Le Roman en Italie
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Le roman en ItalieF.-T. PerrensRevue des Deux Mondes T.12, 1857Le Roman en ItalieCaractères et récits de la vie politique et militaireI. Il Novelliere contemporanco, 1 vol. — II. la Famiglia,1 vol. — III. Amor diPatria, 1 vol., par M. Victor Bersezio; Turin 1855-56.Ils sont bien rares au-delà des Alpes, les écrivains qui s’essaient avec succès àpeindre la vie privée, les mœurs intimes de la société italienne. Sous l’influence deManzoni, le roman n’a été pendant longtemps dans la péninsule qu’un cadre àportraits et à récits historiques. Depuis quelques années, l’auteur d’Angiola-Maria,M. Carcano, s’est enfin assigné la difficile tâche d’introduire le roman italien dans ledomaine des réalités domestiques. A-t-il vraiment réussi? On est tenté d’en douter,quand on voit de jeunes écrivains, après s’être hasardés sur le même terrain,fausser brusquement compagnie à leur chef d’école, et chercher dans la viepublique des sujets plus en accord sans doute que les tableaux de la vie privéeavec le goût des lecteurs italiens. C’est ce que vient de faire notamment un conteurpiémontais, M. Victor Bersezio. Connu par deux volumes consacrés simplement àl’amour et à la famille, M. Bersezio, dans une troisième série de nouvelles, aentrepris résolument de décrire, sous la forme de récits romanesques, les mœurspolitiques de son pays. Malgré le désir qu’on aurait de voir le roman s’affranchir enItalie d’influences étrangères à l’art, il faut bien reconnaître que M. ...

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Le roman en Italie
F.-T. Perrens
Revue des Deux Mondes T.12, 1857
Le Roman en Italie
Caractères et récits de la vie politique et militaire
I. Il Novelliere contemporanco, 1 vol. — II. la Famiglia,1 vol. — III. Amor di
Patria, 1 vol., par M. Victor Bersezio; Turin 1855-56.
Ils sont bien rares au-delà des Alpes, les écrivains qui s’essaient avec succès à
peindre la vie privée, les mœurs intimes de la société italienne. Sous l’influence de
Manzoni, le roman n’a été pendant longtemps dans la péninsule qu’un cadre à
portraits et à récits historiques. Depuis quelques années, l’auteur d’Angiola-Maria,
M. Carcano, s’est enfin assigné la difficile tâche d’introduire le roman italien dans le
domaine des réalités domestiques. A-t-il vraiment réussi? On est tenté d’en douter,
quand on voit de jeunes écrivains, après s’être hasardés sur le même terrain,
fausser brusquement compagnie à leur chef d’école, et chercher dans la vie
publique des sujets plus en accord sans doute que les tableaux de la vie privée
avec le goût des lecteurs italiens. C’est ce que vient de faire notamment un conteur
piémontais, M. Victor Bersezio. Connu par deux volumes consacrés simplement à
l’amour et à la famille, M. Bersezio, dans une troisième série de nouvelles, a
entrepris résolument de décrire, sous la forme de récits romanesques, les mœurs
politiques de son pays. Malgré le désir qu’on aurait de voir le roman s’affranchir en
Italie d’influences étrangères à l’art, il faut bien reconnaître que M. Bersezio, en
changeant ainsi son horizon de romancier, n’a fait qu’obéir à la direction naturelle
de son talent. Insuffisant dans ses deux premiers recueils, où la vie privée l’occupe
seule, il se relève dans le troisième, où il demande ses inspirations à la vie
publique. Avant d’arriver à ce dernier volume, qui nous paraît mériter une attention
spéciale, il faut rendre justice cependant à certaines qualités des études qui l’ont
précédé, et qui nous aideront à exprimer plus nettement notre opinion sur l’écrivain.
Il est une qualité, par exemple, qu’on ne peut refuser à M. Bersezio : c’est de conter
avec intérêt, quelquefois même avec une certaine animation dramatique. Tout le
monde lirait avec plaisir les pages où il décrit la villégiature aux environs de Turin,
l’influence du directeur-jésuite sur la mère de famille dévote, les douleurs obscures
du médecin de village affligé d’un fils idiot et d’une femme superstitieuse; tout le
monde, il est vrai, serait tenté aussi de reprocher à ces agréables nouvelles de trop
ressembler à tout ce qu’on écrit en France, en un mot de manquer d’originalité. Que
ce soit un peu la faute de l’auteur, on ne saurait le contester; toutefois je n’ai garde
de le rendre entièrement responsable de la déception qu’il nous cause, et j’en veux
dire la raison. Pour qu’un roman, pour qu’une nouvelle nous paraisse refléter
véritablement les mœurs italiennes, il faut, telle est notre exigence, que rien de ce
que nous y trouvons ne ressemble à nos mœurs : c’est trop oublier que les Italiens,
enfans comme nous de la race latine, ont avec nous des ressemblances
nombreuses. Exiger, lorsqu’ils essaient de se peindre, qu’ils ne montrent que les
différences, c’est aussi sensé qu’il le serait, pour le roman de mœurs françaises, de
proscrire tout ce qui se fait chez nous comme dans les autres pays. Il n’appartient
qu’à un conteur étranger, familiarisé par un long séjour en Italie avec la vie italienne,
d’en élaguer tout ce qu’on appelle au-delà des Alpes des gallicismes de conduite,
pour ne mettre en relief que les types et les aspects vraiment caractéristiques.
Dans le recueil d’esquisses politiques publié par M. Bersezio, le défaut qui
déprécie à nos yeux ses récits domestiques est moins sensible. L’époque où l’on a
pu observer chez nous quelques-uns des travers décrits par le jeune romancier n’a
pas été assez longue pour nous enlever le désir de voir les avantages et les
inconvéniens du régime libéral signalés par une plume étrangère. Ce régime est
d’ailleurs de trop fraîche date en Piémont pour n’y pas donner lieu à mille incidens
bizarres, pour n’y pas mettre en relief d’étranges, d’incohérens caractères. Enfin le
respect pratique de tous les Italiens pour ce vieil et immoral adage, que la vie
privée doit être murée, ne paralyse plus leur talent quand ils abordent les scènes de
la vie publique. De là le piquant, l’imprévu de leurs observations, la vivacité souvent
éloquente de leurs censures. M. Bersezio n’est vraiment lui-même que sur ce
terrain, et cela est d’autant plus remarquable qu’il se déclare tout à fait désintéressé
de la politique active, au seuil de laquelle il s’arrête, quoique tout le sollicite d’y
entrer [1]. Quelle preuve plus manifeste de l’influence qu’exercent à leur insu sur les
esprits les plus contemplatifs, sur les âmes les plus pacifiques, les idées de
nationalité, de patrie, d’indépendance, de liberté! C’est donc uniquement sur les
nouvelles politiques du jeune écrivain que j’appellerai l’attention. Ces récits forment
véritablement un tout, ils se complètent l’un l’autre. Peut-être aurait-il été d’un art
plus achevé de mieux fondre les scènes et les caractères, et de faire le portrait des
hommes en racontant leurs actions, au lieu d’énumérer, en quelque sorte ex
professo, tous les traits dont se compose leur physionomie; mais ce défaut, si c’en
est un se remarque seulement dans la première moitié du volume et n’est pas
assez grave pour déparer l’ensemble. Ce n’est là qu’une question de forme et de
peu d’importance. L’important, c’était de dire la vérité, et M. Bersezio l’a dite, sinon
à tous, du moins à quelques-uns, avec une finesse d’observation et une sincérité
dignes d’éloges. J’ignore s’il viendra jamais à bout, j’emprunte ses propres
paroles, de donner toute l’histoire du cœur et de l’esprit de l’homme à travers l’état
civil, social et politique de la société contemporaine, et, à vrai dire, dans son intérêt,
je ne le désire pas : pour remplir un cadre de cette étendue, il serait infailliblement
conduit à faire violence à l’inspiration. Chaque sentiment n’a pas besoin de dix
nouvelles et d’un volume pour être présenté sous toutes ses faces : l’effet ne serait
que plus grand, si l’on en groupait plusieurs dans le même récit. Mais M. Bersezio
dût-il ne pas pousser son œuvre plus avant, il aurait, par son troisième volume,
rendu un service réel à tout le monde : à son pays, en lui mettant devant les yeux un
miroir fidèle qui accuse nettement et peut-être grossit ses défauts; aux étrangers,
en leur donnant une idée des qualités et des vices que la vie politique développe en
Piémont. Nous ne saurions mieux faire que de reproduire, d’après M. Bersezio, les
principaux traits de ces vives et curieuses peintures. Lui-même sera pour nous un
sujet d’études, et nous ne suivrons pas sans intérêt les impressions, quelquefois
superficielles, le plus souvent justes, toujours honnêtes, que font sur un cœur droit et
sur une intelligence éclairée les vicissitudes de bien et de mal à travers lesquelles
passe la liberté constitutionnelle pour jeter en Piémont de sérieux fondemens.
Trois types principaux dominent le livre de M. Bersezio : l’épicurien égoïste qui,
dans l’arène où se débattent les affaires du pays, recherche un terrain favorable à
ses propres affaires; — l’orgueilleux qui, pour arriver au pouvoir, sacrifie ses
convictions; — l’homme d’action qui se forme à la vie politique par la vie des
camps. Il a nommé l’un Poggei, l’autre Cosma Grechi, le dernier Tiburzio. Ces trois
hommes, dont chacun est le sujet d’une histoire distincte, finissent tous par se
rencontrer dans les rangs du parti libéral qui se groupe autour du ministère. L’auteur
a-t-il voulu montrer combien la

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