Violette Anthémis : Fondement corporatiste
14 pages
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Violette Anthémis : Fondement corporatiste

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Description

Une nouvelle voluptueuse écrite par l'équipe de Dead-Men, à laquelle Miss Edith Oswald prête ses charmes.
Au service de puissants industriels, Violette doit déstabiliser l'un d'eux. Un jeu voluptueux à double tranchant : certains y laisseront des plumes, Violette y laissera ses vêtements.
La galerie et la nouvelle sont disponibles à cette adresse : http://www.dead-men.fr/violette-anthemis/livre-fondement-corporatiste.php

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Publié par
Publié le 12 mai 2017
Nombre de lectures 176
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, pas de modification
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Dead-Men
Violette Anthémis Juin : Fondement corporatiste Par Dead Man Paul et Dead Man Tôji
Violette Anthémis Juin : Fondement corporatiste
Visitezhttp://violetteanthemis.dead-men.fr/books.php#juin pour inciter Violette à se déshabiller un peu plus ! Chaque mois, retrouvez les péripéties de Violette Anthémis sur http://violetteanthemis.dead-men.fr.
1
« La situation est compliquée, dit Serge. Comme vous le savez, les revenus du groupe sont en retrait constant pour la quatrième année consécutive. Nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche, on nous oblige à payer pour des gens qui ne veulent pas travailler et l’existence des grèves et des syndicats toujours opposés à une plus grande flexibilité pour les entreprises empêche notre développement. » Il marqua une pause dans son discours pour bien s’assurer que ses déclarations faisaient mouche avant de reprendre : « Paradoxalement, notre activité progresse de façon régulière. Dix pour cent en 2012, neuf en 2013, douze l’année passée et les estimations pour 2015 s’élèvent à neuf pour cent pour le premier semestre. Malheureusement, la charge sociale trop importante nous empêche de dégager suffisamment de profits et malgré l’acquisition en août dernier de Melt Telecom, les actionnaires s’impatientent. » En plus de sa qualité de président-directeur général du groupe fondé par son père Marcel, Serge possédait lui aussi des intérêts, à hauteur de 20 %. Comme souvent, son bénéfice personnel guidait la politique industrielle du groupe et, à ce niveau, d’une bonne partie de la politique industrielle du pays. Serge pesait lourd auprès du gouvernement. Tous les regards étaient braqués sur lui. Autour de la table ovale, chacun attendait la suite, car Serge — dont l’âge de la retraite avait depuis longtemps sonné — ne participait aux réunions du groupe seulement lorsqu’il avait une nouvelle importante à partager. Imposerserait un terme plus adapté, mais personne n’aurait osé l’utiliser. Pas en sa présence. Son gros visage bouffi congestionné demeurait impassible. De l’écume blanche naissait à la commissure de ses lèvres et, en toute honnêteté, un AVC spectaculaire n’aurait surpris personne en cet instant. Ses voisins les plus proches affichaient tous un air crispé, car l’homme sentait la vieillesse et un peu la pisse. « L’année passée, reprit Serge, j’ai placé ma confiance en Arnaud pour développer notre activité et trouver de nouveaux partenaires. » Serge se tourna vers Arnaud, qui siégeait à sa droite. Arnaud, la cinquantaine, était un requin. Ses méthodes d’acquisition agressives se qualifiaient souventen margede la loi et il ne devait sa liberté et son impunité qu’à ses amitiés politiques, au soutien inconditionnel de Serge et à son implication au sein de tous les organismes conservateurs du pays. Arnaud sourit et, le souffle court à cause de l’odeur, remercia Serge. « Comme vous le savez, notre groupe tente depuis plusieurs mois un rapprochement avec celui de Dominique. Dominique est un ami personnel, mais il tient à garder les rênes de sa boîte. — Un adversaire respectable, approuva Serge. — Mais un adversaire néanmoins. — Je pensais toute convergence impossible à cause de l’Autorité de la concurrence, intervint Vincent. — Les récents changements au sein du gouvernement socialiste nous ont permis de… contourner cet obstacle. Le Premier ministre et le ministre des Finances et des Comptes publics en poste se montrent beaucoup plus réalistes que leurs prédécesseurs. — Et ça nous a coûté un bon paquet de mettre en place des socialos un peu moins obtus, intervint Serge. En attendant les prochaines élections, nous n’aurons rien de mieux. — Malheureusement, nous ne pouvons pas nous permettre de patienter jusqu’aux prochaines élections, reprit Arnaud. Comme l’a souligné Serge, les actionnaires s’agitent. La bourse joue contre nous. » Arnaud et Vincent possédaient d’importantes parts au sein du groupe. Une chute de l’action signifiait des pertes conséquentes. « Il faut agir maintenant, insista Serge. Avant qu’il ne soit trop tard. — Comme je le disais, Dominique est attaché à son groupe. Il souhaite en garder le contrôle. Et malgré tout le respect que nous avons pour lui, son...éthiquegêne une alliance trop ouverte. Ce qui, pour nous, représente un manque à gagner conséquent.
— Alors nous devons l’écarter, suggéra Vincent. — Quelque chose dans ce goût là. Dominique est un homme pieux proche des conservateurs religieux. Nous nous souvenons tous de son engagement contre le mariage pour tous auprès de Serge. » Ce dernier émit un grognement de mépris : il détestait les pédés et encore plus les goudous. « Ce que je propose pour faire pencher la balance en notre faveur est assez simple. Séduire Dominique. — Séduire Dominique, répéta Serge l’air rêveur. Arnaud, je ne vous connaîtrais pas, je vous prendrais pour une tantouze. » Arnaud sourit. « Bien entendu, il s’agit de convertir Dominique à nos vues. De l’amener à collaborer plus étroitement avec nous. — Et de quelle façon ? demanda Vincent. — Deux étapes rudimentaires. Observation et, puisqu’il est profondément religieux, conversion. — Je nous vois mal passer du temps avec Dominique. Il n’est pas dupe. — Je pensais initialement envoyer Axelle, mon assistante. Elle ne sera malheureusement pas disponible avant neuf mois. » Axelle était une jeune femme charmante et cultivée, au service d’Arnaud depuis bientôt cinq années, dont quarante-cinq mois de congés maternité. Pourtant, elle n’avait aucun enfant. « Bon sang Arnaud ! tonna Serge. Oubliez un peu les cuisses de cette pétasse ! Je ne sais pas, moi ! Utilisez sa bouche ou son derrière ! — Je peux le faire, moi, intervint Violette, la nouvelle assistante de Vincent, une jeune femme au parcours professionnel sans faute fulgurant. — Par le cul ? s’esclaffa Serge. — Non… enfin, oui, s’il le faut. Mais je parlais de remplacer Axelle. — Vous connaissez Dominique ? — Pas personnellement, non. — Et il vous connaît ? — Non. Pas que je sache. — Vincent ? » L’intéressé observa son assistante. Depuis quatre mois qu’ils collaboraient, Violette s’était montrée compétente, volontaire et fiable. Il n’avait rien tenté avec elle faute de temps, mais sa poitrine généreuse et ses hanches séduisantes ne le laissaient pas indifférent. D’autant plus qu’elle n’hésitait pas à largement les dévoiler. « Ma foi, répondit Vincent. Si Violette s’en sent capable. » Tous étudièrent la jeune femme qui attendait sagement une repartie en promenant son regard autour de la table. Elle avait bien pris soin de défaire un bouton supplémentaire à son chemisier : tout le monde remarqua que, là où ils auraient dû voir de la dentelle, il n’y avait rien. « Que faites-vous demain ? lui demanda Serge. — Demain ? Quel jour serons-nous ? — Dimanche. — Je serais à la messe. — Parfait ! Alors c’est réglé. Ma chère, je vous laisse étudier les détails avec Arnaud. Maintenant, la question de ces enculés de grévistes. »
2
« Mais il suffit que nous ne voulions pas, pour que nous vainquions dit Notre Seigneur. La foi, dit Saint Jean, la foi est notre victoire sur le monde. Donc, gardons la foi malgré tout, contre vents et marées, et toujours une grande confiance en Notre Dame. Elle est, en particulier dans ces derniers siècles vers la fin du monde, l’agent de Notre Seigneur, l’intermédiaire de Notre Seigneur pour nous aider à sauver nos âmes. »
Le prêtre marqua une pause. Violette, qui s’ennuyait, affichait un air emprunt, hochant régulièrement le chef comme si le sermon la pénétrait tout particulièrement. Juste derrière elle, un peu à sa gauche, Dominique et son épouse écoutaient eux aussi, pieusement. « Parce qu’on pourrait s’effarer de Notre Seigneur, sachant qu’il est Dieu, mais Notre Dame étant une mère, une femme, est d’autant moins terrifiante et d’autant plus facile d’accès. Pas une de ces féministes modernes, mais une vraie femme. Donc la confiance en Notre Dame et, à travers elle, une confiance, une grande confiance dans le Bon Pasteur, qui sait ce qu’il fait pour nous tous, et pour chacune de ses brebis. Au nom de Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, ainsi soit-il. — Ainsi soit-il, tonnèrent en cœur les fidèles. — “En ce que tu as à faire, rajouta Dominique, ne prends jamais un homme pour modèle, si saint soit-il, parce que le démon te mettrait devant les yeux ses imperfections, mais imite le Christ qui est souverainement parfait et souverainement saint, par là tu n’erreras jamais.” » Surprise, Violette se retourna vers lui et lui adressa un sourire, qu’il lui rendit volontiers. À la sortie de l’église, la jeune femme s’arrangea pour se trouver sur le chemin du couple. Son épouse occupée à discuter du sermon avec le prêtre, Violette aborda Dominique. « Je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre ce que vous avez dit. — C’est une citation de Saint Jean de la Croix, issue desParoles de lumière et d’amour. C’était la devise de mon regretté père. Je l’ai faite mienne. — Une grande source d’inspiration. Je méditerai dessus. — Il ne me semble pas vous avoir déjà aperçue dans notre paroisse. — Je suis de passage, en visite chez une amie. — Et pourtant vous êtes seule. — Mon amie n’est pas fervente. — Quel dommage ! — Je ne perds pas espoir de lui faire voir la lumière du Christ. Un jour. C’est une bonne âme. Il ne lui manque qu’un guide spirituel. Ainsi, vous vous intéressez à Saint Jean de la Croix ? — Son enseignement, ses réflexions et ses maximes orientent ma vie. — J’avoue assez peu connaître lesParoles de lumière et d’amour. — C’est une collection d’avis et sentences spirituels qui se répartissent en trois parties. La purification du désir, la prière de l’âme embrasée d’amour, et l’éclairage par la sagesse de l’Évangile. Si cela vous intéresse, nous pourrions en discuter. — Ce serait avec plaisir. — Malheureusement, mon domicile est très occupé ces derniers temps. — Venez donc chez moi, proposa Violette. Nous y serons à l’aise et décontractés, et vous pourrez m’éclairer autour d’un thé. — Mais votre amie ? — Son travail l’appelle souvent à l’étranger. Je crois qu’en ce moment, elle est à Singapour. — Eh bien, soit ! — Disons demain soir ? — Huit heures ? — Alors je vous préparerai quelque chose à grignoter. À demain, donc. » Elle lui tendit sa carte avec son adresse et son numéro de téléphone portable. Il la salua et rejoignit son épouse.
3
Violette avait opté pour des jeans et une chemise à manches courtes enfilée par-dessus un t-shirt à col en V. En voyant Dominique arriver en costume, elle craignit un instant de
paraître pouilleuse, mais le bonhomme ne se fendit d’aucune remarque. « Ça sent merveilleusement bon, déclara-t-il après avoir humé l’air. — Ce ne sont que des tuiles au parmesan, du velouté d’avocat et des moules farcies à la mode de Brindisi. — Et moi qui pensais que nous ne grignoterions que des carottes avec des sauces ! Vous m’avez préparé un festin, ma chère amie ! — Rien de bien compliqué, je vous assure. » Il brandit deux bouteilles de vin, un blanc sec et un rouge. Des crus de qualité. « Dans le doute, j’ai bien fait de prendre les deux, alors. — Oh ! Quelle attention ! Il ne fallait pas. — C’est la moindre des choses, voyons. — Je peux vous proposer quelque chose en apéritif ? demanda Violette en le débarrassant des vins. Un thé ? Ou quelque chose d’un peu plus fort ? J’ai du scotch… — Un scotch. — Glaçons ? — Deux, s’il vous plaît. » Violette prépara deux whiskies on the rocks. Elle invita Dominique à s’asseoir dans le grand fauteuil en face du canapé où elle prit place en tortillant volontairement des hanches. Ils trinquèrent à leur rencontre, et la jeune femme attaqua directement : « J’ai beaucoup réfléchi. J’ai même acheté un exemplaire desParoles de lumière et d’amour. Une phrase a retenu mon attention. “Si tu désires trouver paix et consolation en ton âme, si tu désires servir Dieu pour de vrai, ne te satisfais pas de cela que tu as déjà quitté. Car tu risques, en ce nouvel état où tu te trouves, de rencontrer les mêmes entraves qui jadis te liaient, ou plus encore… Mais abandonne toutes ces autres choses qui te restent et attache-toi à l’unique qui contient le tout : la sainte solitude, accompagnée de prière et d’écoute de l’Écriture sainte. Et là, persévère en oubli de toutes choses. Car si elles ne t’incombent pas par obligation, tu plairas plus à Dieu, sachant te garder et perfectionner en toi-même, qu’en les possédant toutes ensemble. En effet, que sert à l’humain de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme.” — Ah ! Un très beau passage qui fait office de conclusion. Oui, je comprends, c’est à la fois très simple et très compliqué. — Simple et compliqué ? — La conception, une fois maîtrisée, est déconcertante de simplicité. Sa mise en pratique est beaucoup moins aisée. — Vraiment ? — Laissez-moi vous donner un exemple concret qui va, volontairement, vous choquer. » Dominique but une gorgée de whisky et avala une tuile au parmesan avant de joindre les mains devant sa bouche dans une intense réflexion. « Nos biens sont nos entraves. Notre attachement au matériel représente une forme d’esclavage qui nous empêche de nous accomplir en Dieu. — Je crains de ne pas bien comprendre. — Vos vêtements, par exemple. Que représentent-ils pour vous ? — Un certain confort. Ils me permettent d’avoir chaud et de me protéger un peu. — Et aussi, j’imagine, ils servent votre pudeur. Mais Dieu ne voit-il pas tout ? — Si. Je suppose. — Pourtant, nous nous cachons de Dieu avec nos vêtements. — De Dieu, non. Des Hommes, sans doute. — Si c’est le cas, pourquoi ne pas détruire vos vêtements ? — Parce qu’ils m’ont coûté cher et qu’en toute honnêteté, ils me plaisent bien. — “Abandonne toutes ces autres choses qui te restent.” Pour plaire à Dieu. C’est écrit. — C’est vrai. » Dominique se leva, disparut dans la cuisine pour revenir avec une paire de ciseaux. « Imaginons que je vous demande de quitter vos vêtements. Vous les enlèveriez, les
poseriez et, le moment venu, les récupéreriez. — En effet, oui. — En vous en séparant, vous en restez tout de même esclave. — Sans doute. — Or, si je vous demandais de les détruire ? » Et de lui tendre les ciseaux. Violette hésita avant de prendre les lames. « Les détruire ? — Les détruire. Découpez vos vêtements. Détruisez-les. “Abandonne toutes ces autres choses qui te restent et attache-toi à l’unique qui contient le tout : la sainte solitude, accompagnée de prière et d’écoute de l’Écriture sainte.”» L’idée lui parut stupide. Toutefois, Violette y vit une parfaite entrée en matière pour prendre Dominique au piège. Elle commença par découper son t-shirt, puis les jambes de ses pantalons avant de sectionner le reste et de se retrouver entièrement nue. Tout cela l’excitait. Cependant, son invité ne sembla pas remarquer son con humide. À mesure qu’elle procédait, elle nota la bosse de plus en plus proéminente sous la braguette du pantalon de Dominique. Malgré son air pieux et emprunt, le gaillard bandait comme un adolescent devant son premier numéro deHustler. « “Tu plairas plus à Dieu, sachant te garder et perfectionner en toi-même, qu’en les possédant toutes ensemble.” — Et c’est ça, le message de Saint Jean de la Croix ? — Dans les grandes lignes, oui. Mangeons maintenant, voulez-vous ? — Je vais enfiler quelque chose. — Hors de question ! C’est tout le point de la leçon. Vous baignez à présent dans la lumière de Dieu. Vous avez trouvé la pureté. L’essentiel. — Ah ? Bon. Ben, passons à table, alors ! » Dommage, Violette aurait bien mis ses boules de geisha. Dissimulée derrière la couverture d’un livre factice, la petite caméra filmait tout ce qui se déroulait.
4
« Théologie ? s’étouffa Arnaud à l’autre bout de la ligne. Vous avez passé la soirée à discuter théologie ? Mais bordel de merde, je ne vous paye pas pour croire en Dieu ! — Ce n’est pas tout, le calma Violette. Il m’a invité à une retraite. — Une retraite ? — Une retraite spirituelle, je présume. — Vous allez… c’est une blague ? — Écoutez, il a pour habitude de se recueillir avant toute décision importante. Il est convaincu qu’ainsi ses partenaires en affaires partageront sa vision du monde après avoir trouvé la foi. Ou quelque chose du genre. — Je vois. Je vois, oui. Du coup, c’est très bien ! — L’occasion de forger une alliance solide. — Voilà. Exactement. Et c’est quand, cette retraite ? — Nous prenons l’avion vendredi pour le Sud-Ouest. D’ici là, j’aimerais étudier les dossiers. — Je vous les fais parvenir au plus vite. » Et il raccrocha. Violette n’eut pas à patienter longtemps avant que son smartphone lui indique qu’un nouveau courrier d’Arnaud attendait sa consultation. Elle s’installa devant son ordinateur de bureau avec une cigarette et un verre de vin rouge pour compulser à son aise les dossiers reçus. Ils lui apprirent surtout que Dominique était un homme discret et que ses alliances étaient à la fois commerciales et amicales. D’où leur solidité. Elle fut surprise de trouver des références à des dossiers de police et à des articles de presse désormais
indisponibles sur le Net. Elle releva toutefois que Dominique avait plusieurs fois été inquiété par la justice (simplement inquiété, jamais inculpé) pour des histoires de harcèlement sexuel (comprendre « relations sexuelles non sollicitées »). Ce qu’elle aurait eu des difficultés à croire avant qu’il l’incite à se déshabiller entièrement devant lui et à passer la soirée nue en sa compagnie. Cependant, il n’avait jamais eu le moindre geste déplacé à son encontre. Sans doute était-ce la raison de sesinquiétudes en lieu et place d’inculpations. Et puis au fond, Violette ne nourrissait rien de particulier contre l’idée de se montrer nue. Elle aimait même cela dans une certaine mesure, le regard envieux et parfois salace des hommes sur son corps. En particulier lorsqu’ils s’attardaient un peu trop longtemps sur sa — généreuse — poitrine. Violette referma les dossiers et lança la vidéo de la veille. On distinguait bien Dominique — bien que gourmande en ressources, la 4K faisait des merveilles — face à elle. À aucun moment, il ne l’avait touchée. D’accord, ces images pouvaient scandaliser, mais ce n’était pas assez pour attirer l’attention du public sur Dominique. Donc pour le faire chanter. La sonnerie de son téléphone la tira de ses rêveries. Dominique. « Vendredi soir, dit-il. Que faites-vous vendredi soir ? — Rien de particulier, admit Violette. — Alors c’est parfait. Je passe vous prendre vers six heures. Nous dînerons, après quoi je vous convie à une soirée privée avec divers investisseurs. Faites ça pour moi, et je vous devrai une fière chandelle. — Comment cela ? — Je ne vous cache pas que je compte un peu vous exposer. Cela vous dérange-t-il ? — Femme trophée ? — Pas tout à fait, non, rétorqua-t-il dans un brusque éclat de rire, comme si la remarque le surprenait. Disons que je tiens à offrir à certains de mes invités les plus… retors une autre perspective. — Six heures, avez-vous dit ? — Parfait. À vendredi, donc. » Violette raccrocha, perplexe. Ses tailleurs du travail ne feraient pas l’affaire, elle devait faire du shopping dès le lendemain ! L’idée la mit en joie.
5
Dominique sonna à sa porte à six heures tapantes. Ils échangèrent quelques paroles plaisantes le temps qu’elle enfile son manteau, puis il l’accompagna à l’arrière d’une Audi RS6 noire aux vitres fumées conduite par un chauffeur en livrée. « Quel luxe ! s’extasia Violette. — Un véhicule tout au plus confortable et discret. » Ils traversèrent la ville jusqu’à un restaurant étoilé réputé où il fallait réserver plusieurs mois à l’avance. « Le chef est un ami, expliqua Dominique. Il nous a préparé quelque chose de spécial ». En effet : langoustines rôties accompagnées d’asperges vertes et blanches et de bisque froide aux agrumes en entrée, rouelles de homard avec de petits artichauts en première assiette, suivie d’un tournedos de filet d’agneau avec son lard aux condiments et son navarin d’épaule en seconde assiette, puis un chariot de fromages affinés et un Saint-Honoré en dessert. Une bouteille de vin choisie par le sommelier accompagnait à ravir chaque plat. Violette se régala, mais ne put terminer le tournedos et laissa un honorable morceau de Saint-Honoré. « Ce n’est pas un dîner, mais un festin, reprocha-t-elle à Dominique en vidant son verre
de vin. Je ne m’attendais pas à une telle opulence. » L’alcool lui montait déjà à la tête ; le digestif — un savoureux cognac tiré d’une bouteille sans étiquette — acheva de la rendre pompette. Elle quitta l’établissement au bras de Dominique. Le chauffeur les conduisit en périphérie de la ville, jusqu’à un aérodrome privé où un jet les attendait. Ils atterrirent un peu avant onze heures à Toulouse. Une autre voiture les amena en rase campagne, dans un manoir somptueux éclairé par de puissants projecteurs qui arrosaient les façades de violet, de rose et de rouge. Les quelques invités déjà sur le parvis portaient tous loups et tenues de soirée. « Je ne suis pas habillée pour l’occasion, se lamenta Violette. — Ne vous inquiétez pas, la rassura Dominique. Tenez, voici l’évêque Hubert Cattenoz en compagnie du maire. Décidément, depuis la Manif pour Tous, ces deux-là sont inséparables ! Suivez-moi, voulez-vous ? — Il y a beaucoup de beau monde, remarqua Violette alors qu’elle reconnaissait des personnalités de la finance européenne. — Ce sont les premiers. Le manoir n’est pas ouvert. Seule l’aile ouest fait office de bar et de fumoir. Nous avons encore tout le temps de nous préparer. » Ils traversèrent plusieurs pièces où des serveurs s’affairaient sur les derniers détails pour que tout soit parfait. Enfin, Dominique écarta deux grandes portes et une musique électronique assourdissante les enveloppa de ses sons synthétiques froids et impersonnels. Au fond, une DJ blonde aux seins nus mixait déjà et des danseuses vêtues de cuir et de latex se tortillaient en attendant les invités. « C’est quel genre de soirée, au juste ? »
6
Après un peu de cocaïne partagée avec une dominatrice, Violette se retrouva enchaînée par les poignets à un mur de briques. Elle portait une coiffe de nonne en latex, un corset en cuir qui lui laissait les seins nus, des bas retenus par un porte-jarretelles, de bottes en cuir à talons hauts et une jupe tellement courte que ses fesses et son pubis épilés se retrouvaient à l’air. Des pinces étau rondes lui écrasaient les tétons et de petites croix en plastique y avaient été fixées. « Et qu’est-ce que je dois faire ? demanda Violette lorsque la dominatrice aperçue précédemment lui proposa de la MDMA. — Être belle et offerte aux gens qui passent et souhaitent te toucher. — C’est tout ? — C’est tout. » Déjà, les premiers invités investissaient la salle. Violette ne suscita pas immédiatement leur intérêt ; la plupart préféraient boire un verre, rencontrer des connaissances et partager de la cocaïne ou des amphétamines tout en admirant les danseuses qui se déhanchaient sur les podiums. Alors Violette se tortilla et se dodelina en attendant le chaland. Après un bon quart d’heure, un couple passa tout contre elle et l’homme s’arrêta pour mieux l’observer. La femme lui palpa les tétons tandis que son compagnon jugeait de la douceur de son sexe. « Ils sont vrais ! » s’étonna la mousmé. Juste après, une personnalité qu’elle ne parvint pas à identifier vint sniffer un rail sur ses seins. Puis ce fut le tour de l’évêque Cattenoz, qui s’assura de l’index qu’elle était correctement humidifiée. « Vous avez un nom ? demanda le prélat. — Salope, répliqua Violette en se souvenant de ce que lui avait conseillé la dominatrice. — Salope ? Un prénom charmant. » Il l’embrassa sur la bouche et la jeune femme y introduisit la langue. « Fougueuse ! J’aime ça. »
Il se tenait l’entrejambe tout en conversant ; Violette crut un moment qu’elle allait devoir le sucer, mais l’autorité apostolique se désintéressa d’elle pour porter son attention sur un jeune homme imberbe complètement nu. Quelques instants plus tard, il lui fourrait sa langue dans le cul. « Tout se passe bien ? s’inquiéta Dominique la première heure écoulée. — Je pense. — Parfait. » Il glissa son index et son majeur entre ses cuisses, les renifla et s’en alla retrouver ses convives dans une alcôve sombre. Régulièrement, la dominatrice lui proposait de la cocaïne, de la MDMA et de l’herbe. Lorsque la soirée trouva son rythme, Violette ne compta plus le nombre d’invités à se satisfaire en elle ou sur elle, à la caresser, la lécher. Homme, femmes, tous paraissaient décidés à s’offrir une tranche de la nonne salope et soumise. Un gros monsieur dégarni lui viola la bouche avant d’étaler avec son sexe la bave épaisse qui souillait ses seins. L’évêque revint lui cravacher la poitrine et le con jusqu’à l’orgasme tout en se masturbant. Deux hommes jouirent dans ses cheveux puis la forcèrent à éjaculer dans leurs coupes de champagne. Beaucoup, aussi, prenaient des photos avec leurs téléphones. On la traitait de pute, de salope, de catin, de cochonne, de vicieuse, de pétasse et autres insultes fleuries. Esclave de son excitation, sous l’emprise des drogues, Violette jouissait régulièrement et abondamment, les jambes tremblantes, ses tétons meurtris dressés comme jamais. Bien entendu, Violette ne passa pas toute la soirée accrochée à un mur livrée à la concupiscence des invités. Elle participa aussi à un défilé de tenues SM, à un show de bondage et à une danse lesbienne pour mâles hétérosexuels avant de se retrouver à sucer la bite de Dominique dans une alcôve pendant que ses deux investisseurs jouaient l’un avec son vagin, l’autre avec son anus. Le sexe s’enfonçait profondément dans sa gorge, mais, même lorsqu’elle toussait ou s’étouffait, Dominique ne se retirait pas. Si bien que ses couilles et son pantalon se trouvèrent rapidement souillés d’une écume épaisse et collante. En même temps qu’il lui appuyait sur la tête, Dominique malaxait ses seins rougis par les coups. L’un des investisseurs, celui qui s’intéressait à son anus, décida que, plutôt que d’y fourrer les doigts, il ferait aussi bien d’y introduire sa bite. Il cracha entre ses fesses et força douloureusement son passage, pénétrant d’un coup jusqu’à la garde. La bouche pleine, les reins en feu, Violette gémissait en rythme. Le troisième larron ne cessait ni de la doigter ni de stimuler son clitoris enflammé. Lorsque quelque chose coulait de son vagin — sa mouille mélangée au foutre des invités —, il le récupérait dans son verre de whisky. Celui qui la sodomisait prit une bougie sur la table et renversa de la cire brûlante sur son dos et ses reins. Violette se raidit sous l’effet de la douleur. Son anus se contracta et l’homme éjacula dans son trou du cul. La bite de Dominique dérapa au fond de sa gorge et la jeune femme rendit un peu dessus. Cela dut plaire à Dominique, car son foutre lui remplit la bouche. « Avale, petite pute, dit-il en tirant sur ses tétons. Et ne t’arrête surtout pas ! » Derrière elle, les deux hommes échangèrent leurs places. Un nouveau phallus lui déchira les entrailles par le cul tandis qu’une bougie glissait au-delà de la frontière de ses lèvres pour s’enfoncer le plus possible dans sa vulve. C’est donc avec une Violette à quatre pattes avec la plupart des orifices occupés que le rideau noir s’ouvrit en grand pour laisser passer une série de flashs éblouissants. « Batman ! » s’écria Dominique, stupéfait. Bien entendu, à une soirée SM, la tenue de Batman avait semblé appropriée à quiconque se dissimulait derrière le masque de l’homme chauve-souris, à qui l’inimitable Christian prêta son immense charisme à l’écran. « Batman ! s’écria donc Dominique alors que le superhéros le mitraillait avec son appareil photo. Toi ici ? »
L’autre aurait pu répartir quelque saillie bien sentie (quelle meilleure ambiance pour une saillie, après tout ?), mais il se contenta de prendre la fuite dans un virevoltement (NDLC : néologisme inacceptable ; ce n’est pas parce que les gens le disent que c’est correct [NDLA : t’es viré])de cape en synthétique dont les extrémités trahissaient déjà une certaine usure et de disparaître par l’immense porte-fenêtre qui donnait sur le parc, non sans emporter auparavant une poignée de délicieux petits-fours.
7
« Scandale dans le monde de la finance et de la politique : un grand homme piégé de façon inacceptable dans un montage scandaleux ! » titraitLe Figarolendemain, force le photos des charmes de Violette à l’appui, mais avec le visage de Dominique complètement flouté. « Un homme d’affaires surpris dans une partie fine. Les catholiques en perdent leur latin » annonçaitLibérationsans oublier de rappeler que le quotidien avait déjà soulevé la question de l’intégrité de Dominique. « Le monde de la finance et les milieux catholiques sous le choc » disait simplementLe Mondeavec de jolies photos de Violette savamment cadrées. « Décadence capitaliste symbole de la déliquescence des marchés » affichait L’Humanitésans montrer aucune photo. « La bourse et les fesses » ironiserait sobrementLe Canard Enchaînéle jeudi suivant. « Dominique : le scandale de la partouze. Photos exclusives » annonceraitParis Match avec tellement de photographies que le numéro aurait tout l’air d’unPenthouse spécial soirées mondaines. Et pour l’occasion,Demonia pratiquerait la semaine ultérieure d’énormes promotions sur ses tenues de nonnes salopes, jusque là en perte de vitesse.
8
« C’est parfait, ça, déclara Serge en reposa les journaux. Du beau travail, Mademoiselle. Nous avons eu raison de vous faire confiance. » Violette écouta son éloge les yeux baissés. Arnaud lui tapota amicalement la cuisse, un peu trop près de la chatte. « Magnifique prestation. — Merci, Monsieur. » Serge mit fin à la téléconférence. Arnaud resta coi un moment à fixer l’écran noir affichant « Signal lost ». La main de Violette se glissa jusqu’à son entrejambe qu’elle entreprit de caresser à travers le tissu du pantalon. Rapidement, son sexe durcit et elle le libéra de la contrainte de ses vêtements pour le soumettre à une étreinte un peu plus intime. « J’ai un peu de peine pour ce pauvre Dominique, tout de même, dit Arnaud pendant que Violette le masturbait. — Ce sont les affaires, philosopha la jeune femme sans cesser de remuer le poignet. Rien de personnel. — C’est vrai qu’il ne s’est pas montré tellement raisonnable, aussi. » Elle lui sourit et accentua le mouvement. Il n’allait pas tarder à jouir. « Attention à ne pas en mettre partout. Vous avez une réunion dans vingt minutes et je n’ai pas trouvé de costume de rechange. Laissez-moi faire. » Violette se pencha et accepta son offrande dans sa bouche, faisant bien attention à ce que pas une goutte ne lui échappe. « Votre aide a été précieuse, déclara Arnaud en se rhabillant tandis que Violette peaufinait son maquillage. Nous ne vous oublierons pas. — C’est très généreux de votre part. — Considérant votre sacrifice, c’est normal.
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