Le PPRISME
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Description

Le PPRISME La cotation Kreis – Volume I Xavier Aliot 1 Tous droits réservés à Xavier Aliot Première édition Janvier 2013 2 Merci à Isabelle pour son inconditionnel soutien, à Julie pour son travail de correction et à tous ceux qui m’ont encouragé dans l’écriture de ce premier roman. 3 PROLOGUE Assise sur le rebord du fauteuil, Loïs zappe machinalement. Elle s’inquiète. Henri n’a pas pour habitude de rentrer tard. La police était passée un peu plus tôt pour demander où ils pourraient le trouver, ils n’avaient pas voulu en dire plus… Depuis, aucune nouvelle de lui… Sur toute la longueur du salon, le mur écran à vision stéréoscopique creuse la pièce en profondeur. À quelques mètres en face d’elle, derrière un immense globe bleu surmonté du titre « Journal de 20 heures », le présentateur télé apparaît tandis que les titres en 3D défilent sur le sol. « Mesdames et Messieurs bonsoir, bienvenue dans cette édition du 23 mars 2022, moins d’un mois avant le premier tour des élections présidentielles, le président-candidat Vernet est toujours en tête des sondages devant Marie-France Rousso pour l’Alliance à Gauche. À J-25, nous reviendrons sur l’actualité de la campagne en seconde partie de ce journal, car tout de suite, nous vous parlons une fois encore de l’étrangleur du cinquième.

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Publié le 04 mai 2015
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Le PPRISME La cotation Kreis – Volume I
Xavier Aliot
1
Tous droits réservés à Xavier Aliot Première édition Janvier 2013
2
Merci à Isabelle pour son inconditionnel soutien,
à Julie pour son travail de correction
et à tous ceux qui m’ont encouragé dans l’écriture de ce premier roman.
3
PROLOGUE Assise sur le rebord du fauteuil, Loïs zappe machinalement. Elle s’inquiète. Henri n’a pas pour habitude de rentrer tard. La police était passée un peu plus tôt pour demander où ils pourraient le trouver, ils n’avaient pas voulu en dire plus… Depuis, aucune nouvelle de lui… Sur toute la longueur du salon, le mur écran à vision stéréoscopique creuse la pièce en profondeur. À quelques mètres en face d’elle, derrière un immense globe bleu surmonté du titre « Journal de 20 heures », le présentateur télé apparaît tandis que les titres en 3D défilent sur le sol. « Mesdames et Messieurs bonsoir, bienvenue dans cette édition du 23 mars 2022, moins d’un mois avant le premier tour des élections présidentielles, le président-candidat Vernet est toujours en tête des sondages devant Marie-France Rousso pour l’Alliance à Gauche. À J-25, nous reviendrons sur l’actualité de la campagne en seconde partie de ce journal, car tout de suite, nous vous parlons une fois encore de l’étrangleur du cinquième. Une dixième jeune femme a été retrouvée morte hier. Si le lien avec les neuf précédentes victimes est évident pour la police, les inspecteurs ne disposent toujours d’aucune piste. En direct sur place, nous écoutons notre envoyé spécial. » Le journaliste, micro à la main, avance lentement vers la téléspectatrice. Derrière lui, la scène de crime. À l’entrée d’une pharmacie, une équipe de légistes et d’officiers de police judiciaire semble occupée à recueillir des informations. « Oui, David, le quartier est en émoi, il s’agit une fois de plus d’une très jeune femme qui venait de terminer ses études et occupait dans cette pharmacie du cinquième arrondissement son premier emploi. Tous les témoignages que nous avons recueillis rendent compte d’une véritable paranoïa ici en plein cœur de Paris, personne n’ose plus sortir seul. Je vous laisse
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découvrir ces images d’une extrême violence, elles peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ». Au beau milieu du salon surgit alors en lévitation au-dessus de la table basse le corps de la jeune femme. Elle avait les jambes recroquevillées, la jupe remontée à mi-cuisse, les bras jetés de part et d’autre de l’abdomen, le visage gris, la gorge offerte et tuméfiée d’énormes hématomes violacés. Effrayée par l’intrusion macabre, Loïs bondit sur la télécommande pour s’épargner le spectacle. Tous les canaux montraient les mêmes images insoutenables. Le plus horrible était que ces histoires se déroulaient juste en bas de chez elle. Ce monde était fou et heureusement pour s’en délivrer, elle n’avait pour l’heure qu’à éteindre sa télé. Dans le silence retrouvé de son appartement, le téléphone se mit à sonner. « Allô ?... Oui, vous avez pu le trouver ? Il va bien ?... Comment ça ?... » À mesure que l’inspecteur au bout du fil lui présentait les faits, Loïs se décomposait…
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ERE 1 PARTIE Le « Je ». « C’est alors que je me retrouve en plein océan, seul et perdu. Les vagues sont immenses, je monte et je descends au gré de la houle, je ne vois que de l’eau, de l’eau partout, à perte de vue. Je me maintiens à la surface quand derrière moi apparaît la coque d’un bateau monumental, il devait faire au moins vingt mètres de haut, voilà qu’il passe juste à côté de moi, à portée de bras. La coque est rouge vif, sur le flanc, le prénom de ma femme est écrit en grosses lettres noires. La peur s’accentue à mesure qu’il avance, j’appréhende d’être happé par les hélices à l’arrière et je commence à nager pour m’éloigner. Et plus j’essaie de lui échapper plus je sens une force qui m’attire à lui. Peu à peu, je suis entraîné sous la surface, j’essaie de me maintenir hors de l’eau mais c’est impossible, je me débats, j’agite les bras, les pieds, rien n’y fait, je suis comme englouti par une machine infernale, et ça dure, ça dure, j’ai besoin de respirer, de fuir, je tends les bras en avant quand d’un coup, je me retrouve sur une sorte de plaine, au bord d’une falaise. Au bout de mes bras je tiens Loïs, je la tiens par le cou, avec mes deux mains, elle bascule en arrière et je la sens glisser, alors je serre pour la retenir mais rien n’y fait, elle se dérobe et finit par tomber en arrière, je trébuche et me réveille. J’ai mis un petit moment à retrouver le sommeil, j’avais comme une crise de panique, je suis sorti prendre l’air sur le balcon et suis retourné me coucher. La même nuit j’ai fait un second rêve. J’étais en train de courir dans la bibliothèque de la fac, comme un gamin en train de jouer à cache-cache. Je compte dans ma tête et une fois
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terminé je crie, ça y est, je suis caché ! C’est idiot quand j’y repense parce que c’est celui qui cherche qui est censé annoncer la fin du décompte… Entre deux livres rouges, je vois passer des gens en robe de magistrat, comme des petits fantômes noirs. Je me sens un peu excité à l’idée qu’ils soient sur le point de me trouver… Mais je commence à m’impatienter, j’ai même l’impression qu’ils ne me cherchent pas. Je sors de ma cachette, je vais vers eux et j’essaie d’attirer leur attention mais ils ne me voient toujours pas. Je commence alors à me sentir mal à aise. Et là, ils s’interrogent devant moi, juste sous mon nez : “Quelqu’un parle ? Qui est là ?” Alors je fais du bruit, je gesticule, “Hé ho !” Je leur dis : “regardez-moi, je suis là !” Mais ils s’en foutent, je me mets à hurler, je les bouscule, je les secoue. Rien n’y fait, ça n’a l’air de rien comme ça mais c’est terriblement angoissant, personne ne m’entend, ne me voit, et c’est à ce moment qu’à nouveau je me réveille en sueur et groggy par les somnifères. C’est effrayant… » La voix chevrotante d’Henri Wolinski s’éteignit, prostré dans son fauteuil, la tête fixant le sol, il secouait énergiquement ses mains comme pour en évacuer les spasmes. Les coudes sur les genoux, il frottait maintenant du bout des doigts ses sourcils froncés d’angoisse. Il était visiblement agité et très affecté par ces rêves qu’il faisait depuis deux mois. En face de lui, confortablement installé dans son grand fauteuil de cuir brun, le docteur Kosta acheva de prendre ses notes. Après un petit moment de silence, le docteur leva la tête pour observer son patient : « Comment vous sentez-vous ? s’inquiéta-t-il. — Ça va aller, répondit Wolinski tout en continuant de malaxer son front. » Le thérapeute avait quitté le confort de son fauteuil pour lui servir un peu d’eau. Wolinski se redressa légèrement, saisit le verre et avala une gorgée. « Qu’en pensez-vous ? demanda-t-il. » Kosta pris le temps de réfléchir. « Commençons par évoquer ce second rêve si vous le voulez bien. Vous releviez le fait que ce n’était pas à vous d’annoncer que vous étiez caché, ni même à vous de compter la fin du jeu.
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Vous parlez de fantômes, de gens qui ne vous voient pas, et pourtant vous êtes excité à l’idée d’être trouvé. Vous êtes comme un enfant mais vous ne l’êtes pas c’est ça ? — Oui. — Qu’est-ce qui est mis en jeu dans cette partie de cache-cache ? — Je ne sais pas, je suppose que je dois vouloir me dissimuler quelque chose. — Vous dissimuler quelque chose… à vous-même ? — Peut-être… — Cela expliquerait le fait que vous soyez à la fois joueur et maître du jeu. » Wolinski inclina la tête, cette interprétation semblait avoir du sens pour lui. « Qui sont ces autres pour vous, ces magistrats en robes noires que vous décrivez comme des fantômes ? relança le thérapeute. — On en croise souvent dans les couloirs de la bibliothèque à la fac. Ils font partie des murs, ils sont là sans être là parfois, à potasser le code. — Ce lieu, qu’est-ce qu’il vous évoque ? — La bibliothèque ? — Oui. — Le boulot. Le code. — Ce pourrait être ces livres rouges entre lesquels vous vous cachez ? — Oui tout à fait. — Je fais ici le lien avec le premier rêve et la couleur rouge du bateau. Vous m’avez dit qu’il y avait écrit en lettres noires le prénom de votre femme. — Oui, qu’est-ce que ça veut dire selon vous ? » Le docteur Kosta arracha une feuille de son bloc et la tendit à Wolinski. Ce dernier, étonné, la saisit. « Pourriez-vous me dessiner ce grand bateau et vous dans l’eau ? demanda Kosta en lui présentant son stylo. » Wolinski s’exécuta. Il traça d’abord quelques ondulations, fit une tête et deux bras dépassant hors de l’eau puis dessina un immense carré au-dessus de la ligne de flottaison. Il finit par
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inscrire en lettres capitales, le prénom de sa femme : LOÏS. Surpris par son dessin il regarda son thérapeute en s’écriant : « On dirait un code civil… — C’est effectivement un lien auquel j’avais pensé. — Vous croyez que ces rêves n’ont rien à voir avec ma femme ? — Qu’en pensez-vous ? — Je n’en sais rien. C’est comme si elle devait être là avec moi pour quelque chose d’important, mais je dois la préserver ; je ressens comme une appréhension à lui dire quelque chose… — À propos du boulot ? » Wolinski restait muet et obscur. Le thérapeute fit durer le silence quelques secondes puis retira le capuchon placé au bout de son stylo pour le refermer, le clic marqua la fin de la séance. « C’est assez récurrent dans vos rêves de ces derniers mois, reprit-il. Il y a souvent cette confrontation à la loi. Ce grand code civil qui vous passe à côté, ces magistrats fantômes avec qui vous jouez à cache-cache, cette houle qui vous emporte et ces rayons de bibliothèque. Vous êtes toujours soit à subir des situations, soit à vouloir les provoquer, voire les dominer. Ce “jeu” de cache-cache, c’est véritablement le “je” première personne du singulier qui cherche à se trouver et qui joue son existence il me semble ; c’est un nœud sur lequel nous aurons beaucoup à développer dans les prochaines séances. » — Merci Docteur. — Les somnifères que je vous ai prescrit sont efficaces ? — Je ne sais pas, je suis allé hier les chercher à la pharmacie. J’utilisais encore ceux qui me restaient. — Bon, vous me direz. On se revoit la semaine prochaine, d’ici là, portez-vous bien. » La pluie battante frappait le pare-brise de la Peugeot 301 banalisée. La commissaire coupa le contact, les balais d’essuie-glaces terminèrent leur course. A priori, l’individu qu’ils devaient interpeller n’était pas armé mais il convenait de rester vigilant. L’officier sollicita sa supérieure :
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« Comment on procède ? — On reste tranquille, je lui dis ses droits et on l’embarque. » Ils sortirent de la voiture, claquèrent énergiquement les portières et se dirigèrent vers le bâtiment. En face, la porte s’ouvrit, une silhouette déploya un parapluie, à cette distance il était impossible de distinguer un visage. Dans l’épaisseur de la pluie qui martelait le sol, Tarik, la tête rentrée dans ses épaules, monta la voix pour se faire entendre : « C’est lui, non ? — Ça correspond. » Les deux agents rejoignirent l’homme au parapluie. « Vous êtes Henri Wolinski ? — Oui ? — Sonia Costello, commissaire de police et voici Tarik Ajloun, officier de police judiciaire, nous aimerions vous entendre au sujet d’une enquête. » Wolinski, d’abord surpris, prit l’air inquiet, « De quoi s’agit-il ? Qu’est-il arrivé ? — Un meurtre, Monsieur Wolinski. — Un meurtre ? Oh mon Dieu, Loïs ? » — Rassurez-vous, répondit Tarik, il ne lui est rien arrivé, c’est elle qui nous a dit qu’on pourrait vous trouver ici, voulez-vous nous suivre s’il vous plait ? — Bien sûr, bien sûr, je vous suis… Vous n’avez pas de parapluie ? Cela va faire plus d’une semaine qu’il n’a cessé de pleuvoir à torrent. — On manque d’argent dans la police, c’est bien connu, ironisa Sonia. Suivez l’officier Ajloun, nous sommes garés en face. » Wolinski s’exécuta, Sonia jeta un regard à Tarik, ce dernier grimaça un peu d’incompréhension. Elle lui donna l’ordre de prendre le volant puis s’installa derrière avec Wolinski.
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