Un roman coup-de-poing par la fine fleur des lettres américaines. Polar noir, très noir, ou histoire d’amour ? Impossible de définir le genre littéraire de ce roman écrit au vitriol, osant la crudité des mots pour décrire l’insoutenable. Un viol collectif, commis sous les yeux d’une fillette de douze ans, non loin du paysage sauvage et urbain des chutes du Niagara. Dans l’ambiance festive et pétaradante de la fête nationale américaine, personne n’a remarqué les cris de la mère et de sa fille, sauvagement agressées par une bande de fêtards imbibés d’alcool et de substances inscrites au tableau. Pour elles, la fête est finie et va les faire basculer dans un autre monde, dont elles ne reviendront jamais intactes. Joyce Carol Oates décrit un monde cruel, où la justice s’avère impuissante devant le pouvoir de l’argent, justifiant la violence comme seule parade à la violence lorsque l’accumulation des preuves et des témoignages ne suffit pas. Un message que ne renierait certes pas Clint Eastwood, dont on connait la morale terriblement désenchantée. Cette Amérique-là, que décrit si bien ce court roman, est-ce le monde que nous voulons ? Est-ce le monde dans lequel nous aussi nous vivons ?