LA PETITE SAINT-PIERRE
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Adolescence en pension...

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Publié le 10 juillet 2020
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait


LA
PETITE SAINT-PIERRE
3
PÉRÉGRINATION
D’UNE FAMILLE NOMBREUSE
SINGULIÈRE
BLANCHARD Jef
PROLOGUE

Qui ne connaît la trilogie de Marcel Pagnol ?
‘‘La gloire de mon père’’
‘‘Le château de ma mère’’
‘‘Le temps des secrets’’
Cette vie d’instituteur public au siècle dernier
avec ses rentrées scolaires, ses grandes vacances,
ses ambitions professionnelles et sa vie familiale.
Un régal avec l’accent du midi et le chant des
cigales.
On connaît moins la vie d’un instituteur de
l’autre réseau, le privé confessionnel. C’est le pari
qui est fait ici de la dépeindre en suivant Jeannot,
l’un des fils du directeur d’école catholique, et
croyez-le, les anecdotes sont croustillantes, parfois
banales, d’autres peu édifiantes voire scabreuses, le
plus souvent ignorées.
C’est incarné dans une famille certainement
unique en son genre puisque, le temps venu, le
père et deux des fils y enseigneront de conserve
plusieurs années de suite, une entreprise familiale...
impossible dans l’enseignement public...
Les lieux sont réels. Les faits, comme
chacun sait, sortis de l’imagination de l’auteur.
Par extraordinaire, si des personnages ou
des institutions venaient à s’y reconnaître ce
serait pure coïncidence...
2




Nouvelle destination





La Chevrolet avec ses larges banquettes et ses
strapontins avait déjà fait ses preuves de voyage
confortable de la Brie à la Bretagne. Les trois ados
dont Jeannot n’aimaient pas beaucoup cependant les
travers de leur chauffeur de père. Notamment
lorsqu’apparaissait un représentant de l’ordre qui faisait la
circulation à un carrefour, immanquablement soit il
faisait une mauvaise manœuvre avec le levier de vitesse et
le moteur calait, soit il éprouvait le besoin de s’arrêter
pour demander la direction alors que des panneaux
explicites l’indiquait.
Quand il s’agissait de la panne, il levait les bras
plusieurs fois sur le volant pour indiquer son
impuissance face au sort et chercher la commisération de
l’agent de la circulation. Quand il demandait sa route il se
confondait en remerciements qui n’avaient pas lieu
d’être. Ce comportement étrange leur donnait la honte,
aussi les aînés y répondaient par une façon non moins
étrange, en se renfonçant au plus creux de leur siège
3 pour ne point être vus ou tout simplement ils
fermaient les yeux pour ne pas voir ça !
Jean pense qu’il hérita un peu de ces manières
curieuses quand il véhiculait sa famille sur la route des
vacances, mais un peu différemment.
Par exemple, ils avaient choisi, pour une fois, de
s’arrêter manger au restaurant. L’un était repéré trop
tôt avant l’heure du repas, l’autre semblait trop cher, le
suivant n’offrait pas de parking assez pratique, le
dernier, on avait averti le chauffeur trop tard pour qu’il
freine et se gare ! In extremis, le véhicule garé devant
celui qui devait être le bon, l’heure du repas bien
dépassée, tous plein d’appétit, on s’aperçut hélas que
l’établissement faisait relâche : la famille dut se contenter,
debout, dehors, du poulet froid étalé sur le capot du
moteur !
Une autre comédie, c’était celle de la station
service la nuit quand le service justement n’y était pas.
L’usage du paiement par carte était récent. Jean s’adressait
au distributeur automatique, lui parlait calmement
d’abord, puis faisait ses remarques désobligeantes parce
que ça ne semblait pas aller comme il fallait, se mettait
en colère parfois, le menaçait d’aller ailleurs faire le
plein pendant que dans la voiture on commentait en
s’esclaffant.
La mauvaise habitude la plus anxiogène était celle
du plein tardif. Comme pour le restaurant, Jean
repoussait l’arrêt pour maintes et maintes raisons malgré les
conseils des passagers. Le moment arrivait où la jauge,
clignotant depuis des kilomètres, il fallait obligatoire-
4 ment s’arrêter. Dans la traversée d’un village, encore
heureux, se présenta un garage. Fermé, il était si tard.
On dut dormir dans la voiture jusqu’à l’ouverture de
l’établissement de réparation pour quémander les litres
d’essence suffisants pour atteindre la prochaine
stationservice !
Mais revenons au père de Jean. C’était un homme
plutôt petit et la surprise était de le voir conduire une
telle berline. Il n’y connaissait rien en mécanique, on ne
peut tout savoir. Alors qu’à l’époque on démarrait
encore les modèles d’occasion français à la manivelle, la
Chevrolet des Etats-Unis, confortablement, se mettait
en route, elle, en tirant sur la batterie. Encore fallait-il
que celle-ci fût bien chargée. Ce qui ne fut pas toujours
le cas. Il n’était pas question de pousser cet
impressionnant véhicule pour que le moteur veuille bien
ronronner, il était bien trop lourd.
Or, sur le trajet de la Brie délaissée à la Bretagne
natale le papa chercha un coin tranquille pour le
piquenique familial. Une prairie s’ouvrait en contrebas par
un chemin de tracteur. Et hop ! La Chevrolet s’y
engage, descend brinqueballant, s’y arrête, fière de l’exploit.
S’en suit un superbe déjeuner sur l’herbe. Le moment
venu de repartir, tout le monde regagne sa place à
l’intérieur du cabriolet après avoir laissé la prairie vierge de
tout détritus. Le démarreur couine, il couine d’abord
mollement, puis de plus en plus faiblement pour enfin
décider de se taire complètement. C’est la panne de
batterie. De manivelle, point; de téléphone portable
pour alerter un garagiste, il faudra attendre encore bien
5 des années pour son usage. La famille est dans de
beaux draps. Les grands garçons, impuissants, décident
de cheminer le long de la route, laissant leur père
trouver une solution qui risque de prendre beaucoup de
temps. Revenant sur leurs pas quelque temps plus tard
ils voient au loin déboucher sur la route un tracteur.
Derrière, remorquée au bout d’une corde, la
Chevrolet ! Leur père avait-il invoqué son ange gardien afin
qu’on vienne le délivrer de cette situation impossible ?
Toujours est-il que placée sur la route et traînée sur
quelques mètres la seconde vitesse étant passée, la
berline somma le moteur de redémarrer. Ce qu’il fit, les
aînés montèrent précipitamment à bord et le voyage
reprit son cours.
Ce qui n’empêcha point lors de la partie de pêche
mémorable et collective à la Mer du Cat, loin de tout,
de reproduire cette situation en fin de journée. C’est
l’oncle Emile, plus familier de la région qui effectuera
les quelques dix kilomètres à pied le long du canal pour
rejoindre Saint-Martin et persuader l’oncle Hyacinthe,
le garagiste, de venir au secours des naufragés…par la
route et pas à pied !
Revenons à notre périple de Peillac à
Saint-PierreEglise. Nous remontons le Cotentin, il tombe une pluie
fine, cela sent la rentrée des classes. Au loin sur la route
une drôle de carriole, on la dépasse, elle est tirée par un
cheval ! C’est une hippomobile comme on ne voit plus,
la dernière aperçue, et encore c’était la nuit, c’est quand
on expatria Nono à la ferme des Jatot.
Il y avait bien à Meaux le petit père Blanchard, un
6 homonyme très riche, qui roulait carrosse dans une
voiture à cheval, mais celle-ci était tressée en osier,
montée sur pneus et tirée par un pur-sang.
Jeannot se demandait dans quel coin reculé et
arriéré allait tomber la famille cette fois ! Et il n’en était
pas à sa dernière surprise. D’ailleurs sa maman souvent
objet de prémonitions commençait à s’inquiéter. Elle
connaissait bien son mari et quand celui-ci faisait assaut
de bonnes et belles choses, c’est qu’il fallait s’attendre à
l’inverse. Il avait visité la place avant de se décider. Il
serinait que le nouveau l

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