Ce long jour a fini par une lune jaune Qui monte mollement entre les peupliers, Tandis que se répand parmi l’air qu’elle embaume L’odeur de l’eau qui dort entre les joncs mouillés.
Savions-nous, quand, tous deux, sous le soleil torride Foulions la terre rouge et le chaume blessant, Savions-nous, quand nos pieds sur les sables arides Laissaient leurs pas empreints comme des pas de sang,
Savions-nous, quand l’amour brûlait sa haute flamme En nos cœurs déchirés d’un tourment sans espoir, Savions-nous, quand mourait le feu dont nous brûlâmes Que sa cendre serait si douce à notre soir,
Et que cet âpre jour qui s’achève et qu’embaume Une odeur d’eau qui songe entre les joncs mouillés Finirait mollement par cette lune jaune Qui monte et s’arrondit entre les peupliers ?