la croisade des petites gens
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La croisade des petites gens Le 15 janvier 1096, Marles n'est encore qu'un petit village, planté en bord de sambre dans le bocage de l' Avesnois. Ici, c'est l'hiver, la neige s'est installée depuis deux semaines déjà, et à la ferme des durand le climat est plutôt morose. Il faut dire que les paysans du moyen âge ont une existence particulièrement difficile. Certes , les Durand ne sont pas les moins biens lotis, ils bénéficient d'une certaines libertés, beaucoup de paysans de l'époque sont serfs au service d'un seigneur, et en plus les durand vivent dans une région relativement peu taxée. Non, le problème qui inquiète le père Durand, c'est que l'année a été particulièrement mauvaise, et qu'il faut vivre sur ses réserves jusqu'au printemps. Son autre inquiétude c'est qu'il a envoyé jean, son fils aîné au monastère voisin, pour voir si les moines n'auraient pas besoin d'un coup de main, et qu'il met du temps à rentrer. Pendant que le père fait les quatre-cents pas entre la porte et le centre de l'unique pièce de la maison , sa famille au complet est assise autour de la cheminée ou réchauffe la traditionnelle soupe de légumes. Autour de l'âtre, il y a sa femme Germaine, et leur deux autres enfants Léon qui va avoir onze ans et Marie cinq ans, mais il y a aussi le frère de son épouse, avec sa femme, et leur nouveau né. Il faut dire qu'il est courant a cette époque de vivre à plusieurs membres de la même famille sous le même toit.

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Publié le 26 novembre 2013
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Langue Français

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La croisade des petites gens
Le 15 janvier 1096, Marles n'est encore qu'un petit village, planté en bord de sambre dans le bocage de l' Avesnois. Ici, c'est l'hiver, la neige s'est installée depuis deux semaines déjà, et à la ferme des durand le climat est plutôt morose. Il faut dire que les paysans du moyen âge ont une existence particulièrement difficile. Certes , les Durand ne sont pas les moins biens lotis, ils bénéficient d'une certaines libertés, beaucoup de paysans de l'époque sont serfs au service d'un seigneur, et en plus les durand vivent dans une région relativement peu taxée. Non, le problème qui inquiète le père Durand, c'est que l'année a été particulièrement mauvaise, et qu'il faut vivre sur ses réserves jusqu'au printemps. Son autre inquiétude c'est qu'il a envoyé jean, son fils aîné au monastère voisin, pour voir si les moines n'auraient pas besoin d'un coup de main, et qu'il met du temps à rentrer. Pendant que le père fait les quatrecents pas entre la porte et le centre de l'unique pièce de la maison , sa famille au complet est assise autour de la cheminée ou réchauffe la traditionnelle soupe de légumes. Autour de l'âtre, il y a sa femme Germaine, et leur deux autres enfants Léon qui va avoir onze ans et Marie cinq ans, mais il y a aussi le frère de son épouse, avec sa femme, et leur nouveau né. Il faut dire qu'il est courant a cette époque de vivre à plusieurs membres de la même famille sous le même toit. Les parents accueillent souvent les grands parents, et même parfois les oncles, les tantes, et les cousins lointains qui sont dans le besoin. Ce n'est que vers 19h00, une heure après le coucher du soleil que le grand Jean va montrer le bout de son nez. Il est grand temps pour tous de passer à table. Le fils aura tout loisir de raconter sa journée pendant le repas. Et il faut dire qu'aujourd'hui il en a tellement à raconter qu'il ne sait pas vraiment par quoi commencer. C'est son père qui va le premier rompre le silence. Le patriarche est pressé de savoir si son fils a trouver de l'embauche. Il questionne:  Et alors, Jean, ta journée s'est bien passée? Jean pose sa cuillère sur la table, prend une grande aspiration, puis lance:  J'ai longuement discuté avec les moines, et j'ai décidé de partir faire Jérusalem. La phrase que Jean vient de prononcer semble geler l'atmosphère, plus personne ne bouge, sa famille toute entière est pendue à ses lèvres. Il enchaîne:  Les moines m'ont dit que Pierre l' ermite était dans la région, il a décidé de monter une armée. On va délivrer le tombeau du christ. Jean enchaîne, il sent en lui la même ferveur que celle qui animait le moine à qui il a parlé dans l'après midi. Il sait que son combat est juste, et que c'est la main du seigneur lui même qui commande ses actes. Jean s'engage maintenant dans un plaidoyer des plus passionné. Il parle du concile de Clermont qui s'est tenu fin novembre dernier. Il décrit avec précision le pape Urbain 2 qui parle à un millier de fidèles amassés devant le parvis de l'église, et puis il y a cette phrase lancée par cet
ancien soldat devenu prêtre du nom de Pierre l'Ermite. Ce fameux "dieu le veut, Deus lo volt".  Oui dieu veut que l'on reprenne la terre sainte volée par les musulmans, dieu veut que le peuple chrétien marche sur Jérusalem, Dieu à besoin de nous, et je serai là pour l'épauler conclut Jean. Le père Durand n'a pas prononcé un seul mot pendant le discours de son fils, la famille toute entière est maintenant tournée vers lui, chacun attend un signe, un regard, un geste de sa part. Il racle sa gorge, pour éclaircir sa voix, puis lance: " Si dieu le veut, ......alors nous irons tous en terre sainte. Nous vendront la ferme, les animaux, et nos meubles, et nous nous mettrons en marche dès le début février, la gloire et la fortune nous attend. Mais, maintenant allons nous coucher. Nous allons avoir besoin de forces pour préparer notre périple." Les deux semaines qui vont suivre vont passer à une vitesse folle. Le père a trouvé rapidement quelqu'un pour lui acheter sa ferme, bien sûr pas au prix qu'il aurait espéré en avoir, mais assez pour partir en expédition. Et le bon côté de l'histoire, c'est qu'en fin de compte, il ne partiront pas seul. La rumeur de leur départ s'est répandue à la vitesse de l'éclair dans les villages voisins, ils ont réussi a convaincre une autre famille à se lancer dans l' épopée. Le rendezvous du départ est fixé au 7 février à l'aube. C'est finalement au soir du trois février que le cortège des deux chariots se mit en route. Les durand en tête, et les Gontrand en second avec le père, la mère, et un voisin, un peu simple d'esprit, avec une jambe de bois, mais ma fois, si dieu veut que les chrétiens fassent Jérusalem, il va certainement leurs accorder l'un ou l'autre miracle. Le Voyage va durer un peu plus de deux mois. Les deux chariots seront rejoint par un autre aux alentours de Mons en Belgique. Un second en approchant de Bruxelles, et puis deux encore avant de franchir la frontière allemande. Le 12 avril en soirée tous arrivent au porte de Cologne. Le spectacle qui se présente alors devant eux relève de l'impensable. La plaine qui entoure Cologne est noire de monde. L'histoire dira plus tard que l'on estime à 100.000 le nombre de pèlerins qui ont fait le déplacement. Et le moins que l'on puisse dire c'est que tout ce petit monde est pressé d'en découdre avec les sarrasins. C'est Jean qui le premier va apercevoir le fameux Pierre l' Ermite au milieu de la foule. Il est exactement comme les moines l'ont décrit. Un homme d'une certaine carrure, voir même un peu bedonnant, avec une longue barbe brune, et habillé d'une simple bure de moine brune. Une foule s'est formée autour de lui. Jean s'avance pour écouter ce que l'on dit. Il tend l'oreille, mais à difficile à comprendre. Il profite d'un mouvement de foule, et que quelques individus qui étaient au centre décident de sortir pour les questionner. Il s'adresse à l'un deux, qui porte la cuirasse de chevalier, et une énorme tignasse blonde comme les blés. Jean ne le saura que beaucoup plus tard, mais il celui qui est face à lui n'est autre que le fameux Gautiersansavoir. Malgré l'envie, il ne va pas avoir le temps de discuter longuement avec le preux chevalier. Gautier est pressé d'en
découdre et de bouffer du sarrasin, la seule phrase qu'il prononcera ce jour là, c'est "passe l'information, demain on part". C'est effectivement le lendemain, à la première heure que la première croisade se mis en marche. Ce fut l'un des plus gros soulèvement populaire de toute l'histoire. Mais aussi l'un des plus grand massacre que la France n'a jamais connu. Il faut dire que rien n'avait vraiment été organisé, et que jusque la dernière heure, notre bon père l'Ermite aurait préféré que tout ce beau monde s'en retourne bien sagement à la maison plutôt que de se lancer dans une guerre qui était perdue d'avance. Mais comme le peuple est parti, qu'il se sent quand même responsable, maintenant, le mieux qu'il a à faire c'est de suivre. Gautier part donc premier en direction de la Hongrie accompagné d'une armée composée en majorité de français, les troupes de pierre l' hermite lui emboîte le pas avec quelques jours de retard. Notre bon Jean, et sa famille fait partie de ce second convoi. Arrivé aux portes de la Hongrie, le roi Coloman n'a pas d'autres solutions que de les laisser passer, il sait qu'il n'est pas concerné par cette guerre, mais que si il refuse, il risque de mettre le feu aux poudre. Malgré le bon vouloir du peuple hongrois, le passage se fait péniblement, et lentement, les troupes de croisés sont obligés de mendier et de piller pour pouvoir survivre. Les autochtones vont laisser faire, Mais lorsque les troupes de Pierre l'hermite arrivent à Semlin, les croisés vont vite comprendre qu'il y a eu un problème avec la croisade menée par Gautier. En effet, les armes et les vêtements de leurs compagnons d'arme sont suspendus tel un trophée aux remparts de la ville Hongroise. Le sang des combattants ne va alors faire qu'un tour, la colère va monter dans les rangs des soldats de dieu, et c'est uni comme un seul homme que les croisés vont prendre d'assaut et littéralement écraser cette petite et dernière bastide du territoire hongrois. La rumeur de ce massacre va se répandre dans la campagne à la vitesse d'un cavalier au galop. Lorsque quelques jours plus tard les troupe de Pierre se présente aux portes de Belgrade, Les habitants terrorisés ont fuit la ville depuis longtemps, et les croisés peuvent piller le peu qu'il reste en ville comme bon leur semble. La troupe reprend ensuite sa route en direction de Nis, où elle est rejointe par la milice du gouverneur Nicétas, qui les autorisent à continuer leur chemin, à la seule condition de ne plus s'arrêter que maximum trois jours devant chaque ville. Le premier août 1096, Pierre l' hermite, et ses troupes sont aux portes de Constantinople. Jean est le dernier de sa famille encore en vie. Son père qui est mort au début juillet lui a fait promettre de combattre jusqu'au bout, et il n'est pas prêt de manquer à sa parole. Jean est fatigué, affamé, mais heureux et fier d'être arrivé jusque là. Il marche maintenant en tête de peloton. Il est le premier à apercevoir les berges du Bosphore dont ses compagnons lui parle depuis quelques jours. Le spectacle qui s'offre à lui est supérieur a toutes ses attentes.
Le fleuve fait plus un kilomètre d'une rive à l'autre, voir même peutêtre deux, Impensable de traverser à la nage. Il faudra un miracle pour que la croisade continue. Pourtant, et pour la première fois depuis le départ, les croisés vont avoir enfin de la chance. l'empereur Alexi 1er va les aider à traverser, et leur assigne la place forte de kibotos. La croisade entre alors dans sa phase la plus sanglante. Kibotos qui devait être leur salut deviendra leur tombeau. A partir de ce moment là, les soldats de dieu vont être traqués sans relâche par les forces turques. Les croisés vont aller de défaites en défaites. Il y aura bien quelques victoires, comme la prise de Xerigordon en novembre par une troupe dirigée par un noble italien du nom de Renaud. Mais la ville sera reprise quelques jours plus tard par le sultan Kilij Arslan. Les troupes croisées resteront jusque fin octobre dans le camp de Kibotos. Le 21, pour être précis, ils décident de quitter le camp et de se remettre en route vers Nicée. C'est là qu'ils vont tomber dans un piège tendu par les turcs. 22.000 croisés vont mourir ce jour là, seul 3000 parviennent à rejoindre l'empire Byzantin. Jean fait partie des derniers survivants. Avec quelques compagnons, il croisera quelques jours plus tard la troupe de la croisade menée par les barons, et décident de se joindre à eux pour continuer le combat, comme il l'a promis à son père sur son lit de mort. Ce sera la dernière fois que l'histoire entendra parler de notre bon Jean. Beaucoup diront qu'il est mort lors du siège d'Antioche en octobre 1097, mais nul ne saura si Jean est mort en combattant ou simplement de faim comme beaucoup de ses concitoyens. Il y a eu huit croisades entre 1096 et 1270. Certaines furent couronnées de gloires, d'autres furent un véritable fiasco, mais aucune ne fut aussi sanglante que la croisade des petites gens.
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