Histoire de Charles VII

THOMAS BASIN HISTOIRE DE CHARLES VII ILES CLASSIQUES DE L'HISTOIRE DE FRANCE AU MOYEN AGE PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE LoUIS HaLPHEN ET SOUS LES AUSPICES DE l'AsSOCIATION GuILLAUME BuDÉ 15« volumeCLASSIQUES DE L'HISTOIRE DE FRANCELES AGEAU MOYEN de Halphenpubliés sous la direction Louis l'Association Guillaumeel sous les auspices de Budé THOMAS BASIN HISTOIRE DE CHARLES VII EDITEE ET TRADUITE PAR CHARLES SAMARAN PROFESSEUR A l'ÉCOLE DES CHARTES DIRECTEUR d'ÉTUDES A l'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES (sORBONNe) TOME h^ 1407-1444 PARIS »« LETTRESSOCIÉTÉ D'ÉDITION LES BELLES BOULEVARD RASPAIL,95, g5 1933 15105.Pc . &3 réservésTous droitsINTRODUCTION —I. L'auteur. Thomas Basin naquit en 1412 à Caudebec-en-Caux, petit port de la basse Seine, situé non loin de l'embouchure du famillefleuve, d'une aisée de marchands^. Sa petite enfance, dit-il, fut malheureuse. Lui et lesnous siens subirent, en effet, le contre-coup des événements politiques : c'est en 1415 roi d'Angleterre HenriV débarqueque le à la tête d'une forte armée non loin de Caudebec, s'empare d'Harfleur ravageet le pays de Caux pour aller ensuite battre les Français à Azin- court octobre). Les Basin, chassés de Caudebec, menèrent(25 alors pendant plusieurs années une vie errante en Normandie, I. On peut voir dans l'église de Caudebec, à l'une des fenêtres chœur, un vitrail représentant un Christ endu croix avec saint Pierre et un donateur, qui n'est autre que Thomas Basin. Ce der- nier, agenouillé, les mains jointes, sur un prie-Dieu marqué à ses armes et à celles de l'évêché de Lisieux, est mitre, chape il; porte croixsur l'épaule gauche une archiépiscopale. Ce détail indique que le vitrail est d'une époque postérieure à date à laquelle1474, Basin est devenu archevêque de Césarée. Le style de l'ouvrage indique, de l'avis, particulièrement compétent, de M. Lafond,Jean la deuxième moitié siècle croiredu xv^ et tout porte à que c'est Thomas Basin lui-même qui l'a fait exécuter (abbé Cochet, dans les Procès-verbaux de la Commission des antiquités de la Seine-Infé- rieure, II, séancedu 2 décembre etRevuet. 1849-1866, p. 1863,254, de la Normandie, année 1865, Quicherat, Magasin pitto-p. 204 ; J, resque, année abbé Sauvage, Description historique et1865, p. 19 ; archéologique de l'église Notre-Dame de Caudebec-en-Caux, 1876, A. Quelques notes sur l'église Notre-Dame de Cau-p. 83 ; Jourdain, debec-en-Caux, 191 1, p. 19).VI L AUTEUR puis en Bretagne. Ils étaient en 8 à Rennes, où Thomas,141 tout jeune encore, entendit prêcher saint Vincent Ferrier. Puis, traité Troyes ayant ramené le calme en Normandiele de et fait d'eux des sujets anglais, ils rentrèrent définitivement ^.dans leur province Le jeune Basin fut alors envoyé à l'Université de Paris, Pavie etoù il prit le grade de maître es arts, puis à celles de Louvain, où il étudia le droit civil droit canon. Pourvude et le de ses deux licences et décidé désormais à suivre la carrière ecclésiastique, et non celle d'avocat que son père avait rêvée pour lui, il fit un séjour de plusieurs mois à Bologne, où rési- il Rouen Sadait le pape Eugène IV, puis revint à en 1438. était proie dif&cultés toute sorte et Basinfamille en à des dey Iljugea que l'Italie lui serait plus favorable que la France. le Rhin less'embarqua donc pour la Hollande, puis, par et Alpes, gagna Ferrare et Florence. Alors s'y tenait(1438-1439) le concile œcuménique, où fut longtemps débattu sans résul- romaine et grecquetat le grand projet de réunion des Églises ; manqua instruire etmais le jeune Normand ne pas de s'y amitiés précieuses. voyage officiel de huitd'y nouer des Un mettre vue, lui pro-mois en Hongrie acheva de le en(1439) cathédrale de Rouen et quelquescura un canonicat à la Lesbénéfices. Il avait alors vingt-huit ans environ.autres l'expérience des affaires qu'il avaitgrades qu'il avait acquis, voyages, et en particulier de son séjour pro-retirée de ses delongé près du concile, les relations qu'il avait nouées avec grandshauts personnages ecclésiastiques, et aussi avec de comme Pogge, lui donnaient désormais le droitlettrés, le d'espérer de grands emplois. anglaise,Revenu en dans sa Normandie, toujours1441 D'après L. Puiseux (L'émigration normande et la colonisationI. n. i), les Basinanglaise en Normandie, Caen, 1866, in-8°, p. 23, auraient pu rentrer à Caudebec dès 1419.