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Victor Hugo — Les ChâtimentsUn autreCe Zoïle cagot naquit d'une Javotte.Le diable, - ce jour-là Dieu permit qu'il créât, -D'un peu de Ravaillac et d'un de NonotteComposa ce gredin béat.Tout ...

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Langue Français

Extrait

Victor HugoLes Châtiments Un autre
Ce Zoïle cagot naquit d'une Javotte. Le diable, - ce jour-là Dieu permit qu'il créât, -D'un peu de Ravaillac et d'un de Nonotte Composa ce gredin béat.
Tout jeune, il contemplait, sans gîte et sans valise, Les sous-diacres coiffés d'un feutre en lampion Vidocq le rencontra priant dans une église, Et, l'ayant vu loucher, en fit un espion.
Alors ce va-nu-pieds songea dans sa mansarde, Et se voyant sans coeur, sans style, sans esprit, Imagina de mettre une feuille poissarde Au service de Jésus-Christ.
Armé d'un goupillon, il entra dans la lice Contre les jacobins, le siècle et le péché. Il se donna le luxe, étant de la police, D'être jésuite et saint par-dessus le marché.
Pour mille francs par mois livrant l'eucharistie, Plus vil que les voleurs et que les assassins, Il fut riche. Il portait un flair de sacristie Dans le bouge des argousins.
Il prospère ! - Il insulte, il prêche, il fait la roue ; S'il n'était pas saint homme, il eût été sapeur ; Comme s'il s'y lavait, il piaffe en pleine boue, Et, voyant qu'on se sauve, il dit : comme ils ont peur !
Regardez, le voilà ! - Son journal frénétique Plaît aux dévots et semble écrit par des bandits. Il fait des fausses clefs dans l'arrière-boutique Pour la porte du paradis.
Des miracles du jour il colle les affiches. Il rédige l'absurde en articles de foi. Pharisien hideux, il trinque avec les riches Et dit au pauvre : ami, viens jeûner avec moi.
Il ripaille à huis clos, en publie il sermonne, Chante landerirette après alleluia, Dit un pater, et prend le menton de Simone... -Que j'en ai vu, de ces saints-là !
Qui vous expectoraient des psaumes après boire, Vendaient, d'un air contrit, leur pieux bric-à-brac, Et qui passaient, selon qu'ils changeaient d'auditoire, Des strophes de Piron aux quatrains de Pibrac !
C'est ainsi qu'outrageant gloires, vertus, génies, Charmant par tant d'horreurs quelques niais fougueux, Il vit tranquillement dans les ignominies, Simple jésuite et triple gueux.
Septembre 1850.
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