La lecture à portée de main
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Publié par | bibebook |
Publié le | 14 janvier 2013 |
Nombre de lectures | 29 |
EAN13 | 9782824710594 |
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Langue | Français |
Extrait
LÉON BLO Y
EX ÉGÈSE DES LI EUX
COMMU NS
nouv elle série
BI BEBO O KLÉON BLO Y
EX ÉGÈSE DES LI EUX
COMMU NS
nouv elle série
1913
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1059-4
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.A MA CH ÈRE P ET I T E AMI E
ELISABET H JOLY
er rait au cimetièr e s’avisa de frapp er à la p orte d’un
tomb e au. Cee p orte s’ ouv rit aussitôt et ce fut son âme quiU lui app ar ut, son âme qu’il n’avait jamais r eg ardé e , mais qu’il
r e c onnut à certaines souillur es affr euses. Il se souvint alor s de l’av oir
abandonné e là , un jour , p our e xplor er inutilement des sépulcr es vides.
La v o yant si triste , si pr ofondément triste et si b elle , il la prit p ar la main
très tendr ement et la ramena tout en pleur s à la Maison du Pèr e des
vivants dont elle lui montra le chemin.
LÉON BLO Y .
n
1P RÉLU DE
Il faut se mer e à la p orté e de tout le monde
m’ est demandé . On me tr ouv e tr op e xtraordinair e ,
tr op inaccessible . Je suis ég alement incompris du notair e , deV la dé v ote et du fabricant de supp ositoir es. Les r udimentair es
affir mations, les incontestables axiomes et jusqu’aux lap alissades les plus
vérifié es pr ennent av e c moi comme un asp e ct de my stèr e dont le sens
commun est outrag é . J’ai donc dé cidé de me mer e à la p orté e de tout le
monde .
Mais j’ignor e la manièr e . Je suis même for cé d’av ouer que je ne sais
p as ce que ces mots v eulent dir e . D ois-je entendr e qu’ on est à la p orté e
de tout le monde quand on est situé de façon à r e ce v oir de p artout des
gifles ou des coups de b oes, situation, je l’av oue , très p eu confor me à
mes habitudes et à mes instincts ? Combien de fois, au contrair e , et av e c
quelle for ce de conv oitise , ai-je désiré , dans le même sens, que tout le
monde fût à ma p orté e !
Il est v rai que ce désir était absurde , puisque tout le monde est une e
xpr ession inintelligible p our désigner une chose indiscer nable . and on
2Ex égèse des Lieux Communs (nouv elle série ) Chapitr e
me p arle des g ens du monde , des hommes ou des femmes du monde , ma
p ensé e va sur-le-champ à cee p opulace élég ante et stupide , mar qué e du
sce au du Prince des démons, p our laquelle Jésus a dit qu’il ne priait p as. Je
compr ends tout de suite , et même je suis tenté de courir au plus pr o chain
cimetièr e p our y contempler , une fois de plus, l’ép ouvantable misèr e de
ces dalles or gueilleuses que la sainte de Dülmen v o yait couv ertes de
ténèbr es et qui s’ enfoncent quelquefois — je l’ai r emar qué — au-dessous du
niveau du sol , p eu de temps après la sépultur e .
Mais il y a la multitude infinie des autr es g ens, de tous ceux qui ne
p euv ent p as êtr e dits du monde et qui, p ourtant, sont implicitement
désignés chaque fois qu’ on dit : tout le monde. D ans cee multitude il y a
surtout les p auv r es g ens. Ici ma raison défaille et je ne v ois plus du tout
comment je p our rais, en même temps, me mer e à la p orté e des sépulcr es
noir s et des vivantes hosties lumineuses !
Me mer e à la p orté e de tout le monde , encor e une fois ! V o y ons !
ô ma p auv r e âme , est-ce p ossible ? Rép onds-moi, puisque mon
intellig ence est silencieuse . T u étais, ce matin, à l’église , essayant de t’unir , de
t’identifier à Jésus qui s’ est donné à tous les hommes. T u as prié , sans
doute , aussi bien que tu le p ouvais, p our les vivants et p our les défunts.
A u risque de me donner la nausé e , tu t’ es même souv enue
miséricordieusement, je le supp ose , de ceux-là ! qui ne sont ni des vivants ni des morts,
qui subsistent, on ne sait p our quoi, dans les ordur es, et qu’ on nomme les
Bour g e ois. Est-ce là se mer e à la p orté e de tout le monde ? Il me semble ,
au contrair e , qu’ en un tel moment, le monde n’était plus tangible p our toi
et que tu lui étais de v enue toi-même absolument intangible . . . T u ne me
dis rien, toi non plus, et je r este sur ma question comme sur un p al.
Me v oici donc incap able d e fair e ce qu’ on me demande . J’ essaierai
cep endant, étant habitué aux b esognes imp ossibles. i sait ? le monde
n’ est p eut-êtr e p as aussi vaste qu’ on l’imagine . and une p auv r e
ménagèr e crible son fo y er , elle s’étonne de la quantité des cendr es et du p eu de
combustible qui lui r este p our cuir e son r ep as et p our chauffer sa maison.
Il se p our rait qu’après la cuisine de ma pré cé dente Exégèse , je ne tr ouvasse
que p eu de chose à r emer e dans mon four ne au et que T out le Monde se
ré duisît à quelques unités pr ofitables. Cee p ensé e me ranime .
3Ex égèse des Lieux Communs (nouv elle série ) Chapitr e
n
4CHAP I T RE I
A la fortune du p ot ou and il
y en a p our deux, il y en a p our
tr ois
serait étonnante si elle p artait d’un thé
ologien. Mais elle est tr op variable p our qu’il soit p ossible de s’yL ar rêter . A utant dir e que quand il y en a p our sept, il y en a p our
neuf et même p our vingt-quatr e . Il suffit d’étendr e suffisamment. . .
L’infini est au fond du couloir et la clef est sur la p orte . . . Mais ce n’ est p as
l’infini que demande le Bour g e ois. and il v oit ar riv er un conviv e
impré v u, on p eut êtr e sûr que celui-ci aura le suif du gig ot ou la r elav ur e
du p otag e et que même il n’y en aura que p our lui. C’ est ce que ré alise
l’application de cee frater nelle maxime .
ant à la fortune du p ot, c’ est autr e chose . La Fortune , dit Homèr e ,
est fille de l’O cé an, ce qui donne déjà une vaste idé e du b ouillon que
5Ex égèse des Lieux Communs (nouv elle série ) Chapitr e I
p eut offrir la bienv eillance du Bour g e ois. D’autr es p oètes la r eprésentent
chauv e , av eugle et deb out av e c des ailes, un pie d sur un glob e en
mouv ement et l’autr e en l’air . Chez les A ché ens elle était p einte ou
sculpté e , tenant à la main une cor ne d’ab ondance et l’ on v o yait l’ Amour à ses
pie ds. L’antiquité lui érig e a plusieur s temples où elle était adoré e sous
div er s noms, p ar mi lesquels ceux de Virile , de Vier g e et même d’Equestr e .
Mais chez les b our g e ois on ne ré vèr e que la Fortune du Pot, le quel p ot,
r emar quons-le , semble av oir r emplacé la cor ne d’ab ondance . Pour ce qui
est de l’inv o cation d’équestre , malheur eusement tombé e en désuétude ,
elle p our rait signifier ici tout au plus qu’ on est à che val sur les conv
enances et qu’ en même temps, il est à pr op os d’ encourag er l’hipp ophagie
quand on a du monde .
J’ai b e aucoup dit que les Lieux Communs sont de véritables trépie ds
p our ceux qui en font usag e et qui pr oèr ent alor s, à leur insu, des oracles
fort à craindr e . and on m’invite à la Fortune du Pot, mon imagination
saturé e de réminiscences mythologiques é v o que aussitôt Mé dé e et son
effr o yable chaudr on, sans que je p ar vienne