« Conservative Radicalism » : le roman catholique britannique ...
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« Conservative Radicalism » : le roman catholique britannique contemporain
Jean-Michel Ganteau Université Montpellier III-Paul Valéry
À partir d'un corpus réunissant les plus représentatifs des romanciers catholiques britanniques, des années 30 jusqu'à nos jours, ce travail s'efforce d'évaluer les modalités de l'évolution idéologique et littéraire de cette production. Après une période d'orthodoxie morale et religieuse qui s'exprime par une conformité parfaite au canon du roman catholique (dans les années 50 et 60), les romanciers catholiques, dès le milieu des années 60, se révoltent contre l'autorité de l'Église et représentent leur désir de transgression au moyen de procédés distanciateurs empruntant largement à l'arsenal métafictionnel, afin de mettre à distance le modèle littéraire auquel ils s'étaient jusqu'alors identifiés. Cependant, avec les années 80, on remarque un retour vers la promotion de valeurs plus conservatrices (inhérentes à un regain d'orthodoxie), et les expériences métafictionnelles radicales sont mises au service d'une démarche conservatrice, dans un retour vers la communauté et ses valeurs spirituelles, selon les règles d'une esthétique de la discrétion et du détour.
L'histoire de la Grande-Bretagne est riche de tensions et de conflits avérés opposant catholiques et réformés, de rébellions et de complots alimentant les sentiments antipapistes, de décrets et autres lois pénales condamnant 147sources»printemps1998
Voices from British Literature les membres d'une minorité souvent persécutée à la clandestinité. Les dix-septième et dix-huitième siècles voient de ce fait une disparition de la culture catholique. Seuls quelques bastions résistent dans le nord du pays, autour d'une poignée de grandes familles de récusants, repliées dans ce qui est généralement connu sous le nom de « mentalité de l'assiégé ». Le dix-neuvième siècle démarre avec un mouvement inverse du pendule, dû à l'afflux de main-d'œuvre irlandaise venant s'établir dans les pôles industriels. En 1829, à l'époque où le Parlement vote l'abolition de l'esclavage, les catholiques britanniques reçoivent leur émancipation. La hiérarchie catholique sera rétablie en 1850. C'est dans les années qui précèdent cette date que la culture catholique connaît un renouveau fulgurant, grâce aux artisans du Mouvement d'Oxford, et notamment à l'œuvre de John Henry Newman. Le nombre de convertis appartenant aux classes cultivées (certains d'entre eux illustres, comme Newman lui-même) ne cessant d'augmenter, une pression culturelle se fait jour, qui entraînera, avec Pugin, une vogue pour l'architecture gothique, et qui contribue à la mise en place d'une tradition littéraire, dès les années trente. C'est ce que nous enseignent les spécialistes de l'époque et du sous-genre du roman catholique dont les germes apparaissent dans la première moitié du dix-neuvième siècle.1Le lecteur contemporain a peu de chances d'avoir jamais entendu parler des œuvres de Grace Kennedy, de Mrs Inchbald, ou de Mrs Sherwood, auteurs de proto-romans catholiques qui contribuent à l'élaboration du canon tel qu'il sera défini, quelques années plus tard, sous la plume des Digby Beste, de lady Georgiana Fullerton ou encore de Newman. Les caractéristiques de ces romans sont celles d'une littérature d'édification qui confine au prosélytisme. Qu'il s'agisse de romans historiques (vision rétrospective et idéalisée des balbutiements du christianisme à Rome ou de l'époque de la Réforme), de récits ostentatoirement sentimentaux empruntant largement aux conventions du mélodrame (et censés être rédigés par des « lady novelists » s'adressant à un public féminin en mal de pâmoison), de textes satiriques tenant largement du pamphlet et traversés d'un élan polémique, lecorpusde l'époque semble être caractérisé par untoposfédérateur, épine dorsale de la plupart de ces récits : la conversion. En fait, malgré les potentialités dynamiques de ces œuvres qui proposent une option progressiste (voire radicale) comme échappatoire au matérialisme ambiant et à l'assoupissement du sentiment religieux anglican, l'attachement à une tradition historique et religieuse, à travers la mise en place d'un retour à une tradition culturelle prônant elle-même un repli vers une communauté et vers un bercail (ces textes sont rarement exempts d'un souci de propagande), semble invalider les velléités progressistes des valeurs communautaires. Tout dans la littérature catholique de cette époque est héritage de la mentalité de l'assiégé, tout est subordonné à une 1998printempssources»148
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