loto

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• Pulp Fiction

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• Publié par: popgun.ebooks
• Publié le: 16 novembre 2013
• Nombre de lectures: 67
• Licence : En savoir +
  Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
• Langue: Français

Extrait

Marie Laure porte bien ses presque soixante dix ans. Coquette, les cheveux permanentés et teints d'un orangé cuivré, elle arbore une toilette rose et blanche faite de voilages et de discrètes ouvertures coquines . Souriante et aimable, serviable et efficace, elle est la coqueluche du quartier des Alouettes et de son loto trimestriel. « . . .V ' l a l es f li c s ! Le 2 2 ! » vitupère un gros type dans son micro. C'est lui qui annonce les numéros aux joueurs dans la salle des fêtes. Il fait ça depuis 20 ans et tout le monde le connaît.

« tu sais, maman, ce type sur internet dont j'te parlais l'autre jour au téléphone ? »

Marie Laure scrutais ses cartons de jeu à remplir en écoutant distraitement sa fille. Sa quarantaine alcoolique générait toujours les mêmes histoires. Assise face à sa génitrice, Carole ne s'intéressait que furtivement au loto mais sa mère surveillait ses cartons. Ses mains maigres et jaunes serraient un verre large plein de whisky. Dans le cendrier s’amoncelaient des mégots de Marlboro Light .

« c'est un dingue, en fait...mais il me fascine, tu peux pas savoir ! Il aime quand on s'attache, tu vois .. ? J'veux dire avec des cordes, hein... »

Marie Laure appuya sur une touche de son téléphone portable pour lire l'heure sur le petit écran. « Les américains débarquent ! Le 44 !»  

« on s'est vu à l'hôtel, celui prés de la gare, le Chanzy. Super classe...qu'est ce que j'ai pris, bordel ! Tu peux pas savoir... Un furieux. »

Marie Laure se dit qu'à prés de quinze heure, Maxou, son fils ne devrait plus tarder à envoyer un message. Elle s'inquiète toujours un peu quand elle sait que son petit est en train de passer de la marijuana à la frontière espagnole. Sa technique est rodée mais quand même...on sait jamais.

« putain ...c'était Beyrouth dans mon cul, maman ! Jamais vu un mec aussi monté et nerveux. Un fêlé du cul, ce type. Moche de visage et assez con mais ...quelle queue, putain ... » « Un sacré pastis ! Le 51 ! »

Déguisé en pieu pèlerin, Max passait l'herbe sous sa robe de bure et son baluchon sur le chemin de Compostelle. Mais dans le sens Espagne-France. Depuis deux ans maintenant, tout le petit monde du bizness à la coquille connaissait cet illuminé de la pénitence et ignorait tout de son trafic.

« il bosse dans un love shop et Il est venu avec ses échantillons, tu penses … comme si son chibre suffisait pas ! J'ai failli m'étouffer direct quand il me l'a mis dans la bouche, 'man ... »

« ...sois prudente, tout de même, ma fille » marmonne Marie Laure en plaçant un pion sur un des cartons de Carole. « O n a p a s to u s l e e e s j o u r s .. 2 0 a a a a n n s . . Le 2 0 ! » Et toute la salle reprend le couplet de cette chanson populaire. Marie Laure chante aussi, en souriant aux alentours. Elle a une belle voix et souvent, au club de scrabble, on lui dit.

« il veut que l'on se revoie cette semaine. Il voudrait que je m'habille en salope. T'aurais pas un truc à me prêter ? Tu sais, ta robe blanche fendue sur le côté .. ? »

« je ne rentre plus dedans depuis des années !! Elle devrait t'aller ...la reprendre un peu à la taille peut être... On demandera à Janine de faire un point de couture ... »

Le portable de Marie Laure sonna. Un appel de Max.

« bonne fête, maman ! »

« Oh mon fils, que je suis contente ! Tu n'as pas oublié... ta sœur non plus, elle m'a accompagné au loto … oui, elle est en forme, ça va bien pour elle. Et toi ? ...C'est vrai ? Alors tout va bien. »