Le « Supplément au Voyage de Bougainville et la collaboration de Diderot à « L Histoire des deux Indes » - article ; n°1 ; vol.13, pg 173-187
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Le « Supplément au Voyage de Bougainville et la collaboration de Diderot à « L'Histoire des deux Indes » - article ; n°1 ; vol.13, pg 173-187

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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1961 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 173-187
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Madame Michèle Duchet
Le « Supplément au Voyage de Bougainville" et la collaboration
de Diderot à « L'Histoire des deux Indes »
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1961, N°13. pp. 173-187.
Citer ce document / Cite this document :
Duchet Michèle. Le « Supplément au Voyage de Bougainville" et la collaboration de Diderot à « L'Histoire des deux Indes ». In:
Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1961, N°13. pp. 173-187.
doi : 10.3406/caief.1961.2197
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1961_num_13_1_2197LE « SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE
BOUGAINVILLE » ET LA COLLABORATION
DE DIDEROT A « L'HISTOIRE
DES DEUX INDES »
Communication de Mme M. DUCHET
au XIIe Congrès de V Association, le 26 juillet i960.
Le Supplément au Voyage de Bougainville a déjà trouvé en
MM. Chinard et Dieckmann des commentateurs si avertis
qu'on ne saurait parler ici du Supplément sans rendre un
juste hommage à leurs travaux. Il serait difficile de montrer,
mieux que ne Га fait M. Chinard, comment tout un courant
de pensée, né autour des récits de voyages et grâce à eux,
vient s'épanouir dans le Supplément, ou d'analyser avec plus
de sûreté et de précision que M. Dieckmann la structure
interne de l'œuvre.
Aussi est-ce dans une tout autre perspective que nous par
lerons aujourd'hui de ce texte célèbre. Nos recherches per
sonnelles sur la collaboration de Diderot à YHistoire des
Deux Indes de l'Abbé Raynal nous mettent en effet en mesure
d'apporter quelques lumières nouvelles non seulement sur
la composition du Supplément, mais aussi sur la signification
et la portée de cet écrit.
Quelques mots d'abord sur cette collaboration (1). L'étude
des documents manuscrits et imprimés du Fonds de Vandeul,
étude imprimés (1) Pour : « » Diderot plus du Fonds de collaborateur précisions, de Vandeul le de lecteur » (R.H.L.F. Raynal. voudra A — propos bien oct-déc. se des reporter i960). « Fragments à notre M- DUCHET 174
celle de la correspondance, la confrontation enfin du texte de
l'Histoire et des œuvres personnelles de Diderot, montrent
qu'elle s'étend sur une longue période (en gros de 1760
à 1780), qu'elle concerne aussi bien la première édition,
celle de 1770, que les éditions de 1774 et de 1780, qu'elle
a une influence considérable sur le développement de
la pensée de Diderot dans la dernière période de sa vie,
et qu'elle se traduit finalement par une véritable « osmose »
entre l'Histoire des deux Indes et les écrits personnels de Dider
ot datant de la même période, comme les Observations à
Catherine II, la Réfutation ďHelvétius ou l'Essai sur les règnes
de Claude et de Néron.
En ce qui concerne le Supplément, des rapprochements de
détail ont déjà été faits sur des points particuliers : ainsi
M. Johansson a montré que si le discours de Polly Baker,
paru dans la première édition de l'Histoire, avait été inséré
dans la dernière version du Supplément, c'est que Diderot
en avait remanié le texte et la conclusion pour la deuxième
édition de l'Histoire, puis pour celle de 1780. M. Jean Bruhat
a rapproché (2) le discours du vieillard d'un passage de Y Hist
oire d'inspiration identique. M. Paul Vernière a signalé (3)
la ressemblance existant entre une page de Supplément et les
« Fragments Échappés », dont on sait qu'ils sont des contri
butions de Diderot à l'ouvrage de Raynal (4).
Mais ces indications restaient nécessairement fragment
aires, tant qu'une enquête systématique n'était pas entre
prise. Or la date du Supplément, le moment précis de sa
rédaction, le contenu de l'œuvre enfin, nous incitaient à lui
accorder une attention particulière. Écrit en 1772, il se situe
en effet au cœur de la période de collaboration avec « l'Abbé
n° (2)42. Les origines de V anti-colonialisme en France, Cahiers Internationaux,
(3) Diderot « Œuvres philosophiques », présentées par Paul Vernière-
Garnier, 1956, p. 513.
(4) M. Dieckmann a montré en effet (R.H.L.F., 1951) qu'avant d'être
utilisés par Raynal pour la deuxième édition de l'Histoire, les « Fragments
Echappés » (A.T-, IV, pp 444, sqq) et les « Fragments Politiques» (A.T.,
IV, qq 41, sqq) furent insérés par Grimm dans la Correspondance Litté
raire, aux dates du Ier août, 15 août, Ier septembre, 15 septembre,
15 octobre et 15 novembre. La rédaction du Supplément se situe aux en
virons du 7 octobre. SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE 175
du Nouveau-Monde ». Au cours même de l'été qui précède
immédiatement la rédaction du Supplément, Diderot a « tra
vaillé » pour Raynal : il a envoyé à Grimm une suite de
« Fragments » destinés à l'Histoire, ceux justement dont
parle M. Vernière. Enfin la matière traitée dans le Supplé
ment offre avec celle de l'Histoire des analogies frappantes,
sur lesquelles nous n'insisterons pas : elles ressortiront cla
irement de la suite de notre analyse.
Il serait assurément fastidieux d'énumérer tous les passages
du Supplément dont une lecture attentive de Y Histoire nous a
permis de retrouver la trace. Je me bornerai à quelques
citations, mon propos étant moins de donner ici une idée
exacte du nombre et de l'étendue de ces rapprochements
que d'en montrer l'intérêt pour la compréhension même de
l'œuvre.
A la page 47 de l'édition Dieckmann, nous lisons par
exemple :
Vas où tu voudras, et tu trouveras presque toujours l'homme aussi
fin que toi. Il ne te donnera jamais que ce qui ne lui est bon à rien,
et te demandera toujours ce qui lui est utile. S'il te présente un
morceau d'or pour un morceau de fer, c'est qu'il ne fait aucun cas de
l'or et qu'il prise le fer.
La matière de ces quelques lignes sur la finesse des nations
prétendues sauvages se retrouve dans l'Histoire, dans deux
passages de l'édition de 1780, d'une part au début du
livre VIII, dans un développement sur les colonies en
général :
Si je ris en moi-même de l'imbécilité de celui qui me donne son
or pour du fer, le prétendu imbécile se rit aussi de moi qui lui cède
mon fer dont il connaît toute l'utilité, pour son or qui ne lui sert à
rien.
d'autre part au début du livre III, à propos des échanges
entre les négociants Phéniciens et les premiers habitants des
îles Britanniques :
L'utilité était la mesure des choses échangées. On portait à ces
peuples sauvages des choses auxquelles ils mettaient avec raison M. DUCHET 176
plus d'importance qu'à celles qu'ils offraient. Il ne faut accuser ni
les uns d'ignorance, ni les autres, de mauvaise foi. En quelque con
trée de l'Univers que vous alliez, vous y trouverez l'homme aussi fin
que vous, et il ne vous donnera jamais que ce qu'il estime le moins
pour ce qu'il estime le plus.
A la suite de ce même passage, viennent quelques considé
rations sur les mœurs des peuples insulaires :
C'est dans leur sein que sont nées cette foule d'institutions
bizarres, qui mettent des obstacles à la population : l'anthropophagie,
la castration des mâles, l'infibulation des femelles, les mariages tar
difs, la consécration de la virginité, l'estime du célibat, les chât
iments exercés contre les filles qui se hâtaient d'être mères, les sa
crifices humains... Lorsque les hommes eurent découvert le moyen
de s'échapper de l'enceinte étroite où des causes physiques les
avaient tenus renfermés pendant des siècles, ils portèrent leurs
usages sur le continent où ils seront perpétués d'âge en âge, et où
encore aujourd'hui ils mettent quelquefois à la torture les philo
sophes qui en cherchent la raison.
Ces lignes offrent une ressemblance évidente avec le
passage du Supplément qui traite des mêmes usages (5).
Ces quelques rapprochements concernent les mœurs des
nations sauvages. D'autres les rapports entre
Européens et peuples sauvages.
Le premier Compte rendu du voyage de Bougainville, que <

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