Les Aventures Singulières de René : "La Métamorphose Inattendue"
14 pages
Aymara

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Description

Les Editions de la Corne d'Or exposent que René a vieilli et qu'il est souffrant. Il ne voit guère d'issue à ses douleurs et se lamente .C'est alors qu' un incident imprévu lui fait reprendre goût à la vie.

Informations

Publié par
Publié le 10 décembre 2017
Nombre de lectures 25
Licence : Tous droits réservés
Langue Aymara
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Extrait

La Mét amor phose I nat t endue
Document air e de J ean Paul POI RI ER
Edit ions de la Cor ne d’Or
 1 eurAvis au lect La nar r at ion des évènement s cont enus dans la pr ésent e « Avent ur e Singulièr e de René » ne const it ue en aucun cas une af f abulat ion de la par t de l’aut eur . C’est René lui-même qui en a décr it les moindr es dét ails à ce der nier , lor s d’une r écent e conver sat ion, chez lui, dans son salon, devant un apér it if bien ar r osé ( du moins pour l’aut eur ).  L’édit eur .
 2 Chapit r e 1«Q uel t emps de chien !»maugr éait René en r egar dant à t r la f enêt r aver s e de son salon la pluie qui ne cessait de t omber depuis l’aube en cet t e gr isaille mat inée de novembr e. Ne par venant pas à s’écouler par les r egar ds d’égout encombr és de f euilles mor t es que la muni-cipalit é n’avait pas cr u devoir f air e balayer en r aison de pr ét endues r est r ict ions budgét air es, cet t e pluie avait cr éé une imposant e f laque d’eau sur le t r ot t oir j ust e devant l’huis de sa mai-son. Q uand Claude son épouse ô combien dévouée allait r evenir char gée comme un bour r icot avec les vict uailles indispensables pour ce Samedi, le Dimanche et le Lundi, t r empée comme une soupe, il lui f audr ait r isquer un pér illeux gr and écar t pour évit er de se r et r ouver complèt e-ment mouillée et d’at t r aper un r hume ou pir e la gr ippe cout umièr e de cet t e pér iode de l’année. René n’ét ait pas sor t i avec elle pour l’accompagner f air e ses emplet t es ; d’ailleur s il n’avait pas mis les pieds dehor s depuis une bonne quinzaine de j our s, ne se sent ant pas la f or ce de mar -cher j usqu‘au cent r e-ville. Depuis plusieur s mois il avait le sent iment de t enir à peine sur ses j ambes, sans dout e par peur de t omber . I l ne consent ait par f ois à par cour ir quelques pas dans sa r ue qu’avec l’aide d’une pa-t ient e et j olie kinésit hér apeut e s’ef f or çant de lui f air e pr at iquer un minimum d’ef f or t s physi-ques r endus d’aut ant plus nécessair es qu’à r est er t r op longt emps sans t r op bouger chez lui Re-né avait accumulé une impor t ant e sur char ge pondér ale. Et ce n’ét ait pas seulement son poids qui s’ét ait modif ié au f il du t emps. Son t empér ament aus-si. Vous lect eur assidu des « Avent ur es Singulièr es de René » qui connaissez son car act èr e mieux que quiconque, sachez que le mor al de René en cet t e pluvieuse mat inée de 11 novembr e ét ait loin d’êt r e au beau f ix e. I l se sent ait devenu vieux , impot ent et quasi handi capé ; il avait deux mois aupar avant f ait sa-voir à t ous ses amis qu’il se r et ir ait du monde (si c), démissionnant de t out es les f onct ions qui ét aient les siennes dans les diver ses associat ions qu’il avait un t emps pr ésidées, ne par t icipant plus aux r épét it ions de la célèbr e f or mat ion musicale « l’Or phéon de Saint -Ger main » dont il ét ait le Pr ésident – Chef d’or chest r e f ondat eur , écour t ant même les af f ect ueuses visit es de ses amis en invoquant sa gr ande f at igue. Bien que son post e de t élévision gr and écr an r est ât allumé à longueur de j our nées cr éant un f ond sonor e dans son salon, il n’avait plus envie de s’int ér esser vr aiment aux diver ses émissions ex cept ion f ait e pour des vieux f ilms de west er n en noir et blanc. I L ne f aisait plus que par cour ir sans les lir e vr aiment les diver s j our naux et r evues aux quels il ét ait abonné af in de r est er un t emps soit peu inf or mé des évènement s impor t ant s sur venus dans le monde ex t ér ieur à sa maison et à lui-même.
 3 I l avait même abandonné t out e idée de nouvelles cr éat ions ar t ist iques et lit t ér air es : Finis les peint ur es, collages, sculpt ur es et aut r es œuvr es pict ur ales qui avaient j adis donné lieu à moult ex posit ions. Finis les sket ches, r écit s comiques et gags qui avaient r avi t ant de spect at eur s . Finis les poèmes, document air es et conf ér ences qui avaient passionné t ant de lect eur s et audi-t eur s. Br ef chaque j our René se lament ait de plus en plus sur son sor t , se sent ait dépr imé, pr ovo-quant l’inquiét ude de ses pr oches et amis et sur t out de Claude son épouse ô combien soucieuse de son ét at de sant é. Ne mont ant et descendant qu’avec douleur et dif f icult é les escalier s de sa maison, il passait le plus clair de son t emps dans son salon, assis dans un f aut euil ou allongé sur une banquet t e, ap-pelant souvent Claude pour un oui ou pour un non, lui demandant de lui appor t er t ant ôt à boir e ou à gr ignot er , t ant ôt quelque obj et ou r evue même sit ués à pr ox imit é de lui, la char geant de r épondr e pour lui au t éléphone, gr inchant lor sque celle-ci occupée par quelque t âche ménagèr e n’accour r ait pas assez vit e à son quasi chevet pour ex aucer immédiat ement ses quat r e volon-t és. I l en ar r ivait pr esque à deux doigt s de se plaindr e des absences de Claude , f ér ue de chant et d’hist oir e, lor squ’elle se r endait à des r épét it ions de la chor ale dans laquelle elle donnait libr e cour s à son t alent ou encor e à des r éunions de l’associat ion d’hist or iens du vieux Saint -Ger main dont elle suivait assidûment les t r avaux . Et comme Claude ét ait par t ie f air e les cour ses depuis déj à une bonne heur e et que René sen-t ait ar r iver à gr ands pas un solide appét it , il lai ssait le champs libr e à sa mauvaise humeur . I l geignait d’êt r e une f ois de plus abandonné, seul avec les af f r es de « ses maladies », sans per -sonne pour le sout enir et lui r emont er le mor al. Br usquement la violence de la pluie s’accr ut et les gout t es d’eau devenues énor mes s’abat t ir ent de plus en plus br uyamment sur la f enêt r e par laquelle René ét ait en t r ain de guet t er le r et our de Claude. La buée qu’elles pr ovoquèr ent sur la f ace int ér ieur e des car r eaux r endant la vue quelque peu opaque, René songea immédiat ement qu’i l avait un sér ieux pr oblème oculair e . Ne lui f audr ait -il pas consult er t r ès r apidement un opht almologist e ? Ne devr ait -il pas subir une opér at ion de la cat ar act e ? A cet t e pensée d’une nouvelle int er vent ion chir ur gicale, il se sent it pr is de ver t iges. I l devait donc impér at ivement et sans délai s’asseoir ou mieux s’allonger pour évit er de déf aillir sur place. Avisant la banquet t e sit uée le long du mur opposé à la f enêt r e, René s’empr essa, en chancelant , de la r ej oindr e en s’appuyant des deux mains, pour évit er de t omber , d’abor d sur le dossier d’un f aut euil ensuit e sur la pet it e t abl e de milieu du salon. Au moment où il commençait à se baisser pour s’y ét aler de t out son long, ses j ambes le lâchè-r ent et il y chût br ut alement à la r enver se en se cognant avec une vive douleur la t êt e cont r e le mur ; ét our di par le choc et les quat r e f er s en l’air il t ent a de se r elever pour s’allonger plus conf or t ablement . Mais malgr é ses ef f or t s il ne r éussit pas avec ses deux mains à soulever son pesant post ér ieur et dut se r ésigner à r est er dans cet t e posit ion pour le moins incongr ue.
 4 Maugr éant une f ois de plus sur l’inj ust ice de son sor t qui l’empêchait de se déplacer et sur t out sur l’absence de Claude qui n’ét ait pas là pour lui por t er secour s, il f er ma les yeux af in d’ou-blier l’inst ant d’une pet it e siest e la vie épr ouvant e qui ét ait devenue la sienne depuis que, malgr é les diver ses opér at ions chir ur gicales qu’il avait subies et les pr ot hèses aux quelles il avait dû se r é-signer , il épr ouvait t ouj our s de doulour euses dif f icult és à se mouvoir .
 5 Chapit r e 2 Rest ant ainsi les yeux gr and ouver t s f ix ant le plaf ond, sans bouger pendant quelques minut es, en t ent ant d’oublier la vive douleur de sa t êt e et de r alent ir le r yt hme de son cœur qui s’ét ait emballé pendant ses ef f or t s pour mieux s’inst aller sur la banquet t e, René cr ut déceler un l é-ger décollement de la peint ur e du plaf ond signalant la pr ésence d’une ancienne f issur e qui r é-appar aissait . «Bigr e !» se dit -il . «on »e du sal la peint ur I l t emps de r ef air e ser ait gr and . Af in que le lect eur compr enne bien le dér oulement des évènement s qui vont suivr e, il est op-por t un de lui pr éciser que lor s de l’acquisit ion de sa maison René avait opér é dans celle – ci quelques t r ansf or mat ions. I l avait not amment r éuni deux des pièces du pr emier ét age en une seule compor t ant son act uel salon en f aisant suppr imer un mur de sépar at ion int ér ieur e. T ou-t es les pièces avaient ét é r epeint es ou t apissées avec goût et l’ensemble avait conser vé l’at -mosphèr e et l’ambiance de ces vieilles demeur es Saint -Ger manoises char gées d’hist oir e, bien qu’il y f ut r aj out és des élément s de conf or t inconnus à l’époque de Louis XI V. Bât ie à par t ir d’une ossat ur e « bois », les mur s f ait s d’un r emplissage ent r e les pout r es et ma-dr ier s por t eur s de dispar at es pier r es de pays j oint ées au mor t ier , les plancher s et par quet s r eposant sur des solives ancr ées dans les mur s pér iphér iques, les plaf onds const it ués par des t r eillis de bât onnet s en bois r ecouver t s de plât r e, la maison de René r espir ait encor e la sen-t eur sur année des bonnes maisons bour geoise de l’ancien t emps avec leur s cheminées, cor r i d-or s, r éduit s, escalier s, caves, pièces de r écept ion et ou d’appar at , f ait es pour dur er plusieur s siècles sans discont inuit é à l’inver se de ces maisons r écent es const r uit es en bét on, placopl â-t r e, bois r econst it ué, PVC et aut r es mat ér iaux dont l’obsolescence est pr ogr ammée pour la f in de la dur ée de l’empr unt cont r act é pour leur acquisit ion. La maison de René avait abr it é moult f amilles avec domest icit é et même un cabinet d’avocat avant qu’il ne s’y inst alle avec Claude et y ex er ce dur ant de nombr euse années son act ivit é de doct e médecin libér al. Elle avait vu s’accr oît r e en t out e sér énit é sa descendance et ét ait r em-plie de t ous ses souvenir s f amiliaux . Br ef depuis son achat au début des années 1970 René l’avait cer t es ent r et enue, mais depuis qu’il avait pr is sa r et r ait e il avait r epoussé l’envie de f air e r epeindr e son salon, par manque cer t ain de cour age devant l’impor t ance de t ous les meubles et obj et s qu’il lui f audr ait alor s déplacer , t r anspor t er dans d’aut r es pièces déj à f or t ement encombr ées, r eplacer ensuit e aux bons endr oit s du salon dans son décor domest ique f amilier . Un vr ai t r avail de T it an, même s’il ne consist ait qu’à seulement or ganiser et dir iger un t el chambar dement .
 6 I L f aut bien compr endr e que le salon de René de même que les aut r es pièces de sa conf or t able demeur e n’avaient ( et n’ont t ouj our s ) r ien de semblable avec l’habit at des j eunes génér at ions. Chez lui pas d’espaces inoccupés sous couver t de f acilit é de ménage, pas de mobilier I KEA en bois r econst it ué de copeaux encollés, pas de r epr oduct ions impr imées de phot ogr aphies et / ou gr ibouillages d’ar t pr ét endument cont empor ain avec encadr ement s en aluminium, pas de t issus synt hét iques en guise de t apis, pas de lampadair es et de lust r es en r ésine imit ant le cr ist al, pas de ser vice de t able en car t on st r at if ié et de ver r er ies en plast ique, pas de couver t s en mét al f aussement ar gent é. T out chez René ét ait vér it ablement aut hent ique, t émoignage d’un ar t de vivr e domest ique la cr aint e des acar iens et des aller gies n’avait pas encor e ét é pr ovoquée et ent r et enue par la cupide indust r ie phar maceut ique. En out r e René avait pr is plaisir à r assembler dans son salon les souvenir s de t out ce qui au f il des ans l’avait passionné : - d’abor d l’ar chéologie au moyen or ient ; des vest iges de f aïence , pot er ie et obj et s commémo-r at if s pr ovenant de f ouilles or naient l’une des vit r ines de son salon. - puis l’hist oir e de la civilisat ion chr ét ienne ; une collect ion de f igur ines en por celaine r epr é-sent ant la « Vier ge Mar ie » ét ait alignée en un or dr e par f ait dans une aut r e vit r ine. - également la lit t ér at ur e ; des livr es anciens ét aient accumulés et disposés sur plusieur s r an-gées dans un volumineux meuble bibliot hèque au r isque d’en f air e s’ef f ondr er les ét agèr es. - sans oublier l’ar t pict ur al ; des t apisser ies, des t ableaux de maît r es et des gr avur es ancien-nes or naient les mur s. - enf in ses pr opr es cr éat ions ar t ist iques; peint ur es, collages, sculpt ur es de r ouilles, hor loges singulièr es ét aient de-ci de-là disposés sur les diver s meubles et sur la cheminée. Avec de sur cr oît ses t apis noués à la main, ses meubles d’époque, ses collect ions de médailles anciennes, le salon de René r essemblait f or t ( et r essemble t ouj our s encor e ) à un salon d’an-t iquair e ou plus pr écisément à un « cabinet de cur iosit és ». Pour t ant René s’ét ait quelque peu cont r aint de ne pas t r op encombr er ce salon, lieu pr imor dial de sa vie f amiliale en dehor s des chambr es, salle à manger et aut r es pièces de ser vice ou de commodit é. En r evanche il n’avait pas hésit é à st ocker au r ez-de-chaussée, dont les volet s des f enêt r es r est aient quasiment t ouj our s f er més, les t r ès nombr eux souvenir s de ses act ivit és au sein des diver ses associat ions humanist es dont il avait ét é un membr e act if , ainsi que les docu-ment at ions et dossier s de son ancienne act ivit é pr of essionnelle de doct e médecin, not amment dans son ancien cabinet et ses dépendances. S’y t r ouvait même son t r ombone à coulisse r emisé ici par manque d’envie d’en f air e de nouveau sor t ir les not es.
 7 Chapit r e 3 Pour en r evenir aux évènement s de cet t e t r ist e mat i née de novembr e, René se t r ouvait donc les quat r e f er s en l’air échoué sur la banquet t e de son salon, les yeux r ivés au plaf ond avec un vif mal sur la boit e cr ânienne, sa t êt e ayant violemment heur t é le mur . I l avait r emar qué l’ex ist ence d’une ancienne f issur e au plaf ond s’ét ant r éouver t e avec le t emps et l’absence d’une peint ur e d’ent r et ien r écent . C’est alor s que quelques poussièr es de plât r e s’en dét achèr ent et lui t ombèr ent dessus. «Bigr e !de main,ever s visage d’un r sur son » se dit -il . Mais lor squ’il ent r epr it de les essuyer il n’en eut pas la f or ce . T ans pis, il at t endr ait le r et our de Claude qui ne manquer ait pas de l’aider à se r elever de sa posit ion inconf or t able sur la banquet t e. Or quelques secondes apr ès il vit net t ement la f issur e du plaf ond s’agr andir en s’ouvr ant , r en-dant visible les mor ceaux de bois sur lesquels le plât r e avait ét é pr oj et é, f aisant dégr ingoler un bon paquet de gr avat s qui s’accumulèr ent sur sa chemise et sa t êt e . De la poussièr e s’ét ait même subr ept icement int r oduit e dans ses nar ines lui pr ovoquant une f or t e envie d’ét er nuer . «se passe-t -il ?Q ue . «à hur ler René » se mit Si cela cont inue, le plaf omber des-ond va me t sus » . A cet t e pensée René commença à n’en mener pas lar ge. Et ait -il possible qu’un plaf ond ayant r é-sist é à t ant d’années puisse un j our br usquement sans pr évenir s’écr ouler ? Son espr it car t ésien r epr enant le dessus, René en conclut que cela ét ait r igour eusement i m-possible, Saint -Ger main-en-Laye n’ét ant pas sit ué dans un sect eur géologique à r isque sismique. Du r est e sa maison avait suppor t é sans pr oblème maj eur les af f r es du t emps depuis plusieur s siècles ; à coup sûr il ne devait s’agir que d’une pet it e dégr adat ion du plât r e du plaf ond due à un déf aut d’ent r et ien r écent auquel il allait bient ôt r emédier . Mais à l’inst ant même où il se conf or t ait dans cet t e idée r assur ant e, un br uit épouvant able se pr oduisit et le lust r e en cr ist al de son salon descendit br usquement concomit amment , r est a quelque br ef inst ant suspendu par le câble élect r ique avant que celui -ci ne cédâ sous l’ef f et du poids, et f inalement s’écr oula avec f r acas sur l a pet it e t able à pr ox imit é de la banquet t e. T out es ses ampoules et pampilles se br isèr ent en mille mor ceaux en s’épar pillant dans t out es les dir ect ions sur les meubles et t apis. St upéf ait par cet événement t ot alement inat t endu , René int er loqué en r est a bouche bée. Ne pouvant bouger en r aison de son sur poids, il commença à r edout er le pir e. Et malheur eusement pour lui, le pir e ar r iva.
 8 La f issur e du plaf ond s’ouvr it encor e plus d’un coup, f aisant t omber davant age de gr avat s et poussièr es qui r emplir ent la bouche de René r est ée gr ande ouver t e. Comme il t ent ait en t ous-sant de l’en ex t r air e, un nouveau t er r ible vacar me se pr oduisit car l’une des solives du plaf ond maint enant le plancher de l’ét age supér ieur commença à se dét acher de son ancr age dans le mur le long duquel se t r ouvait la banquet t e, r est ant maint enue à son aut r e ex t r émit é dans le mur opposé, et se mit à pencher danger eusement ver s sa t êt e . A cet t e vue René n’en mena pas lar ge. Si cet t e solive cont inuait de se dét acher et t ombait , il allait la r ecevoir en pleine poit r ine. I l voulut der echef l’évit er en t ent ant une nouvelle f ois de se soulever de la banquet t e pour quit t er sur ses deux pieds son salon, descendr e pr écipit am-ment l’escalier et sor t ir dehor s dans la r ue. Mais il n’y ar r iva pas, n’ayant plus suf f isamment de f or ce physique pour se lever t out seul. Vous décr ir e scr upuleusement l’ét at du mor al de René en cet inst ant nécessit er ait de nom-br euses pages dont le coût d’impr ession dépasser ait le modest e budget des Edit ions de la Cor ne d’Or qui ne publient qu’à compt e d’aut eur . Dans les gr andes lignes, René ét ait plus que paniqué ; ses t ent at ives pour se lever l’avaient li t -t ér alement épuisé ; son cœur bat t ait la chamade ; sa t êt e doulour euse allait ex ploser ; la sueur dégoulinait de son f r ont et mouillait copieusement sa chemise et le t issu de la ban-quet t e. Et sa panique empir a lor squ’il vit la solive cont inuer , en se dét achant du mur , de pour suivr e sa t r aj ect oir e en biais ver s lui, encor e r et enue en par t ie par son ancr age dans le mur côt é r ue. Puis sa panique at t eint son par ox ysme lor sque dans un vér it able hur lement de bois ar r aché elle at t eignit sa poit r ine, lui cassant quelques cot es, lui pr ovoquant une insuppor t able douleur , l’em-pêchant de r espir er . «vais mour J e ir »René.se dit A cet t e t r ist e pensée, René se r évolt a ; il n’avait pas envie de mour ir maint enant ; ce n’ét ait pas j ust e; il n’ét ait pas assez vieux ; il lui r est ait encor e t ant de choses à f air e, t ant de per -sonnes à aimer , t ant de bonheur à par t ager . I l n’avait pas encor e eu la j oie de voir naît r e des ar r ièr e-pet it s-enf ant s et il le r egr et t ait amèr ement en cet inst ant où la gr ande f aucheuse ar r ivait d’une manièr e imminent e. Se met t ant à pleur er à chaudes lar mes sur cet t e t ot ale inéquit é de son sor t , il vit par sacca-des comme dans un f ilm en accélér é de mult iples inst ant s heur eux de sa vie. Ses par ent s, son épouse, ses enf ant s et pet it s-enf ant s, ses amis, t ous ces êt r es qu’il aimait déf ilèr ent dans son espr it , leur s images se mêlant comme dans un kaléidoscope. Et René voulait à t out le moins les r evoir avant de passer déf init ivement à t r épas. Les images dans son espr it s’est ompèr ent et ce f ut ….le t r ou noir !
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