Des journées à l attendre
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Description

1 Des journées à l’att end re Il s’en va. Après avoir bu rapidement un café et englouti un fruit, il met sa veste, prend son attaché-case, ouvre la porte et sort. J’entends le bruit de la clé dans la serrure, je distingue celui du bip de la voiture, puis la portière qui claque, le moteur qui démarre. Il est parti. Pour moi, la journée commence. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire jusqu’à ce soir, moi ? Certains disent de moi que je n’ai pas la notion du temps. C’est peut être vrai, mais je suis tout de même capable de faire la différence quand il s’absente une heure ou qu’il part toute une journée. En plus, les jours où il va travailler, il rentre fatigué, souvent de mauvaise humeur et c’est à peine s’il me regarde. Je m’installe sur le divan du salon. J’aime bien être là, ça me permet de voir à la fois le jardin d’un côté et la rue de l’autre. Pour m’occuper, je regarde les gens passer dans la rue, et de temps en temps, pour varier les plaisirs, je vais regarder à travers la porte fenêtre du jardin. C’est fou ce qui s’y passer ! Il y a un couple d’oiseaux qui s’y est installé il y a peu, juste devant la fenêtre, dans le magnolia. A plusieurs reprises j’ai essayé de l’enlever, mais il est trop haut, je n’arrive pas à le faire tomber. J’ai juste réussi à faire peur à ses occupants, mais quand ils ont compris qu’ils étaient hors d’atteinte, ils sont revenus et maintenant, ils me snobent en me Lettre d’adieu et autres nouvelles, M.

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Publié le 12 octobre 2013
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Desjournéesà
lattendre
1
Il s’ en va. Aprs avoir bu rapidement un caf et englouti un fruit, il met sa veste, prend son attaché-case, ouvre la porte et sort. J’ entends le bruit de la cl dans la serrure, je distingue celui du bip de la voiture, puis la portière qui claque, le moteur qui démarre.
Il est parti. Pour moi, la journée commence.
Qu’ est-ce que je vais bien pouvoir fairejusqu’  ce soir, moi? Certainsdisent de moi que je n’ai pas la notion du temps. C’ est peut être vrai, mais je suis tout de même capable de faire la
diffrence quand il s’ absente une heure ouqu’ il parttoute une journée. En plus, les jours où il va travailler, il rentre fatigué, souvent de mauvaise humeur etc’ est  peine s’il me regarde.
J me a bien tre l,e m’ aime J’ sur le divan du salon. installe permet de voir  la fois le jardin d’ un ct et la rue de l’ autre. Pour m’ occuper, je regarde les gens passer dans la rue, et de temps en temps, pour varier les plaisirs, je vais regarder à travers la porte fenêtre du jardin.
C’ est fou ce qui s’ y passer! Il y a un couple d’ oiseaux qui s’ y est installé il y a peu, juste devant la fenêtre, dans le magnolia. A plusieurs reprises j’ ai essay de l’ enlever, mais il est trop haut, je n’ arrive pas  le faire tomber. J’ ai juste russi  faire peur  ses occupants, mais quand ils ont compris qu’ ils étaient hors d’ atteinte, ils sont revenuset maintenant, ils me snobent en me
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regardant de haut, légèrement penchés par-dessus le rebord de leur tas de brindilles.
Ça m’ agace!
C’ est vrai, quoi, c’ est mon jardin! Je pourrais au moins être libre de choisir qui y élit domicile ! Seulement dans cette maison, nous sommes deux, et ce n’ est pas toujours moi qui dcide. En y rflchissant, d’ ailleurs, c’ est plutt rare que ce soit moi qui l’ emporte. Il dcide de tout, sans me demander mon avis, ou alors juste pour la forme, pour qu’ il ait l’ illusion qu’ il me parle et qu’ il comprend ce que je lui rponds.Alors la seule solution qui me reste, c’ est de faire les choses comme je le veux, comme je les sens, et tant pis s’ il n’ est pas d’ accord. Il se fche systmatiquement, quand ce n’ est pas sa dcision qui prime, mais a m’ est gal. Je sais que de toute faon, il ne peut pas se passer de moi.
Comment je le sais ?
Avant, ds que je sentais qu’ il allait rentrer, je me prcipitais prs de la porte et je l’ accueillais chaleureusement. Du coup, il en avait pris l’ habitude, et rapidement, il a commencé à répondre de moins en moins à mon accueil. Certains soirs, j’ avais mme l’ impression de l’ embter. Alors j’ ai dcid qu’ il n’ y avait me  ilpas de raison qu’secoue les puces ds son retour, alors que je n’ avais rien fait.
Du coup, maintenant, quand il rentre, je ne suis plus dans l’ entre, derrire la porte,  l’ attendre.Je suis quelque part dans la maison, dans la cuisine ou dans le salon, ou juste devant la porte fentre,  regarder le jardin. Et mme quand j’ entends la porte d’ entre claquer, je ne me prcipite pas. J’ attends qu’ il soit compltement entr et qu’ il ait pos ses affaires pour m’ approcher. un peu dur dAu dbut c’ taite me tenir à ce comportement, parce que mes réactions sont complètement spontanes, d’ ordinaire, mais j’ ai fini par m’ y faire.
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Ce qui est amusant, c’ est qu’ il ne s’ habitue pas  cette nouvelle façon de faire. Tous les soirs il est surpris. Les premiers temps, il tait mme inquiet, comme si mon changement d’ attitude pouvait être expliqué par un problème de santé. Forcément, il avait besoin de trouver une explication rationnelle. Et puis progressivement, c’ est la vexation qui est apparue. Comme si c’ tait paque je ne fasse pas comme lesrfaitement inimaginable autres.
Maintenant, je crois percevoir certains soirs un peu de tristesse, quand il n’ est pas trop fatigu, un peu plus attentif. Les autres soirs, c’ est comme si j’ avais toujoursfait comme ça. Alors dans ces cas de tristesse, je le note dans un coin de ma tête, et le lendemain, je me mets  la porte du sjour, de sorte qu’ il me voit dès quand il a l’ Et air entre.qu’ ilvraiment trop triste, je m’ approche doucement de lui une fois qu’ il s’ est assis surle canap et je m’ allonge  ct de lui, la tte sur ses genoux. Ça lui rend immédiatement le moral. Il pose sa main sur moi et on peut rester comme ça de longues minutes et même plus.
Il me raconte sa journée, ce qui sest bien passé, ce qui lagace. Parfois même, il sénerve tout seul en repensant à un moment compliqué de la journée. Moi, je garde mon calme et je lécoute. Par moment, je fais des petits bruits discrets dobatapproi,n pour lui montrer que je suis ce quil me dit.
Il sait que pas  je n’ aimon indpendance est totale, que l’ attendre pour subvenir  mes besoins vitaux, il a fait ce qu’ il faut pour a. Alors quand nous sommes comme cela, l’ un contre l’ autre sur le canap, il n’ y a pas d’ urgence. Il vit  son rythme et moi au mien. Nous cohabitons le plus paisiblement qu’ il soit possible de le faire, nous partageons les mêmes espaces mais nous les utilisons différemment.
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En milieu de matine (je ne sais pas lire l’ heure mais je sais que c’ est avant que mon estomac se mette  gargouiller et que j’ aille manger), le facteur passe. Je nel’ aime pas celui-là, il a une tête qui ne me revient pas. Je n’ y peux rien, je fonctionne comme ça !Il y a des gens que j’ aime bien tout de suite, que je sens bien, et d’ autre que je ne sens pas du tout, ou au contraire trop, et l, j’ ai beaucoup de mal à rester bien élevé de lui j’ essaye… . faire comprendre qu’ il n’ est pas le bienvenu chez nous mais il me regarde avec son air suprieur…
Juste aprs, c’ est le voisin d’  ct qui passe pour aller faire ses courses. Je l’ aime bien lui, il a toujours un mot gentil, il est agréable, et sa compagne est très mignonne, même si elle est très jeune. Apparemment, il sait aussi très bien faire à manger. Il y a toujours des bonnes odeurs chez lui. A moins que ce ne soit la jeune fille qui vient tous les midis lui apporter des boites. C’ est vrai qu’ il a l’ air vieux, il marche avec une canne, et il ne ramène toujours que son journal.
Ce matin, avant de partir, l’ homme m’ a prpar mon repas de ce midi. Ça aussi, pour moi, c’ est la preuve qu’ il ne reviendra pas
toute de suite.Quand il s’ absente juste un peu, le week-end ou durant ses vacances, ilil ne me prpare mon repas, parce qu’ rentre avant que je commence à avoir faim. Mais quand il travaille, qu’ il part tt le matin et rentre tard le soir, il me prépare toujours un casse-croute pour que la journée ne soit pas trop longue.
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Il ne m’ a pas dit au revoiren partant, ce matin.
Question d’ habitude.
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Il ne me dit jamais au revoir. Il me dit juste bonjour le matin et quand il rentre le soir. Mais qu’ il rentre tt, juste aprs son travail, ou tard le soir après une soirée parfois bien arrosée, aucune excuse, aucune explication. Moi l’ ai attendu toute la, je journe, mais il s’ en fiche, c’ est ma place, mon destin, si on veut.
D’ un autre ct, je ne vais pas me plaindre. D’ autres ont une vie beaucoup moins confortable que la mienne. La maison est grande, il y a largement la place à bouger sans se marcher dessus, il gagne bien sa vie, le quotidien est donc confortable, la nourriture de qualité, il a une mutuelle qui lui coute un peu cher mais qui couvrira mes soins jusqu’  la fin.Il a pensé à tout. Même à ma part dhéritage si cétait lui qui partait en premier.
Souvent, le dimanche, ou quand il est en vacances, nous allons nous promener dans la campagne. Il aime bien marcher dans des endroits où on ne rencontre presque jamais personne. On marche longtemps, en forêt ou à travers champs. Ça nous permet de prendre l’ air. Je l’ entends souvent dire qu’ il passe sa semaine enfermé entre quatre murs, au bureau, sans avoir le temps de mettre le nez dehors, alors ds qu’ il le peut, il va à la campagne » comme il dit. Et il a raison. La plupart de nos voisins se contente d’ aller se promener un peu tous les jours entre les maisons, mais nous, si en semaine on ne peut pas faire autrement des plus confortable est que c’autres, parce plus et rapide, le week-end, on va loin, et même parfois très loin. Il
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arrive que nous prenions la voiture et que nous roulions plusieurs heures, pour aller au bord de la mer par exemple.
J’ adore la mer, surtout quand il fait froid. Ça ne m’ empche pasd’ aller un peu dans l’ eau, et il y a beaucoup moins de surtout monde sur les plages et on est plus libres de faire ce que l’ on veut. On peut jouer au ballon ou au frisbee sans risquer de rentrer dans quelqu’ un ou de faire peur  un enfant. C’ est agréable de courir à côté de lui, dans le vent. Après, quand on remonte en voiture, on sent l’humidité et le sel, et on ramène cette nouvelle odeur à la maison. Ça donne un air de vacances, mme si on n’ y va qu’ une seule journe…
En tout cas, pour le moment, en attendant qu’ ilne rentre, je tourne un peu en rond, j’ essaye d’ attraper une mouche qui me tourne autour depu .is un bout de temps et qui m’ agace…
Tout d’ un coup, des phares éclairent la façade de la maison. Je vais voir  la fentre. C’ est lui, il rentre enfin.
Il se gare dans l’ alle, sort de la voiture, la verrouille et vient vers la porte d’ entre.
Je m’ approche ds qu’ il a franchi le seuil, mais il passe devant moi sans me voir et va poser ses affaires sur une chaise du séjour. Il enlève ses chaussures en les lançant à travers la pièce, chose qu’ il ne fait jamais d’ habitude parce qu’ il sait que je suis très tenté de jouer avec.
Il a l’ air fatigu.
Il va se faire réchauffer un plat au micro- installeondes et s’ devant la télé, sur le canapé. Je me rapproche et pose ma tête sur ses genoux. Ça sent bon, j’ en voudrais bien un peu. Il me regarde avec un air qu’ il veut svre, mais je sais que quand il est fatigué comme cela, il me cède facilement. Je geins un peu, juste ce qu’ il faut et je lui fais mon air suppliant. Ça marche 
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tous les coups. Il hausse les paules, me regarde d’ un air désabusé, prend un morceau de nourriture entre ses doigts et me le tend. Chouette a! ! J’i gagné la victoire j’ ai! ! Mais modeste. Aprs tout, j’ ai eu toute la journe pour manger, et pas lui. Je peux bien le laisser un peu tranquille. Du moment qu’ il est l, que je suis  ct de lui, qu’ il me traite bien, moi, a me va.
Je suis un chien plutôt bien élevé en fait.
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