Gabriel Marc La Frégate Le Parnasse contemporain : Recueil de vers nouveaux, Alphonse Lemerre (Slatkine Reprints), 1869-1871 (1971) (pp. 189-189).
GABRIEL MARC —— SONNETS PARISIENS LA FRÉGATE
Toi qui devrais bondir sur la mer, ô frégate ! À travers la mitraille & les flots irrités, Quel triste sort te rive aux pierres des cités, Et te pend une enseigne au front, comme un stigmate ?
Morne, ainsi qu’un oiseau retenu par la patte, Tu regrettes l’azur & les immensités. Le bourgeois se prélasse en tes flancs attristés, Et ta quille a des airs navrés de cul-de-jatte.
Le batelet t’insulte & le lourd remorqueur, En rampant devant toi, te lance un cri moqueur. Oh ! qui pourra sonder ton destin sans exemple ?
Ta cale désormais sert aux ablutions. Ta proue est enchaînée & ta hune contemple La Caisse des dépôts & consignations !