Raphaël (Lamartine)
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Alphonse de Lamartine — Recueillements poétiques
Raphaël

Quand la lune est au ciel comme l’astre des rêves,
Que la mer balbutie en dormant sur ses grèves,
Que des voiles sans bruit glissent le long du bord,
Que l’aboiement des ...

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Alphonse de LamartineRecueillements poétiques Raphaël
Quand la lune est au ciel comme l’astre des rêves, Que la mer balbutie en dormant sur ses grèves, Que des voiles sans bruit glissent le long du bord, Que l’aboiement des chiens s’affaiblit et s’endort, Et que, sur les flancs noirs des montagnes voilées, L’une après l’autre on voit les lampes étoilées S’éteindre au souffle humain de maison en maison Et laisser à la nuit la terre et l’horizon ; Si par hasard je veille, et que du balcon sombre Des étoiles du ciel je calcule le nombre, Ou bien que je mesure, aidé par le compas, Ces espaces remplis du Dieu qui n’y tient pas ; Si, sur cet océan et de doute et de joie, Dans son immensité son infini se noie, Et que je cherche un cri pour crier : « Je te vois ! » Et que ce cri me manque et défaille à ma voix ; Ou bien si des hauteurs de cet Être suprême Mon esprit par son poids retombe sur lui-même ; Encor jeune de jours et déjà vieux d’ennuis, Si je sonde à tâtons le cachot où je suis ; Si je vois aux deux bouts d’une courte carrière Des doutes en avant, des remords en arrière, Des apparitions promptes à s’envoler, Des espoirs sur mes pas montant pour s’écrouler, Des tombeaux recouverts de roses près d’éclore S’entr’ouvrant sur les pas des êtres qu’on adore, Notre cœur avant nous cousu dans le linceul, L’âme partie avant et le corps resté seul, Et si je sens pourtant dans ce corps périssable Renaître de sa mort une âme intarissable, Couvant ses feux cachés sous la neige des temps, Avec sa soif de vivre et d’aimer de vingt ans, Capable d’enfanter et d’animer des mondes, Mer où la vie épanche et repuise ses ondes, Sève dont le principe à jamais rajeuni De forces et de jours tarirait l’infini ; Et si dans les langueurs de ma nuit inquiète Je lis pour m’apaiser les rhythmes d’un poète, Ou si j’entends là-bas sous l’oranger dormant Bourdonner la guitare, écho d’un cœur d’amant, Qu’une fenêtre s’ouvre et qu’une vierge en sorte Pour écouter le son qui supplie à sa porte, Et que dans le silence ou dans leur entretien Leur battement de cœur résonne jusqu’au mien : Alors ce cœur glacé, que le délire égare, Bondit dans ma poitrine aux sons de leur guitare ; Leur bonheur par leur voix coule dans tous mes sens ; Ha tempe bat en moi le rhythme à leurs accents ; De la nuit et du son jusqu’au jour je m’enivre... Mais écouter la vie, ô mon âme, est-ce vivre ?
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