Journal des Goncourt (Deuxième série, premier volume) par Edmond de Goncourt
110 pages
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Journal des Goncourt (Deuxième série, premier volume) par Edmond de Goncourt

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Publié le 08 décembre 2010
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Langue Français

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The Project Gutenberg EBook of Journal des Goncourt (Deuxième série, premier volume), by Edmond de Goncourt This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net Title: Journal des Goncourt (Deuxième série, premier volume) Mémoires de la vie littéraire Author: Edmond de Goncourt Release Date: December 6, 2005 [EBook #17238] Language: French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK JOURNAL DES GONCOURT *** Produced by Carlo Traverso, Mireille Harmelin and the Online Distributed Proofreaders of Europe. This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr. JOURNAL DES GONCOURT —MÉMOIRES DE LA VIE LITTÉRAIRE— DEUXIÈME SÉRIE PREMIER VOLUME 1870-1871 PARIS, BIBLIOTHÈQUE CHARPENTIER, 11, RUE DE GRENELLE. SIXIÈME MILLE 1890 * * * * * PRÉFACE La vérité, que personne ne veut ou n'ose dire, je cherche, de mon vivant, à la dire un rien, en attendant que, vingt ans après ma mort, ce journal la dise tout entière. Voici donc un premier volume d'une seconde série du JOURNAL DES GONCOURT (1870-1890) racontant le Siège et la Commune. Il sera suivi, si Dieu me prête vie, de deux autres. EDMOND DE GONCOURT. Auteuil, juin 1890. JOURNAL DES GONCOURT ANNÉE 1870 Dimanche 26 juin[1].—Bar-sur-Seine. Les endroits, où il y a de ma vie d'autrefois, ne me parlent plus, ne me disent plus rien de neuf aujourd'hui,—ils ne font que me faire ressouvenir. [Note 1: Mon frère était mort à Auteuil, le 20 juin.] Dans cette maison, où nous avons été toujours deux, par moments, je me surprends à penser à lui, ainsi que s'il était vivant, ou du moins j'oublie qu'il est mort; et il y a certains coups de sonnette, qui me remuent sur ma chaise, comme si la sonnette était agitée par les retours hâtés de Jules, jetant, dès la porte, à la domestique: «Où est Edmond?» * * * * * Jeudi 30 juin.—Je suis si malheureux, qu'il y a comme une émotion de la sensibilité de la femme autour de moi. L'aimable lettre que celle de Mme***… et l'ineffable tendresse qu'elle m'apporte à travers la personne de Jésus-Christ. J'ai un souvenir que je ne peux chasser. J'avais un moment imaginé de le faire jouer au billard. Je voulais le distraire, et ne faisais que le supplicier. Un jour, où la souffrance sans doute l'empêchait de s'appliquer, et qu'il ne faisait que queuter, je lui donnai un petit coup de queue sur les doigts: «Comme tu es brutal avec moi!» me dit-il. Oh! la note à la fois douce et triste de ce reproche, je l'ai toujours dans l'oreille. * * * * * 3 juillet.—Un récit de guerre. Le capitaine de vaisseau Bourbonne contait, hier, que dans une batterie de Sébastopol, un canon ayant une roue qui tournait mal, par suite du recul de la pièce à chaque tir, il avait commandé à un soldat de marine qui desservait la pièce, de graisser la roue. Il n'y avait pas de graisse là, il fallait en aller chercher. Le soldat de marine, sans dire un mot, s'empara d'une hache, fendit le crâne d'un mort encore chaud, prit sa cervelle dans ses mains, et plaqua simplement la cervelle du mort sur le moyeu de la roue. * * * * * 10 juillet.—Nous allons à Juilly pour une adjudication, et nous dînons chez le curé. Un logis de curé joliment documentaire. Une petite cour resserrée par un bûcher, aux bûches disparaissant sous les porte-bougies et les dais en feuilles de chêne artificielles, qui servent aux grandes cérémonies de l'église. Une salle à manger, où se voient la lithographie de l'Assomption de Murillo, des vases à fleurs, tout cassés, vieux rebuts de l'autel, une cafetière en plaqué, don des paroissiens. Un cabinet de travail, entouré de planches peintes en noir, chargées de gradus de collège, de livres de théologie poudreux, avec, sur une chaise, un tableau de mathématique, avec, au mur, une chronologie: une grande image, où du sein d'une femme sort un arbre, dont les rameaux portent, au milieu de guirlandes de lauriers, les médaillons des rois de France,—le tout encadré dans une bande d'étoffe à losanges rouges et blancs. La chambre à coucher a des rideaux de cotonnade jaune, d'affreux rideaux œillet d'Inde. Il se trouve dans un coin un orgue mélodium; une lithographie coloriée de la «Vierge à la chaise» remplace la glace; sur une table est posée la calotte du curé, entre des petits morceaux de papier bleu, des étoiles d'argent, des paquets de ficelle rose, et sur la table de nuit, sont ouverts les CHANTS DE MARIE avec la musique de l'abbé Lambilotte. Un pauvre logis qui sent la misère, la sainteté, l'humidité, la maladie, et dont toute la joie est le bondissement mêlé au jappement d'un chien, de la race des chiens de conducteur de diligence, baptisé Paturot par le curé. Là dedans, tombe gras et fleuri, le sénateur Maupas, en jaquette à petites raies bleues, culotté de blanc, guêtré de ventre de biche, un vrai sénateur d'opéra-comique, qui a l'amabilité de pacotille des gens officiels de tous les gouvernements. * * * * * 14 juillet.—J'ai mis en vente la maison où il est mort, et dans laquelle je ne veux pas rentrer. Aujourd'hui j'ai reçu de très convenables propositions de location pour six ans. Eh bien! c'est illogique et déraisonnable, ces propositions me jettent dans une profonde tristesse. Oui, cette maison, où j'ai tant souffert, j'y suis attaché par un lien que je ne soupçonnais pas. * * * * * 18 juillet.—Je ne suis pas malade, mais mon corps ne veut ni marcher ni agir, il a horreur de tout mouvement, et serait heureux d'une immobilité de fakir; avec cela, j'éprouve à l'état continu, au creux de l'estomac, ce sentiment nerveux du vide que donnent les profondes émotions, et que fait plus douloureux encore l'anxiété de cette grande guerre qui va s'ouvrir. * * * * * Samedi 23 juillet.—Je voudrais rêver de lui; ma pensée, toute la journée occupée de lui, l'espère la nuit, appelle, sollicite sa douce résurrection dans la trompeuse réalité du songe. Mais, j'ai beau l'évoquer, les nuits sont vides de lui, de son souvenir, de son image. Je n'ai de cœur à rien, de courage à rien. Mon jeune cousin Labille, que dans son enfance sa destination à la marine a fait familièrement appeler Marin, voulait m'entraîner avec lui à la frontière; j'ai hésité… J'ai pu louer ma maison, je ne me suis pas décidé… La force qui fait prendre une résolution, je ne l'ai plus. * * * * * 27 juillet.—J'ai rêvé cette nuit de Jules, pour la première fois. Il était comme je le suis, en grand deuil de lui—et il était avec moi. Nous marchions dans une rue, ayant une vague ressemblance avec la rue Richelieu, et j'avais le sentiment que nous portions une pièce chez un directeur de théâtre quelconque. En chemin, nous rencontrions des amis, parmi lesquels
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