Juste à côté
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Description

Le texte #31 du concours La Plume de Stileex, arrivé en huitième position.
Le sujet de rédaction 2018 : La beauté de Tana (Antananarivo est la capitale de Madagascar).
https://stileex.xyz/categorie/plume-stileex/

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Publié le 30 novembre 2018
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Langue Français

Extrait

“Juste à côté”  « À ce quartier qui m’a fait découvrir le bonheur et le garçon de l’année dernière. »
 Pendant quatorze ans d’existence, je ne me suis baladée que dans les rues d’Ambondrona. Étant la seule Ille de la famille, mes parents et mes grands-frères m’ont surprotégés ; me contraignant à ne pas dépasser les limites instaurées, sans être accompagnée.
 Bien évidemment, je chérissais cet endroit. Jusqu’à présent.  J’y ai grandi. J’y ai joué. J’y ai découvert l’écriture. Du haut de mon balcon, je lisais paisiblement mes livres. Je rêvais d’être un peu plus libre, de pouvoir me sentir heureuse dans un autre cadre. Autre que celui qui m’accueillait au réveil; et en rentrant du collège le soir.
 J’aime Ambondrona.  J’aime ses escaliers, aussi longs soient-ils.  J’aime la nourriture qu’ils servent dans ces petites gargotes qui ornent Tana. Tous les matins, avant de gravir en bus les kilomètres qui me séparent de Tsimbazaza, je m’arrête un instant chez le vendeur de “mofogasy”. Un bon moyen de commencer la journée, ravir mes papilles. Sur le chemin, très tôt, nombreux de mes voisins eFectuaient déjà leurs courses. Leurs sourires accueillants et leurs visages familiers réchauFaient les cœurs fatigués par la nuit passée. Mon quotidien, du lundi au dimanche se résumait à cela.
 Certes j’appréciais ma vie, ma routine, mais je désirai également partir. Pas longtemps, pas avec n’importe qui. Seulement créer des souvenirs, mémoriser des places inconnues de ma belle ville, rencontrer de merveilleuses personnes, être Ière de parler de mes aventures au cours de mon adolescence. Capturer des décors magniIques, faisant honneur à nos origines.
 Alors, j’y suis parvenue. Et en prime, ai vécu ma première histoire d’amour. Comme celles qu’on illustre dans les Ilms, ou qu’on raconte dans les bouquins de jeunesse qui ont marqué notre enfance.  Vers dix-sept heures lorsque les cours prirent In, je ne suis pas directement rentrée chez moi, comme à mon habitude. Qu’ai-je décidé? Retrouver un garçon, désobéir et trahir la conIance qu’on m’a accordé ; deviner où il vivait alors que je ne sortais jamais. Je me sentais comme Raiponce, ce jour-là. Une Raiponce à la peau caramel, aux cheveux noirs et courts mais qui tout comme elle, suivait un Eugène dans sa folie, avide de nouveauté.
 Je suis descendue à l’arrêt juste en-dessous du totobaton’Ambondrona. J’observais ceux qui m’entouraient avec attention et méIance, redoutant de croiser ma mère. Comme une fugitive, j’accélèrais le pas, la tête baissée, à moitié apeurée. La fatigue s’emparait peu à peu de mon être. Mes jambes étaient engourdies, même à cette heure quasiment tardive, la chaleur régnait. Les épiceries et les boutiques ouvraient encore, le lieu était toujours bondé de monde. Je continuais de monter les grandes marches et tout comme un exploit, parvins à atteindre le haut de ces dernières. Au sommet de ce “parcours”, j’apercevais une partie d’Antaninarenina, les bouchons qui s’accumulaient en bas, le marché, leurs produits verdoyants sans oublier les parasols dont ils se servaient pour se protéger.
 Prudemment, je saisis mon portable tout en le déverrouillant et lu les indications que mon “ami” m’a envoyé un peu plus tôt. Une fois les références retenues, je repris la route à pieds m’avançant tout droit comme cité dans son message. Je ne suis jamais allée aussi loin toute seule. La limite était désormais dépassée.
 Mes pas me dirigeaient presque automatiquement vers le croisement menant à Ambohijatovo. Même là tout était déjà diFérent. Un grand hôtel facilement accessible, des restaurants aux propositions appétissantes et au Inal je reconnu le chemin que je devais suivre pour accéder aux bras de mon complice.  Les maisons y étaient belles, traditionnelles avec une petite touche moderne, me donnant l’envie de les visiter une part une. La découverte commençait déjà, rien ne ressemblait à chez moi. Jamais je n’aurai deviné qu’un quartier aussi paisible était voisin du mieux où le bruit dominait, où les personnes se bousculaient. J’appréciais pourtant ces deux ambiances, m’apaisant chacune à leur manière.
 Arrivée devant un petit couloir ornés de pierres se surplombant les unes aux autres, je m’engageais une dernière fois à en escalader. Et mes eForts furent récompensés par la vision d’un bel adolescent à lunettes qui m’attendait entre deux résidences. Soulagée, et exténuée, je me hâtais de le rejoindre. ïl m’accueillit à bras ouverts, me faisant un signe de la lèvre pour m’inciter à me retourner. Et que vis-je ? Toute la ville, l’animation dont laquelle elle se noyait avec délice. Surtout? Un ciel aux couleurs vives, un coucher du soleil magniIque. En regardant cela, cette merveille, en plus des bras qui ont entrepris d’entourer ma taille, je me suis dit que je reviendrai plus souvent.  De là, j’entendais tout, même les voix et les sons lointains. La fascination se reétait certainement sur mon visage. Un sourire radieux s’y était dessinée. Oui, je ne regrettais pas de ne pas être aFalée dans mon lit, à cet instant. Non, un
amour grandissait dans mon cœur, pour lui, et pour ce quartier dont lequel il vivait à l’époque.
 Et depuis ce jour, ce moment s’est ajouté à mon quotidien, a réussi par combler mon ennui et à rayer mon statut de petite-Ille. Je suis tombée amoureuse de aravohitra, l’année dernière.
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