Dans la Peau d un Prof 1, 2 et 3
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Dans la Peau d'un Prof 1, 2 et 3

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Description

Souvenirs d'une carrière bien remplie

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Publié le 30 juin 2011
Nombre de lectures 375
Langue Français

Extrait

Dans la Peau d’un Prof
Kohlan
1. Emotions contradictoires
Ne vousdérangezpas, letempsne fait quepasser. Vassilis Alexakis
30 juin 2010. Assemblée générale de fin d’année. Enfin ! Les professeurs de l’Institut sont soulagés : ils ont devant eux deux mois de vacances pour se détendre et oublier le stress de l’année écoulée. Pour 12 collègues et moi même : beaucoup d’émotions. Nous avons décidé, après beaucoup hésitations, d’accepter notre mise en disponibilité en fin de carrière. Nous allons fermer notre journal de classe et nos classeurs définitivement après plus de 30 années de travail dans l’enseignement. Il n’y aura plus de cours à préparer, plus d’examens à corriger. Nous aurions pu rester encore un peu… mais une autre vie se profile à l’horizon et nous voulons en profiter.  Nous sommes tous rassemblés dans l’auditoire, une grande salle moderne et impersonnelle, dans laquelle on a placé des rangées de chaises pour accueillir l’ensemble du corps professoral. De grandes fenêtres donnent sur la cour de récréation de l’école primaire. De jeunes enfants s’y amusent bruyamment sous l’œil attentif de leur institutrice. Un groupe de petites filles nous fait des grimaces à travers les vitres, jusqu’à ce que Madame Françoise vienne les rappeler à l’ordre. Nous attendons la direction pour le speech annuel de fin d’année. Aujourd’hui, pour la dernière fois, nous sommes assis aux premiers rangs. Certains collègues nous envient. Martine, professeur d’histoire, doit encore travailler 10 ans pour obtenir une pension convenable. Elle ne comprend plus les élèves de la nouvelle génération et se verrait bien quitter l’enseignement.  Pierre est un professeur de français bardé de diplômes. Très intelligent, il n’a pourtant jamais réussi, ni à faire passer sa matière ni à tenir une classe. Chaque cours est pour lui une épreuve mais que pourrait ‘ il faire d’autre ? L’équipe de la direction arrive et prend place derrière les micros. Le directeur, toujours très élégant, évoque les problèmes rencontrés cette année au sein de l’institut. Il annonce déjà aux enseignants une diminution du nombre d’heures disponibles pour organiser l’année prochaine. Ceci signifie malheureusement que quelques jeunes profs perdront leur emploi pendant les vacances.
La sous-directrice fait le bilan des activités de l’année. Elle remercie ensuite le corps professoral pour sa participation aux journées portes ouvertes et autres évènements importants dans l’école. J’écoute mais ne me sens plus impliquée. Je suis déjà sur une autre planète. Des sentiments contradictoires m’envahissent quand je réalise que ces instants sont les derniers d’une longue carrière riche en expériences humaines. Finalement, la direction aborde le sujet des futurs pensionnés. Le stress m’envahit. Je redoute ce moment solennel qui va mettre un terme officiel à ma carrière. En cette fin d’année, la direction a été très sollicitée. Pour faciliter les choses, nous sommes tous évoqués l’un après l’autre dans un bref discours. Nous recevons, chacun, un chèque cadeau d’une valeur de 15 euros à échanger dans une librairie en remerciement des services rendus. C’est ainsi que se termine une longue carrière de professeur ! Heureusement que les collègues ont organisé vendredi passé une soirée festive dans un restaurant réputé de la région et qu’ils se sont cotisés pour nous offrir le petit cadeau souvenir indispensable : un autre chèque cadeau à échanger contre des livres pour une valeur de 30 euros. Heureusement, j’aime lire. L’impressionnant diplôme « du bon retraité », signé par tous les enseignants, est déjà accroché sur le mur de mon bureau. On quitte l’auditoire en discutant de nos projets personnels. On se donne la main, on s’embrasse, on se promet de se revoir souvent. Un livre vient de se terminer. J’en ouvre un autre ….
2. Premières impressions. L'éducationest à l'âme ce que lasculptureest à un bloc demarbreJoseph Addison
1 septembre 1979. J’ai atteint mon but : après 4 longues années d’étude à l’université, je suis enfin professeur de langues germaniques. J’ai 22 ans et toute une carrière devant moi. Enfant, je rêvais déjà de devenir enseignante. Mon jeu préféré était de jouer à l’institutrice, avec le grand tableau vert que mon père m’avait fabriqué pour que je puisse vraiment me croire dans une classe. Je pense souvent aux bons moments passés sur le palier du troisième étage, devant mon petit bureau avec mes poupées, élèves modèles ou turbulentes. Mon ourson faisait aussi partie de la classe et n’était pas le plus sage du groupe. Il était d’ailleurs régulièrement puni. Aujourd’hui, je fais mes premiers pas dans la « vraie » école. Je contiens mon enthousiasme. Je ne peux m’empêcher de penser à ce professeur d’histoire qui, après une élocution que j’avais faite à son cours pendant mes études secondaires, avait remarqué que j’étais douée pour m’adresser à une classe. D’après elle, je ferais certainement un bon professeur. J’espère qu’elle ne s’est pas trompée. J’entre dans la salle des professeurs pour la première fois. Etes-vous déjà entré dans une salle de professeurs ? Vous y trouverez des tables trop étroites, des casiers trop petits, un frigo pas toujours très propre, une machine à café qui, quand elle n’est pas en panne, distribue une boisson douteuse et quelques armoires dont on a perdu les clés, il y a bien longtemps. Heureusement, quelques plantes vertes donnent à la pièce un air moins austère. Aux murs, quelques posters défraîchis qui datent de plusieurs années et que personne n’ose enlever. Pendant les vacances, quelques
bénévoles sont venus rafraîchir le plafond qui affiche une belle couleur blanche. Vous y trouverez également, près de la porte, un énorme panneau d’affichage, que la plupart des professeurs consultent par habitude deux ou trois fois par jour pour y découvrir les nouvelles informations ou directives concernant la vie dans l’école. Pourtant, les affiches sur ce panneau ne sont renouvelées que sporadiquement. Je me suis souvent demandée, ce qui incitait les professeurs à se retrouver devant ce tableau plusieurs fois par jour. Sans doute, pour certains une façon d’évacuer un peu le stress de la journée dans l’espoir d’une bonne nouvelle, pour d’autres l’occasion de bavarder avec des collègues. - Bonjour, je suis le nouveau professeur de langues germaniques. Je m’appelle Anne et vous ? - Bonjour, je suis Michèle et je donne cour d’histoire et de géographie en section arts et sciences. Nous travaillerons probablement ensemble. - Salut, moi je suis Vincent. Je suis professeur de gymnastique dans cet institut depuis 25 ans ….toujours fidèle au poste … La majorité des professeurs ont l’air détendus et bronzés. Beaucoup semblent heureux de retrouver leurs collègues et leurs élèves. D’autres ont une mine moins réjouie. - Je me demande si Tom est encore dans l’école … il m’en a fait voir des vertes et des pas mûres l’année dernière. - Finies les vacances… je me demande comment seront les élèves cette année. - J’espère que mon horaire sera plus vivable que le précédent. J’étais sur les genoux au mois de juin. - Je me réjouis de voir qui sont les élèves de 5me Langues Modernes. J’espère qu’ils ne sont pas trop nombreux et qu’ils seront plus motivés que ceux de l’année passée. Heureusement, Christa vient vers moi. J’apprendrai plus tard que Christa est ma collègue directe et donne cours de néerlandais au cycle supérieur. Très positive et enthousiaste, elle me conduit vers l’auditoire pour assister à la première réunion générale des professeurs de l’année. Ma première réunion. Dans l’auditoire, une centaine de professeurs attendent le directeur avec impatience. Je choisis de m’assoir au milieu de la salle pour me
fondre dans le public. Je me sens plus à l’aise quand Christa s’assied à coté de moi : grande et élégante, elle est souriante et semble à l’aise. Je ne suis plus toute seule dans cet univers que je découvre avec curiosité. La salle est vétuste et a besoin d’être rénovée. Il manque des chaises et plusieurs enseignants restent debout le long des fenêtres. Dans la cour règne un calme plat : les élèves de l’école primaire ne rentrent à l’école que demain. Les futurs collègues se sont regroupés et je devine que des clans se sont formés parmi les professeurs de l’institut. Aux premiers rangs, des enseignants bavardent bruyamment. Les plus jeunes se sont assis près de la fenêtre et se montrent des photos de leurs voyages à l’étranger. Au fond de la salle, quelques jeunes dames occupent les derniers rangs, probablement dans l’espoir de pouvoir s’éclipser avant la fin de la réunion pour aller rechercher leurs jeunes enfants à leur école. Célibataire depuis peu, je ne peux m’empêcher de repérer les jeunes collègues masculins présents dans la salle. Ils sont assis ensemble quelques rangs devant moi. Parmi eux, un jeune homme souriant retient mon attention.
Le directeur, la cinquantaine bedonnante, prend la parole. Il doit crier : le micro ne fonctionne plus et on a oublié de le réparer pendant les vacances. Après avoir souhaité une bonne rentrée à tous, il annonce que le nombre d’élèves a heureusement augmenté, ce qui permettra d’engager quelques nouveaux professeurs. Il aborde ensuite le calendrier de l’année scolaire et compte sur la bonne volonté de tous les professeurs pour que tout se déroule au mieux au sein de l’institut. Il demande également à chacun de faire un effort de ponctualité et de participer à la campagne propreté qui débutera dès le retour des élèves dans l’école. Il termine son discours par la présentation des nouveaux professeurs. - Melle Monique Bonfleur est le nouveau professeur de sciences. Elle va remplacer Mme Garsou qui est, comme vous le savez en congé, de maternité. - M. Pierre Denoël enseignera l’art et l’histoire de l’art en sections professionnelles pendant toute l’année scolaire.
- Melle Anne Kohl, professeur de néerlandais et d’anglais, donnera cours aux élèves de Langues modernes, Sciences appliquées et Chimie. Nous lui souhaitons la bienvenue. Suivant l’exemple de mes collègues, je me lève et salue l’assemblée d’un petit signe de la main sous les applaudissements de bienvenue. Je fais de mon mieux pour cacher l’émotion qui m’envahit : ce sont mes premiers pas dans le monde des enseignants. Demain sera un grand jour : premier cours, première classe, premiers élèves. Je suis heureuse mais inquiète.
3. Découverte. Le véritable enseignement n’est point de te parler mais de te conduire.
2 Septembre 1979. Je me réveille, impatiente et nerveuse.
Antoine de Saint- Exupéry
Je vais rencontrer mes élèves pour la première fois. Je me doute que l’impression que je vais leur donner aujourd’hui, déterminera probablement leur attitude tout au long de l’année. Mieux vaut ne pas se montrer trop sévère ou trop laxiste. Le pantalon noir et le chemiser blanc, qui attendent sur une chaise depuis une semaine, me semblent subitement trop stricts. J’opte donc pour une apparence plus décontractée : un pantalon en jeans et une petite veste rouge à manches courtes. J’arrive trop tôt à destination. J’en profite pour jeter un coup d’œil à la façade de l’établissement, dans lequel je vais commencer ma carrière d’enseignante. Le bâtiment est assez austère. Sa longue façade de briques est néanmoins décorée de quelques détails architecturaux qui retiennent mon attention. Des colonnades en béton et des fenêtres en ogives allègent un peu la sévérité de l’ensemble. Une statue de la vierge et l’enfant trône au dessus de la porte d’entrée qui vient de s’ouvrir. Un brouhaha se fait entendre dans la grande cours. Les élèves attendent maintenant le professeur titulaire de leur classe et échangent bruyamment leurs souvenirs de vacances. Je me dirige vers le groupe dont je serai plus particulièrement responsable cette année. Mon cœur bat à tout rompre et je ne sais toujours pas comment je vais aborder ces jeunes gens et jeunes filles. On ne nous a pas appris cela à l’université ! Je décide à nouveau, qu’une attitude décontractée mais autoritaire devrait être la plus appropriée. J’aborde le groupe avec un franc sourire et je m’adresse à eux d’un ton aussi ferme que possible. - Bonjour. Je suis votre titulaire et professeur d’anglais. Suivez-moi ! Nous ferons connaissances dans votre classe. Je suis contente de voir que les élèves obtempèrent sur le champ mais mon bonheur est de courte durée. Je déchante quand j’entends le tintamarre qu’ils font dans les escaliers. On pourrait penser qu’un groupe de fêtards a envahi le bâtiment. Excités à l’idée de se retrouver, ils crient et se bousculent. Deux garçons s’amusent à tirer les cheveux des filles devant eux. Elles hurlent, plus pour se faire remarquer que pour se défendre.
Je me dis que je devrai mettre les choses au point dès que nous aurons franchi la porte du local. Je me croyais bien préparée au métier de professeur mais je me rends compte qu’on ne nous a pas tout expliqué. Bien sur, je connais bien les langues que je dois enseigner et j’ai des notions théoriques de pédagogie. J’ai également fait quelques de stages sous l’autorité de professeurs mais on ne nous a pas vraiment préparés à vivre avec des adolescents. Il faut que je réagisse. - Silence ! On n’est pas à la foire ici ! Je ne veux plus rien entendre ! Mon sourire a disparu et mes yeux sont devenus des révolvers. Le groupe se calme et je pense que j’ai marqué un point lorsque j’entends : - Je ne vois pas pourquoi on devrait vous obéir ! Vous n’êtes pas beaucoup plus âgée que nous ! Je parie que vous n’avez même pas 25 ans. Un élève, plus grand que moi, me fixe d’un air insolent. Il voit mes joues devenues subitement trop rouges et attend ma réaction avec un sourire narquois. Je lance sans réfléchir : - Écoute-moi bien ! Quand tu auras un diplôme d’enseignant et que tu seras devenu mon collègue, tu ne devras plus suivre mes consignes. En attendant, tu as intérêt à suivre le règlement de l’école et à obéir à tes professeur…. et il se fait que je suis un de tes professeurs. Ce n’est pas une question d’âge. Et maintenant, tu rentres dans la classe, tu t’assieds et surtout tu te tais ! Par bonheur, l’élève est décontenancé et s’exécute. Je respire un grand coup et je rentre dans la classe. Je ferme la porte. Je me retourne vers les élèves. Devant moi, se trouve un groupe très hétérogène. Ils doivent avoir entre 17 et 20 ans. La mixité est récemment entrée en vigueur et quatre garçons sont venus se perdre au milieu des filles. J’ai déjà compris que je devrai m’en méfier, du moins au début. Plusieurs nationalités se côtoient dans la classe et probablement que les débats seront vifs, quand il s’agira d’exprimer son opinion. Les élèves me regardent avec attention. Je leur demande de remplir la traditionnelle feuille d’identification dans le calme.
J’ai imprimé ces documents avec des stencils hier, après la réunion générale, non sans peine.
Christa m’avait expliqué la méthode à suivre : -Tu dois d’abord écrire le texte avec une machine à écrire traditionelle, sur un stencil, sans utiliser ruban. - Et si je fais une faute de frappe ? - Si tu te trompes, tu peux coller un petit morceau de papier collant très fin sur les erreurs. Tu peux aussi utiliser un vernis correcteur rouge pour boucher la perforation inutile. - Et pour imprimer les documents ? - Dans le local « imprimerie » de l’école, il y a une « stencileuse » à la disposition des profs .Tu fais glisser doucement le stencil sur le rouleau encré de la machine. L’encre traverse alors les perforations et s’imprime sur une feuille. Tu recommences autant de fois qu’il te faut de feuilles. Tu verras. Il faut beaucoup de patience. Christa avait omis de me dire que je sortirais de l’imprimerie les doigts remplis d’encre et convaincue qu’il serait dorénavant plus facile de dicter la matière aux élèves que de dupliquer les feuilles avec la « stencileuse ».
Les fiches complétées sont maintenant sur le bureau. C’est le moment de dicter le nouvel horaire aux élèves. Trop préoccupée par la crainte que la classe ne m’écoute pas, je ne vois pas qu’un élève a déposé son sac au milieu du couloir. Dans ma hâte, je me trébuche et manque de tomber sur l’estrade. Je me retiens heureusement au bureau et parviens à éviter la chute de justesse. Un professeur qui s’étale pendant le cours, c’est toujours amusant. Les élèves rient de bon cœur du spectacle que je leur ai offert. Il fallait bien que cela m’arrive le premier jour. Je ne sais pas comment réagir. Faut-il me fâcher ? Faut-il rire avec eux ? Après quelques secondes d’hésitation, je me mets à rire aussi.
L’ambiance se détend. La sonnerie indiquant la fin du cours retentit et nous libère.
Pendant la pause, les professeurs se retrouvent au studio. La salle empeste la fumée : il n’y a pas de local pour les fumeurs et fumer n’est pas encore interdit dans les lieux publics. La file est longue à la machine à café et j’abandonne l’idée de me détendre une tasse à la main. Je ne sais pas où m’assoir : la plupart des chaises sont occupées et chacun semble avoir sa place fixe. De plus, je ne connais encore personne et les dix minutes de récréation sont trop courtes pour faire connaissance. Je m’assiérai donc une autre fois. Les professeurs discutent bruyamment et échangent leurs premières impressions de l’année. Ils ont l’air heureux de se retrouver après deux mois de vacances. Vincent détend l’atmosphère en racontant une blague. Le jeune collègue, que j’ai remarqué hier dans l’assemblée, est debout devant la cheminée. Christa m’explique qu’il est comme nous, professeur de langues étrangères et qu’il se prénomme Alain. Je voudrais aller parler avec lui mais la sonnerie nous rappelle qu’il est l’heure d’aller en classe. Un peu nerveuse, je me dirige vers le deuxième étage. Je m’arrête un instant devant la porte. Je respire un bon coup. J’entre. - Bonjour. Asseyez-vous et prenez votre journal de classe *. La première partie du cours se passe bien. Nous faisons connaissance en anglais. Je suis contente de pouvoir enfin partager ma passion pour les langues étrangères avec des élèves. Ils sont motivés et leur niveau est assez bon.
*Les cours de langues étrangères se donnent dans la langue mais pour la facilité du lecteur, le récit sera rédigé en français.
Les questions et les réponses se suivent dans la langue de Shakespeare. Je suis soulagée de voir que la leçon se déroule bien. Un peu plus tard, la déléguée de la classe me suggère d’organiser un voyage à Londres pour le groupe.
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