Manifeste contre le Futur ou pourquoi Demain n existe pas
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Manifeste contre le Futur ou pourquoi Demain n'existe pas

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Description

Au même titre que la religion ou les extra-terrestres pourquoi demain ne pourrait pas être une illusion? Nous n'en avons jamais vu la couleur après tout, chaque fois que nous sommes censés être demain nous sommes aujourd'hui. Un tiers nihiliste, un tiers existentialiste et un tiers hédoniste, pourquoi il est temps d’arrêter d’être l'esclave d'un hypothétique futur.

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Publié le 28 mai 2011
Nombre de lectures 405
Langue Français

Extrait

Manifeste contre le Futur
Demain n'existe pas
Tancrède Bouglé
Le jour s'est levé sur une étrange idée, j'ai eu une révélation: le mal est sur
nous.
Implacable, il nous menace tous et s'attribue toujours la part du lion à un moment ou à un
autre de nos vies. Nul n'est épargné, du paysan à son suzerain ou, pour être plus
moderne, des CPS 5 et 6 aux CPS 3. Nul ne peut y échapper et c'est le mal le plus
terrifiant qu'on puisse imaginer. Cher lecteur, toi même tu es assailli chaque jour. C'est
notre plus grand ennemi, érigé en bienfaiteur de l'humanité, plein de promesses. Pourtant
c'est lui qui nous enchaîne. All Hail au plus grand dictateur de l'histoire de l'homme: le
futur. Et oui, le futur est la pire chose qui soit. Au premier abord, cela peut paraître étrange
et pourtant je m'insurge, je dis non au futur! Pour autant, dis-je vive le passé? Non plus. Le
présent est bien assez. Le futur est un poids énorme qui pèse sur chacun de nous, à trop
vouloir préparer son futur on oublie de vivre son présent. Là c'est le moment où je reçois
l'oscar de la banalité, je voudrais remercier l'académie qui m'a tout appris et ma famille
sans qui... Bref. On s'interdit toutes sortes de choses pour des événements qui n'arriveront
peut-être jamais. C'est un énorme paradoxe, on prétend être dans une société hédoniste
mais tournée vers l'avenir. La société de consommation certes, la société de l'épargne
aussi! Cela est assez peu conciliable d'un point de vue mental. C'est encore plus marqué
chez nous, espèce honnie de l'humanité, la lie de notre monde, plus communément
appelés « les jeunes ». On nous exhorte à profiter de notre jeunesse en nous rappelant à
quel point elle est courte et à quel point il faut en profiter vu que demain il n'y aura plus de
pétrole, on sera envahis par des terroristes chinois islamiques génétiquement modifiés
porteur de la grippe de la tortue (comme dit précédemment, le cochon c'est so 2009 et la
grippe aviaire n'en parlons même pas) mais qu'on s'en foutra vu qu'on sera morts du sida
à moins que ce ne soit du soda, je ne sais plus très bien, j'ai du mal à m'y retrouver avec
toutes ces affiches comme quoi si je ne mange pas la moitié de Rungis je mourrai d'un
cancer dans les dix prochaines minutes (à moins que tu n'envoies ce texte à quinze
personne). Ou alors c'est moi qui n'ait rien compris à l'actualité, j'avoue être légèrement
confus et le Time chaque semaine dans ma boîte aux lettres n'arrange pas les choses. Je
crains m'être légèrement éloigné de mon sujet, je reprend. Le futur donc. Je prend mon
futur proche: cet été, deux alternatives s'offrent à moi: je peux me trouver un petit boulot
dans un pays à fort potentiel de sympathie comme nos aimables voisins grands-bretons
ou nos chers partenaires teutons où je pourrais vivre de nouvelles choses, tâter la gueuse
locale en éclusant les alcools du cru, vision de rêve dans une existence idyllique où je
nagerais sur des torrents de bière à flanc de montagne pendant qu'un essaim de bavarois
en Lederhosen yodlerait des chants à ma gloire. Aussi enrichissante que puisse être cette
expérience, c'est malheureusement assez difficilement valorisable dans un CV: entretien
d'embauche, master en décapsulage et licence en DPM, DPM me demandera-t'on, Drunk
People Management répondrai-je, gonflant ma poitrine dans une posture fière de longues
années d'expériences. Et j'en arrive à ma deuxième option: galérer encore deux mois et
me prendre moult portes au nez ou fins de non-recevoir pour finir par trouver un stage
ayant un vague lien avec un éventuel projet professionnel. Le stage évidemment sera
probablement chiant, j'y perdrai mon été sans être payé et ça fera un an de plus sans
avoir pris de vacances où j'aurais eu la possibilité de bouger un peu. Stage en prélude à
une vie de projets dirigés en costume-cravate dans un open space où nous serons
répartis en groupes de travail. Youpi. J'aurais encore perdu un pan entier de ma vie pour
préparer un futur, une éventualité, un peut-être dont je sais déjà qu'il y ait une forte
probabilité qu'il soit chiant et long. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, arrive le
moment où il ne faut pas trop boire, pas trop manger par peur des conséquences. Ce petit
sentiment, cette crainte qui fait qu'on ne sautera pas en parachute. Avouez que ça serait
bête qu'il ne s'ouvre pas et que vous n'ayez pas la possibilité de cotiser pour la retraite du
grand-père du voisin. Le meilleur moment c'est quand le futur rejoint le présent: faites des
enfants, après vous ne pourrez plus, achetez une maison maintenant, après vous serez
trop vieux pour prendre un crédit. Damned, vous n'aurez pas votre pavillon dans une
banlieue résidentielle! Comme je vous plains. A ce moment là, on se rajoute une petite
chaîne à la réalité et au dur règne des conséquences jusqu'au moment où on ne peut plus
rien faire parce qu'on est le futur et que le présent dont vous êtes le futur vous a mis en
maison de retraite histoire de ne plus vous avoir à la maison (« ma chérie, tu as pensé à
arroser mamie? »). C'est pourquoi je rejette le futur. A partir de maintenant je suis anti-
futur. Que les hippies ne viennent plus me faire chier avec leurs che guevara luttant contre
le capitalisme, Ghandi combattant l'oppresseur colonial ou Malcom X luttant contre le
racisme. Par ce manifeste, je m'en prend à la marche même de l'univers et proteste contre
la notion d'écoulement du temps. D'aucuns on dit que les camps de concentration
n'avaient jamais existé tout comme le World Trade Center et que c'étaient des complots
sionistes ou de la CIA (noyautée par les francs-maçons comme chacun sait), moi j'affirme
haut et fort que la notion de futur est inventé par le complot des fabricants de montre, la
fraternité des banquiers avec taux à long terme, la loge secrète des organisateurs de
mariage et des loueurs de salles des fêtes et la phalange des sages-femmes. Non le
temps ne s'écoule pas! Non aujourd'hui n'a pas de conséquences sur demain! De toute
façon, demain est une invention. Quelqu'un est-il déjà revenu de demain pour nous dire à
quoi ça
ressemblait? Non, jamais. Je ne vois pas pourquoi je croirais à ça. Certains
choisissent de ne pas croire à la vie après la mort, moi je choisis de croire qu'il n'y a pas
de vie après la vie, ou du moins après la nuit. En l'absence de preuve tangible de
l'existence d'un avenir, cela n'est que pur supposition et affaire de foi tout comme le
paradis, l'enfer ou les débouchés des facs de sciences humaines. Evidemment, en reniant
cette notion, la lutte ne sera pas facile à organiser, nous ne pouvons pas nous réunir
demain vu que demain n'existe pas. J'attendrai donc qu'on m'envoie des messages dans
le présent pour y répondre. Le monde manque de causes perdues: le climat c'est en
cours, la communisme est mort, les phoques aussi et les africains tout le monde s'en fout.
Je propose donc une nouvelle idéologie prête à balayer les fondations pourries de cette
société déliquescente. Tous ensemble refusons le futur!
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