Pillow Talks
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Le premier volet d'un voyage dans le temps, qui commence (pour les nostalgiques) à l'époque du "flower power".

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Publié le 02 juillet 2012
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Langue Français

Extrait

Marc-Aurèle
Pillow talks
- Collection Romans / Nouvelles - 
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Table des matières
Pillow talks..................................................................................................1 Pillow talks..........................................................................................2 1 - Julie................................................................................................3 2 - Charlotte.........................................................................................8 3  Terra incognita.............................................................................11 4  Alexandra.....................................................................................13
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Pillow talks
Auteur : Marc-Aurèle Catégorie : Romans / Nouvelles
Le premier volet d'un voyage dans le temps, qui commence (pour les nostalgiques) à l'époque du "flower power". A vous de décider s'il aura une suite...
Licence : Licence Creative Commons (by) http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/
1
Pillow talks
Marc-Aurèle
Dérangeant, peut-être, audacieux, je l'espère, licencieux, je l'ai voulu. Peut-être apprécierez-vous... Le titre
« Les filles aux yeux creux, de leurs corps amoureuses, Caressent les fruits mûrs de leur nubilité » Charles Baudelaire (Je vous laisse le plaisir de retrouver le poème dont ces deux vers sont extraits...)
Pillow talks
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1 - Julie
À 17 ans, la courte vie de Julie avait été ponctuée de tout ce qui fait les joies et les peines d'une enfant, puis d'une adolescente et — presque — d'une femme. Elle avait également vécu des choses moins ordinaires, de celles que l'on tait ou qu'on ne livre que très rarement à d'autres que soi-même.
Pour commencer, son père était parti lorsqu'elle avait 14 ans. De ce qu'elle avait entendu à travers les cloisons lors de disputes entre ses parents, elle avait retenu entre autres tirades enflammées que son père passait son temps à « tringler tout ce qui portait une jupe dans le quartier », que sa mère « baisait moins bien qu'une planche à repasser », et que l'un comme l'autre pouvait bien aller voir ailleurs si, respectivement, les chattes et les queues y étaient plus agréables.
Son adolescence s'amorçait donc sous le signe du sexe — rien que de très normal en cette année 1969 que Gainsbourg avait qualifiée d'érotique —, mais de manière certainement moins conventionnelle qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Julie découvrit aussi à l'occasion de ces aimables échanges qu'elle avait été adoptée. Pour faire bonne mesure, son père avait en outre élégamment déclaré à sa mère que « avec elle (sa mère) comme modèle, Julie allait vraisemblablement devenir une autre championne de frigidité et qu'il lui souhaitai bon courage... ».  
Son « père » était parti sans autre forme de procès, et elle avait enfoui tout cela sous les torrents de tendresse dont sa mère, enfin Alexandra maintenant, l'entourait depuis lors.
1 Julie -
3
Pillow talks Vers 15 ans, les profondes pulsions de l'adolescence avaient évidemment conduit Julie à la découverte plus ou moins fortuite de symptômes étranges, à peine évoqués sous le manteau entre copines, qui affectaient notamment ses seins (leurs pointes durcissaient à en devenir parfois douloureuses, par exemple lorsqu'elles frottaient, nues, sur le tissu d'un vêtement) ainsi que son sexe qui avait récemment acquis une propension à un délicieux échauffement s'il était pressé par un pantalon étroit ou encore une main curieuse. La découverte fit bientôt place à une exploration plus méthodique dans le secret de sa chambre, sous l'intimité de la couette. Les sensations s'amplifiaient, les gestes se faisait plus précis, explorant les replis, domptant les échauffements, apprivoisant les turgescentes, jusqu'à l'instant de LA découverte. Un anéantissement divin qui l'avait laissée pantelante et béate. Chaque soir et presque chaque matin la vieille poupée de chiffon près de son oreiller devenait la confidente discrète de ses halètements, le témoin muet de ses embrasements, le spectateur passif de ses spasmes. Sa mère aussi, ou plutôt Alexandra comme elle l'appelait désormais, devint par hasard le témoin et la confidente de la quête — couronnée de succès — de ses émois de femme. Des gémissements prononcés et un cri bien involontaire au paroxysme d'une profonde investigation l'avaient conduite à venir s'assurer que Julie allait bien. Et Julie allait même très bien. Aussi peu vêtue qu'au jour de sa naissance, dans une attitude qui pouvait évoquer un improbable accouchement, elle était parvenue à ce délicat anéantissement qui vous fait entrevoir le paradis. De rouge, son visage vira à l'écarlate, n'osant plus bouger dans cette posture qui ne laissait raisonnablement pas de place à l'équivoque. Alexandra s'était assise à côté d'elle et l'avait simplement prise dans ses bras. Blottie contre ce corps de femme épanoui, elle l'avait écoutée lui confier cette même quête solitaire de ces délices exquis et enflammés, du plaisir enfin de maitriser les gammes presque infinies d'un si bel instrument.
1 - Julie
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Pillow talks Elles avaient communié ensemble, entre femmes, célébrant la plénitude tendrement partagée de la volupté. Désormais affranchie de la crainte d'un quelconque jugement d'Alexandra, s'attachait quotidiennement à donner tort au père adoptif qui les avait abandonnées en brandissant le spectre de la frigidité.
Un autre homme fit irruption dans sa vie un peu après ses seize ans. Répondant au prénom de Justin, il était tombé sous le charme indéniable — de sa mère qui avait vu là l'occasion de rétablir partiellement l'équilibre des sexes au sein de leur foyer. Un peu moins de quarante ans, correspondant à l'image que l'on a généralement d'un « beau mec », il savait se montrer drôle et de bonne compagnie. Les ébats, par toujours discrets, d'Alexandra et Justin embrasaient souvent les sens à fleur de peau de Julie, faisant ainsi naitre les images de ses premiers fantasmes, mais aussi la brulure acide de la jalousie. Ou plus exactement le sentiments de s'être fait « voler » Alexandra. Julie se campa dans un rôle de Lolita ambiguë. Une caresse équivoque à Alexandra quand elle l'embrassait, pour la sentir frémir à portée de regard de Justin. Des tenues suggérant ses formes indéniablement féminines, révélant l'existence de quelque vallée secrète, lorsqu'elle évoluait dans l'appartement sous l'oeil attentif d'un Justin somme toute séduisant. Et puis ce samedi matin où elle se croyait seule dans l'appartement, naïade sortant du bain. Justin qui surgit dans la salle de bain, le regard embrasé. Justin qui l'étreint. Le renflement explicite qu'elle sent contre son ventre. Ses sens qui s'affolent, désordonnés, incohérents. La chaleur. Un frisson. La tête qui lui tourne légèrement. Le froissement d'un tissu dont on s'extirpe fébrilement. Des mains qui pressent doucement sur ses épaules, et ses jambes qui flageolent. Le contact de l'épais tapis de bain sous ses genoux. Cette chair tendue qui glisse entre ses lèvres. Les mains dans ses cheveux. Cette chair palpitante qui s'enfonce dans sa bouche, qui va et vient lentement. Un râle indistinct. Cette chair qui enfle encore sur sa langue, plus rapide maintenant. Un autre râle. La chair qui s'immobilise. Puis qui jaillit dans sa gorge, fontaine sirupeuse qu'elle ingère en partie par réflexe.
1 - Julie
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Pillow talks Justin la regarde, honteusement satisfait. Julie lève vers lui les yeux d'une Lolita soudain devenue adulte. Fondamentalement honnête et sans tabous, Julie confia le soir même à Alexandra l'épisode qu'elle avait vécue, considérant la chose sous l'angle d'un accident dont Justin n'était, au fond, peut-être pas le seul et unique responsable. Justin avait disparu le dimanche matin quand Alexandra lui apporta son petit déjeuner dans sa chambre et se glissa sous la couette pour le partager avec elle. Une sorte de retrouvailles au fil d'une grasse matinée délicieusement complice.
Vint ensuite le temps des expériences avec les garçons, pour faire comme les copines, et parce que c'est dans l'ordre des choses. Christophe fut le premier d'entre eux, devant probablement ce statut au fait qu'il faisait tourner la tête de la majorité des filles du lycée et que Julie s'était mise en tête de gagner cette course un peu puérile mais essentielle en termes d'ego. Elle eut ainsi, sans le savoir, l'insigne privilège d'être la première femme que Christophe, le vainqueur donc, avait jamais eu l'occasion de voir nue autrement que sur du papier, puis de toucher, fébrilement, et, enfin, de posséder. C'était du moins son intention, et celle de Julie aussi, mais la fièvre et l'empressement eurent raison de ce projet bien avant son aboutissement, et à son grand désespoir, Christophe se répandit à l'orée de la terre promise sans même y avoir pénétré, laissant Julie béante, gluante mais insatisfaite. Le second, prénommé Germain, parvint lui à prendre pied sur cette terre promise, déchirant presque le voile qui gardait l'entrée de la salle du temple avant de déposer trop rapidement une obole abondante sur le seuil, laissant une nouvelle fois Julie inondée et désespérément ouverte. Le troisième enfin, puisque troisième il y eut — Julie était persévérante — , se comporta en guerrier conquérant et brutal, envahissant la place sans ménagement, insensible à la fragile douceur du lieu. Ignorant les prières en usage, il déversa son offrande de son glaive sanglant et dominateur, abandonnant Julie amèrement déchirée.
1 - Julie
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Pillow talks Alexandra pansa ces plaies avec douceur. Un onguent mystérieux fit ressurgir la volupté là où la rudesse ignorante l'avait blessée.
De ces premières tentatives avec la gent masculine, Julie avait espéré en secret une révélation des plaisirs qui se murmuraient entre filles sous le sceau de la confidence. Hélas il n'en avait rien été. Tout au plus de vagues frissons vite refrénés par la maladresse, la précipitation ou la brusquerie.
Quelques mois passèrent sans qu'aucun homme ne vienne troubler la quiétude du cocon qu'avaient tissé les deux femmes. Chacune à sa manière, elles puisaient l'indispensable volupté des sens à sa propre source, comme un pianiste virtuose répétant ses gammes et qui maitrise chaque touche. De temps à autre, un mauvais rêve, mais aussi parfois une fantaisie onirique, faisait accourir Alexandra dans les bras de laquelle Julie trouvait un refuge parfois salvateur et toujours accueillant. Dans le secret de la pénombre, les deux concertistes y glanaient les arpèges audacieuses d'un concerto improvisé.
Et puis il y eut Charlotte, son amie d'enfance, Charlotte qu'elle retrouva par le plus grand des hasards lors d'une visite au CIDJ, et qu'elle avait perdue de vue depuis trois ans. Elles avaient partagé des années durant tout ce que peuvent partager deux enfants du même âge habitant des immeubles voisins et dont les parents se fréquentaient régulièrement. Leur relation s'était évanouie, comme ça, bêtement, parce qu'il y avait des sujets autrement plus grave à l'époque où son père adoptif et Alexandra s'étaient séparés. Elles avaient 14 ans à ce moment là.
En se retrouvant, elles prirent brusquement toutes deux conscience du vide qu'avait creusé l'absence de l'autre, et elles s'étaient abandonnées dans les bras l'une de l'autre, indifférentes aux regards. Elles avaient soudain des millions de choses à se dire, des années de confidences à rattraper, une complicité nouvelle à éprouver.
1 - Julie
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2 - Charlotte
Trois heures passées ensemble leur avaient à peine permis de reprendre contact à l'issue de leurs retrouvailles. Elles avaient bien évidemment changé en trois ans, les chrysalides étaient presque devenues papillons. Si elles étaient toutes les deux minces et élancées, Julie était d'une blondeur nordique, très claire, la peau parsemée de pâles taches de rousseur, et des yeux gris éclairaient un visage mutin et rieur. Par contraste, Charlotte paraissait plus méridionale, de courts cheveux bruns, une peau légèrement cuivrée. Son visage de madone aux yeux couleur de miel faisait immanquablement tourner les regards. E l l e s s ' é t a i e n t j a u g é e s e n q u e l q u e s i n s t a n t s , l e f e m m e é v a l u a n t instinctivement le danger potentiel que représentait l'autre femme, pour conclure qu'elles se complétaient sans véritablement entrer en compétition. Aussi proches qu'elles l'avaient été. Rendez-vous fut prit pour le vendredi après les cours afin de passer la s o i r é e e n s e m b l e c h e z C h a r l o t t e d o n t l a m è r e , N a t h a l i e , s e r a i t opportunément en déplacement professionnel à l'autre bout de la France pour ne rentrer que le samedi après-midi.
Charlotte avait prévu le nécessaire pour tenir un siège. La soirée avança au gré de la narration en décousu des épisodes marquants des trois années écoulées, épisodes futiles ou sérieux, drôles ou graves. Julie revint bien sûr sur l'éclatement de la « cellule familiale » avec le départ de son père adoptif et la découverte de son adoption. Charlotte avait vécu une situation similaire — la séparation de ses parents, en se posant d'ailleurs maintenant la question de ses origines... — quelques mois après Julie. La nuit était tombée depuis longtemps, et les filles étaient bercées par les mélodies délicates de Steely Dan, les riffs éclatants de Deep Purple ou encore les arpèges envoûtants de David Gilmour et du Pink Floyd. L'alcool
2 - Charlotte
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