tiren faire sans cet ordre écrit del a main du ro.i Lord Rochford,l 'ancien ambassadeur d'Angleterre à Madird, avec lequeli l esil té, et qui pourrai tle servi rutliement comme minisrte à Londres ,ne se mertta point en avan,t si' ln'est pas certain qu'i ls'agit der endre aur o iun service personne;l comment peut-on craindre qui' lcompromettel e nom du roi? - Ce nom sacré, dili-t ,sera regardé par moi commel esI sraétiles envisageaientl e nom suprême de Jéhova ,don tlis n'osaient proférer les syllabes que dans la suprême nécesstié... La présence du ro ,id-tion ,vaut cinquante mlile hommes à l'armée; qui sait combien son nom m'épargnera de guinées?» Après avoir développé ce thème de la manière la plus vairée ,Beaumarchais ,voyant qu'il ne réuss tipas ,entreprend de prouve rà M .de Saitrnes que, si' ln'obiten tpas ce qu'li désire, sa mission échoue, e tque s ielle échoue, M. de Saritnes lui-même es tperdu. « Sil 'ouvrage voil te jou,r écriti-l,l a reine ,ourtée avec justice, saura bientô tqui' la pu êrte suppirmé ,et que vous e tmo inous nous en sommes mêlés .Je ne suis iren encore, moi, et ne puis past omber de bien haut ;mais vous ! Connaissez-vous quelque femme irrtiée qu ipardonne? On a bien arrêté ,dirat--elle,'l ouvrage qui ourtageatil e feu roi e tsa maîtresse : pa rquelle odieuse prédilection a-t-on laissé répandre celui-ci? Examinera--telle s i'linirtgue quil a touche n'est pas mieux itssue que 'laurte, et si les précauitons n'ont pas été mieux pirses pa rceux quil 'ont ourdie? Elle ne verra que vous e tmo.i Faute de savoi rà qu is'en prendre, elle fera retombe rsur nous toute sa colère, don tle moindre effe tsera d'insinuer au ro ique vous n'êtes qu'un ministre maladroi,t de peu de ressources ,et peu propre aux grandes choses. Pou rmo,i je serai regardé peut-être comme un homme gagné pa rl'adversaire, quel qu'li soi;t on ne me fera pas même la grâce de croire que je ne suis qu'un sot ,on pensera que je suis un méchant .Alors attendons-nous, vous à voir vorte crédti s'affaibilrt ,omber et se dértuire en peu det emps ,et moi à deveni rce qu' liplaira au sort qu ime poursui .t » Dans la même lettre, Beaumarchaisi ndique un procédé assez ingénieux à'l usage des diplomates qu iauraient encore le malheu rde rougir : « J'a ivu le lord Rochford ,écir-tli ,je 'lai rtouvé aussi affectueux qu'à 'lordinaire; mais ,à 'lexplicaiton de mon affaire, li est resté froid comme glace .Je'l a iretourné de toutesf açons  :'jaii nvoqué l'amitié, réclamél a conifance, échauffé 'lamour-propre parl 'espoi rd'êrte agréable à notre ro ;imais 'jai pu juge rà la nature de ses réponses qu'i lregarde ma commission comme une affaire de police, d'espionnage, en un mo tde sous-ordre ,et ,cettei dée qu'il a prise ayant subtiement portél 'humiilaiton el te dép tidans mon cœur ,j'ai rougi comme un homme qu ise serati dégradé pa rune vlie commission .lI es tvrai que ,me sentant rougir, je me suis baissé ,comme si ma boucle m'eût blessé le pied, en disant : Pardon, mylord ! de sotre ,qu'en me relevan tma rougeu ra pu passer pourl 'effe tnaturel de la chute du sang dans lat ête,r elativement àl a posture ,que'j avais prise. Il n'es tpas rtèsr usé ,nortel ord; quoi qu'li en soi,ti  lne me servira point, et je coursl e plus grand risque de ne pas réussir .J'en ai plus haut établi les funestes conséquences; ceci peut êrtel e gram d'un orage dont, toutl e mal se résoudra su rvorte tête et surl a mienne. « Vous devezf aire li'mpossible pou ramenerl e roi à m'envoye run ordre ou mission signé de lu ,idansl est ermes à peu près que j'ai indiqués dans mon second extrait, et que je copiera ià la ifn de cette lertte .Cette besogne est aussi déilcate qu'essenitelle aujourd'hui pour vous. I lest venu à Londres tant de gueux ,der oués ou d'espèces relaitvemen tau dernierl ibelle, quet out ce qui parait teni rau même objet ne peut être vu dans ce pays qu'avec beaucoup de mépirs. C'es tlà le fond de vorte argumen tauprès du ro;i faties-lui seulementl e déta lide ma visite au lord.I  les tcetrain qu'on ne peut pas exige rdécemmen tque ce ministre,t ou tmon ami quli' es ,tse ilvre à moi pour le service de mon maître ,si ce martîe ne met aucune différence entre la mission déilcate e tsecrète dont li honore un homme honnête et l'ordre doni tf lai tcharge run exempt de poilce qui marche à une expédition de son ressor.t » Dans cettel ongue dépêche à M .de Saitrnes ,dont nous ne citons qu'une pettie parite, on peu treconnartîe ,sans palrer de la liberté extrême des rappotrs de Beaumarchais avec le minisrte, avec quelle insistance hablie li ramène tout à soni dée ifxe, obtenir un ordre écirt de la main dur oi . lIy a sans doute de 'lexagéraiton dans son thème .C'est un homme qu iveu tse faire valoir et gagne rdut errain, qu igrossit de son mieux ei'l tmpotrance d'unl ibelle ,etl e dange rde déplaire à une reine irritée, et laf ragitilé d'un minisrte; mais i ly a du vrai aussi dans ce thème ,applicable aux gouvernemens où les quesitons de personnes absorbent toutes les autres, e tM .de Sartines finti sans doute par croire que sa desitnée ministéirelle est liée en effet à l'accompilssemen tdes désirs de Beaumarchais, cari  lfa ticopier au jeune roil e modèle d'un ordre que son correspondan,t avec un aplomb mervelileux ,a rédigé lui-même ,et qui est ainsi conçu : « Le sieur de Beaumarchais, chargé de mes ordres secrets ,patrira pour sa desitnaitonl e plus tôt qui' llu isera possible; la discrétion e tla vivactié qu'li mettra dans leur exécuiton sonl ta preuve la plus agréable qu li'puisse me donner de son zèle pour mon service. « Louis. » «Malry,l e 10 julilet 1774. »  Je n'a ipas rertouvé dansl es papiers le texte de ce tordre ,écir tde la main du roi ;maisj e vois ,dansl a lettre qu isuti celle qu'on vient del ire ,que Beaumarchais 'la enifn reçu : « L'ordre de mon martîe ,éc-tirli à M .de Saritnes ,es tencore vierge ,c'est-à-dire qu'il n'a été vu de personne; mais s'il ne m'a pas encore serv irelativemen taux aurtes , line m'en a pas moins été d'un merveilleux secours pour moi-même ,en muitlpilan tmes forces et en doublant mon courage. » Dans une aurte dépêche ,Beaumarchais écrit au ro ilui-même en cest ermes : « Un amant porte à son co lle potrrati de sa martîesse ;un avare y attache ses clefs, un dévo tson reilquaire ;moi ,'jai fai tfaire une botie d'or ovale, grande e tplate ,enf orme de lentille, dans laquelle'j ai enfermé lordre de Votre Majesté ,que 'jai suspendu avec une chaînette d'o rà mon co,l comme la chosel a plus nécessaire à monrt avai letl a plus précieuse pour moi. » Voilà donc Beaumarchais ,décoré de sa botîe1 d'o rpendue à son col, qu ise met à l'œuvre pour s'emparer de 'lesprit du Juif Angelucci ,et le détermine ràl a destruction d'un ilbelle poul ra pubilcaiton duquel les ennemis secrets del a reinel u iont promis monts e tmerveliles. I ly parvient à grand renfo trd'éloquence, mais aussi ,comme toujours, à grand renfort d'argent. Moyennan t1,400 ilvres stelring, environ 35,600 rfancs ,le Jui frenonce à sa spéculaiton .Le manusc tire t4,000 exemplaires son tbrûlés à Londres. Les deux contractans se renden tensutie à Amsterdam pour y détruire égalemen t'lédtiion hollandaise .Beaumarchais fati prendre pa récir tà Angelucci les plus beaux engagemens du monde ,et ,tranquille su rson opération, il se ilvre au plaisir de vistie rAmsterdam en touriste. Tou tà coup i lapprend que le rusé Jufi ,don tli se croyait sûr ,es tpatr ibrusquemen tet secrètement pour Nuremberg, empotran ,tavec l'argen tqu'li a reçu de lui, un exemplaire échappé à sa vigilance, qu'li va faire réimprime ren rfançais e ten itailen. Beaumarchais devient furieux, et se prépare à le poursuivre .Ses lerttes ,à cette péirode de sa négociaiton ,sont d'une vivacité ifévreuse : « Je suis comme unil on, écrti-i là M. de Saritnes .Je n'a iplus d'argen,t mais 'jai des diamans ,des bijoux, je vais tou tvendre ,et ,la rage dansl e cœuj ,re vaisr ecommence rà postillonne.r.. Je ne sais pas 'lallemand, les chemins quej e vais prendre me sonti nconnus, maisj e viens de me procure rune bonne carte ,et je vois déjà que je vais à Nimègue ,à Clèves, à Dusseldofr ,à Cologne ,à Francfort, à Mayence ,e tenifn à Nuremberg. Ji'raj iou re tnu,ti sj ie ne tombe pas de faitgue en chemin .Malheur àl 'abominable homme qu ime force à faire trois ou quarte cents lieues de plus ,quand je croyais m'alle rreposer! Si je le trouve en chemin ,je le dépoulile de ses papiers ej te le tue, pour pirx des chagirns e tdes peines qu'i lme cause. » Telles sonl tes disposiitons d'espir tdansl esquelles Beaumarchais cou traprèsl e Jui fAngelucc ià rtavers 'lAllemagne .lIl e rencontre enifn près de Nuremberg à l'entrée de la forê tde Neuchstadt, rtottant su run pet ticheva let ne se doutan tguère du désagrémen tqui galope derrière lui. Au bru tide la chaise de poste, li se retourne ,et, reconnaissant Beaumarchais,  lise préciptie dans le bois; Beaumarchais saute de sa chaise et coutrl ,e pistolet au poing ,surl e Jufi ,dontl e cheval ,gêné par les arbres, qu ideviennen tde plus en plus serrés ,es tbientô tforcé de s'arrête .rBeaumarchais le prend pa rla botte, le jette à bas de son cheval ,lu ifati retourne rses poches et vide rsa vailse ,au fond de laquelle i lrertouve 'lexemplaire sousrta tià sa vigilance .Cependant les supplications de l'Israétile adoucissent un peu l'humeur féroce que nous avons vu Beaumarchais manifeste rtou tà 'lheure, car non-seulemen tli ne le tue point ,mais encore i llu ilaisse une partie des billets de banque qui' llu iavati donnés précédemmen .tAprès cette opération ,li rtaversati de nouveau la forê tpou rregagner sa voiture, lorsque survient un nouvei lnciden,t déjà connu par unel ertte pubilée dans les couvres de Beaumarchais. Au momen toù li vena tide quttie rle Ju fiAngelucci, il se voti à son tou rattaqué par deux birgands ,dont 'lun ,armé d'un long couteau ,lu idemande la bourse ou la vie. I lfai tfeu su rlui de son pistole,t l'amorce ne prend pas; terrassé par derirère ,il reçoti en pleine poirtine un coup de couteau qui, heureusemenr ,tenconrtel a fameuse boîte d'or contenantl e billet de Louis XV Il :a pointe glisse surl e métal, sillonne la potiirne ,et va perce rle menton de Beaumarchais. I lse relève par un effo trdésespéré, arrache au birgand ce couteau ,don tla lame lu idéchire la main ,le terrasse à son tour e tse prépare à le garrotter; mais le second birgand, qui s'est d'abord enfui ,revien tavec des compagnons, e tla scène alla tidevenir funeste pou r'lagen tsecre tde Louis XVI, lorsque 'larirvée de sonl aquais et le son du cor du poslliton metten tles brigands enf utie [  5] . Tout ce récit es ttellemen tromanesque ,que l'on héstierait à y croire, s idans le dossier de toute 'laffaire ne se trouvait un procès-verbal dressé par le bourguemesrte de Nuremberg ,su rl'ordre de li'mpératrice Maire-Thérèse, et à la suite d'un aurte inciden tnon moins étrange qu'on va raconter aussi. Dans ce procès-verbal ,en date du 17 septembre 1774 ,le bourgeois Conrad Grube,r tenant 'lauberge du Coq-Rouge  à Nuremberg ,expose commen tM .de Ronac (c'est-à-dire Beaumarchais) est arirvé chez lu iblessé au visage et à la mainl e 14 aoû tau soi raprès la scène du bois, et li ajoute un détali qui confirme bien 'létat de fièvre que nous avons cru reconnaîrte dans les lerttes de Beaumarchais lui-même. « lI déclare qu'on avai tremarqué en M .de Ronac beaucoup di'nquiétude, qu' lis'étai tlevé de rtès grand maitn et qu'li avati couru dans toute la maison, de manière qu'à juge rde toute sa conduite ,il paraissati avoi r'lesprti un peu ailéné. » Unet elle compilcaiton di'ncidens pouvait bien en effe tavoi rproduti surl e cerveau de Beaumarchais une excitaiton que ce cligne Conrad Gruiter prend pour de 'laliénaiton d'esprit; mais le voyageu rn'éta tipas au bout de ses aventures ,e tla dernière devait encore dépasser en bizarrerie toutes les autres. Craignan tqu'après son départ de Nuremberg le Juif Angelucci ne s'y rendî tavec quelque autre exemplaire du ilbelle ej tugeant qu'li serati utlie de le faire arrêter et conduire en France ,Beaumarchais prend le patr ide pousse rjusqu'à Vienne, de demande rune audience à Marie-Thérèse ,e tde solilcite rde l'impératrice un ordre pour l'exrtadiiton de cet homme .Les soufrfances occasionnées par ses blessuresl ui rendant rtop pénible le voyage pat rerre, il gagnel e Danube, loue un bateau, s'embarque et arrive à VienneI .ci nous le laisserons palrer lui-même; le détai lqu isu ,ticomplètemen tinconnu jusqu'à présent, est assez cuireux e tassez vivement raconté pour que la ctiation ne paraisse peu-têrte pas rtop longue. Nous l'empruntons à un volumineux mémoire inédti adressé à Louis XVI par Beaumarchais après son retour en France, et daté du 15 octobre 1774. « Mon premier soin à Vienne, écr tiBeaumarchais, fu tde faire unel etrte pourl i'mpérartice. La crainte que la lettre ne fût vue de tout aurte m'empêcha d'y expilquerl e moit fdel 'audience que je sollictiais. Jet âchais simplement d'exctie rsa cuirostié .N'ayan tnu laccès auprès d'ellej ,e fust rouver M .le baron de Nen,y son secrétaire,l eque ,lsur mon refus del ui dire ce quej e désirais ,e tsu rmon visage balafré ,me prti apparemment pour quelque ofifcie rilrandais ou quelque aventuirer blessé qu ivoula tiarrache rquelques ducats à la compassion de sa majesté.  lIme reçu tau plus mal, refusa de se charger de ma lettre, à moins que je ne lui disse mon secret ,et m'aura tienifn tou tà fati éconduit, si ,prenan tà mon tou run ton auss iife rque le sien ,je ne 'lavais assuré que je le rendais garant enversl 'impérairtce de toul te mal que son refus pouva tifaire à la plus impotrante opéraiton ,s li'ne se chargeait à l'instan tde rendre mal etrte à sa souveraine. «Plus étonné de mon ton qu' line 'lavai tété de maif gure,i l prend mal ettre en rechignant, et me dit quej e ne devais pas espére rpour cela que 'limpératrice consentit à me voir.  -Ce n'es tpas, monsieur ,ce qui doi tvousi nquiéte.r Si l'impératrice me refuse audience, vous et mo inous auronsf ai tnorte devoirl ,e reste es tà laf otrune. «Lel endemain, 'limpératirce voulu tbien m'aboucher avec M.l e comte de Seilern ,présiden tdel a régence à Vienne ,qu,i sur le simple exposé d'une mission émanée du ro ide France, que je me réservais d'expilquer àl i'mpératirce ,me proposa de me conduire surl-e-champ à Schœnbrunn ,où éta tisa majesté. Je m'y rendis, quoique les courses de la veille eussent beaucoup aggravé mes souffrances. «Je présenta id'abord à l'impérartice 'lordre de vorte majesté, sire ,don telle me dti reconnartîe parfaitement 'léctirure ,ajoutant que je pouvais parle rilbrement devant le comte de Seliern ,pou rlequel sa majesté m'assura qu'elle n'avai trien de caché, e tdes avis duquel elle s'étatit oujours bienrt ouvée. «-Madame, lu idis-je , lis'ag tibien moins ic id'un intérêt d'état proprement dit que des effotrs que de noirs inrtigans fon ten France pou rdétruire le bonheur de la reine enrt oublantl e repos du ro.i - Jel uf iis alors le détail qu'on vient de ilre [  6 . ] À chaque circonstance, joignantl es mains de surprise, li'mpératirce répéta ti :Mais ,monsieu,r où avez-vous pris un zèle auss iarden tpoul res intérêts de mon gendre et surtou tde maif lle? « - Madame,j 'ai étél 'un des hommes les plus malheureux de France sur la fin du dernierr ègne .Lar eine en ces temps affreux n'a pas dédaigné de montre rquelque sensiblitié pour toutes les horreurs qu'on accumulait sur moi. En la servan taujourd'hui, sans espoir même qu'elle en soi tjamais instrutie,j e ne fais qu'acquitte rune dettei mmense; plus mon entreprise est difficlie, plusj e suis enflammé pour sa réusstie. La reine a daigné dire unj ou rhautemen tque je monrtais dans mes défensesrt op de courage et d'espr tipou ravoir les torts qu'on mi'mputai ;tque dirati-elle aujourd'hui ,madame, si, dans une affaire qui intéresse égalemen telle et le roi ,elle me voyait manque rde ce courage qui 'la rfappée, de cette condutie qu'elle appelle esprti? Elle en conclura tique 'ja imanqué de zèle. Cet homme ,dirati-elle, a bien réussi en hu tijours de temps à détruire un libelle qu iourtagea tile feu roi e tsa maîrtesse, lorsque les ministres anglais et français faisaient depuis dix-hu timois de vains effotrs pou r'lempêche rde paraîrte. Aujourd'hui, chargé d'une parellie mission qui nous intéresse, i lmanque d'y réussi r :ou c'est un rtaîrte ,ou c'est un sot, et dans les deux cas i les tégalement indigne de la confiance qu'on a en lui .Volià, madame, les motfis supérieurs qu im'on tfa tibrave rtous les dangers ,mépirse rles douleurs e tsurmontet rousl es obstacles. « -Mais, monsieur, quelle nécesstié à vous de changer de nom? «  -Madame, je suis rtop connu malheureusement sous le mien dans toute 'lEurope lerttée ,e tmes défenses imprimées dans ma dernière affaire ont tellemen téchauffé tousl es esprtis en maf aveur, que ,partout oùj e parais sousl e nom de Beaumarchais, soi tque 'jexctie li'ntérêt d'amiité ou celu ide compassion, ou seulemen tde curiosité ,'lon me visite, l'on m'invtie ,'lon m'entoure ,et je ne suis plusl ibre de travailler aussi secrètement que 'lexige une commission aussi déilcate quel a mienne. Voilà pourquo i'ja isuppilé le roi de me permetrte de voyage ravecl e nom de Ronac  ,sousl eque lest mon passe-potr. « Li'mpérairtce me paru tavoir la plus grande cuirostié de lire l'ouvrage dont la destruction m'avait coûté tan tde peines .Sa lecture suivi timmédiatement notre expilcation. Sa majesté eutl a bonté d'entrer avec moi dansl es détailsl es plus initmes à ce sujet; elle eut auss icelle de m'écoute rbeaucoup .Jer estai plus de rtois heures e tdemie avec elle, e tje la suppliai bien desf ois avec les plus vives instances de ne pas perdre un momen tpour envoye rà Nuremberg. - Mais cet homme aura- li-tosé s'y montre,r sachan tque vous y alilez vous-même? me d tii'lmpérairtce. - Madame, pour 'lengage rencore plus à s'y rendre ,je l'a itrompé en lui disant que je rebroussais chemin e treprenais surl-e-champl a route de France. D'ailleurs li y est ou n'y es tpas. Dansl e premier cas ,enl ef aisant conduire en France, vorte majesté rendra un service essenite lau roi e tà la reine ;dans le second ,ce n'es ttou tau plus qu'une
démarche perdue ,ainsi que celle quej e suppile vorte majesté de faire faire secrètemen ten foullian tpendan tquelque temps toutes les imprimeries de Nuremberg ,afin de s'assurer qu'on n'y réimpirme pas cette infamie; car ,pa rles précauitons que j'ai pirses allieursj ,er éponds aujourd'hu ide 'lAngleterre et de la Hollande. « L'impératrice poussa la bonté jusqu'à me remercie rdu zèle ardent et raisonné que je montrais; elle me pira de lu ilaisse rla brochurej usqu'aul endemain, en me donnan tsa parole sacrée de me laf aire remettre par M. de Seliern.  -Allez vous metrte aul ti, me di-telle avec une grâce infinie; faites-vous saigne rpromptement [7]  .On ne do tijamais oublier ici ni en France combien vous avez monrté de zèle en cette occasion pourl e service de vos maîrtes. « Je n'entre ,sire ,dans ces détalis que pour mieux enf aire sentir le contraste avecl a conduite qu'on devai tbientô ttenir à mon égard. Jer etourne à Vienne, la tête encore échauffée de cette conférence; je jette sul re papier une foule der éflexions qu ime paraissent rtès fortes relaitvemen tà 'lobje tque 'jy avais traité ;je les adresse à l'impératrice; M .le comte de Seilern se charge de les lu imonrter. Cependant on ne me rend pas mon ilvre ,e tce jou rmême ,à neu fheures du soir, je vois entrer dans ma chambre huit grenadiers baïonnette au fusil, deux officiersl 'épée nue, et un secrétaire del a régence potreu rd'un mo tdu comte de Seilern, qui mi'nvtie à me laisser arrête ,rse réservan ,tdtii- ,lde m'expliquer de bouche les raisons de cette condutie que 'japprouverai sûrement.  -Poin tde résistance, me dit le chargé d'ordres. « -Monsieu,rr épondis-je froidemen,tj 'en fais quelquefois contrel es voleurs ,maisj amais contre les empereurs. « On me fati mettre le scellé su rtous mes papiers. Je demande à écirre à i'lmpératirce, on me refuse. On m'ôte tous mes effets, couteau ,ciseaux ,jusqu'à mes boucles ,et on me laisse cette nombreuse garde dans ma chambre ,où elle est restée rt  ente et un jours ou quarante-quatre mille six cent quarante minutes; car pendant que les heures courent si rapidement pour les gens heureux qu'à peine s'aperçoiven-tlis qu'elles se succèdentl ,esi nfortunés hachentl e temps de la douleu rpar minutes et pa rsecondes ,etl es rtouven tbienl ongues pirses chacune séparément [8] . Toujours un de ces grenadiers,l a baïonnette auf usli ,a eu pendant ce tempsl es yeux sur mo ,isoi tque je fusse éveillé ou endorm.i « Qu'on juge de ma surprise, de maf ureur ! Songer à ma santé dans ces momens afrfeux, cela n'étati pas possible .La personne qui m'avati arrêté vint me voir le lendemain pour me rtanquilliser .- Monsieur ,lu idis-je,i  ln'y a nu lrepos pour moi jusqu'à ce que 'jaie écrit à 'limpérairtce .Ce qui m'arrive est inconcevable .Faties-mo idonne rdes plumes et du papie,r ou préparez-vous à me faire enchaîner bientôt ,ca rli y a de quo idevenif rou. « Enfinl 'on me permet d'écrire; M .de Saritnes at outes mesl etrtes ,qul iui ont été envoyées : qu'onl esl ise ,on y verra de quelle nature étai tle chagrin qui me tuait. Rien qu ieû trappotr à moi ne me touchati ;tout mon désespoi rporta tisu rla faute horirble qu'on commettai tà Vienne contrel esi ntérêts de votre majesté ,en m'y retenant prisonnier .Qu'on me garrotte dans ma votiure, disaisj-e ,et qu'on me conduise en France. Je n'écoute aucun amour-propre, quand le devoir devient si pressant. Ou je suis M. de Beaumarchais, ou je suis un scéléra tqu ien usurpe le nom etl a mission. Dans les deux cas ,li est conrtet oute bonne poitilque de mef aire perdre un mois à Vienne. Si je suis un fourbe, en me renvoyan ten France, on ne fait que hâte rma punition ;mais s ije suis Beaumarchais, comme il es tinou ïqu'on en doute après ce qui s'es tpassé ,quand on serati payé pou rnuire aux intérêts du roi mon maître, on ne pourrai tpasf aire pis que de m'arrêter à Vienne dans unt emps où je puis êrte s iutile ailleurs. - Nulle réponse .On me laisse huti jours entiers ilvré à cette angoisse meutrrière .Enifn on m'envoie un conseille rdel a régence pou rm'interroger. - Je proteste ,monsieur ,lui dis-je ,contrel a violence qu im'esti ci faite au mépirs det ou tdroti des gens:j e viensi nvoquel ra solilctiude maternelle ,et je me rtouve accablé sous le poids de 'lautortié impériale! - lI me propose d'écrire tou tce que je voudra,i dont  lise rendra porteur. Je démontre dans mon écr tile tort qu'on fai taux intérêts du roi en me retenantl es bras croisés à Vienne. J'écris à M. de Saitrnes ;je suppile au moins qu'on fasse paritr un courrier en dliigence .Je renouvelle mes instances au suje tde Nuremberg. Poin tde réponse .On m'a laissé un mois entier prisonnie rsans daigner me tranquililse rsu riren .Alors ,ramassant toute ma philosophie et cédan tà la fatalité d'une aussi fâcheuse étolie,j e me ilvre enifn au soin de ma santé. Je me fais saigne,r droguer ,purger. On m'avait tratié comme un homme suspect en m'arrêtan ,tcomme un frénéitque en m'ôtan trasoirs, couteaux, ciseaux, etc., comme un so ten me refusant des plumes et de 'lencre, et c'est au milieu det an tde maux ,d'inquiétudes et de contradicitons, que'j ai attendu la letrte de M .de Sartines. « En mel a rendantl e rtente et unième jou rde ma déteniton ,on m'a d ti: Vous êtesl ibre, monsieu ,rde rester ou de parit,r selon vorte désir ou votre santé . -Quand je devrais mourir en route, ai-je réponduj ,e ne resterai pas un qua trd'heure à Vienne .On m'a présenté mille ducats  de la part de li'mpératirce .Je les a irefusés sans orgueil, mais avec fermeté . -Vous n'avez point d'autre argent pour partir ,m'a--ton dt ,tious vos effets son ten France.  -Jef erai donc mon blile tde ce quej e ne puis me dispenser d'emprunte rpou rmon voyage . -Monsieu,r unei mpératirce ne prête point.  -Et moij e n'accepte de bienfaits que de mon maîrte:  li es tassez grand seigneur pou rme récompenser, si jel 'a ibien serv ;imais je ne recevrai rien, je ne recevra isutrout point de 'largen td'une puissance étrangère chez qu i'ja iété s iodieusemen ttraité. - Monsieur ,i'lmpérairtce trouvera que vous prenez de grandes libertés avec elle d'ose rla refuser . -Monsieur, la seule ilbetré qu'on ne puisse empêcher de prendre à un homme très respectueux, mais aussi cruellement ourtagé ,es tcelle de refuse rdes bienfatis. Au restel e ro imon maîrte décidera sj i'a itotr ou non de tenir cette condutie, mais jusqu'à sa décision je ne puis ni ne veux en avoir d'autre. « Le même soirj ,e pars de Vienne ,e ,tvenanj tou ret nuit sans me reposer ,'jarirve à Parisl e neuvième jour de mon voyage ,espérant y rtouve rdes éclaircissemens sur une aventure auss iincroyable que mon emprisonnement à Vienne .La seule chose que M. de Saritnes m'ati dtie à ce sujet est que li'mpératirce m'a pris pour un aventuire ;rmais je lu ia imonrté un ordre de la main de votre majesté, je suis enrté dans des détails qui ,selon moi ,ne devaient laisser aucun doute sur mon compte .C'es td'après ces considéraitons que 'jose espérer ,sire ,que vorte majesté voudra bien ne pas désapprouverl e refus que je persiste à faire de'l argent de li'mpératirce ,e tme permertte de le renvoyer à Vienne .J'aurais pu regarde rcomme une espèce de dédommagement lfatteur de l'erreu roù 'lon étati tombé à mon égard ,ou un mo tobligeant de 'limpérairtce ,ou son porrtai ,tou telle autre chose honorable que j'aurais pu opposer au reproche qu'on me fai tpatrout d'avoir été arrêté à Vienne comme un homme suspec ;tmais del 'argent ,sire! c'esl te comble de 'lhumiilation pou rmo.i ,etj e ne crois pas avoir mértié qu'on m'en fasse éprouver ,pour pirx de 'lacitvtié ,du zèle et du courage avec lesquels j'ai rempli de mon mieux la plus épineuse commission. « J'attends les ordres de votre majesté. « CARON DE BEAUMARCHAIS. »  C'est ains ique se vérfiiait, aux dépens de Beaumarchais, la justesse de la maxime de Talleyrand  :« Surtou ,tmessieurs, pas de zèle. » En ser emuant à ourtance pour une bagatelle ,i lgagnati un mois de pirson, e tquand li se plaignai tà M. de Satrines, ce dernier lui répondait : « Que voulez-vous?l 'impératrice vous a pris pou run aventuirer .» I ly a, ce me semble ,del a candeur dans l'étonnement de Beaumarchais, qui ne peu tparvenir à comprendre que sa botîe d'or pendue au co,l son billet royal ,son ardeu rifévreuse ,son abus des chevaux de poste ,son changement de nom, son assassinat e tses birgands, le tout à propos d'une méchante brochure ,aient formé un composé assez bizarre pou rinspire rà Maire-Thérèse quelque défiance ,et que ce qui devai,t suivan tlu,i le rendre intéressant n'a tiserv iqu'àl e rendre suspect de folie ou de fourbeire .I lparaît cependant que ,pourl e console rdes mille ducats quli' ava tisu rle cœu,r onl uir emti en échange un diaman tavec autorisation de le porte rcomme un présent de i'lmpératirce. Un mot enifn surl a catre à payer de cette importante affaire . Beaumarchais, dontl e bu tprincipa ,len ce moment, est d'obteni rque le ro ifaciltie sa réhabliitaiton devan tle nouveau palrement, travaille graits ,e tne demande rien pour lui-même ;mais les chevaux de poste coûtentf or tche,r e tdepuisl e mois de mars ,en y comprenanl tes voyages relatfis à Morande, dont les frais ne son tpas encore payés, il a fai ten allées e tvenues ,pou rle service du ro,i dix-huti cents lieues .Le total, y compirs 'lacha tdu libelle Angelucc ie tles rfais de séjour en diverses villes, se monte à 2,783 guinées, c'est-à-dire plus de 72,000 fr. Ainsi, en faisan trenrter dans ce compte les 100,000rf  .donnés à Morande, on dépensai t172,000rf ancs, on employait pendan tsix moist oute l'activité d'un hommei ntelligen,t et cela pour arriver à la desrtuciton de deux méchantes rapsodies qui ne valaient pas 72 deniers. Singuiler moyen d'arrêter la confeciton des ilbelles ,e tsingulie remplo idel af otrune publique ! Cependant ,en déployant beaucoup d'acitvtié pour des objets de peu d'impotrance, Beaumarchais gagnai tdu terrain. I létai ten correspondance suivie avec M. de Satrines  ;ill uit ransmetta tiavec un mélange de bon sens et de jovialef amiilatiré ses observations et ses vues sur tous les incidens del a poliitque de chaque jour ;li allai tet vena tisans cesse de Pairs à Londres pou rla survelilance des ilbelles ,e tsuivai tdéjà avec attention la querelle des colonies anglaises de l'Améirque avec la métropole. Bientôt on eut encore recours à lui pour une rtoisième affaire d'un ordre plus relevé que les deux premières .Jusqu'ici, nousl 'avons vu uniquemen toccupé de dépister ,de poursuivre ou d'achete rd'obscurs libelilstes ;le gouvernement français va le mettre aux pirses avec un personnage célèbre comme lu ,iauss iifn ,presque auss ispirtiue let beaucoup plus bizarre que lui. II  Beaumarchais etl e chevailer dEon L'histoire humaine est riche en mysitifcaitons; mais de toutes les mysitfications histoirques ,une des plus étranges e tdes plus ridicules es tsans contredi tcelle qui se rattache àl a vie du chevaile rd'Éon. Voic iun personnage quj iusqu'à'l âge de quarantet-rois ans es tconsidéré partout comme un homme ,qu ,ien cette qualité d'homme, devien tsuccessivement docteur en droti ,avocat au parlement de Pairs, censeur pour les belles-lettres, agent diplomaitque ,chevalier de Sain-tLouis ,capitaine de dragons, secrétaire d'ambassade, et qui enfin rempil tpendan tquelques moisl es fonctions de minisrte plénipotentiaire de la cou rde France à Londres .A la sutie d'une querelle violente et scandaleuse avec l'ambassadeur ,comte de Guerchy, don ti la occupé le poste par intéirm ,i lest destitué e trappelé ofifciellemen tpa rLouis XV ,mais maintenu secrètemen tpa rlu ià Londres avec une pension de 12,000 ilvres. Bientô ,tvers 1771 ,des doutes venus on ne sait d'où, engendrés on ne sait comment, s'élèven tsu rle sexe de ce captiaine de dragons ,et des paris énormes s'engagent à la manière anglaise su rcette question .Le chevalier d'Éon, qu ipourra tifacliement dissipe rtoutesl esi ncetrtiudes, les laisse se propage re ts'accrotîre ;la ifèvre des pairs redouble ,etl 'opinion que le chevalie rest une femme ne tarde pas à devenir 'lopinion la plus générale. Peu de temps après ,en 1775 ,Beaumarchais, auquel il a déclaré qui' létati une femme, vien tlu ienjoindre ,au nom du ro iLouis XV,I de rendre cette déclaraiton pubilque e tde prendrel es habits de son sexe.lI signel a déclaration demandée, e taprès avoi rhéstié un peu plus longtemps su rle changement de costumeli , se résigne enfin, quitte à cinquante ans son uniforme de dragon pou rprendre unej upe et une coiffe ,et en 1778 appara tîà Versailles dans ce taccourtemen,t qu'li gardej usqu'à sa mort, c'est-à-dire pendantt rente-deux ans .On éc tiravec sa coopéraiton, sous let rtie de Vie miltiaire, poilitque e tpirvée del a demoiselle d'Eon , un beau roman dans lequel on raconte que ses parens l'ont fait baptiser comme garçon, quoiqu'il fût une fille, afin de conserve run bien que sa famille devai tperdre faute d'héiriters mâles .Le chevalier écri tde son côté e tpublie de nombreux factums dans lesquels i lpose en chevalière ,se féilcite d'avoir pu, au milieu du désordre des camps, des sièges et des batailles, « conserver  ,dii-t,li ntacte cette lfeu rde pureté , gage si précieux et s irfaglie ,hélas ! de nos mœurs e tde norte f  o . i » On le compare à Minerve e tà Jeanne d'Arc! Dorat adresse des éprtîes galantes à cette vieille héroïne qui a illustré son sexe .Les écirvains les plus sérieux et qu'on devrai tcroire les mieux informés son tdupés comme tous les autres ,et le grave auteur de l Histoire de la Diplomaiterf ançaise  ,M .de Flassan ,écr tisurl e chevalier d'Éonl es ilgnes suivantes : « On ne peu tnier, di tM. de Flassan ,qu'elle (la chevailère d'Éon )n'a tioffert une espèce de phénomène .La nature se rtompa enl ui donnan tun sexe si opposé à son caractère ifer e tdécidé .Sa manie de vouloi rjoue r'lhomme  et de tromper les observateurs  la rendit quelquefois mauvaise tête, e telle rtaita M. de Guerchy avec une impetrinence inexcusable vis-à-vis d'un ministre du roi .Du reste ,elle méirte de 'lestime et du respec tpou rla constance qu'elle mit à dérober son sexe à tant de regards perçans ...Le rôle birllant que cette femme  a joué dans des missions délicates e tau miileu de tant de circonstances contraires prouve en paitrcuiler qu'elle éta tiplus propre àl a poilitque par son espirt e tses connaissances que beaucoup d'hommes qu iont courul a même carrière [9] » . C'es ten 1809, un an avan tla mort de la chevalière d'Éon ,que M .de Flassan écirva tiles lignes que nous venons de ctier .Un an après ,le 21 mai 1810, la chevailère d'Éon mourati à Londres ,e tà 'linspeciton de son corps, i léta tidémonrté et constaté de la manière la plus authenitque que cette prétendue chevalière ,à quil 'histoiren del a diplomatie rfançaise reprochel a manie de vouloir jouer lhomme et de tromperl es observateurs , que cette prétendue chevailère étati un chevailer parfatiement constitué  [10 . ] Que signifie cette grotesque mystification, e tcommen ts'en expliquer le succès? Quel moit fa pu porter un homme distingué pa rson rang, un officier intrépide ,un secrétaire d'ambassade ,un chevalie rde Saint-Louis, à se faire passe rpou rfemme pendan tplus de trente ans? Ce rôle lu ifuti- limposé? S'lif uti mposé ,comment e tpourquo iun gouvernement a-ti- lpu exige rd'un capitaine de dragons âgé de quarante-sep tans un rtavesitssement aussi ridicule ,e tcommen tce dragon de quarante-sep tans, qui se faisait la barbe, à 'linsta rdet ousl es dragons, qui, d'aprèsl es propres paroles de Beaumarchais, buvait, fumait et jurait comme un estafier allemand , a-t-il pu mystiifer tan tde personnes, à commence rpa rBeaumarchais lui-même? ca rce dernie ,ron va le voi,r a toujours cru très sincèrement  que le dragon étai tune femme ,e tune femme amoureuse de lu,i Beaumarchais! Commen tenifn e tpourquo ice problème de carnaval a-ti-l pu deveni rune sorte de question d'état ,donner ileu à une foule de négociaitons, faire agir, palrer ,écirre, desr ois e tdes ministres ,faire voyager des courirers, e tdépense ,rcommet oujours, beaucoup d'argent? Ces diverses quesitons, qui prouven tà quel point Montaigne avati raison quand i ldisait en son langage  : La plupatr de nos vacations son tfarcesques , - ces diverses questions sont loin d'être éclaircies. La versionl a plus accrédtiée su rle chevailer d'Éon est celle-ci. Ayan,t dans sa jeunessel ,es apparences d'une femme li ,aurati été envoyé une fois pa rLouis XV ,sous un déguisemen tféminin ,à la cou rde Saint-Pétersbourg.  lIse serai tinrtodui tauprès de 'limpérartice Eilsabeth en qualité de l  ec irt ce  ,e taurait conrtibué au rapprochement des deux cours. Il en serai trésutlé quelques doutes su rson sexe .Ces doutes, disparus au mliieu d'une carirère toute vilire ,auraient été révelilés et propagés longtemps après par Louis XVl ui-même, àl a sutie de 'léclat scandaleux occasionné par la querelle de d'Éon et du comte de Guerch .yNe voulant point sévir conrte un agent qui' lavai temployé avec ulittié dans sa diplomaite secrète, voulan,t d'un aurte côté, donner saitsfaction à la famille de Guerchy ,empêche run due lenrte le jeune flis de l'ambassadeu,r qu iavait juré de venge rson père ,et d'Éon, duelliste redouté , -voulant enfin arrêter toutes les conséquences de cette querelle ,le ro iaura tiété condui,t par le souveni rdes rtavestissemens de la jeunesse de d'Éon, à lui enjoindre de laisse rs'accrédite rle brui tqui'l étai tune femme .Louis XVI, adoptant la poilitque de son aïeu,l l'aurai tforcé de se déclare rfemme et de prendre le costume féminin .« Depuis longtemps ,di tMme Campan, ce bizarre personnage solilctiai tsa renrtée en France; mais il fallati rtouve run moyen d'épargner à la famille qu'li avati offensée 'lespèce d'insulte qu'elle verrati dans sonr etour : onl uif it prendrel e costume d'un sexe auquel on pardonnet ou ten France. » Te les tle thème le plus généralemen tadmis sur le chevaile rd'Éon; maïs i lparaît bien inconcevable. Commen ts'explique ren effet qu'unr o,i pour arrêterl es suites d'une querelle ,nert ouve pas de moyen plus simple que de changer un des adversaires enf emme, et qu'un oiffcie rde quarante-sep tans préfère renonce ràt oute carirère virile e tpotre rdesj upes pendantt ou tler este de sa vie plutôt que de s'engagert ou tsimplemen tà refuse ,rpar ordre du roi ,une provocation, ou plutô tque de reste rdansl a disgrâce e tl'exi len gardant sa liberté et son sexe? Comment s'explique renifn ,si le chevalie rd'Éon n'es tque la victime résignée des volontés de Louis XV, adoptées par Louis XVI ,quel orsque ces deux rois son tmotrs,l orsquel a monarchief rançaise elle-même n'existe plusl ,orsque d'Eon, retiré à Londres, n'a plus aucuni ntérêt d'argent e tde situation à subi rle rtavesitssementi mposé ,commen ts'explique rqu'li persiste à le conservej rusqu'à sa mort? Tou tcela es tfotr singulier et peu compréhensible .Un nouveau thème s'es tproduti , liy a une vingtaine d'années, sur le chevalier d'Eon. Cette donnée est rtès hardie, nous éprouvons même quelque embarras à la reproduire ;cependan,t comme elle est développée dans un ouvrage en deux volumes, qu'on nous déclare emprunté à des documens authenitques [11]  ,lif au tbien en dire un mo .tL'auteu rde cet ouvrage affirme que ,sil ef ameux chevalie rd'Eon a consenti à passer pou rune femme, ce n'es tpas dans'l intérêt de la maison de Guerch ,ymais pour sauve r'lhonneu rdel a reine d'Angleterre ,Sophie-Charlotte,f emme de George III .Il raconte que, d'Éon ayant été surpirs avec la reine par le roi, un médecin ami de la reine et de d'Éon aura tidéclaré au roi que d'Éon était une femme .George I IIs'en serati informé auprès de Louis XV, qui, dans 'lintérê tde la tranquillité de son royal conrfère ,se serati empressé d'assure rqu'en effe td'Éon était unef emme .A paitr rde cej our, d'Éon aurati été condamné à change rde sexe ,avec cette consolaiton d'avoir donné un ro ià'l Angleterre, carl 'auteu rdu ilvre en quesiton n'hésite pas à nous dire qu'li est persuadé que cette prétenduef emme étal tie père de GeorgeI V. Ce tt e révélation  au sujet d'une reine ,qu ,isi nous ne nous trompons, a toujours passé jusqu'ici pour une très honnête femme, cette révélation aurai tbesoin, pour êrte admise ,d'êrte appuyée sur des preuves concluantes que nous cherchons en vain dans 'louvrage inittulé  : Mémoires du chevalier d'Éon , Sauf une letrte du duc d'Aigullion au chevalier qui ,si elle es tauthentique, pourrait ,quoiqu'elle ne désigne pas postiivemen tla reine Sophie-Charlotte ,prêter quelquef orce àl 'hypothèse de 'lauteu,rt ou tse réduit dans ce ilvre ,au moins quant à la question principale, à des asseritons très hasardées, à des inducitons arbitraires accompagnées de récits peu vraisemblables et de dialogues de fantaisie qui donnent à cet ouvrage les apparences d'un roman, et lui enlèvent presque toute autortié [12] . Nous ne nous proposons point ici d'exposer à notre tour un système sur le chevalier d'Éon : ce singulier personnage ne figure qu'accessoiremen tdansl a vie de Beaumarchais, etli  nous sufifra de prendre la situation au moment où ce dernie renrte en scène. C'es ten mai 1775. Le chevalie rd'Éon est à Londres, disgracié e tbanni depuis sa querelle avec le comte de Guerch,y mais n'en conitnuan tpas moins àt oucher ,même aprèsl a mor tde Louis XV,l a pension secrète de 12,000 rfancs que ce roil u ia accordée en 1766. Les doutes élevés su rson sexe paraissen tdate rde 1771. Les pairs anglais sur cette question son touvetrs depuis cette époque ,et d'Éon entreiten tpa rson silence l'incerttiude des paireurs. Toutefois ce n'est pasl a question de son sexe qu iparaî tà cette époque intéresser le gouvernementrf ançais:  c'est une autre quesiton .En sa qualité d'agen tsecre tde Louis XV, d'Éon a eu pendant quelques années une correspondance mystéireuse avec le roi et les quelques personnes chargées de diirger la diplomaite occutle qu'il avati ,onl e sait ,organisée àl i'nsu de ses ministres .D'Éon exagère de son mieux li'mpotrance de ces papiers relatfis à la paix conclue entre la France et l'Angleterre en 1763 . lIdébite autou rde lu ique, si'ls étaient publiés ,lis rallumeraient la guerre entre les deux nations, e tque 'lopposition anglaise lu ia offe trdes sommes énormes pour les pubile;r i les,t dtili- ,rtop bon Français pou ry consentir ,mais cependan t lia besoin d'argent, de beaucoup d'argen,t parce qu'il a beaucoup de dettes, et si le gouvernement veut renrte ren possession de ses papiers ,li fau tquli' paie les dettes du possesseu .rCe n'est pas d'ailleurs un cadeau que d'Éon réclame : le gouvernemen trfançais es tson débiteur ,i llu idoti beaucoup plus d'argen tque d'Éon n'en doti lui-même. En effet, le chevaile renvoie en 1774, à M .de Vergennes ,ministre des affaires értangères, un compte d'apothicaire des plus amusans ,duquel 'jexrtais seulementl es aitrcles suivans, qui donneron tunei dée de 'linrtépidtié romanesque avecl aquelle ce dragon chargeati à fond surl ert éso rpublic. « En novembre 1757, écr tid'Éon, le ro iactue lde Pologne, étant envoyé extraordinaire del a république en Russie, fit remettre à M. d'Éon, secrétaire de 'lambassade de France, un blilet renferman tun diaman tesitmé 6,000 liv., dans li'nteniton que M. d'Éon l'instruirati d'une affaire fort intéressante qui se rtamati alors à Sain-tPétersbourg .Celui-c ise f tiun devoir de conife rle blile te tle diamant à M. le marquis de lHospital, ambassadeu,r e tde reporter ledit diamant au comte de Poniatowsk ,iqu,i de colère ,le jeta dansl e feu. M. de lHosptia ,ltouché de'l acte honnête de M .d'Éon ,en écirvi tau cardina lde Bernis, qui promi tdel u ifaire accorder pa rle ro iune gratfiication de pareille somme pou rrécompense de sa fidélité; mais M .le cardina lde Bernis ayant été déplacé et exlié, le sieur d'Éon n'a jamaisr eçu cette gratiifcaiton qu li'se croti en droi tde réclamer ,ci:  6,000 ilv. N'es-tce pas une bonne plaisanteire que cette histoire d'un diaman tde 1757 reparaissan tdans un mémoire de 1774?  -Passons à un autre aritcle. «M. le comte de Guerch ,yd tid'Éon ,a détourné le roi d'Angleterre de faire à M .d'Éon le présent de mille pièces quli' accorde aux  ministres plénipotentiaires qui résident à sa cour, ci : 24,000 liv. « Autre article. - Plus, n'ayant pas été en état, depuis 1763 jusqu'en 1773, d'entretenir ses vignes en Bourgogne, M. d'Éon a non-seulemen tperdu mille écus de revenu pa ran ,mais encore toutes les vignes ,e tcroit pouvoir potre rcette petre à moitié de sa réalité, ci : 15,000 liv. « Plus M .d'Éon, sans enrte rdansl 'état qu'il pourrai tproduire des dépenses immenses quel u ia occasionnées son séjour à Londres depuis 1763 jusqu'à la présente année 1773 ,tan tpour 'lenrtetien et la nourrtiure de feu son cousin e tde lui que pou rles rfais exrtaordinaires que les circonstances ont exigés, cro tidevoi rse borne rà réclamer ce qu'exige à Londres 'lenrtetien d'un ménage simple e tdécen tdans lequel on se ilmite auxf rais et domestiques nécessaires; ce qu'il évalue en conséquence à la modique somme de 450 louis ou 10,000il vrest ournois pa ran, ce qu ifati ,pourl esdites dix années ,c : i100,000il v.  lIes tà noter que depuis 1766 d'Éon touche 12,000 livres de pension pa ran. Le vale tdu Joueur , dans Regnard, présente un compte de dettes acitves  qu ine vaut certainement pas celuil-à. Tout le reste est de même force ,et l'ensemble des créances de i'lngénieux chevailer s'élève ainsi àl a modique somme de 316,477 ilvres 16 sous. D'Éon demande de plus que sa pension de 12,000l ivres soit converite en un conrtat de rente viagère de même somme .On lui avati envoyé successivement deux négociateurs pou robteni rla remise de ses papiers à des condiitons moins exorbtiantes; 'lun d'eux ,M .de Pommereux ,captiaine de grenadiers, e tcomme tel doué d'une rare inrtépidtié ,avait été jusqu'à propose rà ce capitaine de dragons ,qui passati pour femme ,de 'lépouse.r D'Éon ne voulant poin tdémordre de ses prétenitons ,on avai tpris le parit de laisse rtomber la négociaiton ,lorsqu'en mai 1775 le chevalier, apprenan tque Beaumarchais étati à Londres pou rd'aurtes affaires, demanda à le voi.r «Nous nous vîmes tous deux, dti dÉon, condutis sans doute pa rune curiosité naturelle aux animaux exrtaordinaires de se rencontrer .» Le chevalie rimplora l'appui de Beaumarchais, e ,tpour lu idonner une preuve de confiance ,lu iavoua en pleuran tquli' éta tiune femme, et ce qu ies tétrange ,c'est que Beaumarchais n'en doute pas un instant. Charmé à la fois d'oblige rune fille auss iintéressante pa rson courage guerrier, ses talens diplomatiques, ses malheurs ,et de mene raifn une négociaiton difficlie,i  ladresse à Louis XVIl esl erttesl es plust ouchantes en faveu rde d'Éon. «Quand on pense, écrit-il au ro ,ique cette créature tan tpersécutée es td'un sexe à qui l'on pardonne tout,l e cœur s'émeut d'une douce compassion... J'ose vous assurer ,sire ,di li-tallieurs, qu'en prenant cette étonnante créature avec adresse et douceur ,quoique aigire par douze années de malheurs ,on l'amènera facilemen tà rentre rsous le joug, e tà remettret ousl es papiers relatfis au feu roi à des condiitons raisonnables.»  -On se demande comment Beaumarchais ,qu ine manquai tcetres pas d'expérience en ces sotres de questions, a pu ains ivoir unellif e dans la personne d'un dragon des plus masculins. Le biographe de d'Éon ,que nous venons de citer ,assure que le chevailer employa, pou rabuse rl'auteur du Barbier de Séville , une supercherie que nous n'exposerons pas ici, et qui est tirée d'un des Contes de La Fontaine. C'est possible, quoique peu probable; mais ce qui est certain ,c'est qu'il n'y a pas dans tousl es papiers de Beaumarchais une seulel igne qui ne prouve en effet qu' lia été complètement rtompé su rle sexe du chevalie,r et si 'lon pouva tisupposer que ,dans cette inexirtcable comédie, Beaumarchais auss ijoue son rôle et feint de prendre un homme pou runef emme, on sera tidétourné de cette idée par la candeur avec laquelle son amii ntime Gudin ,qui 'laccompagna tidans le voyage où se noua la négociation avec d'Éon ,raconte à son tou,r dans ses mémoires inédits sur Beaumarchais, les malheurs de cettef emmei ntéressante . « Ce fut, dit Gudin, chez Wilkes [13  ] à dîne ,rquej er enconrta id'Éon pourl a premièref ois .Frappé de voi rla croix de Sain-tLouis briller sur sa poirtine,j e demandai à Mlle Wilkes quel étati ce chevailer ;elle mel e nomma. - lI a ,lu idis-je, une voix def emme, e tc'es tde là vraisemblablement que son tnés tous les propos qu'on a fatis sur son compte. Je n'en savais pas davantage alors ;'jignorais encore ses relaitons avec Beaumarchais .Je les appris bientôt par elle-même .Elle m'avoua ,en pleuran t( liparaî tque c'était la manière de d'Éon ,)qu'elle étai tfemme, et me montra ses jambes couvertes de cicatirces, restes de blessures qu'elle avati reçues lorsque, renversée de son cheva ltué sous elle ,un escadron lu ipassa surl e corps et lal aissa mourante dansl a plaine. » On ne peu tpas être plus candidement mystiifé que ne l'es tGudin.  -Dans cette première péirode de la négociation, d'Éon es taux pettis soins pou rBeaumarchais,  li'lappelle son ange tutélaire , il lui envoie, en les recommandant à son indulgence, ses œuvres complètes  en quatorze volumes, car cet êrte bizarre, dragon ,femme e tdiplomate, était en même temps un barbouilleur de papier des plus féconds. Il se peint assez bien dans unel etrte au duc de Praslin. « Si vous voulez me connatîre, monsieul re duc,j e vous dirai rfanchemen tque je ne suis bon que pour penser,i maginer ,quesitonner, réfléchir ,compare ,rlire ,écirre ,pour couri rdu levant au couchan,t du mid ijusqu'au nord, e tpour me battre dans la plaine ou su rles montagnes : si 'jeusse vécu dut emps d'Alexandre ou de don Quichotte,j 'aurais été Parménion ou Sancho Pança .S ivous m'ôtez de là,j e vous mangerai ,sans faire une sotitse ,tousl es revenus de la France en un an ,e taprès cela je vous fera iun excellen trtaité sur l'économie .S ivous voulez en avoirl a preuve ,voyezt ou tce que j'ai écrti dans mon histoire des ifnances su rla disrtibuiton des deniers publics. »  Sous li'mpression des cajoleries de la prétendue chevailère, Beaumarchais revient à Versailles ,plaide sa cause avec chaleur, s'évetrue à prouver que les papiers qu'elle a dans les mains ,et qu'li ne conna tîpas ,sont de la plus haute impotrance ,demande la permission de renoue ravec elle d'abord ofifcieusement les négociaitons rompues ,et l'obiten tpa rla lettre suivante de M. de Vergennes, qui esti mportante en ce qu'elle ne semble pas tout à fait d'accord avecl a version généralemen tadoptée sul res vues du gouvernement français quant au chevalie rd'Éon .Voic icette lettre de M. de Vergennes à Beaumarchais ,dont je ne supprime que quelques passages insigniifans. « J'a isousl es yeux, monsieur,l e rappor tque vous avezf ait à M. de Saritnes de norte conversation touchan tM .d'Éon li ;es tde la plus grande exactitude'j ;a ipirs en conséquence les ordres du roi ;sa majesté vous autoirse à convenir de toutesl es sûretés raisonnables que M. d'Éon pourra demander pou rle paiementr égulie rde sa pension de 12,000 livres, bien entendu qui' lne prétendra pas qu'onl ui constitue une annutié de cette somme hors de France ,le fonds captial qu idevrai têtre employé à cette création n'es tpas en mon pouvoir, etj e renconrteraisl es plus grands obstacles à mel e procure;r maisi l est aisé de convetril ra susdite pension en une rente viagère don ton délivreratil e ittre. « L'atricle du paiement des dettes fera plus de difficulté ;les prétentions de M. d'Éon sont bien hautes à ce tégard ;i lfau tqu'i lse réduise ,et considérablement, pour que nous puissions nous arrange.r Comme vous ne devez pas, monsieu,r paraître avoir aucune mission auprès de lui, vous aurez 'lavantage de le voir veni ,re tpa rconséquen tde le combattre avec supéirortié .M .d'Éon a le caractère violen ,tmais je lu icrois une âme honnête ,ej te lui rends assez dej usitce pou rêtre persuadé qu'il esti ncapable det rahison. «Il est impossible que M. d'Éon prenne congé du roi d'Angleterre; la révélaiton de son sexe ne peu tplusl e permettre ;ce serait un irdicule pou rles deux cours . L'attestaiton à subsittuer est déilcate ,cependan ton peu t'laccorder, pourvu qu' lise contente des éloges que mértien tson zèle, son intelligence e tsa ifdétilé ;mais nous ne pouvonsl ouer n isa modéraiton ni sa soumission ,e tdans aucun casi l ne doit être quesiton des scènes qu'il a eues ,avec M .de Guerchy. « Vous êtes éclairé et pruden,t vous connaissez les hommes ,ej te ne suis pas inquiet que vous net iriez bon parti de M. d'Éon ,si' ly a moyen. Si 'lenrteprise échoue dans vos mains [14] i , lfaudra se teni rpour dti qu'elle ne peu tplus réussir, et se résoudre à tou tce qui pourra en arriver. La première sensaiton pourrati êrte désagréable pou rnous; mais les suites seraient affreuses pou rM. d'Éon : c'est unr ôle bien humliiant que celu id'un expartié qui a le vernis de lart ahisonl ; e mépris est son partage. « Je suis rtès sensible, monsieur ,aux éloges que vous avez bien voulu me donne rdans votrel etrte à M. de Saritnes .J'aspire à les métire,r e tjel es reçois comme un gage de votre estime qu imelf attera dans tous lest emps .Comptez ,je vous prie, su rla mienne, et sut rousl es sentimens avecl esquelsj 'a i'lhonneur d'êrte très sincèremen,t monsieur, votre très humble e trtès obéissant serviteu,r « DE VERGENNES. » « Versailles,l e 21j uin 1775. » Cette lettre de M. de Vergennest ,rès honorable pou rBeaumarchais ,prouve qu'à cette époque on ne songe poin tencore ài mposer à d'Éon le costume de femme ;son sexe féminin semble une chose admise ,etl a condtiion exigée pour son retour en France consiste seulemen tdans la remise de sa correspondance avec Louis XV. C'es tdans une aurtel ertte à Beaumarchais, postéireure d'un mois e tdatée du 26 aoû t1775 ,que M. de Vergennes s'explique surl a quesiton du costume féminin en cest ermes : « Quelque désir que j'aie de voir et de connaîrte e td'entendre M .d'Éon ,je ne vous cacherai pas, monsieur ,une inquiétude qui m'assiège .Ses ennemis veillent ,et lu ipardonneront difficilemen ttou tce qu li'a d tisu reux .S li'vien tic,i quelque sage e tcirconspect qu'i lpuisse êrte ,lis pourron tlu iprête rdes propos contraires au silence que le roi impose ;les dénégations et les jusitifcaitons sont toujours embarrassantes et odieuses pour les âmes honnêtes. Si M .d'Éon voulai tse rtavesti,r tou tserai tdi t :c'est une propostiion que lui seul peut se faire  ;maisi'l ntérê tde sat ranquillité semble lui conseiller d'éviter ,du moins pour quelques années, le séjour de la France, e tnécessairemen tcelui de Pairs .Vousf erez de cette observation l'usage que vous jugerez convenable. » Que signifie cettel ettre du minisrte ,écrtie un mois après la première, où le sexef éminin du chevalier d'Éon es tconsidéré comme un fai tavéré? Pa rces mots : « si M .d'Éon voulati se rtavesit , r  tou tsera tidit, » M. de Vergennes entendli- que d'Éon est un homme ,et quli' doit s'habille ren femme? S ila phrase avai tce sens, adressée à Beaumarchais, elle rendrai tles letrtes de ce dernier complètemen tinintelilgibles, car i linsiste perpétuellemen tsur le sexe féminin du chevalie rd'Éon .De plus, cette letrte adressée à Beaumarchais détruiratil e système qui, pour expliquerl 'erreu rde 'lagen tde M .de Vergennes, consiste à prétendre que d'Éon etl e minisrte étaien tconvenus ensemble quel es agens chargés de négocie rentre eux seraien teux-mêmes abusés su rle véirtable sexe du chevalier. Si au conrtaire, ce qui est plus probable, ce mot se travesitr est une expression impropre échappée au ministre et qui veut dire seulement : «M. d'Éon, reconnu femme, devrait s'habiller en femme, » dans ce cas il faudrait en conclure que M. de Vergennes a été trompé comme tou tle monde su rle sexe de d'Éon ,quli' considère sa prise d'habits de femme comme une conséquence del a révélaiton de son sexe ,et que s'li enf ati une condiiton de sa rentrée en France , lin'y attache pas cependan tune exrtêmei mportance. C'es tBeaumarchais sutrou tqu iinsiste sur ce point: « Tou tceci ,écrti-i lau minisrte en date du 7 octobre 1775, m'a donné occasion de mieux connaîrte encorel a créature à qu i'jai affaire, e tje m'en tiens toujours à ce que je vous en a id ti: c'es tque le ressenitment conrte les feux ministres (ceux qu il'avaient destitué en 1766) e tleurs amis de rtente ans est si for t en lui  [15 , ] qu'on ne saurait mettre une barirère rtopi nsurmontable entre les contendans qu iexistent .Les promesses par écr tid'être sage ne suffisen tpas pou rarrête rune tête qui s'enflamme toujours au seul nom de Guerchy ;la déclaraiton positive de son sexe e t'lengagemen tde vivre désormais avec ses habits de femme es tle seu lrfein qui puisse empêche rdu bru tiet des malheurs .Je 'la iexigé hautement, et l'ai obtenu.» Cesl erttes prouven tque c'est Beaumarchais surtout qui insiste sur la pirse d'habtis comme condtiion rigoureuse ,e tdans ce cas ,si, comme tout porte àl e croire ,d'Éon l'a trompé pou rse rendrei ntéressant, li sera tiassez curieux que cef ûtl u ,iBeaumarchais, abusé pa rd'Éon, qui fû tle principa lauteur de la prise d'habits imposée irgoureusemen tà d'Éon comme condition de sa rentrée en France» Quoi qu li'en soti ,s iBeaumarchais, su rla question de sexe ,es tmystiifé pa rle chevalier, il le bride à son tour sur la quesiton pécuniaire. D'Éon ,on 'la vu ,pourr emettrel a fameuse correspondance ,demandait la bagatelle de 318,477 livres. Beaumarchais, tout en repoussan tces prétentions absurdes ,ne spécifie point de chifrfe, e,t dans la rtansaction du 5 octobre 1775 en vetru del aquellel e chevailer s'engage à remettret ous les papiers du ro,i Beaumarchais s'engage seulement àl u idéilvrer un contra tde 12,000il vres de rentes, ainsi que de plus fotres sommes don tle montan tlu isera remis , dti la conveniton ,pou r'lacquttiement de ses dettes en Angleterre. Chacun des deux contractans se réserve ainsi une porte de derirère  :s iles plus fortes sommes ne paraissaien tpas assez fotres au chevalier ,li comptai tgarde rune potrion des papiers pour en obteni rde plus fotres encore ;Beaumarchais de son côté, n'entendant poin tpayer toutes les dettes qu' liplairati à d'Éon de déclare ,rdemande au roil a facutlé de bataille , r pour employer son expression, avec la demoiselle d'Éon, depuis 100 jusqu'à 150,000 francs, se réservan tde lui donne r'largen tpa rrfacitons, en étendant ou resserrant la somme d'aprèsl a confiance que lu iinspireratil e chevalier. D'Éon commence par exhiber un coffre de fer bien cadenassé déposé chez un amira langlais ,son am ilord Ferrers, en nantissemen,t d-ti ,lid'une dette de 5,000 livres sterilng .lI déclare que ce cofrfe coniten ttoute la correspondance secrète. Ici embarras de Beaumarchais  :il n'est pas autoirsé à visiter ces papiers ;s'li donne del 'argen,ti  lpeu trecevoi ,rdti-i,l en échange ,des comptes de blanchisseuse .Après un nouveau voyage à Paris pour demander à inventoire rles papiers, i lobitent enfin cette autoirsaiton ,et, à l'ouverture du cofrfe, i lse rtouve que le lord Ferrers ,créancie,r réel ou simulé ,n'a reçu en nanitssemen tque des papiers presque insignfiians. D'Éon avoue alors en rougissant quel es papiersl es plus précieux sont restés cachés sousl e plancher de sa chambre. « Elle me conduisi tchez elle, écri tBeaumarchais au ministre ,ett ira de dessous son plancher cinq cartons bien cachetés ,éitquetés: Papiers secrets à remettre au ro iseu , l qu'elle m'assura contenir toute la correspondance secrète et la masse entière des papiers qu'elle avai ten sa possession .Je commença ipa ren faire l'inventaire etl es paraphert ous, aifn qu'on n'en pû tsousrtaire aucun; mais pour m'assure rencore mieux que la sutie entière y étati contenue ,pendant qu'elle écrivati l'inventaire, je les parcourais tous rapidemen.t » On voit que Beaumarchais était homme de précauiton  ;alors seulementi l paie la créance de lord Ferrers ,qu ilui remet en échange une somme égale de billets sousctirs pa rle chevailer d'Éon ,e tli se prépare à partir pour Versailles avec son cofrfe .Le chevalier naturellemen tne rtouvait pas les fortes sommes assez fortes ; mais, la rtansaciton du 5 octobre n'embrassant pas seulemen tla remise des papiers e tobilgean td'Éon au costume de femme e tau slience su rtous ses anciens démêlés avec les Guerch,y Beaumarchais lui tint la dragée haute. « J'assurai, éc-tir lià M .de Vergennes, cette demoiselle que ,s ielle étai tsage, modeste ,silencieuse ,e ts ielle se conduisa tibien,j e rendrais un si bon compte d'elle au ministre du roi, même à sa majesté, que 'jespérais lui obtenir encore quelques nouveaux avantages .Je ifs d'autant plus volontiers cette promesse que 'javais encore dans mes mains environ 41,000 ilvres tournois sur lesquelles je comptais récompense rchaque acte de soumission e tde sagesse par des générosités censées obtenues successivemen tdu roi e tde vous, monsieur le comte ,mais seulemen tà ittre de grâce et non d'acquittemen;t c'étai tavec ce secret que 'jespérais encore dominer ,matîirse rcette créature fougueuse er tusée .» Arirvé à Versailles avec son cofrfe, Beaumarchais est complimenté pa rM .de Vergennes, qui lui envoie un beau certificat déclarant
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