Revue philosophique de la France et de l’étranger - Présentation par Théodule Ribot
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Revue philosophique de la France et de l’étrangerThéodule RibotPrésentationre1 année, tome 1, 1876, pp. 1-4Revue philosophique de la France et de l’étranger - Présentation par Théodule RibotLa Revue philosophique dont nous commençons la publication se propose d’être ouverte à toutes les écoles. A ce titre, elle n’aaucune profession de foi rigoureuse à faire, et il suffit d’indiquer brièvement le but qu’elle poursuit et les moyens qu’elle compteemployer.On peut, en fondant un journal philosophique, se proposer d’être l’interprète exclusif d’une doctrine, le représentant d’un système unique et à ce titre ne rien accepter qui s’en écarte. Telle n’est pas notre intention. Il y a, en France, des publications de ce genre quiaccomplissent leur tâche avec habileté et ardeur. Mais il nous a semblé qu’à côté d’elles, il y avait place pour un travail d’un autreordre qui aurait aussi son utilité. Notre Revue se propose de donner un tableau complet et exact du mouvement philosophique actuel,sans exclusion d’école. Elle ne veut être l’organe en titre d’aucun système et elle convie à son œuvre les étrangers comme lesFrançais.La tendance inévitable de chaque doctrine est de se renfermer en elle-même et de ne consacrer à ses adversaires que des articlesde critique et de polémique ; nous offrons ici au contraire à chacune d’elles un terrain neutre où elles pourront se produire, serencontrer, s’étudier. Il n’est pas bien sûr, en effet, que les diverses écoles se connaissent ...

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Revue philosophique de la France et de l’étranger Théodule Ribot
Présentation re 1 année,tome 1, 1876, pp. 1-4 Revue philosophique de la France et de l’étranger - Présentation par Théodule Ribot
LaRevue philosophique dontnous commençons la publication se propose d’être ouverte à toutes les écoles. A ce titre, elle n’a aucune profession de foi rigoureuse à faire, et il suffit d’indiquer brièvement le but qu’elle poursuit et les moyens qu’elle compte employer.
On peut, en fondant un journal philosophique, se proposer d’être l’interprète exclusif d’une doctrine, le représentant d’un système uni que et à ce titre ne rien accepter qui s’en écarte. Telle n’est pas notre intention. Il y a, en France, des publications de ce genre qui accomplissent leur tâche avec habileté et ardeur. Mais il nous a semblé qu’à côté d’elles, il y avait place pour un travail d’un autre ordre qui aurait aussi son utilité. NotreRevuese propose de donner un tableau complet et exact du mouvement philosophique actuel, sans exclusion d’école. Elle ne veut être l’organe en titre d’aucun système et elle convie à son œuvre les étrangers comme les Français.
La tendance inévitable de chaque doctrine est de se renfermer en elle-même et de ne consacrer à ses adversaires que des articles de critique et de polémique ; nous offrons ici au contraire à chacune d’elles un terrain neutre où elles pourront se produire, se rencontrer, s’étudier. Il n’est pas bien sûr, en effet, que les diverses écoles se connaissent suffisamment et peut-être qu’un contact réciproque aurait pour résultat de dissiper bien des malentendus ; en tout cas, il permettrait de ne juger qu’en pleine connaissance de cause. Sans admettre un éclectisme qui n’aurait aucune valeur et qui n’a rien de commun avec l’esprit de laRevue, il nous semble difficile de nier que toutes les philosophies s’accordent par certains points et que, par conséquent, un contact entre elles est possible, autrement que pour s’attaquer. Si vivement qu’elles se combattent, il est certain que les raisons qui les séparent sont bien moins nombreuses que celles qui les unissent, puisque toutes poursuivent les mêmes problèmes, parlent la même langue, s’adressent à une même famille d’esprits.
Pour donner ce tableau complet du mouvement philosophique, ce qui est notre but, le moyen le plus simple et le meilleur, c’est de laisser parler librement chaque école sous sa responsabilité propre. En conséquence, le positivisme pur, l’Ecole expérimentale qui compte des représentants en France et enAllemagne aussi bien qu’enAngleterre, le criticisme issu de Kant, le spiritualisme qui dans ces derniers temps a pris chez nous une nouvelle forme en s’inspirant surtout de Maine de Biran, trouveront ici un champ libre pour se produire. LaRevuen’exclura que les articles en dehors du mouvement philosophique, c’est-à-dire qui étant consacrés à des doctrines déjà connues, rajeunies seulement par un talent d’exposition littéraire, n’auraient rien à apprendre aux lecteurs.
L’ensemble des questions que nous nous proposons d’embrasser est vaste. Sans prétendre en donner une classification qui ait quelque valeur scientifique, nous pouvons les ramener à cinq groupes.
Tout d’abord l’ensemble des études qui ont pour but la connaissance théorique de l’homme. La psychologie est une des parties les plus anciennes de la philosophie ; Socrate, avant tout, engageait l’homme à s’étudier. Mais ce qui alors paraissait assez simple est devenu pour nous un problème très-complexe. Nous n’en sommes plus au temps où l’on soutenait que la psychologie était à peu près faite. On n’oserait plus prétendre qu’il suffît pour la faire de s’étudier intérieurement et l’on reconnaît, en général, que l’anatomie, la physiologie, la pathologie mentale, l’histoire, l’anthropologie sont pour elle d’une utilité directe et immédiate. Il y a donc là un ample champ de recherches, surtout si l’on y joint la logique et l’esthétique qui ne sont guère que des parties de la psychologie, l’une étudiant le mécanisme de la raison humaine, l’autre une certaine forme de plaisir, celui que nous cause le beau.
La morale, avec les sciences qui s’y rattachent, forme un autre groupé consacré à l’étude des actions humaines. Ici encore nous rencontrons des conceptions nouvelles. Ainsi, tandis que les uns aspirent à faire de la morale la base même et le dernier mot de toute la philosophie, d’autres travaillent à la constituer en science humaine, indépendante de toute conception religieuse. Enfin d’au tres, lui appliquant la méthode des sciences positives, recueillant et interprétant les faits actuels ou passés, cherchent à lui donner une base naturelle, à titre de condition d’existence de toute société.
Les sciences de la nature, organique ou organisée, suggèrent des théories générales qui sont pour nous du plus haut intérêt et qui entrent directement dans le domaine de la philosophie. Il suffit de rappeler à cet égard les discussions incessantes auxquelles le principe de la corrélation des forces et l’hypothèse de l’évolution donnent lieu et, dans un ordre plus restreint, les théories chimiques et les diverses conceptions de la vie.
Enfin, au delà de ces diverses spéculations qui toutes reposent à divers degrés sur l’expérience, la métaphysique, niée par les uns, posée à titre de simple possibilité par les autres, ne désespère pas d’atteindre le but et ne cesse de s’affirmer par des essais qu’aucun échec ne lasse. LaRevuelui garde une place, car elle ne fait pas profession d’empirisme pur ; mais aux métaphysiciens eux-mêmes elle demandera des faits, étant bien persuadée que nulle part on ne peut se passer de l’expérience et que là où elle manque, il n’y a plus que des arguties de logique, des créations imaginaires ou des effusions mystiques.
Nous comptons aussi publier des études nouvelles sur l’histoire de la philosophie, en employant la méthode de critique rigoureuse qui tend à prévaloir de plus en plus dans les travaux historiques. Malgré les nombreux ouvrages qui on paru en France depuis un demi-siècle, il reste beaucoup de questions à reprendre dans l’évolution de la pensée humaine, depuis les premiers essais de la philosophie grecque, que les orientalistes nous ont mis à même aujourd’hui de mieux comprendre, jusqu’aux systèmes du siècle dernier, comme ceux de Berkeley et de Hume, que les spéculations les plus récentes contribuent à éclairer.
Tel est l’ensemble des questions auxquelles laRevue consacrerasoit des articles originaux, soit des comptes-rendus et des analyses. Nous espérons que le lecteur, quelque opinion qu’il professe, y trouvera du profit. Souvent, pour notre part, nous avons été frappés de ce fait que, tandis qu’un physiologiste n’oserait reprendre un problème avant de s’être assimilé l’œuvre de ses devanciers, tandis qu’un historien encourrait de graves reproches, s’il n’étudiait d’abord les travaux antérieurs aux siens ; en philosophie, au contraire, rien n’est plus commun que l’ignorance de ce qui se fait autour de nous. De là ce travail de pensée solitaire qui, pour une œuvre originale, aboutit presque toujours à des répétitions inutiles ou à la stérilité. LaRevues’efforcera de venir en aide à tous ceux qui pensent que pour trouver il ne suffit pas de se renfermer en soi-même, en leur fournissant ce qu’elle demande avant tout à ses collaborateurs : des faits et des documents.
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