Ce que disent les livres
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T ^ -fr»"^1 I CE QUE DISENT LES LIVRES LES ADIEUX D'HECTOR ET D'AXDROMAQUE {Biscuit de Sèvres — Musée du Louvre.) (Cl. Giraudon.) rrr-M /2/j2f FAGUETE. ff' VAcadémie Françai-e DISENTQUECE LIVRESLES HACHETTELIBRAIRIE /3g /e/p 'a o.iS droits uc icproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays. HOMERE LES & D'ANDROMAQUEADIEUX D'HECTOR IJLJJIDEdans ^ miens;est assiégée par les Grecs. Hector, fils Femme, tes soucis sont les mais je rou-Troie girais devant les Troyens et les Troyennes aux longsdu roi des Troyens, Priam, se rend au combat voiles si, comme un lâche, j'évitais les batailles. Mon avec de grandes chances d'y périr. Il rencontre âme, d'ailleurs, s'y refuse. N'ai-je point appris à me sur le rempart sa femme Andromaque qui conduire brave, à combattre au premier rang pouren l'attendait passage, son petit enfant, Ast}^a-au conserver la gloire de mon père et la mienne ? nax, dans ses bras. Andromaque dit à Hector : Cependant mon cœur me le dit, le jour viendra où périront la sainte Troie, et Priam et son peupleCruel, ton courage te perdra, tu es sans pitié habile à manier la lance. Mais la douleur qu'aurontpour ton enfant au berceau et pour moi, malheureuse, alors les Troyens, celle d'Hécube, ma mère elle-qui serai bientôt veuve. Il vaudrait mieux pour moi, même, et du roi mon père celle de mes frères qui, ;quand t'aurai perdu, descendre sous la terre.

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Poids de l'ouvrage 8 Mo

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T ^ -fr»"^1ICE QUE DISENT
LES LIVRESLES ADIEUX D'HECTOR ET D'AXDROMAQUE
{Biscuit de Sèvres — Musée du Louvre.)
(Cl. Giraudon.)rrr-M
/2/j2f FAGUETE.
ff' VAcadémie Françai-e
DISENTQUECE
LIVRESLES
HACHETTELIBRAIRIE/3g
/e/p
'a o.iS droits uc icproduction, de traduction
et d'adaptation réservés pour tous pays.HOMERE
LES
& D'ANDROMAQUEADIEUX D'HECTOR
IJLJJIDEdans
^
miens;est assiégée par les Grecs. Hector, fils Femme, tes soucis sont les mais je rou-Troie
girais devant les Troyens et les Troyennes aux longsdu roi des Troyens, Priam, se rend au combat
voiles si, comme un lâche, j'évitais les batailles. Mon
avec de grandes chances d'y périr. Il rencontre
âme, d'ailleurs, s'y refuse. N'ai-je point appris à me
sur le rempart sa femme Andromaque qui
conduire brave, à combattre au premier rang pouren
l'attendait passage, son petit enfant, Ast}^a-au
conserver la gloire de mon père et la mienne ?
nax, dans ses bras. Andromaque dit à Hector : Cependant mon cœur me le dit, le jour viendra où
périront la sainte Troie, et Priam et son peupleCruel, ton courage te perdra, tu es sans pitié
habile à manier la lance. Mais la douleur qu'aurontpour ton enfant au berceau et pour moi, malheureuse,
alors les Troyens, celle d'Hécube, ma mère elle-qui serai bientôt veuve. Il vaudrait mieux pour moi,
même, et du roi mon père celle de mes frères qui,
;quand t'aurai perdu, descendre sous la terre. Carje
si braves la poussièreet si nombreux tomberont dansLe divin Achille tuéje n'ai plus ni père ni mère. a
sous les coups de l'ennemi ne me sont pas à cœurmon père, Eétion, dans sa ville de Thèbes en Cilicie.
autant que la tienne, lorsque l'un des Grecs t'emmèneraqui troupeauxIl a tué mes sept frères gardaient les
tout en larmes, esclave. Alors, dans une ville desdans les campagnes. Diane, depuis, a tué ma mère.
Grecs tu tisseras de la toile pour autrui le cœur
;Tu es donc pour moi, Hector, mon père, ma mère,
amer tu puiseras de l'eau à la fontaine Messeis où àmon frère et mon époux dans toute la fleur de la jeu-
la fontaine d'Hypérie et dure nécessitéla pèsera surnesse. Prends pitié d'Andromaque, ne descends pas
toi. Alors le passant, te voyant pleurer s'écriera :villedans la plaine, défends la du haut des tours, ne
« Voilà la femme d'Hector qui était si bon combat-rends pas orphelin ton enfant et veuve ta femme.
tant autour de Troie, lorsque se livraient ces grandesduRange l'armée près figuier sauvage ; c'est le point
batailles. » Il dira cela et cela renouvellera ta dou-
faible de nos murailles. Trois fois les Grecs en ont
leur; car tu n'auras plus de mari pour empêcherl'assaut...tenté
que tu sois esclave. Puissé-je être mort et couché
Andromaque est une jeune femme qui
sous la terre plutôt que d'entendre tes cris lorsque tu
son mari et son fils et qui craint de deve-aime seras emmenée !
nir veuve et cela n'a pas besoin d'être expliqué.
Elle raconte à son mari toute la malheureuse Hector ne cherche pas à consoler Andro-
maque. Les sombres pressentiments qui le rem-histoire de sa famille et cela peut paraître inutile
puisqu'il la sait mais il est naturel qu'elle se la plissent, il les exprime naïvement. La résignation;
elle-même à la fatalité fait partie du courage que l'on doitrappelle à au moment ou elle réflé-
chit sur son malheur présent et sur le malheur avoir dans les circonstances terribles. Andro-
maque est la femme d'un soldat elle doitqu'elle craint, et il est naturel qu'elle la rappelle ;
à son mari pour arriver à cette conclusion : s'attendre à la mort de son mari et à toutes les
« vois bien, je n'ai que toi, tout conséquences possibles de la défaite : exil, soli-Tu tu es pour
'
Préférerait-ellemoi, père, mère et frère ne m'abandonne pas ! » tude, servitude. avoir un mari;
Cependant elle est femme de soldat elle connaît lâche et qui ne défendît point son pays, ce qui
;
dans n'amèneraitque plus sûrement plusle devoir du citoyen la patrie en danger et du reste et tôt
elle ne songe pas à donner à Hector le conseil exil, servitude et esclavage ? Faisons notre devoir
faire aux dieux ! Andromaquede s'abstenir. Elle voudrait seulement qu'il et laissons com-
défendît la ville avec le moins de dangers pos- prend d'autant mieux ce langage qu'elle n'en
murs txprès d'elle. C'est attendait pas un autre. Elle ne répond rien. Ellesible, près des le danger
cherché au loin qui épouvante davantage. Hector se résigne. Mais Hector veut embrasser son fils
peut-être il ne verra plus.répond : queCe que disent les Livres
L'illustre Hector étend ses bras pour prendre son dans le sein où sa mère l'attire tendrement
;
fils mais détourne et se cache, en criant,
; l'enfant se Andromaque, toujours en proie aux alarmes,
ildans le sein de sa nourrice à la belle ceinture ; car mais reconfortée par la vision de gloire mater-
est effrayé l'aspect de son père, par l'airain dupar nelle que son mari lui fait entrevoir, plus encore
au-dessus. Lecasque et la terrible crinière qui flotte
par les sentiments tendrement et héroïquement
père et la mère sourient et Hector enlève le casque
paternels que vient d'exprimer son mari, heu-de resplendissant, par terre, ilsa tête et le pose,
reuse mère parce qu'elle a un aimemari qui sonembrasse son fils chéri, le berce entre ses bras...
fils plus que lui-même et qui le désire plusgrand
que lui, heureuseLa scène gracieuse et presque gaie, la mère et par conséquent heu-
reuse,scène de famille, la terreur enfantine qui fait un instant du moins, malgré toutes les
menaces du sort milieu grandessourire succèdent aux sombres peintures de la et au des plus
défaite et de la misère prévues. Ils en effacent misères : ce tableau renferme en lui les plus
grandes beautés l'humanité : l'amourun moment l'impression, ils en consolent. morales deEour
a vie est faite ainsi, tristesses de gaietés conjuguai, l'amour paternel, l'amour maternel,de et
l'amour de la extrêmequi se chassent pour ainsi dire les unes les patrie ; il est, dans une
autres alternent, comme dans journées simplicité, le résumé magnifique des plus hauteset qui ces
vertus et des plusdouteuses et ambiguës où, de moments en heureuses vertus humaines.
moments, les nuages passent sur le soleil et les Hector, caressant Andromaque de la main,
grandes clartés succèdent aux ombres. Hector, parle ainsi :
berçant son enfant dans ses bras, adresse une
prière aux dieux : Amie, ne t'afflige pas tant à cause de moi nu!
;
avant le terme fatal ne me précipitera dans l'empire
Jupiter et vous Divinités, accordez-moi que cet des ombres. pense que personne, parmi lesJe
enfant, que mon fils, se signale comme moi parmi humains, lâche ou vaillant, dès qu'il a vu le jour, ne
les Troyeris, qu'il soit comme moi fort et qu'il rogne peut échapper au destin. Retourne donc dans mon
puissamment sur cette ville que l'on dise un jour à palais, prends soin de tes travaux, du fuseau,
; de la
son retour «des combats : Il est bien plus brave que toile ; distribue à tes femmes leur tâche. Aux hommes
son père qu'il rapporte en sa ville les», dépouilles de nés dans la ville de Troie et surtout à moi sont réser-
l'ennemi et que sa mère se réjouisse en son âme. vés les périls de la guerre.
L'espérance est invincible dans le cœur de Hector, après avoir donné quelque temps
l'homme. Hector tout à l'heure ne songeait aux tendresses conjugales et paternelles rede-
qu'à la défaite probable, presque certaine, qu'à vient soldat et chet de soldats, et c'est sous ce
lui mort, qu'à sa femrae esclave à voir; son fils, dernier aspect qu'il tient, on le sent bien, à
le contempler avecà la fierté paternelle, à le rester gravé dans l'esprit de celle qu'il aime. Il
bercer dans ses bras sous le grand ciel pur où se montre falalisle, ce qui est comme une né-
lessont dieux, il prend confiance il voit; la cessité morale pour tous ceux qui sont exposés
patrie subsistant, puissante et glorieuse, lui mort aux dangers. Il dit : « Notre heure est marquée;
peut-être, mais son fils grand, fort, brave, gou- nul et rien ne peut ni l'avancer ni la retarder,
vernant Troie, la défendant victorieusement et nous ne pouvons savoir quand elle viendra.
contre les ennemis qu'elle aura encore; et sa Que nous rcste-t-il donc à faire? A mettre dans
femme qui aura survécu, qui sera grandement cet espace de temps, court ou long, qui nous
honorée dans la ville heureuse et glorieuse de est départi jusqu'à notre fin, le plus de belles
la prospérité de s

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