LE RÉVEIL La seule chose que j’envie, C’est de sentir autour de moi Frémir l’insulte de la vie Pour en tirer un peu d’émoi. Salut donc, printemps dont le livre M’offre un martyrologue sûr, Salut, cher bourreau qui me livre Au vaste dédain de l’azur. Partout, en poses langoureuses, M’environne l’injure en fleur, Les petites feuilles heureuses Tirent la langue à ma douleur. Le brin d’herbe qui me renie Pour me siffler trouve une voix. Ce sont des touffes d’ironie, Et non des roses que je vois. Le jour me frappe de sa lance, Et je sens jusqu’au fond des os Les coups d’épingle que me lance Le chant pépiant des oiseaux.