Comme autour d'une meule, et roidissant leur chaîne Des captifs en sueur, pleins de rage et d'efforts, Les globes surchargés de vivants et de morts Autour des vieux soleils tournent à perdre haleine.
Un invisible fouet les harcèle et les mène, Tous, les moins vigoureux autant que les plus forts, Chacun, à sa façon, pousse, en rongeant son mors, Ou son cri de torture, ou sa clameur de haine.
Ils n'entendent, au fond des lointains univers, Que leurs propres sanglots mêlés au bruit des fers. L'homme a du moins l'oubli, les bœufs ont leurs étables,
Mais toi, que le destin flagelle à tour de bras, Jamais, jamais, jamais tu ne t'endormiras О troupeau haletant des mondes lamentables !