Les Deux Côtés de l’horizon
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Les deux côtés de l’horizonVictor HugoRevue des Deux Mondes4ème série, tome 32, 1842Les Deux Côtés de l’horizonComme lorsqu’une armée inonde les campagnes,Une immense rumeur ...

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Langue Français

Extrait

Les deux côtés de l’horizon Victor Hugo
Revue des Deux Mondes 4ème série, tome 32, 1842 Les Deux Côtés de l’horizon
Comme lorsqu’une armée inonde les campagnes, Une immense rumeur se disperse dans l’air ; Il se fait un grand bruit du côté des montagnes, Il se fait un grand bruit du côté de la mer.
Le poète a crié : - Qu’est ce bruit ? Dans les ombres Il remplit la montagne, il remplit l’océan. N’est-ce pas l’avalanche, aigle des Alpes sombres ? O goëland des flots, n’est-ce pas l’ouragan ?
Le goëland, du fond des mers où la nef penche, Est venu. Le grand aigle est venu du Mont-Blanc. Et l’aigle a répondu : - Ce n’est pas l’avalanche. -Ce n’est pas la tempête, a dit le goëland.
- O farouches oiseaux ! quoi ! ce n’est pas la trombe, Ce n’est pas l’aquilon que votre aile connaît ? - Non, du côté des monts c’est un monde qui tombe. - Non, du côté des mers c’est un monde qui naît.
Et le poète a dit : - Que Dieu vous accompagne ! Retournez l’un et l’autre à vos nids hasardeux. Toi, va-t-en à ta mer ! toi, rentre à ta montagne ! Et maintenant, Seigneur, expliquons-nous tous deux.
L’Amérique surgit, et Rome meurt ! ta Rome ! Crains-tu pas d’effacer, Seigneur, notre chemin, Et de dénaturer le fond même de l’homme En déplaçant ainsi tout le génie humain ?
Donc la matière prend le monde à la pensée ! L’Italie était l’art, la foi, le cœur, le feu ; L’Amérique est sans ame. Ouvrière glacée, Elle a l’homme pour but ; l’Italie avait Dieu.
Un astre ardent se couche, un astre froid se lève. Seigneur ! Philadelphie, un comptoir de marchands, Va remplacer la ville où Michel-Ange rêve, Où Jésus met sa croix, où Flaccus mit ses chants !
C’est ton secret, Seigneur. Mais, ô Raison profonde, Pourras-tu, sans livrer l’ame humaine au sommeil, Et sans diminuer la lumière du monde, Lui donner cette lune au lieu de ce soleil ?
VICTOR HUGO.
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