The Project Gutenberg EBook of Cités et ruines américaines, by
Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
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Title: Cités et ruines américaines
Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal
Author: Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
Release Date: April 18, 2008 [EBook #25097]
Language: French
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CITÉS ET RUINES AMÉRICAINES ***
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ET
RUINES AMÉRICAINES
MITLA, PALENQUÉ, IZAMAL, CHICHEN-ITZA, UXMAL
recueillies et photographiées
PAR DÉSIRÉ CHARNAY
avec un texte
PAR M. VIOLLET-LE-DUC
architecte du gouvernement
suivi
DU VOYAGE ET DES DOCUMENTS DE L'AUTEUR
OUVRAGE DÉDIÉ
À S. M. L'EMPEREUR NAPOLÉON III
et publié sous le patronage de sa majesté
image
PARIS
eG I D E , É D I T E U RA . M O R E L E T C
5, rue bonaparte 18, rue vivienne
1863
Tous droits réservés.
PARIS.—IMPRIMÉ CHEZ BONAVENTURE ET DUCESSOIS,
55, QUAI DES AUGUSTINS.TABLE DES MATIÈRES
Préface i
ANTIQUITÉS AMÉRICAINES 1
Ruines d'Isamal 46
Ruines de Chichen-Itza 48
Ruines d'Uxmal 61
Ruines de Palenqué 72
Ruines de Mitla 74
LE MEXIQUE (1858-1861) 105
Départ de Paris.—La Vera Cruz.—Saint-Jean d'Ulloa.—Aspect général de la ville.—Le port.—Le môle.—Excursion aux
I. 107
environs.—Le nord à Vera Cruz.—Le départ.—Médellin.—La route de Mexico.
Mexico.—La vallée de Mexico.—La ville.—Le Mexicain.—Aspect général.—Le saint-sacrement.—Le tremblement de
II. 133
terre.—La vie à Mexico.—Les coutumes.—Le paseo.—L'alameda.—Les toros.—Le théâtre.—Les chaînes.
Coutumes.—Le peuple à Mexico.—Les Indiens.—Las pulquerias.—Les enterrements d'enfants.—Le clergé.—Les
III. 151
voleurs de grands chemins.—Utilité d'un rabat.—Mexico et ses monuments.—La banlieue.—Les ruines de Tlalmanalco.
IV. Anecdotes et réflexions. 177
Tehuacan.—Départ pour Mitla.—État des routes.—Tehuacan.—Aventures de Pedro.—La venta Salada.—Fâcheuse
V. rencontre.—Teotitlan del valle.—La fonda.—Une nuit dans les bois.—Tetomabaca.—Le jaguar et le torrent.—Quiotepec. 205
—Le Huero Lopez et sa troupe.—Les Talages.—Cuicatlan.—Don Domingillo.—Le cheval volé.—La vallée d'Oaxaca.
VI. Oaxaca.—La ville.—Les mœurs.—Le bal.—Le clergé.—L'histoire de don Raphaël.—Les passions politiques. 225
Long séjour.—Phénomènes photographiques—-Les trois vallées.—Santa Maria del Tule.—Le sabino.—Mitla.—Les
VII. ruines.—Le village.—Les pitajas.—Clichés perdus.—Prise de la ville.—Mont Alban.—Le vieux couvent.—Deuxième 247
expédition.—Siége de la ville.—Départ pour Vera Cruz.
Le rancho dans le bois.—Ouajimoloïa.—L'escorte.—La sierra.—Yxtlan.—Macuiltanguis.—Les Indiens et leurs villages.
VIII. —L'alcade officiant.—Le topil et le vieillard.—Osoc, le fabricant d'orgues.—La descente de Cuasimulco.—Yetla.— 271
Tustepec.—Tlacotalpam.—Avarado.—Vera Cruz.—Le siége.
Le Yucatan.—Départ de Vera Cruz.—Le vapeur Mexico.—Sisal.—Les Indiens prisonniers.—Mérida.—La semaine
IX. 301
sainte à Mérida.—Types et coutumes.—Première expédition à Izamal.—L'antique voie indienne.
Chichen-Itza.—Seconde expédition.—Citaz.—Piste.—Le christ de Piste.—Chichen-Itza.—Les ruines.—Le musicien
X. 323
indien.—Le retour.—Le médecin malgré lui.
Uxmal.—Retour à Mérida.—Départ pour Uxmal.—Uaialke.—Sakalun.—La famille B.—Tikul.—L'hacienda de San Jose.
XI. 351
—Uxmal.—Les ruines.—Le retour.—L'orage.—Les Indiennes de San Jose.
L'Uzumacinta.—Campêche.—La ville.—L'hôtel.—La canoa.—La traversée.—Carmen.—Don Francisco Anizan.—
XII. L'Uzumacinta jusqu'à Palissada.— Le Cajuco.—Quatre jours sur le fleuve.—Le rancho.—San Pedro et la chasse aux 383
crocodiles.—Les marais.—L'iguane.—Las Playas.
De las Playas à Palenqué.—Le village de Santo Domingo.—Don Agustin Gonzalès.—Les deux bas-reliefs.—Les ruines.
XIII. —Le palais et les temples.—Travaux photographiques.—Insuccès.—Les nuits, apparitions.—Les lucioles.—Les tigres.— 411
Retour à Santo Domingo.
Tumbala.—Départ pour San Cristobal.—De Palenqué au rancho.—Absence des Indiens.—Départ pour le rancho de
Nopa.—Chemins affreux.—Désespoir de Carlos.—Famine.—Les singes.—Nopa.—San Pedro.—Trois jours d'attente.
XIV. 443
—Le cabildo.—Attitude hostile des habitants.—Arrivée des Indiens.—Leur abandon dans la nuit.—De San Pedro à
Tumbala.—Trois nuits dans la forêt vierge.—Les jaguars.—Arrivée à Tumbala.
San Cristobal.—Tumbala.—Le curé.—La chasse aux dindes.—Jajalun.—Chilon.—Citala.—Le dominicain et son ami.—
XV. Mœurs indiennes.—Ouikatepec.—Cankuk.—Les Indiens porteurs.—Ténéjapa.—San Cristobal.—Hospitalité de M. 467
Bordwin.—Les mœurs.—Les églises.—Le psalterion.—Le gouvernement.—Ruines aux environs de Comitan.
Tehuantepec.—La ville et la vallée de Chiapas.—Les troupeaux dans les bois.—La rivière.—Tuxtla.—Don Julio Lickens.
XVI. —La fête du Corpus (Fête-Dieu).— Organisation nouvelle.—De Tuxtla à Tehuantepec.—La compagnie américaine.— 489
Les patricios.—La poursuite.—Les plantes grasses.—Totalapa.—Oaxaca.— Histoire du voleurs.—Mexico.
Le Popocatepetl.—Ascension du Popocatepetl.—La ville d'Amécaméca.—La famille Perez.—Tomacoco.—Le rancho de
Tlamacas.—Excursions aux environs.—Le cimetière indien.—Le volcan.—Retour à Amécaméca.—Départ pour Vera
XVII. 513
Cruz.—Rencontre de deux partis.—Encore les voleurs.—Dolorès Molina.—Son enlèvement.—Vera Cruz.—Retour en
Europe.
PLATES.
NOTES . 540
fin de la table.PRÉFACE
Il y a cinq ans, lorsque je partis à la recherche de ces ruines merveilleuses, mon intention était d'en faire une étude approfondie et de
traiter le sujet moi-même. Surpris de la manière incomplète avec laquelle certains voyageurs avaient abordé ce grand sujet, il me sembla
que dans une œuvre aussi vaste, texte et gravure, tout était à refaire. Attribuant l'indifférence du public pour une civilisation aussi originale
aux incertitudes qui la voilaient à demi, je voulus qu'on ne pût récuser l'exactitude de mes travaux, et je pris la photographie comme
témoin.
Mais, lorsque je fus en présence des matériaux, je me sentis accablé par la grandeur du travail, et je ne me trouvai plus la force de
l'achever.
La portée philosophique d'une étude de ce genre saisira tout le monde; une pareille œuvre touche aux questions vitales de l'humanité;
l'histoire des religions s'y trouve en cause aussi bien que l'anthropologie. Ces monuments ne sont-ils pas appelés à nous dire si leurs
fondateurs furent nos frères et nos contemporains, ou si cette terre nouvelle eut une genèse à part?
L'ouvrage, il faut bien le dire, peut fournir des matières à toutes les hypothèses et soutenir tous les systèmes.
À Izamal, par exemple, vous trouvez, dans les bases des pyramides artificielles que surmontaient les temples, des figures gigantesques
rappelant les sphinx de l'Égypte. À Chichen-Itza, l'Inde pourrait revendiquer les énormes figures d'idole qui ornent la frise du palais des
Nonnes; le palais du gouverneur, à Uxmal, vous donne des grecques admirablement dessinées; Palenqué, dans quelques bas-reliefs, a des
intentions assyriennes, et les palais funéraires de Mitla reproduisent en certains cas l'ordonnance des demeures chinoises. Une immixtion
de races suffit-elle pour expliquer ces ressemblances? faut-il conclure à l'action exclusive des vieilles civilisations et renoncer à l'hypothèse
d'une race originale américaine?
L'histoire et l'origine de ces peuples n'offrent donc qu'un vaste champ d'hypothèses. Les premiers historiens de ce monde nouveau
n'étaient point des érudits; la religion, du reste, défendait à cette époque, les investigations trop savantes; leurs descriptions, voire celles du
conquérant lui-même, ne se bornent qu'à des comparaisons banales avec les villes d'Espagne, où çà et là percent quelques souvenirs
romains.
Les traditions recueillies jusqu'à ce jour (nous ne parlons point des Aztèques) ont un cachet apocryphe qui ne doit pas échapper à l'œil
de l'observateur; il semble que des épisodes bibliques, mêlés dans les premiers temps aux anciennes légendes américaines, nous
reviennent dans les traductions nouvelles, mélangés aux figures poétiques de ces peuples, mais empreints encore de leur parfum sacré.
C'est ainsi que la création genésiaque, les luttes des géants, le déluge, se retrouvent dans le Popol-Vuh, que nous a récemment donné M.
Brasseur de Bourbourg.
Les Espagnols, aux jours de la conquête, avaient tout intérêt à faire disparaître les documents historiques des vaincus; ils durent les
modifier à leur gré, le faisant de bonne foi peut-être, considérant les religions de leurs nouveaux sujets comme des abominations qu'il fallait
balayer du sol et remplacer par la croyance catholique.
Premier bégayement de l'histoire, la tradition est aussi le premier pas d'un peuple pour échapper à l'ignorance; à ce titre, elle est
toujours respectable. Mais