Les Aventures Singulières de René : "Tragique Disparition"
17 pages
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Description

René, docte médecin a la retaite,a receuilli un chat des rues.Mais celui-ci lui donne des "sueurs froides" !

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Publié le 12 mars 2012
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Tragique Disparition  
Confidences reçues par Jean Paul POIRIER  
Éditions de la Corne d’Or  
      AVIS AU LECTEUR     L’éditeur tient à rappeler qu’en application de la loi relative à la défense de la vie privée il a obtenu du héros de l’aventure relatée dans les pages qui vont suivre toutes les autorisations de divulgation nécessaires .  Toutefois il n’est pas recommandé de laisser traîner cet ouvrage à la portée de toutes les mains, notamment celles des esprits supérieurs et railleurs dont la suffisance n’a d’égale que la stupidité . Ils ne pourraient, en effet, comprendre la grandeur des sentiments de René qui y sont décrits .                                                                                                  L’Éditeur  
 CHAPITRE 1       En se levant de bon matin , René était loin de s’imaginer quelle singulière aventure il allait vivre durant cette journée et celles suivantes . Son esprit était particulièrement préoccupé par toutes les tâches qu’il lui fallait présentement accomplir , car il partait avec Claude , son épouse ô combien dévouée, pour passer dans leur résidence secondaire de La Brousse (bled perdu au fin-fond de l’Auvergne, ravitaillé par les corbeaux) une quinzaine de jours .   Ce nouveau voyage était d’ailleurs beaucoup plus difficile à organiser que les précédents , car pendant leur séjour ils devaient recevoir de nombreux invités , et notamment la célèbre formation musicale dont René était le Président Chef d’Orchestre ,  l’Orphéon de Saint Germain , qui avait été à nouveau retenue pour animer les festivités de la traditionnelle foire commerciale annuelle d’Ambert .   René avait promis aux musiciens de les recevoir somptueusement , avec leur conjoint , d’organiser spécialement pour eux un gigantesque pique nique sur les terres entourant sa propriété , puis de les loger soit chez lui soit à proche proximité dans ce qu’Ambert et sa région comptaient d’hostelleries respectables .   Les préparatifs du voyage de René et de son épouse étaient donc particulièrement délicats , car ils étaient obligés d’emporter non seulement leur nécessaire pour deux semaines mais en plus du linge de maison en quantité et moult victuailles (par crainte de ne pas en trouver suffisamment sur place) pour ne pas décevoir leurs invités.  En raison de cet important supplément de bagages , et du temps nécessaire pour effectuer la route de Saint Germain en Laye à La Brousse , René s’était donc vu contraint de se lever dès l’aube afin de charger correctement sa voiture . Mais alors qu’il avait à peine casé le tiers de ce qu’il devait emporter , il se rendit compte qu’il ne pourrait pas tout ranger , et il dut s’y reprendre à plusieurs fois pour entasser non seulement dans le coffre et sur la banquette arrière mais également sur le toit de l’automobile les volumineux et lourds paquets préparés la veille .  Bien que sa voiture soit spacieuse , René regrettait qu’aucun de ses enfants ne l accompagne avec son propre véhicule , ce qui aurait permis de répartir correctement les colis et cartons. Il ne lui restait plus comme places assises disponibles que celle du conducteur et la moitié de celle du passager avant réservée à son épouse ! Claude allait donc vraisemblablement trouver le trajet particulièrement pénible .  Bon an mal an , vers dix heures , René , bien qu’épuisé par cette opération de chargement , pressa son épouse , lui indiquant qu’il était temps de partir s’ils ne voulaient pas arriver en pleine nuit à La Brousse . Ils jetèrent ensemble un dernier coup d’œil dans les pièces de leur domicile , bouclèrent la porte et partirent précipitamment .  
Par bonheur , à cette heure , les embouteillages quotidiens de la matinée s’étaient estompés et René put conduire à une allure correcte de Saint Germain en Laye à l’entrée de l’autoroute de Chartres , qu’il emprunta de bonne humeur s’apercevant que sa circulation y était fluide .   La journée s’annonçait donc relativement clémente , les tracas du chargement du véhicule étaient maintenant oubliés , le temps laissait présumer une journée ensoleillée et une douce température pour la saison .  Au volant de sa voiture , René songeait déjà au plaisir qu’il ne manquerait pas d’avoir à La Brousse , dès son arrivée , en s’installant dans son fauteuil préféré devant l’imposante cheminée ornant la pièce principale de sa demeure ,un verre de son meilleur whisky à la main, son chat ronronnant sur ses genoux .  Le chat ? Mais où était il donc en cet instant ?…     « Sanbleudieu » ! Se prit alors à penser tout haut René . Dans les préparatifs précipités de leur voyage , son épouse et lui l’avaient totalement oublié ! Or il n’était pas imaginable de le laisser deux semaines tout seul , à Saint Germain en Laye ! Ils ne l’avaient encore jamais enmené à La Brousse , car leur domicile ne restait jamais totalement vide en raison de la présence quasi permanente de l’un ou l’autre de leurs quatre garçons. Mais cette fois -ci ces derniers n’étaient pas là pour un bon moment , partis en vacances , et ils ne devaient justement les rejoindre que quelques jours dans leur résidence secondaire .  René fit donc demi-tour , rebroussant chemin , furieux contre lui même ( et un peu contre son épouse ) pour retourner d’urgence à sa maison qu’il ne réussit à atteindre que vers onze heures et demi !  Sitôt arrivés , René et son épouse appelèrent l‘animal , et sans aucune réaction de la part de celui-ci , ils entreprirent de le chercher dans chacune des pièces aux endroits où ce dernier avait l’habitude de s’installer pour y dormir . Or , leur demeure étant fort vaste , les recherches leur prirent beaucoup de temps . Mais de chat , ils n’en trouvèrent pas , et l’inquiétude s’insinua peu à peu dans leurs esprits .   Au bout d’un temps qui leur paraissait d’autant plus long qu’ils étaient pressés de repartir , ils commencèrent à s’interroger , ayant en vain regardé dans tous les coins et recoins , y compris dans le grenier et le jardin . Ne s’était il pas hasardé à sauter le mur mitoyen et à pénétrer dans la propriété voisine où s’étaient nichées depuis peu deux pies qu‘il espionnait longuement de temps à autre ?  René décida derechef d’aller se renseigner chez son voisin . Quittant précipitamment sa maison sans en fermer la porte , et passant devant sa voiture garée correctement dans la rue devant son porche , il entendit alors un faible miaulement dont il ne put déterminer sur l’instant l’origine . Mais en tous cas il s’agissait bien de son chat !        
L’appelant alors le plus gentiment possible , malgré sa nervosité , afin qu’il consente à se montrer et à venir jusqu’à lui , René ne le vit pas arriver , mais discerna un nouveau miaulement plus fort qui lui sembla provenir … du coffre de sa voiture .   Le bougre ! Était il possible qu’il l’ait enfermé la dedans par inadvertance ?    Dès qu’il ouvrit le coffre , le chat s’en échappa complètement paniqué et se précipita sur la porte d’entrée de la maison , laissée entrouverte par René dans sa précipitation à se rendre chez son voisin.  René constata alors , en regardant à l’intérieur du véhicule , que le chat s’était installé dans un sac de voyage rempli de linge de maison récemment lavé et repassé par son épouse et dont la fraîcheur l’avait attiré . Il avait dû s’y endormir douillettement avant même que René ne prit le sac pour le ranger dans le coffre de sa voiture , et il ne s’était même pas rendu compte de sa présence lorsque il avait effectué ses opérations de chargement .  Mais maintenant le chat apeuré refusait obstinément de répondre aux appels de René et de son épouse , cherchant à se cacher du mieux possible sous et derrière les meubles , s’échappant en rouspétant chaque fois qu’ils réussissaient à l’attraper . Il fallut beaucoup d’efforts et de patience pour le mettre finalement dans un panier d’osier et lui faire , ainsi enfermé , regagner le véhicule et l’installer tant bien que mal au milieu des bagages sur la banquette arrière !   Vous décrire le calvaire de l’animal , de René et de son épouse durant le voyage de Saint Germain en Laye à La Brousse nécessiterait de nombreuses pages (que les pingres Editions de la Corne d‘Or refusent de financer). Le chat n’arrêtait pas de manifester sa peur et son mécontentement d’être ainsi emprisonné et ballotté par des miaulements quasiment ininterrompus allant du gémissement plaintif à la revendication agressive , ne faisant montre d’aucune compassion envers le conducteur , malgré les invectives de ce dernier et les paroles se voulant apaisantes de Claude .  Grattant l’osier de sa geôle et s’agitant dans tous les sens , il ne trouva le sommeil qu’au bout de trois bonnes heures d’excitation , et il dut vraisemblablement faire des cauchemars , à moins que ce ne fût des rêves de chasse aux pies , car même en dormant il s’agitait de temps à autre à l’intérieur de son panier .   Et c’est ainsi que René arriva avec son équipage fort nuitamment à La Brousse , totalement épuisé et harassé par cette pénible journée d’efforts et de voyage . Il n’eut pas le courage de vider le soir même sa voiture de tout son chargement , se contentant d’en sortir le panier d’ sier et de le poser , couvercle ouvert et chat endormi , devant la cheminée ornant sa salle o à manger .   Claude , prévenante , prit toutefois soin de poser sur le sol à coté de ce dernier une gamelle qu’elle remplit moitié de croquettes moitié d’une pâtée en boite et un grand bol d’eau fraîche avant d’aller monter se coucher .  
 CHAPITRE 2       Le lendemain dès l’aube , le chant d’un coq fit sortir sans ménagement René de son sommeil . S’apercevant que son épouse était encore couchée endormie à coté de lui , il s’étonna de ne pas remarquer la présence familière du chat sur le lit . Mais cela , à la réflexion , ne le surprit pas outre mesure : l’animal ne connaissant pas les lieux où il n’avait jusqu’alors jamais pénétré , puisque il n’avait jamais quitté la maison de Saint Germain en Laye , avait dû rester près de la cheminée du rez-de-chaussée .  Quand même un peu inquiet , René descendit pour s’assurer que son chat était bien là ; effectivement il dormait en rond au fond de son panier , mais il en était sorti , durant la nuit ,pour manger puis y était retourné car sa gamelle se trouvait dorénavant à moitié vide .  En le regardant sommeiller , René se remémora d’un coup à la suite de quelles circonstances ce dernier était devenu membre à part entière de sa famille :   Six ans auparavant , et alors qu’il se rendait pédestrement et matinalement chez l’un de ses amis , René avait entendu sortant d’un tas de détritus mal ramassés par les services de la voirie un curieux remue ménage qui lui avait fait soudainement penser à celui provoqué par un rat . Méfiant , mais poussé par la curiosité , il s’était approché et avait découvert qu’il s’agissait en fait d’un chat cherchant à déchirer un sac en plastique dont l’odeur du contenu semblait l’attirer .   Rassuré , René s’était intéressé pendant une minute à la pauvre bête , remarquant qu’elle n’était plus toute jeune et que ses flans amaigris laissaient présumer qu’elle ne devait pas trouver tous les jours de quoi se nourrir ! . Par réflexe , il s’était mis à l’appeler : «  Minou Minou » , l’interrompant une seconde dans sa tentative d’ouverture du sac . Mais l’animal , bien que paraissant craintif , s’était remis à déchiqueter rapidement l’emballage , et y parvenant enfin en avait sorti quelques déchets alimentaires qu’il s’était empressé d’engloutir goulûment .  Puis , regardant le personnage qui l’avait un moment perturbé , il avait émis un miaulement curieux dont René n’avait pu déterminer s’il s’agissait d’un appel à la commisération ou au contraire d’un reproche d’avoir été ainsi dérangé pendant son repas .   Désarçonné par cette attitude singulière mais voulant lui montrer que son intention était louable , René l’avait apostrophé à nouveau : « Minou Minou » . Le chat s’était alors avancé vers lui comme s’il avait voulu entreprendre une conversation , et lui avait débité dans son langage , sans même reprendre sa respiration , une longue phrase à laquelle René n’avait pas compris , et pour cause , un seul mot .   
Devant ce problème de communication , René était resté pantois . Puis s’étant rendu compte qu’il allait être en retard , il avait planté là le chat et continué sa route en forçant l’allure pour parcourir la centaine de mètres qui lui restait à faire avant d’ tteindre l’immeuble où il  a devait se rendre . Mais tout en marchant , il s’aperçut que l’animal lui emboîtait le pas comme s’il avait oublié de lui dire quelque chose !   Arrivé au porche de la résidence de son ami , il en avait ouvert la porte , gravi les marches et avait effectué sa visite sans songer plus avant à sa féline rencontre .  Quelques heures plus tard , et alors qu’il ressortait de l’immeuble , René avait eu la surprise de constater que le chat était encore là , assis devant l’entrée , comme s’il l’avait attendu . Et au moment où il était passé à coté de lui , l’animal , en miaulant constamment , l’avait suivi à nouveau jusqu’à ce que René revienne à sa demeure , puis , comme il l’avait fait précédemment , s’était assis devant l’entrée de cette dernière dans une attitude d’attente .   René était rentré chez lui , un peu étonné quand même , mais sans plus se préoccuper de cet étrange compagnon de route , il avait vaqué à ses occupations familières sans ressortir . A la tombée de la nuit , et alors qu’il sortait sa poubelle afin qu’elle soit vidée le lendemain matin à r à nouveau le c a orte ! lÉatuaibte i lp paer nlsea bsleer vqiucee  cme udniecrinpiael r,  lila ist éattatietn détu oaninnés i dteo uvtoei la journée   ?   h  a  t devant s p  Prenant alors en pitié ce petit animal , René l’avait invité par des sifflements et par la voix à entrer dans sa maison . Il lui avait semblé alors que le chat n’attendait que cette invitation , car il avait traversé le seuil rapidement et était venu tourner autour de ses jambes , en remuant la queue , comme s’il avait voulu lui témoigner la plus grande des affections . Mais quand René avait fermé la porte d’entrée et s’était approché de l’escalier intérieur desservant les étages , le chat intimidé ne l’avait pas suivi et était resté craintif dans l’entrée .   Ne sachant plus que faire , René avait appelé vigoureusement son épouse et lui avait demandé de descendre . Cette dernière , occupée à débarrasser la table du dîner , lui avait répondu n’en avoir pas le temps , et qu’il pouvait très bien monter la rejoindre et lui parler calmement, sans hurler dans toute la maison . René était alors monté la rejoindre et lui avait exposé qu’un chat se trouvait dans l’entrée.   Poussée par la curiosité , Claude avait abandonné sa tâche , puis commencé à descendre l’escalier , et au moment où elle était parvenue à mi étage , elle avait découvert l’animal s’apprêtant à en gravir la première marche . Mais , surpris par cette nouvelle venue qu’il ne connaissait pas , le chat avait fait un bond en arrière et rebroussé chemin jusqu’à la porte dans l’intention de quitter rapidement les lieux ; trouvant celle ci close , il s’était mis à émettre un long cri plaintif qui avait ému Claude . Elle avait alors ouvert l’huis , et le chat s’était échappé en courant dans la nuit …   Le lendemain matin , en sortant récupérer sa poubelle vide pour la remiser à l’intérieur de sa maison , René était tombé nez à nez avec le chat , ce dernier étant , comme la veille , assis devant la porte en semblant l’attendre . Puis pendant que René faisait ses manœuvres de rangement , l’animal l’avait accompagné dans tous ses faits et gestes sans témoigner de la moindre appréhension .  
René , bi ’occupé par ses opérations de rangement de la poubelle, avait alors eu le loisir en qu de l’examiner en détail , remarquant qu’il s’agissait d’un banal chat de gouttière devant résulter d’un curieux croisement à en croire les couleurs de ses poils allant dans le plus grand désordre du roux au noir en passant par des blanc -gris dignes d’Isabelle la Catholique .   Bien qu’efflanqué , l’animal lui avait semblé être en donne santé , et en tous cas il lui avait paru particulièrement heureux d’être en sa compagnie !   René s’était fait la réflexion qu’il devait probablement s’agir d’un animal domestique retourné à la rue pour une obscure raison et cherchant un nouveau foyer pour l’accueillir .   C’est à ce moment là qu’il avait pris la décision de l’adopter .   Et depuis lors il ne l’avait pas regretté un seul instant , bien au contraire !  
La voiture de René  
 CHAPITRE 3        Pendant cette première journée à la Brousse , René et son épouse consacrèrent l’essentiel de leur temps à remettre un peu d’ordre dans leur résidence , fermée depuis plusieurs mois , afin de préparer les lieux pour y vivre pendant deux semaines et y recevoir leurs amis .  C’est dire qu’absorbés par leurs tâches respectives il ne leur vint pas à l’esprit de s’occuper particulièrement de leur chat qu’ils avaient laissé près de la cheminée la veille au soir .   Or l’animal s’était bien sûr réveillé , et , surpris de ne pas reconnaître les lieux , il avait entrepris en rasant les murs et en s’aplatissant sur le sol une timide exploration de la pièce du rez-de-chaussée où il se trouvait . Mais au moindre bruit il déguerpissait rapidement pour retourner dans son panier d’osier , seul endroit à l’abri des regards où il estimait être en sécurité .  Il lui fallut donc beaucoup de courage pour s’habituer à l’ambiance de cette singulière demeure où les craquements de parquet , les claquements de porte , l’odeur des meubles et des objets lui étaient totalement étrangers .  De temps à autre il voyait bien passer René et Claude occupés à leurs activités de nettoyage et de rangement , mais il n’osait pas aller vers eux en raison des dangers qu’il pourrait rencontrer durant son trajet .  Un bruit répété quasiment constamment attirait toutefois plus particulièrement son attention , témoignant de la présence à courte distance de la maison d’animaux qui lui étaient inconnus . La curiosité l’emportant malgré tout sur la crainte , il rampa vers la porte d’entrée restées ouverte pour aérer les lieux , et il se retrouva sur la pelouse située devant la maison .  A cet endroit , la fraîcheur et la senteur de la végétation le rassurèrent , car elles lui rappelaient le jardin de la demeure de Saint Germain en Laye : il se vautra dans l’herbe , humant la verdure , et regarda vers le ciel dans l’espoir d’y retrouver les deux pies qui lui étaient devenues familières ; mais il ne vit que des étourneaux volant haut dans l’azur .   C’est alors qu’il remarqua , non loin de lui , deux étranges volatiles occupés à picorer tout en marchant et qui ne semblaient pas avoir découvert sa présence . Le plus grand d’entre eux portait fièrement crête et jabot rouges et avait une queue ébouriffée en arc de cercle . Le second plus petit et moins majestueux semblait s’effacer devant la prestance du premier .    
Tout en picorant , ces deux gallinacés émettaient les curieux gloussements qui avaient attiré son attention . Chat de ville , et non de la campagne , et bien que n’ayant jamais vu auparavant de telles créatures , il sentit revenir à lui son instinct de prédateur , et il resta totalement immobile à les observer pendant un bon quart d’heure , afin de s’assurer qu’ils ne l’avaient pas repéré .   Ensuite , il entreprit de ramper le plus lentement possible vers ces créatures, ne se déplaçant que par courtes étapes successives , bien caché derrière l’herbe haute qui avait poussé sauvagement en raison de l’inoccupation de la maison depuis plusieurs mois .Sa manœuvre d’approche fut un succès total , car il réussit à se rapprocher suffisamment d’elles pour pouvoir les examiner à loisir , tapis sur le sol , pendant de longues minutes .    Or ces étranges bestioles à plumes se déplaçaient en rond , à pas cadencés mesurés , la tête obstinément penchée vers le sol dont elles extrayaient avec un mouvement de balancier quasi automatique du cou quelques minuscules subsistances , semblant ne regarder jamais plus loin que le bout de leurs pattes . Elles marchaient en formant des cercles plus ou moins réguliers , se croisant puis s’éloignant l’une de l’autre , se trouvant parfois côte à côte par le plus grand des hasards .       A un instant où elles s’étaient de nouveau retrouvées de concert , le chat , n’y tenant plus , trépigna sur ses pattes arrières et , prenant son élan , se jeta sur les deux inconscientes . Mais ces dernières , alertées par l’on ne sait quel signal , battirent des ailes et s’échappèrent dans des directions différentes moitié en volant , moitié en courant !  Surpris par cette réaction pour le moins inattendue , le chat hésita un court instant à choisir laquelle des deux il devait poursuivre , et il leur permis ainsi de s’éloigner de lui à une distance respectable .   Mais désappointé par l’échec de sa tentative , il entreprit de retourner piteusement , vers l’entrée de la maison , se promettant de renouveler l’expérience à la prochaine occasion . Dans sa précipitation , il faillit se faire marcher sur la queue par René qui , encombré d’un volumineux et lourd paquet , ne l’avait pas vu arriver !    « Un peu plus , tu me faisais tomber ! » maugréa , surpris et en équilibre instable René ! Il n’en voulu pas pour autant à son chat , heureux de découvrir que celui ci n’était plus dans son panier et semblait s’être habitué à sa nouvelle demeure , puisque il s’était même promené dehors .  Il pensa au contraire , à cet instant , que c’était une bonne chose de l’avoir emmené ainsi et pour la première fois à la Brousse , où il pourrait fureter dans le grenier et la grange devenus depuis leur dernier séjour le domaine privilégié des souris et des mulots . Il irait même les chasser de l’endroit où il remisait ses sculptures de rouille * et préserver ainsi ses œuvres d’art des dégâts occasionnés habituellement par ces petits rongeurs .   
Posant alors son encombrant paquet sur le sol , René se baissa pour prendre son chat dans ses bras et lui témoigner son affection . Ce dernier se laissa faire , et lui donna quelques petits coups de tête sur la joue afin de lui manifester son total contentement .  Comme ils s’entendaient admirablement bien tous les deux , songea René ! Comment aurait -il pu passer quinze jours sans son chat ! Ils étaient vraiment faits , l’un et l’autre , pour vivre ensemble .    * Note de l’éditeur : lire «  Nuit d’Effroi à La Brousse  » du même auteur   
Les deux étranges volatiles  
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