Marianne de Gréville, issue d’une vieille famille aristocrate, croupit en Centrale, purgeant une peine de réclusion à perpétuité assortie d’une période de sûreté de quarante ans. Une dangereuse criminelle, déjà trois meurtres à son actif, qui va subir la violence du milieu carcéral à tout juste vingt ans alors qu’elle n’aura connu de la vie qu’une sinistre et tragique équipée en compagnie d’un jeune malfrat. Championne de karaté, elle connait les coups qui tuent mais ne sait pas toujours contrôler la bête furieuse qui s’est fichée en elle. Et sa violence ne va faire que s’exacerber tout au long de cette descente aux enfers où coups et tortures vont se succéder sans jamais l’apprivoiser. Karine Giebel, dans ce thriller qui semble avoir été écrit dans un moment de profonde dépression ou de très grande colère, décrit avec complaisance des scènes d’horreur à faire pâlir un Jean-Christophe Grangé ou une Danielle Thiéry. On peine à supporter ce calvaire sans cesse renouvelé, où chaque situation n’est que vengeance pour des sévices passés. Comme l’enfer de Dante, celui de Marianne est fait de cercles où une force irrépressible l’entraîne inéluctablement vers des souffrances toujours plus extrêmes. L’auteure a sans doute voulu dénoncer un univers carcéral pourri jusqu’à la moelle, au sein d’un système politico-policier qui ne vaut guère mieux, mais la force de son cri aurait été plus forte si elle ne s’était pas complue dans la description répétitive de la souffrance physique et morale au fil de ces presque mille pages, dont la moitié aurait été largement suffisante pour nous convaincre. Mais qu’avait-elle en tête en rédigeant ce pensum ? Plaire à son éditeur, ou bien flatter un lectorat avide de scènes d’horreur ? Parfois la dénonciation frise la complaisance, comme dans ces films de guerre censés la dénoncer en faisant gicler l’hémoglobine…