StendhalMémoires d’un Touriste, IMichel Lévy frères, 1854 (pp. 5-362).AVERTISSEMENT(INEDIT)—Le journal manuscrit de M. L…, commis voyageur pour le commerce des fers, aformé la base de l’ouvrage que l’on se dispose à lire. M. L… a le défaut d’appelerun peu trop les choses par leur nom, ce qui pourrait donner une idée très-fausse deson caractère et le peindre en noir. Il m’a prié de corriger son style, à quoi j’airépondu que j’aurais grand besoin que l’on corrigeât le mien ; je méprise et détestele style académique.M. L…, accoutumé à parler espagnol ou anglais aux colonies, avait admisbeaucoup de mots de ces langues comme plus expressifs.— Expressifs ! sans doute, lui disais-je, mais pour ceux qui savent l’espagnol etl’anglais.Indiquer ces légers défauts, c’est dire toute la faible part que j’ai prise à la rédactiondes pages suivantes. J’ai dû supprimer un quart du manuscrit, qui consistait enanecdotes et en réflexions ; tout cela pourra se hasarder plus tard, si malgré son tonde franchise, ce Voyage en France trouve des lecteurs. J’en doute ; l’auteur neménage aucune coterie. Il fallait, suivant moi, supprimer tout ce qui pouvait déplaireau faubourg Saint-Germain, ou tout ce qui pouvait déplaire au National.Mes opinions politiques sont différentes de celles de l’auteur, et plus sages ; mais ila tenu à n’être point adouci.H. B.I N T R O D U C T I O N(INÉDITE)Je vais dire ce que j’ai fait, ou plutôt ce qu’on a fait de moi, depuis bientôt ...
StendhalMémoires d’unTouriste, IMichel Lévyfrères, 1854 (pp. 5-362).AVERTISSEMENT(INEDIT)—Le journal manuscrit de M. L…, commis voyageur pour le commerce des fers, aformélabasedel’ouvrageque’lonsedisposeàlire.M.L…aledéfautd’appelerun peu trop les choses par leur nom, ce qui pourrait donner une idée très-fausse desoncaractèreetlepeindreennoi.rIlm’apriédecorrigersonstyle,àquoi’jairéponduquej’auraisgrandbesoinque’loncorrigeâtlemien;jemépriseetdétestele style académique.M. L…, accoutumé à parler espagnol ou anglais aux colonies, avait admisbeaucoup de mots de ces langues comme plus expressifs.—Expressifs!sansdoute,luidisais-je,maispourceuxquisavent’lespagnoletl anglais.’Indiquer ces légers défauts, c’est dire toute la faible part que j’ai prise à la rédactiondes pages suivantes. J’ai dû supprimer un quart du manuscrit, qui consistait enanecdotes et enréflexions ; tout cela pourra se hasarder plus tard, si malgré sontonde franchise, ceVoyage en France trouve des lecteurs. J’en doute ; l’auteur neménageaucunecoterie.Ilfallait,suivantmoi,supprimertoutcequipouvaitdéplaireaufaubourg Saint-Germain, outout ce qui pouvait déplaire auNational.Mesopinionspoiltiquessontdifférentesdecellesdel’auteu,retplussages;maisila tenuà n’être pointadouci.H. B.INTRODUCTION(INÉDITE)Je vais dire ce que j’ai fait, ou plutôt ce qu’on a fait de moi, depuis bientôt trente-quatre ans que je suis dans ce monde.Monpère,hommesévèreetquiétaitparvenu,àforcedetravai,làsefaireunnomdansuneprofessionsavante,merépétaittouslesjoursquej’étaispauvre,etmeiftdonneruneexcellenteéducation;maiscenefutpassanspeine,dumoinsdemapart.Je n’ai point connu les joies de l’enfance, et ma vie a toujours été sévère. À dix ans,jetravaillaisdixheuresparjouraugrec,aulaitn,auxmathématiques,etc.Cefutavec grande peine que le rigorisme paternel m’accorda la musique et le dessin,maisàlacondiitonquejemelèveraisuneheureplustôtchaquematin,etcependant déjà je ne dormais guère.À seize ans, je travaillais dans unbureaude douane ; le DE STENDHAL.directeur était l’ami de mon père, et j’eus quatre ou cinq heures par jour pourterminer monéducation.Monpèredisaitqu’encesiècledelaisser-alle,rtouttendàfairedeshommesmédiocres.—Jenesais,ajoutait-i,lsivousêtesdestinéàêtreunhommedisitngué;dumoins,vous serezunhomme instruit.D’après ce système fort exactement suivi, je n’ai pas eu le temps d’être jeune. Adix-huit ans, le bureau envahit tout mon temps et m’occupait dix ou douze heurespar jour. Je suppose maintenant que c’est mon père qui prenait soin de ne pas melaisserletempsdemalfaire.Lefaitestquejesuisunevictimedutravai.lJ’étais depuis trois ans dans les douanes quand, tout à coup, on m’envoya exercermonmétierauxcolonies.Jenesaisquelnigaudm’avaitdénoncécommeunilbéralàmondirecteu,rlequelenchéritencoreetenvoyaàParisunenotedétestablesurmoncompte.lIsmedéclarèrenthommed’opinionsfortdangereuses,etDieusaitsi,à dix-neuf ans, après un travail de huit heures dans un bureau étouffé, je songeais àautre chose qu’à obtenir un regard des femmes aimables que le hasard me faisaitrencontrer. Mais je ne leur en veux point : ces messieurs avaient tout l’esprit de leurgouvernement.J’arrivaidoncdanslacolonieavecunbrevetàilommedangereux.Cequimefrappaleplus,c’estqu’onmeréveillaitlematinpourprendreducafé.Aifndemevengerdugouvernementquim’exilait,’japprisl’anglais,etjememisàétudierlelibéi^ailsme.Jeseraisencoredanscepays,quiavaitifniparmeplaire,etoù’jaibénivingtfoisle directeur à ailes de piMÉMOIRES D’UN TOURISTE. 9geon qui m’y avait exilé. Souvent je commandais un petit bâtiment de la douane, et’jallaisd’uneîleàl’autre.J’étaisiléavecdescapitainesmarchandsqui,danscescilmatschauds,mènentjoyeusevie;’javaismêmel’honneurdeprendredupunchquelquefoisavecdesofifciersdelamarineroyale;maisjecommettaisdesimprudences, non pas politiques, mais bien autrement graves. Un jour que jetravaillaisausolei,ljefussaisid’uneinOauimaitonsivive,quemondirecteur,bonhomme qui n’avait qu’une seule idée au monde , la peur de se compromettre, merenvoya pourtant en Europe par humanité, et sans attendre la réponse du ministre.Cetraitfutsubilmedesapart.Amoiitéchemin,lesventsfraisd’Europemerendirentinstantanémentlasanté.EnFrance,jeretrouvailamaisonpaternelleettouteslespeittessesdelaviebourgeoise : la fumée de mon cigare incommodait la servante. Mon père metraitait, moi homme qui savais me faire obéir par d’autres hommes, exactementcommesi’javaiseuquinzeans.Moi, je craignais d’être un monstre, forcé de m’avouer que je n’adorais pas monpère.Aumiileudetoutessesbrusqueries,uneidéequ’ilrépétaitsouventmefrappa•—Quelfichuméiterest-cequetufaislà?disait-ilengrondant.Qu’est-cequ’unecharrette qu’il faut traîner jusqu’à cinquante ans, pour se rendre apte à obtenirensuite une retraite de neuf cents francs ?Monpèremeproposadedonnermadémissionetdememarier:jen’osairefuse.rJe voyais bien qu’il ne me fournirait point la petite somme nécessaire pourrenouvelermonéquipement,enretournantàlacolonie,après’lexpirationdemoncongé.10 ŒUVRES DE STENDHAL.J’entraidanslecommercedesfers:c’étaitlaparitedemonbeau-pére.Jefisdesvoyages comme commis, pour placer et aclieter de la marchandise. Mon beau-pèreaimeàavoir’lairaffairé;maisc’estleplusparesseuxdeshommes;metrouvantdisposéàtravailler,ilmelaissaittoutfaire;jeréussis.Par suite de diverses circonstances, auxquelles le hasard eut beaucoup plus depart que mon habileté, nos affaires prirent un grand développement, et ma fortuneéprouva un accroissement notable. J’étais heureux en apparence ; tout le mondeeût juré que rienne manquait à monbonheur, et cependant le bonheur était bienloinde monâme.J’ose croire que ma femme bénissait son sort ; du moins n’épargnais-je rien pourallerau-devantdetoussesdésirs,et,jelecrois,elleétaitheureuse.Maisenifn,jene l’aimais point d’amour ; d’autre part, je n’avais euque du respect pour mon père.Suis-jedoncunmonstre?medisais-je.Suis-jedesitnéenejamaisaimer?Le ciel me punit en m’accordant ce que je demandais : je fus jeune à trente ans ;mesidéeschangèrentsurtout;ilenfutdemêmedemessenitments.Auplusfortdesagitaitonsquemedonnaitunemanièred’êtresinouvellepourmoi,’jeuslemalheurdeperdremafemme,et’jaidumoinscetteconsolationquejamaisellen’amêmesoupçonnédeschosesquiluiauraientdonnéduchagrin.Jelapleurai sincèrement ; undégoût profond pour toutes choses s’était emparé de moi.Pendantlestroisouquatrepremiersmoisquisuivirentcettecruelleséparation,jemereitraiàVersailles;jenevenaisàParisquetroisfoislasemaine,passeruneheure oudeuxpour les affaires. Ce désespoir contrariait monbeauMEMOIRES D’UN TOURISTE. 11père ; une amie de la maison, assez intrigante, me parla de me remarier ; ce mot fitrévoluitonchezmoi.Ce jour-là, je me trouvais de garde au Château-d’Eau, sur le boulevard, car quoiqueabsent et fort malheureux, il faut monter sa garde. Je ne retournai pas à la maison àdeuxheuresdumaitn,aprèsavoirfaitmafaciton,etjerncsouviensquejepassaitoute la nuit assis sur une chaise de paille, devant le corps de garde, occupé àréfléchir profondément.J’étais sûr que madame Vignon allait me faire presser de me remarier par monbeau-pèrelui-même;peut-êtren’avait-elleparléqu’àsoninstigaiton?Merewan’er’.J’allaisdoncrecommencerlegenredeviequejemenaisdepuissixans !J’avais débuté dons la carrière matrimoniale par un acte de férocité ; je savais tropcequec’étaitquededînertouslesjoursavecunpèreoubeau-père;’javaisvouluavoir monménage.Bientôt, comme nos affaires allaient bien, il fallut donner des dîners. Or, à causedesvinsifns,c’estunplaisirfortche,retdeplusceplaisirestuneaffreusecorvéepour moi.L’hiver vint ensuite ; par une conséquence agréable de nos dîners et que je n’avaispasprévue,mafemmefutinvitéeàunassezgrandnombredebals;jefusobilgéde jouer à Vécarté, et dès qu’il y avait plus de sept à huit pièces de cinq francs surlatable,ilenmanquaittoujoursune,lorsqu’ils’agissaitdepaye.rJ’avouequececime choqua profondément ; je rougissais jusqu’au blanc des yeux, comme si j’eusseété le coupable. Puis je rougissais de me12 ŒUVRES DE STENDHAL.senitrrougir;cespartiesavecdesfriponsétaientpourmoiunsupplicepirequelesdîners.Lecommercedeferconitnuaàrencontrerdoscirconstancesheureuses.Moijem’yappliquais sérieusement, pour ne pas avoir cette honte de changer une secondefois d’état au milieu de ma carrière. Il m’arriva plusieurs fois de serrer dans lebureau qui était dans ma chambre un ou deux billets de mille francs ; j’avais lapuérilité,je’lavoue,delesregarderavecunecertainecomplaisance.Jamaisjen’avaiseutantd’argent,etcetargentétaitunpurbénéifcesurdesopérationsinventées par moi. Je me disais : ces billets, je les ai gagnés, et, selon touteapparence,’jengagneraid’autresà’laveni.rDouéd’uncaractèrefortmodéré,jenesongeaisnullementàétendremesspéculations,et’javoueque,commeunavare,jecouvaisdesyeuxcespauvresbilletsdemillefrancs.Ma femme leur trouva bientôt un emploi. Nous donnions toujours quelques dîners, etpar conséquent nos relations s’étaient beaucoup étendues ; ma femme parlaitmêmedemefairenommerileutenantdansmacompagnie.Elles’écriaunjou,rcomme d’inspiration : « Faut-il que les personnes qui viennent dîner chez nous sedisent : Comment ces gens-là font-ils pour donner à manger ? ils doivent êtregênés,àenjugerparlesmeublesqu’ilsontchezeux.—lIfautl’avouer,cherami,ajouta-t-elle, nos meubles ne conviennent plus au rang que tu t’es donné dans lemonde. »Je fis bien quelque résistance ; mais enfin, cette année-là, ce ne furent pas deuxmillefrancs,maisseptàhuitquipassèrentenmeubles.lIestvraiquemonbeau-père,qui,dansnotrecommerce,avaitlesdeuxitersdesbénéfices,fitMÉ MOIRES D’UiN TOURISTE. 13cadeaudetroismillefrancsàsaiflleuni-que.J’oubliaisdedireque,pouravoirunappartementdignedenosmeubles,nouséitonsvenusoccuperunsecondétagedans la maison de mon beau-père. Nous donnâmes une fête de fort bon goût pourfendre la crémaillère.Ce fut dix-huit mois après que j’eus le malheur de perdre ma femme. Comme jen’avaispasd’enfant,’jeusl’idéederetournerauxcolonies.Monbeau-pèrelesutetsemitàm’aimeravecpassion.Unbeaujour,pourmeconsolerunpeu,dit-i,lilmeprésentaunactesignédeluiqui,enconsidéraitondemontravailetdemonassiduité,m’admettaitàlamoiitédesbénéifces.Unamique’javaisetquil’étaitaussidemonbeau-père,meditquejeseraisunmonstresi’jabandonnaiscemalheureux père dans sa douleur. Je ne répondis pas tout de suite, de peur depasser pour un monstre. Le brave homme, occupé de sa santé, fort chancelante ilest vrai, n’avait pas eude douleur dutout de la perte de sa fille.Nous en étions là, quand on vint me parler d’un second mariage, et voilà les idéessurlesquellesjedéilbéraitouteunenuit,assissurmachaise,devantlecorpsdegarde du Chateau-d’ Eau. Je pesais, j’analysais chaque situation ; je medemandais bien sérieusement : à te ll e époque, par exemple, quand nousrenouvelâmesnotremobiileretde’lacajoupassâmesaupalissandre,étais-jeheureux?Le résultat que le lecteur prévoit fut que, moins d’un an après la mort de ma femme,pourquij’avaisétéunfortbonmari,commeellefutuneexcellentefemmepourmoi,je m’aperçus d’une chose dont j’eus une bien grande honte d’abord : c’est qu’àl’excepitondupremiermomentd’angoissequiavaitététerrible,’jétaisbeaucoupplus heureux114 ŒUVRES DE STENDHAL.depuis que j’étais seul. J’eus tant de honte de cette découverte, que je devins uncoquin pour la première fois, je fus hypocrite ; et deu.K jours après je déclarai àmonbeau-père,d’untonpresquetragique,quejegarderaisuneifdéiltééternelleàla femme adorable que le ciel m’avait enlevée.— En ce cas, me répondit-il d’un air fort tranquille, il faut renvoyer Âugustine, en luidonnant une gratilication de cinquante écus, et prendre une gouvernante quis’entende un peu mieux aux affaires du ménage ; car les choses ne peuvent durerainsi : quand on met des draps blancs à mon lit les samedis, ils sont toujourshumides.Etdesaifllepasunmot.Jefaililsparitrd’unéclatderireàlavuedemasottise,cequi eut tout à fait compromis ma tristesse.Maintenant, nous avons une gouvernante qui sort de chez un pair de France, et jeprendssoindemonbeau-père;rienn’estplusfacile,jevériifemoi-même’létatdesiccitédesdrapsquel’onmetàsonilt.Ce brave homme l’a su et m’a embrassé en pleurant. Me promettez-vous, m’a-t-ildit, de ne jamais abandonner le malheureux père de votre épouse ? — J’ai promis,etilavou,luabsolumentpasserunacteenvertuduquel,non-seulement’jaidroitàlamoitiédesproifts,mais,lecasarrivantdeprédécèsdesapart,jepourrai,sijeledésire, rester nanti de l’existant en caisse et en magasin, et de tout le commerce,moyennantunesommedecentmillefrancspayéeàlapersonnequisetrouveraindiquée dans sontestament.— Et cette personne ce sera vous, mon cher Philippe, me dit-il fort souvent d’un airattendri ; mais je n’encrois rien. Souvent je fais des opérations qui lui semblent tropMÉMOIRES D’UN TOURISTE. 15hardies, et je suis obligé de forcer un peu son consentement, ce que certainementlavanitéd’unParisiennesauraitpardonner.Maisactuellementj’aiunbut,j’aime’largent,etvoicibientôtdeuxans’quej’aicegoût.Jesoigneraimonbeau-péretantqu’il aura besoin de moi ; mais je suis riche. Si je le perds, je vends le commerce etje retourne aux colonies. Je n’ai pas assez d’esprit pour en mettre à chacune despetites actions de la journée, comme il le faut à Paris. 11 paraît que je vais devenirfortriche.Commejen’aimepointlecommerceengénéra,letenparticulierceluidesfers,’jagistoujoursavecunsang-froidparfait.Depuisquemonpèreentenddirequejesuisàlatêtedemaparite,ils’estmisàavoir de la considération pour moi. et si je voulais, comme je le puis, me lancerdans les hauts grades de la garde nationale, il me parlerait avec respect. Mais jesuis bien loin de ces idées ; je ne demande rien aux hommes, père ou non, que denepasmetroublerdansmatranquillité,etpeut-êtreifnirai-jeparm’allerétabilrauxcolonies, où je trouve les hommes beaucoup plus philosophes. C’est un grandrempartcontrelasotitsevaniteusequiestlepéchédenotresiècle,qued’êtreobilgédesoritrenchapeaudepailleetenjaquettedetoilelestroisquartsdel’année.Ondiraitquelenatureletlasimpilcitéducostumepassentdanslesacitons.D’ailleurs,àmonavis,lebonheurestcontagieux,etjetrouvequ’unesclaveest mille fois plus heureuxqu’unpaysande Picardie. Il est nourri,’ Départ pour les colonies à i9 ans,
6 ans auxcolonies, 6 ans de mariage, 2 ans veuf.Total, . 53 ans.IG ŒUVRES DE STENDHAL,habille, soigné quand il est malade ; il n’a nul souci au monde et danse tous lessoirsavecsamatîresse.11estvraiquetoutcebonheurvacesserlejouroùonluiapprendra d’Europe qu’il est malheureux. Je ne voudrais pas moimême retarderd’une minute leur émancipation *, je me repens même un peu de la phraseprécédente ; regardez-la, ô mon lecteur ! comme non avenue ; je ne voulais quevousdirequelaviehabituelleaumiileudesesclavesnemerendraitpointmalheureux. Ici, comme dans beaucoup d’autres choses, je pense que ce quipasse généralement pour vrai est parfaitement faux.Mais je ne dis ces choses-là que par écrit ; autrement je serais déshonoré parmilesgensàargent,mesconfrères;ilsontbeaucoupdeconsidéraitonpourmoi;ilsmecroientunbonhomme,seulementunpeubête.Si’javaisdesidées,sijeparlais,jeseraisàleursyeuxunhorriblejacobin,unennemidujuste-miileu,etc.Cetteidée,encorebienpeuarrêtée,d’allerfinirmesjoursàlaMartinique,oudumoins y passer les huit ou dix années qui me séparent encore de la vieillesse, meporte à comparer.Je me disais, il y a huit jours : Je quitterai la France, peut-être pour toujours, et je nela connais pas.Jem’apcreoisque’jaioubilededireque,deuxansaprèsmonmariage,unebanqueroute que nous éprouvâmes à Livourne, et dont le dividende fut soldé pardesvaleurssurVienne,enAutriche,medonnal’occasiondevoirl’tIaile,• Cette éinancipition, adoptée en principe par un décret du gouvernementprovisoire du 4 mnrs 1848, a été proclamée en France et réglementée, par un autredécretdelamêmeautorité,endatedu27avrilsuivant(Notede’léditeur.,)MEMOIRES’lAutricheetlaSuisse,sansquemafemmeelle-mêmepûtmetaxerdevaine curiosité.EnItaile,j’achetaiquelquestableaux.Legoûtdesarts,quinefutd’abordqu’uneconsolaiton,maisàlavéritélaseulequejepussesupporte,rs’emparabientôtd’uneâmequi,depuislongtemps,neconnaissaitd’autresémoitonsquecellesdela douleur la plus profonde. J’eus cette idée que, si je me livrais sans réserve auchagrin,unecertainepersonnenetrouveraitplusenmoiqu’unvieillardmorose,jamais le sort nous permettait de nous revoir : cette pensée changea tout monêtre.J’avaiscomprisquemondevoirstrictétaitderemplacerlaifllequ’ilavaitperdueauprès du vieux père de ma femme. Or, M. R…, élevé dans le commerce, neconnatîd’autrebonheuraumondequeceluid’acheteretdevendre.Iladoncfalluconitnuerlesaffaires,etlesort,m’ayantrefusélebonheurdel’âme,s’estobsitnéàme donner celui de la fortune. Mon beau-père est fort âgé ; quand je n’aurai plus desoinsàluidonner,ilmesemblequejetrouveraiquelqueplaisiràallerpasserunanoudeuxdanscesbeauxcilmatsoùjadisj’aitrouvéunejeunessesiexemptedesoucis et si gaie.AvantdoncdequitterlaFrance,’jaivoululaconnatîre.Aprèsl’avoirparcouruecomme un commis voyageur et avec la rapidité qu’exigent les affaires, ne pourraisje pas voyager maintenant en regardant autour de moi ? Malheureusement, je nesuispointtoutàfaitmatîredemontemps;legrandâgedemonbeau-pèreluidonneuneitmiditéinquiète,quidevientdumalheurdèsquejenesuisplusàsescôtés pour lui prouver que nos spéculations sont avantageuses.Monpère,mevoyantriche,futheureux.lIaétémembredelaChambredesdéputéspendant les quinze dernières années de sa vie, et m’a laissé quelques petitesterresvalantcentcinquantemillefrancsetgrevéesdequatre-vingtmillefrancsdedettes.C’étaitunhommeintègreetsévèrequisegloriifaitdesapauvreté.— Verrières, près Sceaux.Ce n’est point parégoitsme que je disje, c’est qu’il n’y a pas d’autre moyen deraconter vite. Je suis négociant ; en parcourant la province pour mes affaires (lecommerce dufer), j’ai eu l’idée d’écrire un journal.Il n’y a presque pas de Voyages en France : c’est ce qui m’encourage à faireimprimer celui-ci. J’ai vula province pendant quelques mois, et j’écris un livre ; maisjen’oseparlerdeParis,quej’habitedepuisvingtans.Leconnatîreest’létudedetoute la vie, et il faut une tête bien forte pour ne pas se laisser cacher le fond deschoses par la mode, qui ence pays dispose plus que jamais de toutes les vérités.LamodepouvaittoutaussidutempsdeLouisXV;ellefaisaitcondamneràmortlegénéralLally,quin’avaitd’autretortqued’êtrebrusqueetpeuaimable.Denosjours,ellejetteenprisonunjeuneofficiertoutaussicoupablequelegénéralLally.Mais il y avait pourtant, du temps de Louis XV, une difficulté de moins pour arriver àlavérité:onn’avaitpasàfairedeseffortspouroubilerlesjoliesphrasesd’unevingtained’écrivains,gensdebeaucoupdetalentetpayéspourmenti.rDESTENDHAL.AParis,oncsiassaillid’idéesloulcsfaitessurtout;ondiraitqu’onveut,bongrdmal gré, nous éviter la peine de penser, et 110 nous laisser que le plaisir de biendire.Ceslparunnialilcurcontrairequ’onestvexéenprovince.Onpasseàcôtéd’unsite charmant, oud’une ruine qui peint le moyen âge d’une manière IVanpanlo ;eh bien ! il ne se trouve personne pour vous avertir quil y a là qjelque chose decurieuxàvoi.rLeprovincial,sisonpayspassepourbeau,vantetoutégalementendes termes exagérés et vides d’idées, qui copient mal l’emphase de M. deChateaubriand.Si,aucontraire,desarticlesdejournauxnel’ontpasaveritqu’àcent pas de sa maison de campagne se trouve un paysage enchanteur, il vousrépond, quand vous demandez s’il y a dans les environs quelque chose à voir :«Ah!monsieur,qu’ilseraitfaciledesetaillercentmillelivresderenteaumiileudeces bois de haute futaie ! »— Fontainebleau, le 10 avril 1837.Enfinme voici enroute. Je chemine dans une bonne calèche achetée de rencontre ;j’aipouruniquecompagnieleifdèleJoseph,quimedemanderespectueusementlapermissiondéparieràmonsieur,etquim’impaitente.DeVerrières,oùilyadejoilsbois,àEssones,laprincipaleidéequimesoitapparue a été tout égoïste, et même du genre le plus plat. S’il m’arrive une autrefoisdevoyagerdansunevoitureàmoi,prendreundomesitquequinesachepaslefrançais.Lepaysquejeparcoursesthorriblementlaid;onnevoità’lhorizonquedegrandesilgnesgrisesetplates.Surlepremierplan,absencedetoutefertiilté,arbresrabougris et taillés jusqu’au vif pour avoir des fagots ; paysans pauvrement vêtus detoile bleue ; et il fait froid ! Voilà pourtant ce que nous appelons la belle France I Jesuisréduitàmedire:«Elleestbelleaumora,lelleaétonnélemondeparsesvictoires ; c’est le pays de l’univers où les hommes se rendent le moins malheureuxparleuracitonmutuelielesunssurlesautres:»mais,ilfaut’laMKMOIRES D’UN TOURISTE. 21vouer, au risque de choquer le lecteur, la nature n’a pas mis une source de bonheurbienvive dans ces àuies dunord de la France.Le sage gouvernement d’un roi homme supérieur n’autorise pas les insolences desrichesenverslespauvrescommeenAngleterre,oulesinsolencesetprétenitonsdes prêtres, comme dutemps de Charles X. Ainsi, me disais-je, envoyant Essonesdevantmoi,voicipeut-êtrelebourgdumondeoùlegouvernementfaillemoinsdemal aux gouvernés, et leur assure le mieux la sûreté sur la grande route, et la justicequand ils prennent envie de se chamailler entre eux. De plus, il les amuse par lagardenaitonaleetlesbonnetsàpoi.lLetondesdemi-manantsdemi-bourgeois,dontjesurprendslaconversaitonlelongdu chemin, est raisonnable et froid ; il a celte pointe de malice et de plaisanterie quiannonceàlafoisl’absencedesgrandsmalheursetdessensaitonsprofondes.Cetonrailleurn’existepointentIaile;ilestremplacéparlesilencefarouchedelapassion, par sonlangage pleind’images, oupar ia plaisanterie amère.A Essones, je m’arrête un quart d’heure chez un de nos correspondants pourvériifercetteobservation;ilcroitquejem’arrêtepourluimontrerqu’àcevoyage-cij’ai une calèche. Il me donne d’excellente bière et me parle sérieusement desélectionsiiumicipales.Jeremonteenvoitureenmedemandantsil’habiituledesélections,quiréellementnecommenceenFrancequecelleannée,vanousobligerà faire la cour à la dernière classe du peuple comme en Amérique. En ce cas, jedeviens bien vite aristocrate. Je ne veux faite la cour à personne, mais moinsencore aupeuple qu’auministre.Jemerappellequ’aumoyenâgelagorgechezlesfemmesn’étaitpasàlamode,cellesquiavaientlemalheurd’enavoirportaientdescorsetsquilacomprimaientetla dissimulaient autant que possible. Le lecteur trouve peut-être ce souvenir mi peuleste : je ne prends pas ce tonpar recherche et comme moyen22 ŒUVRES DE STENDHAL.d’esprit, Dieu m’en garde ! mais je prélends avoir la iibcrlc du lanfîage. J’ai cherchéune périphrase pendant vingt secondes et n’ai rien trouvé de clair. Si celle libertérendlelecteurmalcvole,jel’engageàfermerlelivre;ca,raulantjesuisréservéetplat à mon comptoir et dans les réunions avec mes confrères les hommes à argent,autantjeprétendsêtrenaturelelsimpleenécrivantcejournallesoi.rSijementaisle moins dunioude, le plaisir s’envolerait et je n’écrirais plus. Quel dommage !Notregaietéilberitneetimprudente,notreespritfrançais,seront-ilsécrasésetanéanitsparlanécessitédefairelacouràde.peittsartisansgrossiersetfanatiques, comme à Philadelphie ?Ladémocraiteobticndra-l-ellecetriomphesurlenaturel?Lepeuplen’estsupérieurà la bonne compagnie que lors des grands mouvements de l’àme ; il est capable,lui, de passions généreuses. Trop souvent les gens bien élevés mettent la gloire deleur amourpropre à être un peu Robert-Macaire. Qu’ est-il resté, disent-ils, auxgrandspersonnagesdelarévoluitonquin’ontpassuramasserdel’argent?Si le gouvernement, aulieude * des gens médiocres etusés, permettait à qui se sent du talent pour la parole de réunir dans une chapellelesgensquis’ennuientetn’ontpasd’argentpourallerauspectacle,bientôtnousserionsaussifanaitques,aussimorosesqu’on’lestàNew-York:quedis-je?vingtfois plus. Notre privilège est de tout pousser à l’excès. A Edimbourg, dans lesbellesconversations,lesdemoisellesneparlentaveclesjeunesgensqueduméritedeteloutelprédicateu,ret’loncitedesfragmentsdesermon.C’estpourquoi’jaimelesjésuitesquejehaïssaistantsousCharlesX.Leplusgrandcrimeenversunpeuple n’est-ce pas de lui ôter sa gaieté de tous les soirs ?Jeneverraipointcetabruiissemenlde’laimableFrance:ilDetriompheraguèreque vers 1860. Mais quel dommage que la patrie de Marot, de Montaigne et deRabelais, perde cet esprit’ Gelt&lacune existe dans la première édition. (Kote de l’éditevr.)MÉMOIRES D’UN TOURISTE. 23naturelpiquant,ilberitn,frondeu,rimprévu,amidelabravourecldeiimprudeuce!Déjà il ne se voit plus dans la bonne compagnie, et à Paris il s’est réfugié parmi lesgamins de la rue. Grand Dieu! allons-nous devenir des Genevois ?C’est à Ëssones que Napoléonfut trahi en1814.Avantd’arriveràFontainebleau,ilestunendroit,unseu,loùlepaysageméritequ’onleregarde.C’estaumomentoù’lenaperçoittoutàcouplaSeinequicouleàdeuxcentspiedsaudessousdelaroute.Lavallée,estàgauche,etforméeparuncoteauboiséausommetduquelsetrouvelevoyageu.rMais,hélas1iln’yapointde ces vieux ormeaux de deux siècles si respectables, comme en Angleterre. Cemalheu,rquiôledelaprofondeuràlasensaitondonnéeparlespaysages,estgénéral en France. Dès que le paysan voit un grand arbre, il songe à le vendre sixlouis.LaroutedeParisàEssonesétaitoccupéecemaitnparquelquescentainesdesoldats en pantalons rouges, marchant par deux, par trois, par quatre, ou sereposant étendus sous les arbres. Cela m’indigne : cette marche, comme desmoutons isolés, est pitoyable. Quelle habitude à laisser prendre à des Françaisdéjà si peu amis de l’ordre ! Vingt Cosaques auraient mis en déroute tout cebataillonquiserendàFontainebleaupourgarderlacourpendantlemariagedeM.le duc d’Orléans.UnpeuavantEssones,jecontre-passelatêtedubataillon,quifaithaltepourrailleruneparitedesonmonde,etentrerenvilled’unefaçonunpeudécente.Ausondutambourjevoislesjeunesfdlesdubourghorsd’elles-mêmesdeplaisi,retquiaccourent sur le pas de leurs portes. Les jeunes gens forment des groupe: ; aumiileudelarue;tousregardentlebataillonquiseformeauboutduvillageversParis,et,commelarouteestdémesurémentlarge,on’laperçoitfortbien.Jemerappelle cet air de Grélry:RiennepiaittantauxyeuxdesbellesQuelecouragedess;uerrierst24 ŒUVRES DE STENDHAL.Cela est admirablement vrai en France ; elles aiment le courage avanliireux,imprudent, pas du tout le courage tranquille et magnanime de Turenne ou dumaréchal Davoust. Tout ce qui est profond n’est ni compris ni admiré en France :Napoléon le savait bien ; de là ses affectations, ses airs de comédie qui Teussenlperduauprèsdunpubilcitailen.A Fontainebleau, dîné fort bien à Thôtel de la ville de Lyon. C’est un hôlclSwogf(tranquille,silencieux,àifguresprévenantes),commeBox-IIill,prèsdeL«ondres.Je vais au château au bout de la rue Royale, je le trouve fermé. Rien de plus simple,ons’occupedespréparaitfsdelanoce.Maisautrefoisj’aifaitl’inventairedeFontainebleau; unemployé de ce temps-là me permet de jeter un coup d’oeil d’amisur la cour du Cheval-Blanc, qui doit ce nom à un modèle en plâtre du cheval deMarc-Aurèle, au Capilole, que Catherine de Médicis y avait fait placer. Uneprincesse italienne a toujours un fonds d’amour pour les beaux-arts. Ce modèle nefuienlevéqu’en1626.C’estuntIailen,SébastienSerliodeBologne,quidessinaetbâtit cette cour eu1529.J’y vois, des yeux de l’âme, un groupe en bronze placé là en 1880 : c’est ^lapoléonqui fait ses adieuxà l’armée enembrassant unvieuxsoldat.Je rencontre des hussards du quatrième régiment, le régiment modèle Leshussards sont très-fiers, parce qu’ils sont les seuls en France qui, avec le dolmanrouge, puissent porter le pantalon bleu de ciel. Honneur auxchefs qui savent donnerunevaleurinfinieàcespeitteschoses!Jevoisferrerunchevalfougueux;unhussard le fascine par le regard et le contient immobile. Un hussard selle soncheva,ls’habilleetfaitfeuendeuxminutes.Onparlebeaucoupd’undesplusgrandspersonnagesdurégimeactue,lquirépondaithieràundesescilentsquilesolilcitait:— De grâce ! mon cher, pour le moment, ne me parlez de rien. Celte expédition deConstanitneestpourmoicomme’lépéei’UoratiusCodéssuspenduesurmaIcte.MÉ MOIRES D’UN TOURISTE. 25Puisque je ne peux entrer au châleau, je demande des chevaux de poste. J’auraisvoulu voir certaines peintures du Primatice qu’on dit fort bien restaurées ; c’est ungrand mot. Comment notre goût empesé et maniéré aurail-il pu continuer lasimplicitédubontIalien?D’ailleursnospeintresnesaventpasfairedesifguresdefemmes. Probablement je n’ai perduque des haussements d’épaules.C’estdanslepetitpamphletàlaVotlaire,c’estdanslesarticlesduCharivari,quandles auteurs sont en verve, que nous sommes inarrivables. Par exemple, la visite duroideNaplesàlaBibilothèqueroyale(en1836,jecrois):Zevoudraisbienm’enaller.Touslesgensd’espritd’Allemagne,d’Angleterreetmêmed’Itailesecotiseraientensemble, qu’ils ne pourraient faire de tels articles. Mais restaurer une fresque duPrimatice!c’estautrechose.Nousserionsbattusmêmepar’lAllemagne.LechâteaudeFontainebleauestextrêmentmalsitué,dansunfond.lIressembleàundicitonnaired’architecture;ilyadetout,maisrienn’esttouchant.LesrochersdeFontainebleau sont ridicules ; ils n’ont pour eux que les exagérations qui les ont misàlamodeLeParisienquin’arienvuseifgure,danssonétonnement,qu’unemontagne de deuxcents pieds de haut fait partie de la grande chaîne des Alpes. Lesoldelaforêtestdoncfortinsignifiant;mais,danslesileuxoùlesarbresontquatre-vingtspiedsdehaut,elleesttouchanteetfortbelle.Cetteforêtavingtdeuxileuesdelongetdix-huitdelarge.Napoléonyavaitfaitpraitquertroiscentslieuesderoutessurlesquellesonpouvaitgalope.rlIcroyaitquelesFrançaisaimaientlesrois chasseurs. Il y a deux anecdotes sur Fontainebleau, le récit de la mort deMonaldeschi par le père Lebel, qui le confessa ^ et la grossesse de labbesse dumonastèredelaJoie,racontéeaupeittcoucherdeLouisXIVparleducd’A,son*"*père,quineserappelaitpluslenomducouventdontsaiflleétaitabbesse^.Recueil de Pièces, par Laplace, tome IV, p. 319.• Mémoires de Saint-Simon,26 ŒUVUBS DE STENDHAL.Monaldescbi connaissait le temps où il vivait et la princesse qu’il sevn\it. L’épéed’iiu des trois valets qui exécutèrent la sentence de Christine se faussa sur la gorgedupauvreamantinifdèle:c’estquilportaithabituellementunecottedemaillesquipesait neuf à dixlivres.J’aime mieuxqu’il yait un préfet de police qui quelquefois, il est vrai, fait visiter mespapiers, et ne pas être obligé de marcher toujours armé : ma vie est pluscommode;mais’jenvauxmoins,’jensuismoinshommedecœur,etjepâilsunpeuà’lannoncedupéri.l— Montargis, leli avril.