Un été pourri
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Description

Une histoire d’amour entre adolescents qui a pour cadre la côte de la Mer du Nord dans les années 70. La jeunesse des deux héros ne rend pas cette soudaine passion moins violente et moins douloureuse que celles des adultes.
Un récit saupoudré d’un peu d’émotion, d’humour ; et très arrosé !

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Publié le 17 octobre 2011
Nombre de lectures 420
Langue Français

Extrait

UN ETE POURRI
L’été de mes vingt ans, je passais mes vacances sur la côte d’azur avec mes trois potes : Fred,
Jean-Philippe et Tonio. Notre vieille « deux chevaux » nous avait conduits dans un petit camping assez
éloigné de la mer, pas trop bondé, situé dans une magnifique pinède au pied de l’Esterel. On passait
beaucoup de temps à la plage, mais aussi à faire des randonnées dans l’arrière-pays. Habités par l’euphorie
qui saisit tous les étudiants qui viennent d’obtenir leur diplôme, nous passions aux yeux des autres
campeurs pour de joyeux farfelus pleins d’insouciance. C’est pourquoi nous limitions nos contacts avec
nos voisins, pour l’essentiel des familles peuplant des roulottes entourées de gosses braillant.
L’avant veille de notre départ, alors que nos coups de soleil avaient mué d’un rouge vif vers un
beau bronzage orangé, (ce qui, mais un peu tard, nous conférait une certaine force d’attraction auprès des
jeunes filles du village) une caravane vint se poser juste à-côté de notre tente rapiécée. Sa plaque
d’immatriculation portait le chiffre 59, ce qui est assez fréquent dans cette région. Cela nous conduisit à en
désigner entre nous les occupants, un couple sexagénaire, comme « les ch’tis ». Dans les préjugés de notre
jeunesse, nous les imaginions tristounets et ennuyeux, et nous fûmes très surpris quand, vers les 8 heures
du soir, l’homme, qui se nommait Willy, nous invita à prendre le pastis, entre voisins.
A l’encontre de notre première impression, ils s’avéraient être de joyeux lurons, surtout lui ! Il
nous fit rire aux éclats en nous racontant des blagues et des anecdotes puisées dans sa longue vie. L’apéro
se prolongea très tard et nous regagnâmes à regret notre précaire abri de toile, après s’être promis de
passer ensemble la soirée suivante.
La femme de Willy avait concocté, dans sa popote sommaire, un waterzooï de poulet, que nous
trouvâmes tous excellent ; et des frites à sa façon, bien meilleures que celles de la buvette du camping. La
conversation tourna naturellement autour de leur région d’origine. Avec un accent épais comme les
brumes du Nord, Willy vantait les qualités de son pays injustement décrié. Oui, il n’y fait pas toujours
beau, disait-il, mais la chaleur des habitants compense les défauts du climat. Il nous contait des histoires
avec une telle verve que, sous l’effet du vin rosé et de cette façon de parler si particulière, nous croyions
voir un brouillard blanchâtre se poser sur la pinède ; et nous imaginions que l’étendue marine dont nous
percevions au loin la rumeur n’était pas la Méditerranée turquoise, mais la grise mer qui rugit sur les côtes
de Flandre.
Nous étions conquis ! A tel point que je me demandai un moment pourquoi nous avions jeté notre
dévolu sur Saint-Raphaël plutôt que sur Dunkerque.
Afin de résumer ses propos, Willy nous lança :
« Connaissez-vous ce proverbe sur ma région ? : Le nord, quand on y va, on pleure deux fois : La
première fois quand on y arrive, et la deuxième… quand on le quitte ! »
Nous éclatâmes de rire. Mais après quelques secondes, je remarquai que la mine de Jean-Phi
changeait et devenait pensive. Instinctivement, toute l’assistance se tourna vers lui, le regard interrogateur.
« C’est exactement ça – dit-il les yeux dans le vague – laissez-moi vous raconter une histoire ; pas
une histoire inventée, mais quelque chose qui m’est arrivé, il y a quelques années… »
A voir ce grand gaillard, le plus fou de notre petite bande, le premier à inventer des facéties, celui
qui ne ratait jamais une occasion de déconner, prendre un air si sérieux, je fus décontenancé. Willy avait
perdu la vedette. Nous étions tous suspendus aux lèvres de Jean-Philippe.
Voici ce qu’il nous conta :
1
J’avais quinze ans à l’époque. Mes parents, ma sœur et moi, passions toutes nos vacances sur la
côte atlantique ; à Royan, à l’île d’Oléron, au pays basque, en Bretagne… Destinations commodes, pas
trop coûteuses (nous étions assez pauvres) et pas trop éloignées du petit village de la Sarthe où nous
habitions. Un jour de mai, alors que nos congés étaient déjà planifiés autour de Quiberon, assortis d’une
visite à Belle-Île, une lettre dans une enveloppe colorée arriva dans notre boîte. Elle nous informait que
nous étions les heureux gagnants du troisième prix d’un concours (je ne me rappelle plus lequel ; mots
croisés dans un journal, marque de chocolat, ou de biscuits ? Mon père avait la manie de répondre à tous
les bulletins de ce genre qui lui tombaient sous les yeux.)
On aurait bien sûr préféré les deux premiers prix : un voyage aux Baléares et un séjour en
Autriche. Mais les talents, ou la chance, de Papa ne nous permettaient que des vacances dans une
résidence moderne, à Malo-les-bains. J’étais alors fâché avec la géographie ; et pas seulement avec elle !
Mes bulletins scolaires ne laissaient pas présager le brillant étudiant que je suis devenu ! Bref, Je pensais
en toute innocence que la ville où nous passerions nos vacances se situait dans la banlieue de Saint-Malo.
Cette confusion ne fit que différer mon désespoir ! Mes parents, bien sûr, sautèrent sur l’occasion. Belle-
Île rejoignit illico les calendes grecques, et, le premier matin de juillet, nous prîmes allègrement la route
d’Alençon, dans la direction exacte qui mène vers le pôle nord.
Quand la R16 familiale franchit la frontière séparant la Somme du Pas de Calais, le ciel à l’horizon
était rempli de nuages sombres, dont la noirceur ne fit que s’accentuer à mesure que nous nous en
approchions. Je distinguais dans le lointain, à droite et à gauche, des montagnes. Je n’aurais jamais
imaginé que la Bretagne fût aussi accidentée ! Et ces monts, loin de posséder la blancheur des sommets
alpins qui garnissaient les murs de ma classe, ressemblaient plutôt aux tas de charbon que je voyais dans
les cours des maisons de mon village qui n’avaient pas encore accordé allégeance à la compagnie du gaz
de France. Je ne compris que bien plus tard la signification du mot « terril ».
Aux environs de Saint-Omer, une fine pluie commença à se déverser sur la voiture ; qui se
transforma en déluge quand nous atteignîmes la côte. Ma petite sœur, âgée de huit ans, n’était pas en
mesure d’évaluer l’ampleur de la catastrophe, mais quand nous descendîmes sous une pluie battante de la
voiture devant la porte de la résidence, Papa, et Maman surtout, tiraient une tronche d’enterrement ! Une
femme vêtue d’un ciré jaune nous attendait devant la porte. Elle nous tendit, avec un sourire gêné, les clefs
du logis qui devait abriter, c’est bien le mot !, nos quatre semaines de séjour. On se coucha très tôt ce soir-
là.
Le lendemain, on fit connaissance avec la plage. Ça ne ressemblait pas vraiment à Royan ! Pas de
pinède, pas de gosses jouant au ballon en poussant des cris stridents, pas de pêcheurs en short fouillant de
leur haveneau les mares qui sont le piège des crevettes à marée basse. Non ! Une étendue de sable gris,
devant une mer encore plus grise, pratiquement déserte, et envahie d’une bruine glacée qui nous pénétrait
la chair, les os, et la moelle. Au milieu de ce paysage désolé se tenait une triste baraque de bois où l’on
pouvait faire l’acquisition, pour un prix très modique, d’un cornet de frites ou d’un filet de poisson grillé.
Papa, qui était d’un naturel optimiste, arborait un sourire forcé et parlait avec volubilité ; pour tenter
d’effacer le naufrage dans lequel il nous avait plongés. Il nous offrit à tous une portion de frites,
généreusement arrosée de mayonnaise. Et c’est après avoir fait quelques pas, sur le sable qui collait à mes
espadrilles, en croquant dans une frite déjà rendue molle et froide par la pluie qui tombait avec plus
d’insistance, que je me mis à pleurer. En tournant mon regard vers l’horizon grisâtre afin que mes parents
ne remarquassent pas mon trouble. Un mois ! Un mois à passer dans cette zone sinistrée !
Ce fut l’été le plus pourri que connurent les rives de la mer du nord. Une dépression venue de je-
ne-sais-où s’étendait sur la côte entre la Normandie et la Hollande, et nous, on était pile au milieu !
2
Je fis d’énorme progrès en orthographe et j’appris plein de mots avec des K, des W et des Z. Car
nous employions l’essentiel de nos journées à jouer au scrabble. Et aussi à la belote, au tarot, aux sept
familles, à la manille, aux petits chevaux, aux dames… Dans le but de varier les plaisirs, et pressentant
avec justesse que la catastrophe climatique risquait de durer, Papa prit l’excellente initiative de faire
l’acquisition dans une boutique de jeux, juste avant la rupture de stock, d’un monopoly, d’un cluedo et
d’un jeu des mille bornes. Je confondis au moins quinze fois le colonel Moutarde et fus à maintes reprises
l’heureux propriétaire d’un hôtel rue de la Paix. Mais j’aurais amplement préféré pouvoir me balader sur
la plage sans pull-over ni K-way et plonger un peu plus qu’un orteil frileux dans l’océan.
Nous fîmes bien quelques virées, à Dunkerque et dans ces patelins aux noms bizarres qui
l’entourent : Coudekerque-Branche, Hondschoote, Wormhout... Nous allâmes même jusqu’à la Panne
pour vérifier que les moules et les frites avaient le même goût en Belgique. Où que nous allions, la pluie
nous accompagnait et nous n’abandonnions nos parapluies et anoraks qu’à l’entrée des bistrots où Papa
menait une consciencieuse étude comparative des différentes bières de la région.
Au bout de dix jours, mes parents envisagèrent la possibilité d’un repli stratégique vers des cieux
plus cléments, dans quelque région sise au sud de la Loire. On perdrait le prix de la location, mais bon,
tant pis ! On n’avait rien payé !
Enfin, peu avant la fête nationale, la pluie cessa et le soleil fit son apparition. Il avait pour nom
Florence. Oui, je ne parle pas de l’astre du jour qui, bien que visible, ne brillait que d’un éclat timide à
travers la brume persistante ; mais d’un astre autrement flamboyant : la fille du couple qui venait de
s’installer dans l’appartement jouxtant le nôtre.
Florence habitait à Mons, en Belgique. A peine plus âgée que moi, elle atteignait la plénitude qui
caractérise cette période où la femme a définitivement quitté l’adolescence. Elle enflamma mon cœur
d’adolescent dès le premier regard. Je bénissais le ciel, en lui pardonnant d’un coup toutes les misères
qu’il m’avait faites les jours précédents, pour avoir conduit cette somptueuse sirène à s’échouer sur cette
triste berge et l’illuminer de son éclat.
Ses longs cheveux d’un blond flamboyant encadraient un visage harmonieux éclairé par des yeux
d’azur et marqué sur les joues de deux espiègles fossettes. Son teint hâlé m’incitait à penser que la région
de Mons bénéficiait d’un micro-climat exceptionnel ; mais j’appris par la suite qu’elle revenait d’un séjour
en colonie dans le Valais, une zone non sinistrée de l’Europe !
Mes parents et les siens se lièrent très vite de sympathie, et les parties de scrabble et de monopoly
réunirent bientôt les deux familles. Car, bien que la douche céleste fût interrompue, il n’était pas encore
question de pénétrer dans les flots glacés. On n’avait pas de mal à trouver un coin où poser sa serviette et
nos séjours sur la plage ne duraient jamais longtemps. Comme par défi, et bien que nous en ressentions la
totale inutilité, nous endossions nos costumes de bain. Ce qui me permit de constater que la plastique
générale de ma sirène wallonne n’avait rien à envier à celle de son visage. Elle représentait la perfection !
J’avais beau chercher, je ne parvenais pas à lui trouver le moindre défaut. Moi, dont l’imitation de l’accent
belge constituait une des principales ressources du répertoire comique, je trouvais le sien empreint d’un
charme exquis. Je ne manquais jamais de lui accorder des faveurs ; je portais son sac de plage, lui prêtais
mes bandes dessinées, ne ratais pas une occasion de lui offrir des friandises. J’allai même jusqu’à renoncer
à bâtir un hôtel aux Champs-Elysées dans le seul but de lui laisser gagner la partie !
De son côté, elle semblait éprouver pour moi au moins une certaine sympathie. Les filles de cet
âge cachent bien leurs sentiments, et bien que novice dans le domaine de la psychologie féminine, je
savais cela. Je caressais, en attendant mieux, l’espoir de la séduire. J’aurais aimé avoir deux ans de plus,
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mais je bénéficiais d’une absence totale de concurrence. Aucun garçon ne traînait dans nos parages ; seuls
des vieux couples et des familles pourvues de jeunes enfants occupaient la résidence. Et il faut dire
qu’alors, tout comme aujourd’hui, j’étais assez bien fait de ma personne !
Les autorités municipales, considérant l’amélioration des conditions météorologiques, décidèrent
de maintenir le feu d’artifice et le bal du 14 juillet. Nos deux familles s’y rendirent de concert. Assis sur le
sable juste à-côté de Florence, je me hasardai, au moment où le bouquet final, dans un fracas d’explosion,
colorait le ciel au-dessus de l’horizon marin de mille couleurs crépitantes, à prendre sa main dans la
mienne. Elle ne resserra pas ses doigts mais elle ne retira pas sa main. Je pris cette acceptation pour un
encouragement.
Quand les flonflons de l’orchestre firent résonner la grève, je l’invitai timidement à danser. Sentir
son corps entre mes bras me glaçait d’effroi, mais me remplissait de fierté. Quand elle accorda un slow à
deux ou trois freluquets du coin, je crevai de jalousie. Et pour me venger, invitai à mon tour quelques
filles, que je prenais soin d’élire parmi les moins belles et les plus boutonneuses. Mais le ciel était avec
moi ! Il me fit cette nuit-là un formidable cadeau !
Vers minuit, alors que j’entamais la troisième danse avec ma dulcinée, un déluge s’abattit soudain
sur la place. Tout le monde se mit à courir en tous sens à la recherche d’un abri. Empoignant fortement le
bras de Florence, ainsi qu’il convient à un mâle protecteur, je l’entraînai jusqu’à une petite cabane censée
servir d’abri aux baigneurs pour se changer et dont la porte faisait défaut. Il y avait juste assez de place
pour nous deux et personne ne vint nous déranger. Dans la faible lumière d’un lointain réverbère, je ne
voyais que ses yeux et ses cheveux de paille qui collaient à ses tempes. Cette vision provoqua chez moi un
regain d’amour et je me décidai à oser faire ce que je n’avais jamais fait auparavant. Je caressai
doucement la chevelure trempée, mis mes mains sur ses épaules, et déposai sur sa bouche un baiser
frileux. Elle y répondit au-delà de mes espérances. Deux heures après, en nous séparant devant la
résidence, alors que nos parents respectifs avaient déjà rejoint leurs chambres, se doutant très bien de ce
qui avait pu se passer, nous échangeâmes un dernier baiser, plus long que les autres, avant de regagner, à
contre courant, deux lits où le sommeil ne pouvait nous accueillir.
Papa et Maman voyaient d’un bon œil cette liaison qu’ils ne prenaient que comme une simple
amourette. Avaient-ils déjà oublié combien violents sont les incendies qui enflamment les cœurs au sortir
de l’adolescence ? Quoi qu’il en soit, ils nous laissèrent tranquilles autant qu’ils purent.
Le temps s’étant de nouveau détérioré, les parties de scrabble, et du reste, reprirent. Mais Florence
et moi n’y participions plus. Nous préférions de loin nous balader main dans la main sous un parapluie
dans le crachin glacial.
Je passai deux semaines délicieuses, face à la mer grise, accompagné d’un soleil que j’étais seul à
voir.
Le matin du dernier vendredi, tout à coup, la brume se leva complètement. D’un bout à l’autre de
l’horizon le ciel paraissait bleu comme celui qui surplombe les îles grecques. La plage se trouva vite
envahie de monde et un courant marin capricieux réchauffa la mer de plusieurs degrés. Dès midi, au long
de l’immense étendue sableuse qui s’étend de Calais à Ostende les ballons fusaient, les gosses couraient,
les jeunes gens plongeaient dans l’eau en criant et en faisant force éclaboussures pour impressionner les
jeunes filles. Même les marchands de glaces avaient repris leur incessant va-et-vient à deux pas de la rive.
Et ce vendredi était celui de la veille de mon départ !
Le lendemain, mes parents m’accordèrent la permission d’aller seul faire mes adieux déchirants à
Florence dans l’appartement que les siens avaient abandonnés par discrétion. Quand je revins à la voiture,
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mon visage était tellement décomposé qu’ils ne me posèrent aucune question. Je pris place en sanglotant
sur la banquette arrière, à côté de ma sœur, et nous partîmes vers le Mans, vers le sud, sous un soleil
radieux.
Je passai le mois d’août chez mon oncle en Auvergne. Il y fit un temps superbe. J’attrapai des
coups de soleil qui m’interdirent, durant trois jours, de me retourner dans mon lit. Le soir, j’écrivais à
Florence des lettres enflammées. Elle me répondit deux fois. Puis je n’eus plus de nouvelle.
A la rentrée, en septembre, je tombai amoureux, ainsi que tous les élèves mâles de la 3
e
4 du lycée
Jules Ferry, de Sylvie Morin, la plus belle fille de la classe. Mais un de mes ventricules gardait toujours
une place pour Florence.
Mon père possédait une impressionnante collection des disques de Georges Brassens. Je ne
m’intéressais pas trop à ce chanteur, lui préférant Claude François ou les Beatles. Mais un jour que le
désœuvrement m’avait poussé à écouter un de ces disques, j’entendis une chanson qui atteignit le tréfonds
de mon cœur. Je l’appris par cœur, cette chanson ; et aujourd’hui elle est une de mes préférées. Allez
savoir pourquoi… Ça faisait comme ça :
« Un p’tit coin d’paradis
contre un coin d’parapluie… »
5
A l’instant même où Jean-Phi terminait son récit, j’entendis un « ploc » provenant du verre de rosé
posé devant moi sur la table de camping. Une goutte de pluie venait d’y tomber. Bientôt suivie par
d’autres gouttes s’écrasant sur la table, les assiettes vides et le tissu de nos vêtements. En quelques
secondes, cette innocente précipitation devint une averse. Il tombait des cordes ! Un éclair illumina le
camping, comme le flash d’un appareil photo. Et une seconde après un craquement sonore déchira le
bruissement de la pluie.
Trempé comme une soupe, je repliai en hâte ma chaise, ainsi que mes compagnons, et nous nous
ruâmes vers la caravane pour se mettre à l’abri.
Entassés comme des sardines dans le petit habitacle, nous attendions la fin de l’orage. Alors je vis
ruisseler sur la joue de Jean Philippe, parmi les gouttes qui tombaient de ses cheveux, une larme, une vraie
larme, que je fus seul à remarquer.
FIN
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