Depuis toujours javais ce désir en moi de partir, voyager, sortir de mon pays pour découvrir dautres mondes, dautres gens, dautres cultures. Mais je ne voulais pas non plus partir pour partir, même si quelque part, quitter son pays pour un autre est une sorte de fuite. Je voulais partir pour faire quelque chose de concret, pas seulement sac sur le dos découvrir le monde, mais aussi passer du temps et partager pour une période donnée la vie dautres personnes. Cest ainsi quà lissue de mes études, jai décidé de mengager en tant que volontaire de la solidarité internationale. Après de nombreuses démarches auprès dOrganisations Non Gouverne-mentale, jai finalement été recruté par la Déléga-tion Catholique pour la Coopération et suite aux formations dispensées, je me suis vu proposé le poste de Principal de collège dans un petit village au Cameroun.
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Les yeux ouverts
Pour deux ans, jallais donc prendre la direc-tion dun établissement secondaire privé camerou-nais dans un pays que je ne connaissais que de nom, dans un continent que je ne connaissais pas, et par-tager sur cette période le quotidien, les joies, et les difficultés dautres personnes pour vivre la vie de ce pays au plus proche de celle des gens que jallais côtoyer A posteriori, je ne pense pas avoir fait ce quon appelle du développement même si dun point de vue professionnel je suis venu avec des outils et des méthodes de travail qui auront, je le souhaite, une utilité pour le développement ultérieur de la structure dans laquelle jai uvré. Par contre, jai vécu mon poste comme un prétexte à la ren-contre interculturelle, au développement des échan-ges entre les femmes et les hommes de cultures et dhorizons différents. Et je suis persuadé quune des plus grandes forces de la solidarité internationale est celle de susciter le contact entre des populations de cultures différentes, dans lidée que cest de la meil-leure connaissance de lautre que peut naître un réel développement, dans les pays du nord comme dans ceux du sud. Le texte qui suit est le Journal de Bord que jai tenu tout au long de ces deux ans. Pour la fa-mille et les amis restés en France, pour garder un souvenir de ce que jai vécu, mais aussi pour parta-ger avec dautres ce que peut être un volontariat de solidarité internationale. Ce nest pas un guide tou-ristique du Cameroun mais le récit dune expé-rience, de mon expérience. Lintérêt premier à mon sens de ce journal est quil permet dappréhender
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Préface
avec ses lacunes, ses coups de gueule et ses visions décalées, lévolution de mon regard au Cameroun de mon atterrissage à Douala le 1er septembre 2005 jusquà mon retour dans lhexagone le 6 août 2007. Ceci est un regard, les yeux grand ouverts !