À l'abri des vieilles pierres

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L'été de ses seize ans, en Provence, un adolescent voit s'installer à côté de chez lui une voisine inhabituelle. Une femme seule, brûlante, incarnation des fantasmes adolescents. Obsédante dès le premier jour, il la convoite et l'observe, caché derrière les rideaux de sa chambre. Mais bientôt, les bains de soleil en bikini ne suffiront plus, pas davantage que ces seins furtivement aperçus, ou que ce bain de minuit auquel il assistera caché dans des buissons...
Une nouvelle érotique torride, émoustillante, qui fait ressurgir les émois adolescents.
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25 février 2014

Nombre de lectures

4 801

Langue

Français

 
À l'abri des vieilles pierres
par Nicolas Kapler
Copyright 2013 Nicolas Kapler
Smashwords Edition
Illustration de couverture par Jesse Therien
L'été de mes seize ans, j'ai rencontré la plus belle femme du monde. En tout cas, c’est le souvenir qu’elle m’a laissé, mais c’est peut être parce qu'à cet âge il suffit d'avoir des seins et de les montrer pour prétendre au titre. J'habitais avec mes parents dans une vieille ferme Provençale, un "mas". Nous possédions également le mas voisin qui était loué à des vacanciers pour la saison estivale. C’étaient de grands bâtiments dont la moitié à peine était habitable, l’espace restant se divisant entre une remise, un grenier et des combles. Des maisons de paysans vieilles de deux cents ans dont les murs aussi épais que des murailles et les troncs d'arbres en guise de poutres laissaient deviner qu'elles avaient été conçues pour durer mille ans. Les locataires étaient habituellement des familles modestes, écarlates sous le soleil méridional, passant leurs journées dans des chaises longues, écrasées par la chaleur. Pendant les journées particulièrement chaudes, on les voyait patauger dans le petit bassin logé entre les deux mas qui était habituellement utilisé pour laver les récoltes. Enfant, j'attendais avec impatience les petits camarades que ces familles m’offraient. Adolescent, j'arrêtai de porter attention à mes voisins estivaux. En tout cas, jusqu’à l'été de mes seize ans... L'année scolaire touchait à sa fin. Les cours n'étaient pas encore terminés, mais la tenue des conseils de classe avait porté le coup de grâce à l'assiduité des élèves. Je continuais d’aller au lycée juste pour traîner avec mes amis. J'étais en seconde, dernière année au lycée sans examen final. Aucune pression, pas de stress, pas de responsabilités, et un été qui s'annonçait brûlant et prometteur. C’est en revenant d’une de ces journées de farniente que je remarquai l’exceptionnelle bonne humeur de mon père. C'était remarquable car si les journées étaient radieuses pour moi, elles ne l'étaient pas pour lui. Le climat économique morose affectait à la fois les revenus agricoles et ceux des locations, ce qui ne manquait pas de rider son front. Mais ce jour là, un locataire venait de réserver les deux mois d'été et avait ainsi gommé une partie de ses soucis. Il n’en revenait toujours pas ! Il avait un peu hésité avant d’accepter, car c’était une situation inhabituelle : le locataire venait seul dans cette grande maison, et plus étonnant encore, c’était une femme. Mais elle avait proposé de payer d'avance et en liquide, et la perspective de ce revenu garanti avait achevé de convaincre mon père. J’avais été intrigué par cette femme venant se perdre deux mois dans un village que moi je rêvais de quitter. Mais cette histoire m’était rapidement sortie de la tête, préoccupé comme je l’étais par des choses autrement plus importantes comme conforter ma virilité en comptant toutes les filles avec lesquelles j'étais sorti, ou avec lesquelles j’aurais pu sortir si j’avais vraiment voulu. J'avais donc oublié notre future locataire, jusqu'à son arrivée. C’était mon anniversaire, une journée passée enfermé dans ma chambre, les yeux rivés à l’écran et les mains au clavier. L'arrivée d'une voiture qui ne m'était pas familière avait brièvement attiré mon attention. Quelques minutes plus tard, mes parents invitaient l'étranger à prendre l'apéritif avec eux. Je ne pris pas la peine de descendre, préférant m’acharner sur le jeu qui me résistait. Mais comme j’échouais une fois de plus à sauver le monde, je glissai un œil curieux par le petit fenestron donnant sur la terrasse où mes parents et leur invité discutaient. Attablée avec eux se trouvait notre nouvelle locataire. J'en restai bouche bée. Vêtue d'un short beige qui lui arrivait à mi-cuisse, d'un débardeur blanc et d'une paire de sandales de cuir, elle était flamboante. C’est ridicule, mais c’est
l’adjectif qui décrit le mieux l’impression qu’elle me fit à cet instant. Cette femme-là était l'essence des fantasmes adolescents. Caché derrière ma petite fenêtre, je la détaillai sans retenue. Ses cheveux sombres étaient noués en un rapide chignon qui dégageait sa nuque. Ses yeux étaient verts et les traits de son visage d'une finesse remarquable. Sa peau laissait deviner une douceur que je croyais impossible sans retouches numériques. Sa silhouette était galbée, avec de longues jambes et des hanches fines soulignant une poitrine sur laquelle j’avais un point de vue exceptionnel. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de son décolleté. Ses seins volumineux, lourds sans être tombants, étaient moulés dans un débardeur qui ne trahissait aucune bretelle de soutien-gorge. Ils étaient fiers, dressés, revendiquant fièrement leur espace. J'espérai que la fraîcheur de la fin de journée la fasse frissonner et que ses tétons se manifestent sous le tissu, en vain. Au bout de quelques minutes, et après avoir gravé dans ma mémoire le moindre détail, le plus petit bout de peau visible, je me décidai à abandonner mon poste d'observation et à faire mon apparition. Non sans avoir auparavant remplacé mon t-shirt crasseux par une chemise propre, enfilé un pantalon, caché mes odeurs corporelles sous les vapeurs d'un déodorant, et avoir tenté de soumettre mes mèches rebelles à un semblant d'organisation. Ma mère ne manquerait pas de me faire une remarque, tant pis. Je devais être à mon avantage pour démontrer qu'aux hommes bien nés la virilité n'attend évidemment pas le nombre des années... Et c'est encombré de mon manque de confiance et de ma maladresse adolescents que je me dirigeai vers la terrasse. En sortant de la maison, mes parents et l'inconnue étaient debout et se serraient la main. Notre voisine était fatiguée et allait pendre possession de son chez-elle. J'eus à peine le temps de me présenter et de découvrir son nom, Marion, avant qu'elle ne parte et que ma mère ne me fasse remarquer avec un clin d'œil : « elle est plutôt jolie, non ? » En maugréant, je répondis quelque chose d'incompréhensible, y compris pour moi, et retournai à mon sauvetage planétaire, l'esprit obnubilé par ma nouvelle égérie. Cette rencontre avait eu sur moi l’effet d’un premier shoot d’héroïne, et les semaines qui suivirent allaient renforcer mon obsession. Cette addiction devint évidente le lendemain, quand je remarquai ma voisine s'installant sur la pelouse. Nos deux mas étaient séparées par une grande cour divisée en deux par un vieux muret. Mais de la fenêtre de ma chambre à l'étage, j'avais une vue sur toute la cour. Les branches de notre vieux platane gênaient un peu l'observation, mais elles offraient un avantage considérable : celui de me dissimuler. Et quand, vêtue d’un simple bikini, Marion s'allongea sur l’herbe pour se faire bronzer, je remerciai secrètement mes parents pour ne pas avoir fait élaguer l’arbre. Dans les jours qui suivirent, je découvris que Marion avait ses habitudes et que la séance de bronzage du début d'après midi en était une. J'en profitai pour améliorer ma stratégie d'observation. Prétextant la chaleur excessive, je gardais mi-clos les volets de ma chambre. Muni de jumelles, je m'installais en planque derrière les volets et caressais à distance le corps de Marion. J'attendais plus particulièrement l'instant ou elle se retournait sur le ventre et dégrafait son soutien-gorge afin d'éviter toute marque de bronzage disgracieuse. Pour continuer sa lecture elle se redressait en s'appuyant sur ses avant-bras et son profil offrait alors un aperçu de la rondeur de ses seins. Il arrivait même parfois qu'elle s'étire pour lutter contre l'engourdissement et que j'aperçoive furtivement un téton sombre, excité par le frottement contre le tissu de la serviette. Je ne comptais plus les masturbations, ne m'arrêtant que quand la douleur prenait le pas sur le plaisir.
Mon obsession devint vite maladive, mais je la cachais soigneusement. Les choses ne pouvaient bien sur pas aller plus loin. Pourtant, l’occasion de me rapprocher de ma voisine arriva bientôt, et étonnamment elle me fut offerte par mes parents. Les séances de bronzage de Marion avaient fini par causer des tensions à la maison. Ma mère les trouvait inappropriées. Bien qu'elle nia farouchement toute jalousie, les allées et venues de mon père dans la cour de notre voisine pour accéder à la remise à outils y étaient vraisemblablement pour quelque chose. C'était une opportunité à saisir. Je décidai de m'impliquer davantage sur l'exploitation, particulièrement en début d'après-midi pendant la séance de bronzage, et me portai volontaire chaque fois qu'on avait besoin d'un outil. Mon père n'était certainement pas dupe de ce manège, mais il me laissa faire. Probablement parce que ce manège faisait deux heureux : moi parce que je pouvais approcher Marion d'un peu plus près, lui car il obtenait ainsi la paix avec ma mère. Je profitais donc de la moindre excuse pour aller à l'établi et croiser Marion. J'aurais voulu engager la conversation, mais à seize ans parler n’était pas mon fort. Elle m'impressionnait avec ses lectures. De gros bouquins pleins de pages dont les couvertures cartonnées me rappelaient les livres que j'avais soigneusement évités tout au long de l'année. Trouver un sujet de conversation était d'autant plus difficile que je faisais beaucoup d'efforts pour qu'elle ne remarque pas mon regard glissant sur ses hanches et son décolleté, et que je redoutais qu'elle remarque l'érection qu'elle ne manquait jamais de provoquer. Finalement, je me retrouvais à lui dire bonjour et à lui demander comment elle allait une dizaine de fois par jour, me maudissant chaque fois un peu plus de ne rien trouver d’autre à dire. Je lui souriais beaucoup, sans doute un peu trop et un peu niaisement, mais elle me retournait des sourires polis et répondait à chacun de mes bonjours comme si c'était le premier. À la longue, les échecs successifs de mes tentatives d'approches eurent raison de mes ambitions et je me résignai à me contenter de ces séances d'observation. Je n'essayais même plus d'engager la conversation, me contentant d'un rapide « Salut ! » en début de journée et d'un petit signe de tête amical les autres fois où je la croisais. Et ça suffisait à me rendre heureux ! Je n'avais rien fait pour le mériter et la plus belle fille du monde était dans mon jardin. Sa seule proximité suffisait à me donner une aura de Casanova quand je la décrivais à mes amis. Je pouvais l'observer à volonté, ou presque, et mon imagination et ma main droite suffisaient à satisfaire mes ardeurs. L'été avançait donc mollement. Je savourais chaque journée et encore plus chaque nuit. Je veillais tard et profitais du calme, de la sérénité et de la solitude des nuits estivales. Accoudé à la fenêtre de ma chambre, j'observais la voute étoilée avec mes jumelles et une vieille carte du ciel, bercé par le chant incessant des criquets que couvrait à peine, de temps à autre, le passage d'une voiture sur la départementale voisine. Au cours d'une de ces veillées tardives, Marion me fit un nouveau cadeau. Je scrutais le ciel à la recherche de Mars, qui aurait dû être visible à l'œil nu et que je n'arrivais pas à localiser, même avec les jumelles. Une forme blanche dans la cour attira mon attention. Je regardai plus attentivement et fut surpris de reconnaître Marion. Les chiffres lumineux de mon réveil indiquaient deux heures du matin, et Marion se baladait dans la cour, une serviette nouée autour de la taille. Tranquillement, elle traversait la pelouse en direction du petit bassin. Je portai mes jumelles à mes yeux. Pas de doute, elle n’était vêtue que d'une serviette ! Elle étaitieds nus et sautillait à cause des
graviers parsemant le gazon. Arrivée au petit bassin, elle jeta un rapide regard autour d'elle pour s'assurer qu'elle était seule, et se débarrassa de la serviette avant de se glisser en pouffant dans l'eau fraîche du bassin. Les jumelles presque enfoncées dans les orbites, je manquai étouffer. Elle était nue, complètement. J'en étais sur, même si je n'avais eu qu'une fraction de seconde pour l'apercevoir entre l'instant où elle avait ôté sa serviette et celui où elle s'était glissée dans le bassin. À la lueur blafarde d'une lune presque pleine, sa peau claire m'était apparue dans toute sa splendeur et j'avais eu le temps d'apercevoir le triangle noir en haut de ses cuisses. C'était la première fois que je voyais une femme nue, à part évidemment sur les feuilles de papier glacé que les copains faisaient circuler. Le sang battait à mes tempes, c'était une chance que je ne pouvais pas laisser passer. Il était hors de question que je me contente de cette vision furtive, il fallait que je m'approche, que j'en voie plus. Mais ce n'était pas évident. Je ne pouvais pas quitter ma chambre sans traverser celle de mes parents et risquer de les réveiller. Je ne pouvais pas non plus sortir par la fenêtre sans risquer de me casser une jambe, ou pire, d'attirer l'attention de Marion. J'avais besoin d'un plan pour m'approcher discrètement. Ma chambre donnait d’un côté sur celle de mes parents, de l'autre sur un vieux grenier à foin. Une échelle permettait de passer du grenier à la remise en dessous. De là, on accédait à notre cour tout en étant caché par le muret qui nous séparait de celle de Marion. C'était le chemin à suivre. Je n'avais qu'une crainte : que mon père ait emprunté l'échelle sans la remettre à sa place. En retenant ma respiration, j'ouvris la porte donnant sur le grenier le plus doucement possible afin que les grincements du bois centenaire ne réveillent pas mes parents, et je pénétrai dans la pièce obscure. Pour ne pas attirer l'attention de Marion, je laissai le grenier dans la pénombre et me mis à quatre pattes, cherchant à tâtons l’extrémité de l’échelle. Un instant plus tard un barreau de métal froid me rassurait : l'échelle était bien là. Je souris, la chance était avec moi. En quelques mouvements j'étais dans la remise et arrivais dans la cour. Je marquai un arrêt à la porte. Le muret séparait les deux cours sur toute leur longueur à l'exception des derniers mètres où il cédait la place à une petite haie de lauriers. Juste derrière se trouvait le bassin. Le muret me coupait la vue, mais à en juger par le bruit de clapotis que j’entendais, Marion était toujours là. Il ne me restait donc plus qu'à traverser la cour jusqu'au muret pour le longer discrètement jusqu'à la haie. À l’abri des veilles pierres, j’aurais une vue imprenable sur le bassin. Après une grande inspiration, je chassai de mon esprit toute crainte de me faire surprendre, ôtai mes chaussures pour être plus discret, et traversai la cour sur la pointe des pieds. Puis je m'allongeai le long du muret, ma peau moite électrisée par le contact avec la fraîcheur humide des vieilles pierres. Je tendis l'oreille. Rien d'autre que le bruit rassurant de l'eau, Marion n'avait rien remarqué. Avec précaution, je commençai à ramper vers le bassin. Compte tenu de la couverture que m'offrait le muret, je ne sais pas pourquoi ramper me sembla plus discret que simplement marcher. J'avançais lentement, évitant soigneusement les feuilles mortes et toute source de craquement qui aurait pu signaler ma présence. Ma nervosité s'accroissait au fur et à mesure que je me rapprochais, et chaque mouvement me paraissait plus bruyant que le précédent. À quelques mètres de la haie, ma respiration ou le simple froissement de mes vêtements étaient devenus assourdissants. À plusieurs reprises, certain d'avoir été découvert,e m'arrêtai. Sur leui-vive, tous les
muscles bandés, j'étais prêt à bondir et à m'enfuir. Mais non. Les clapotis continuaient comme si de rien n'était, et après une pause de quelques secondes je reprenais mon chemin. Une éternité s'écoula, et j'atteignis enfin les lauriers. J'étais toujours protégé par le muret, Marion devait maintenant être à moins d'un mètre de moi. Toujours allongé, je n'avais plus qu'à m'avancer très légèrement pour jeter un coup œil à travers la haie. Il se pouvait que je n'y voie rien ; ou pire que la haie soit trop clairsemée pour me cacher et que je me retrouve dans un face à face embarrassant avec Marion. Mon cœur battait à tout rompre et je devais faire des efforts pour contrôler le rythme de ma respiration. J'étais paralysé, partagé entre les désirs schizophréniques de me précipiter pour voir et de fuir pour éviter les problèmes. J'avais besoin d'un signal. Je comptai lentement jusqu'à trois. Un, deux, trois ! Et je restai immobile. Je m'apprêtais à tuer la poule aux œufs d'or. Marion s'offrait à moi gratuitement tous les jours, et je prenais le risque de tout perdre pour voir « un peu plus ». C'était stupide, il valait mieux faire demi-tour. J'avançai la tête jusqu'à apercevoir quelque chose entre les feuilles. Je ne sais pas si mon érection était là depuis le début ou si elle s’était manifesté soudainement ; mais à l'instant où j'aperçus entre les branches Marion allongée nue dans le bassin, j'eus l'impression que mon sexe se fichait dans le sol. J'en eus le souffle coupé. Marion avait déposé sa serviette sur le rebord du bassin et l'utilisait comme oreiller. L'eau atteignait le rebord, et la pleine lune éclairait son corps qui affleurait. Ses seins laiteux émergeaient. Leurs tétons sombres dressés par la fraicheur me fascinaient. Marion avait les yeux fermés et fredonnait doucement un air que je ne connaissais pas. Son corps disparaissait régulièrement sous la surface pour émerger à nouveau quelques secondes plus tard. À cet instant et en dépit de la faible lumière, je discernais les plus petits détails : le grain léger de ses aréoles, les poils de son sexe, jusqu'aux détails des lèvres. Sans même que je me caresse, cette vision allait me faire jouir. J'étais à la veille d'exploser, de basculer, si proche de l'orgasme qu'un gémissement, tout petit, à peine perceptible, s'échappa de ma gorge. Dans le bassin, les yeux de Marion s'écarquillèrent et elle se redressa soudainement, comme piquée par une guêpe : « Il y a quelqu'un ? » Sa voix m'avait cloué sur place. Par réflexe, j'avais fermé les yeux et collé mon visage au sol, essayant littéralement de me cacher sous terre. Mon cœur cognait si fort dans ma poitrine que je le sentais au bord de l'explosion et me demandai si je n'étais pas en train de faire une attaque. Quelques secondes, interminables, s'écoulèrent, et de nouveau la même voix mal assurée : « Il y a quelqu'un ? » Je me sentais ridicule à ainsi faire le mort, persuadé qu'elle ne pouvait pas ne pas m'avoir vu, mais je restais immobile, figé, face contre terre. Quelques instants de plus et il y eut un ruissellement d'eau. Elle sortait du bassin, elle allait regarder de l'autre côté de la haie, elle allait me voir. Une main invisible serra mon cœur encore un peu plus fort, mon érection disparut aussi subitement qu'elle était apparue. Un bruit de tissu claquant au vent, sans doute sa serviette, suivi d'un bruit de pas. Puis plus rien. Je ne bougeai toujours pas, attendant craintif la mise à mort qui refusait de venir. Je comptai les secondes jusqu’à cent, avant de recommencer une autre fois. Puis une autre. Toujours rien. J'avais beau prêter l'oreille, me concentrer sur le plus petit bruit, rien. Alors, lentement, millimètre par millimètre, je levai la tête, redoutant l'instant où je découvrirais Marion penchée sur moi, me regardant avec un mélange de mépris et de colère. Mais encore une fois, rien. Elle n'était luslà. Nienchée sur moi, ni dans le bassin,
ni dans la cour. En revanche, la cuisine du mas, de l'autre côté, était maintenant allumée. S'il existait quelqu'un quelque part là haut, il avait eu pitié de moi. Marion était rentrée chez elle, j'étais tiré d'affaire. Les palpitations de cette aventure m’avaient servi de leçon, je m'étais juré de m'en tenir là. J'avais eu chaud — vraiment — et par la suite je me fis régulièrement peur en imaginant ce qui serait arrivé si Marion m'avait surpris en train de l'épier. Dès le lendemain, je fus heureux de reprendre les discrètes observations de ses séances de bronzage. Ces dernières suffisaient à raviver le souvenir de son bain de minuit. Et je croyais sincèrement qu'on ne me reprendrait pas à deux fois à jouer les commandos nocturnes. Pour sûr, je me contenterais de ce que j'avais. Pourtant, quelques jours allaient suffire à estomper mes résolutions et à ce que je me surprenne le soir à éteindre les lumières de ma chambre pour guetter l'improbable réapparition de la silhouette blanche. Infructueusement. Le bain de minuit avait été exceptionnel, je n'y aurais plus droit. Les séances de bronzage étaient devenues un simple palliatif et me frustraient autant que ce qu’elles m’excitaient. J’avais goûté à l’héroïne et on me condamnait maintenant à la méthadone. Il fallait que je goûte à nouveau à ma drogue. Je devais me résoudre à ce que Marion ne profite plus du bassin. En se croyant découverte, elle aussi avait dû se faire peur et elle ne s'offrirait plus aussi facilement. Pour la voir nue, il me fallait trouver autre chose. J’y avais réfléchi un moment avant de me convaincre que je devais profiter de sa douche. La salle de bain était à l'étage. Elle donnait sur un vieux hangar dans lequel je jouais étant enfant et dont le toit était accessible en escaladant un des arbres qui le bordaient. De là je pourrais m’approcher de la fenêtre de la salle de bain et jeter un oeil à l'intérieur. Pour avoir souvent été de corvée de ménage dans le mas, je savais que deux choses faciliteraient mon observation : d’une part, les carreaux de la fenêtre étaient recouverts d'un vieux film translucide dont les déchirures me permettraient d'observer en toute discrétion ; d'autre part la fenêtre avait gonflé à cause de l'humidité et ne s’ouvrait plus. Même si Marion m’entendait, je pourrais fuir sans être aperçu. C'était un plan imparable, j'avais beau le tourner dans tous les sens, il était parfait. Pour l’avoir apercue à plusieurs reprises avec les cheveux mouillés, je savais même quand Marion prenait sa douche, vers neuf heures du matin. Marion pouvait compter sur moi, je ne raterais pas notre prochain rendez-vous. Le lendemain, j'étais debout tôt. L'excitation m'avait tenu lieu de réveille-matin. Ma mère s'étonna de me voir si matinal, mais ne fit aucun commentaire. J'avalai un rapide petit déjeuner et prétextai une balade pour disparaître. J'étais en avance mais je préférais certainement attendre un peu plutôt que d’arriver trop tard. Je filai vers le hangar, grimpai dans les branches d’un des arbres puis m'engageai sur le toit. Au premier pas, il y eut une longue plainte métallique. Il y avait des années que je n'étais pas venu, des années qui m'avaient transformé d’enfant en homme (ou presque), et le toit n’appréciait pas ces kilos supplémentaires. Mais je continuai d’avancer prudemment et quelques instants plus tard j'étais accroupi sous la fenêtre de la salle de bain. Dans l'attente de ma muse, je m'installai le plus confortablement possible, assis sur le toit, adossé au mur. Avec l'excitation, les images du bain de minuit me revenaient plus nettement que jamais et j'anticipais avec excitation le spectacle à venir. Je m'étais armé de patience, inutilement. À peine quinze minutes après mon arrivée un bruit de chasse d'eau attira mon
attention, rapidement suivi de celui d’une douche crachotant un peu d'eau avant d'émettre un jet franc. J'attendis encore quelques instants afin d'être certain que Marion était sous la douche, puis me redressai. Le cœur battant la chamade et le sexe déjà tendu, j’approchai un œil d'une petite déchirure dans la pellicule translucide. Dans la salle de bain : rien. Ou plutôt, seulement du flou. Avec incompréhension, j'essayai un autre trou, puis un autre, et encore un autre. Toujours le même flou. Incrédule, je reculai la tête et compris : la buée. Les carreaux en étaient couverts, protégeant l'intimité de l'occupante de la salle de bain plus efficacement que n’importe quel film translucide. Je serrai les poings de rage et de frustration avant de capituler et repartir. Je rentrai chez moi furieux, tournant le problème dans tous les sens en quête d'une solution. Comment pouvais je me débarrasser de cette buée ? Je commençai par potasser mes livres de physique pour essayer de comprendre le phénomène, vainement. J’imaginai ensuite des stratagèmes pour chauffer ou ventiler les carreaux, sans plus de succès. Finalement, j’abandonnai la salle de bain ; j’avais trouvé un autre moyen de voir Marion nue, un moyen bien plus simple et moins risqué. Sachant que je ne pouvais plus compter sur les bains de minuit, les seuls endroits où j’avais une chance d'apercevoir Marion nue étaient sa salle de bain — possibilité éliminée — ou sa chambre. J'avais initialement éliminé la chambre car elle était à l’étage et n’avait pas de vis-à-vis. Mais il y avait une autre option : les combles. Ils se trouvaient au-dessus de la chambre et n'en étaient probablement isolés que par un plancher de bois. J'en étais presque certain pour avoir entendu mon père parler de locataires se plaignant de souris courant au dessus de leur tête. Un escalier reliait les combles à un grenier, et on accédait au grenier via la remise en dessous grâce à une échelle. L'accès à cette partie du mas depuis la section habitée était condamné depuis longtemps, mais il était toujours possible d'accéder à la remise par une porte arrière, ce qui signifiait que je pouvais me rendre dans les combles sans craindre d'être surpris. Là, s'il ne se trouvait pas deux planches disjointes ou un nœud dans le plancher pour m'offrir un point de vue sur la chambre et le lit, je n'aurais qu'à en percer un. C'était un plan génial, parfait, jubilatoire. À la prochaine absence de Marion, j'irais reconnaître les lieux, et y retournerais au moment opportun pour profiter du spectacle. De retour dans ma chambre, je m'accoudai machinalement à la fenêtre et jetai un œil dans la cour de Marion ; sa voiture n'était pas là. Dans la seconde, je dévalai les marches de l'escalier, récupérai une perceuse et une boite de forêts, et me précipitai vers la porte de la remise du Mas de Marion. Tout d'abord récalcitrante, un vigoureux coup d'épaule suffit à convaincre la vieille porte de bois de s'ouvrir. La grange m'accueillit avec un nuage de poussière centenaire, une odeur de vieille paille et de renfermé. La salle était obscure, la seule lumière venait de la porte ouverte. Je ne savais pas ou se trouvait l'interrupteur, ni même s'il y en avait un, mais quelques secondes suffirent à mes yeux pour s'accoutumer à l'obscurité et je discernai de l'autre coté de la pièce l'échelle menant au grenier. Un instant plus tard, il était dans le grenier. La pièce était remplie d'un bric-à-brac éclectique, de vieux meubles recouverts de draps à la silhouette fantomatique, le tout éclairé par une lumière terne filtrant entre les planches disjointes de volets fatigués. À proximité, la porte condamnée qui donnait autrefois accès aux appartements des locataires ; un peu plus loin l’escalier qui menait aux combles. Si le grenier était poussiéreux, il aurait fallu inventer un nouveau ualificatif ourles combles. La lumièreassait
péniblement à travers la crasse accumulée sur les vitres d'un petit œil-de-bœuf, seule ouverture vers l'extérieur. Le plancher n'existait plus, masqué par une épaisse couche de poussière. S'il y avait eu des planches disjointes, la crasse avait fait office de mastic. J'avais bien fait de prendre la perceuse, il ne me restait qu'à deviner où percer. La fenêtre de la chambre de Marion était en contrebas de l'œil-de-bœuf, et le lit faisait face à la fenêtre, je perçai donc dans l'alignement de l'œil-de-bœuf un orifice assez grand pour que je voie distinctement le lit en dessous, tout en restant suffisamment petit pour que Marion ne le remarque pas. Une fois satisfait de mon travail, je fis un saut rapide à la maison pour prendre quelques bandes dessinées et de quoi boire et grignoter, puis retournai passer l'après-midi dans les combles, dans une chaleur suffocante et poussiéreuse, en bouquinant dans l’attente de Marion. Je n’attendis pas très longtemps, Marion ne manquait jamais sa séance de bronzage quotidienne. Peu après quatorze heures, le moteur de sa voiture se fit entendre, puis des pneus crissèrent sur le gravier de l'allée. Les battements de mon cœur accélèrent. Claquement de la porte d'entrée, puis des pas avalant quatre à quatre les marches menant à l'étage. L'instant d’après, Marion était dans la chambre. L'œil collé au trou, je n'osais plus faire un mouvement. Et tout alla extrêmement vite. En quelques mouvements, Marion s'était débarrassée de ses t-shirts, short, culottes et soutien-gorge, et les avait jetés en désordre sur son lit. J'eus à peine le temps d'apprécier la vue qu'elle disparut dans un coin de la pièce pour réapparaître dans la foulée vêtue de son bikini. Elle saisit un bouquin posé sur une des tables de chevet, puis quitta la pièce à toute allure, probablement pour aller s'installer dans le jardin. À cet instant, j’aurais pu jurer que mon sourire s’étirait d'une oreille à l'autre. La vision avait été fugace, mais elle en promettait d'autres et j'étais décidé à me fabriquer des souvenirs inoubliables. Le repas du soir avec mes parents me parut interminable. Ils remarquèrent ma bonne humeur et mon excitation, mais fidèles à leur discrétion habituelle, ils ne s'aventurèrent pas à me questionner. Ils imaginaient sans doute une histoire de fille, mais probablement quelque chose de plus conventionnel, ce qui m'arrangeait. Le dessert à peine avalé, je filai dans ma chambre en attendant qu’ils aillent se coucher.Je quittai la maison pour rejoindre mon poste d'observation en catimini. Je croisai les doigts pour que Marion ne soit pas déjà dans sa chambre afin de pouvoir m'installer sans qu’elle ne remarque les bruits de pas ou les grincements du plancher. La chance était avec moi : la chambre était plongée dans le noir, mais j'entendais la radio que Marion écoutait dans la cuisine. Je n'avais qu'à m'installer et attendre. J'étais heureux. La nuit était chaude, pesante, de celles qui transforment en mythe la fraîcheur de fin de journée, qui forcent les cigales à chanter jusqu'à l’épuisement, et surtout qui rendent intolérable le plus léger drap. Suant à grosses gouttes dans les combles surchauffés, je savourais chaque degré, c'était autant de chances pour que le spectacle soit à la hauteur de mes attentes. La chambre s'illumina soudainement. Absorbé par mes rêveries, je n'avais pas entendu Marion monter. Je collai aussitôt mon œil à l'orifice. Elle portait un long t-shirt qui lui arrivait à mi-cuisse, ses cheveux humides étaient noués en un chignon approximatif. Après s'être dirigée vers la fenêtre pour l'ouvrir en grand, sans doute dans l'espoir d'attirer une fraîcheur nocturne inexistante, elle s'assit sur le lit. Les jambes croisées en tailleur, son livre posé devant elle, elle se mit à lire. Les minutes s'écoulèrent, rythmées par le froissement des pages tournées. De tem sà autre,e etaisun coud’oeil aux aiuilles
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