Le 13e Cantique | Extrait
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Description

Ils ne connaissent pas encore leur pouvoir…
Quel est donc cet événement décisif auquel vont participer Maria, Lone et tant d'autres d’ici 24 heures ? Pourquoi, depuis deux mois, ne répond-on pas à leurs questions sur cet événement crucial ? Et que font-elles dans ce lieu inquiétant, ce PN1 où d'étranges sentinelles ont tous les droits ? Qu'ont pu commettre ces deux femmes pour mériter cet isolement et cette menace de franchir un jour la mystérieuse porte H ? Cette porte qui fait tant parler.
Enfin, loin de cet endroit déroutant au milieu de nulle part, qui sont ces personnages aux vies fracassées ? Oui, pourquoi parler de la Gitte, d’Hania la Berbère, de Nash le dingue et tant d'autres ?
Dans 24 heures, cet événement hors-norme risque de laisser derrière lui des perdants et de l’épouvante. Lone et Maria le savent.
Aussi, ne reste-t-il que deux choses à faire : ne pas perdre, et s'en aller d'ici. Vite.
Après Le Serment du Passeur, Le 13e Cantique est un nouveau voyage hallucinant au plus noir de l’âme humaine mais pas seulement. Non, car ce voyage étrange a aussi le don de réveiller la lumière insoupçonnable qui dort chez les damnés de l'enfer. Et là, c'est une toute autre histoire qui commence. Une histoire qui peut changer LA VIE.

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Publié le 21 octobre 2016
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

« Je suis plein du silence assourdissant daimer. »Louis Aragon (Le fou dElsa)
Zastava morning
Quand on vit ça, en fait on n’y croit pas. Du moins, pas tout de suite. On a le réflexe du déni, celui de se dire que la chose énorme qui se passe là, à cette se-conde précise, c’est pour de faux. Que c’est un truc inventé par ce ravagé d’Albinos pour le sortir de ses jours ternes et coiffés toujours pareils. De tous ces jourséteints qui s’empilent au New Deal et où il voit la même sueur acide du mensonge sur le front des fiottes, des vermines bon teint avides de chair sale, des défon-cés du blair et du fion, des vendus toutes catégories qui s’oublient rageusement dans le sexe mort des gueuses.
Oui, cette sueur grasse de la parole qui pue, c’est ce qu’il voit chaque jour et surtout chaque nuit dans sa boîte à cul, dans ce dépotoir de yeux vides et de gueules grises. Des gueules sous perfusion de vice et prêtes à tout pour croquer encore un peu de vie ma-lade, un doigt de déglingue, un peu de la lèpre du monde et, plus que tout, un peu de ces petits culs véro-lés qui avalent le vide et la solitude abyssale pendant une heure ou deux d’illusion, le temps d’un voyage pathétique et bidonné pour suspendre l’abîme et la mort qui rôdent. S’oublier dans les vulves clapoteuses
et les tunnels fangeux sous les râles factices d’éphèbes évaporés ou de chiennes gigotantes, ça recolle, mais en vain, les morceaux du jour : un jour calme qui voulait faire ses preuves, ne pas sentir le rance, être propre et profiter d’un peu de paix jusqu’au jour suivant. Mais non. Tous ces cafards affalés dans leurs fauteuils et fêtant chaque nuit leur foutre fougueux se poudrent le blaze dès l’aube. C’est l’heure où le jours’amuse à mourir au lieu de penser à vivre. Il se craquelle le jour, se fissure, devient vite moche et odieux, inutile. Il se délite, perd son sang, s’épuise à chercher un peu de vie puis s’effondre, s’éteint. C’est un jour de plus pour rien. Ou plutôt si, pour engraisser la mort et lui lécher les lèvres.
C’est ça aussi qu’il voit et entend chaque nuit l’Albinos: un requiem. Oui, un requiem qui tousse, crache, s’épanouit dans l’agonie. Une messe d’agenouillés livides et camés jusqu’au trou de balle dont il n’attend rien d’autre que des liasses fripées et grasses, un paquet d’oseille pourrie qui sent le cul, la nuit, la blanche, la faune interlope et le parfum cossu des salopes mondaines qui restent vingt-sept secondes ou moins sur leur quant-à-soi. Toute cette pitrerie du désir et ce fric à foison ne lui lèvent plus le chibre à ce malade. Non, même plus. Il a les couilles lasses l’Albinos, le bifton fatigué, l’adrénaline à la rue et la grande vie dans les vapes.
Donc oui, c’est clair. Quand on vit ça,on se dit que ce gros enculé blasé a eu soudain comme une lubie débile, une envie à la con de jouer avec nos nerfs, l’envie de quelque chose de bien malsain et bidon qu’il
a dégainé brusquement de son cerveau haché, comme ça, pour remplir le Waterloo de sa vie et nous foutre un peu la trouille, injecter du boxon dans nos tronches. Curieusement, la peur tu la sens mais pas chez toi. Chez ce dingue, oui : il y a sur ses lèvres un désert de peau craquelée, comme si un vent aride en avait extrait le sang. La peur aime fissurer, vider la vie par petites touches. C’est son mode opératoire, sa façon d’infiltrer le doute des nazes et de raboter leur confiance. Oui, si tout ce cirque est vrai, l’Albinos a une peur amorcée, en cours de construction quand toi, tu sais ce que tu dois faire, ce que tu vas faire. Enfin, tu crois. T’as cinq se-condes pour ça. Il te l’a hurlé ce connard. Cinq se-condes. Tout est déjà prêt dans ta tête et même si tu sais que ce truc infernal a peu de chances de te sauver la vie, c’est ça que tu as choisi de faire.
Voilà que cette crevure beugle à nouveau son slogan à deux balles :
T’as cinq secondes où j’te fume. Cinq secondes, t’entends?
Et l’Albinos, alias Matthieu Salvini, te balance un putain de Zastava CZ99, un calibre en 9 mm qui armait les soldats bosniaques, serbes et kosovars pendant les guerres de Yougoslavie. Il te balance le pétard en même temps qu’il te braque à deux mètres avec le même flingue. Toi, là, subitement, avec ta sueur pois-seuse et le compte à rebours qui fait son sale boulot, tu piges que tout ce merdier n’est pas une série américaine à la con. Que le coup de bluff, c’était dans ta tête pour te rassurer, te dire que ce taré ne pouvait pas aller
jusque-là. Alors tu pointes le canon vers Hania qui est là, à deux mètres et des poussières devant toi, toute bleuie par les coups du jour. Tu sais que tu vas tirer. Là, oui, maintenant qu’il ne reste que deux secondes, tu sais qu’en parfait largué de la vie, tu vas faire un truc hallucinant.Il s’en passe des choses pendant cesdeux secondes. D’abord, il y a ce sidéral silence qui ankylose et gèle d’un coup la vie qui s’agite dans ta tête. D’ailleurs, ce n’est plus une tête que tu as sur les épaules. Non, c’est un ballon de muscles congelés, de nerfs sidérés. Tu as le sang coagulé, le cerveau en chaise roulante. On dirait que ce silence spectral est là pour t’empêcher d’appuyer sur la détente, là pour te jeter à la tronche l’image glaçante de trois vies brûlées, des vies hébétées de se voir soudain si dépeuplées, inexistantes. Trois vies effrayantes et figées qui vont peut-être se réveiller, sortir de leur nuit, quitter l’errance et l’erreur grâce à ce silence brut, sans com-promis. Ce silence qui leur montre la honte et la misère de n’être rien.
Puis, bien sûr, il y a les regards.On n’entre pas dans des regards comme ça. Il y a une porte cloutée devant. Ce sont des regards harassés, enfermés dans un dé-sastre imminent, une épouvante. Des regards encerclés par la mort, pris au piège de la fuite en avant. Inca-pables de la moindre pause dans la perdition.
Et que dire de ce corps encore surpris de respirer ? Ce corps d’Hania, soudain voûté par le poids de l’innommable qui vient. Ce corps qui va s’effondrer pour rien et laisser les deux autres carcasses un peu plus cassées du dedans : oui, il faut bien payer le prix
de la rature, de l’effacement, du choix. Il faut bien payer le prix du saccage et porter ses valises de salope-ries en fermant sa gueule.
Puis la détonation est arrivée, brutale. Arrogante. D’une puissance orgueilleuse. Lâchantavec son bruit sourd et bref une âcre odeur de poudre et de plomb. Deux tirs. Le Zastava n’a pas lésiné. Il a troué la viande avec l’art du cercle bien dessiné, bien propre. Deux balles dans la tête. Deux trous nets, l’un à droite du front, l’autre au milieu. Carton plein. Et un filet de sang ridicule pour un tir aussi proche. Bien sûr, le désastre est à l’intérieur du crâne. Une mégalà- pétaudière dedans. Un sacré paquet de câbles en bouillie. Hania s’est écroulée en même temps que l’Albinos a été pro-jetéen arrière, refroidi sur le coup. Ricardo s’est préci-pité vers sa femme. Elle tremble, ne comprend pas ce qu’elle fait là, vivante, même pas blessée, allongée sur ce sol argenté. Ce sont seulement la peur et le bruit de la déflagration qui lui ont coupé les jambes. Et peut-être aussi d’avoir, deux secondes plus tôt et même un peu plus, accepté le scandale de son nettoyage. Elle attendait l’inévitable avec une frayeur qui s’agitait dans son ventre mais un apparent détachement sur son vi-sage. Elle savait quesa route s’arrêtait là, que Ricardo allait tirer sans hésiter. Il n’y avait rien d’autre à penser, à espérer. Elle était le maillon faible. L’encombrante. Le danger. Les choses étaient claires. Ignobles, ab-surdes, mais claires. Oui, Ricardo a tiré. Très vite. L’Albinos n’a rien vu arriver. Il s’est mangé sa mort avec l’air con. Et il a l’air encore plus con affalé près de sa corbeille de bureau qui s’est renversée, révélant la
présence élégante de trois condoms usagés, d’une fiole de popperset d’un bas résille déchiré, le tout parmi la paperasse roulée en boule et dix millions de mégots.
Portée dans les bras comme une mariée, Hania n’est plus là. Non, elle est dans le coton du silence, l’épaisseur de la joie. Elle n’entend pas les pas précipi-tés de Ricardodans l’escalier de service. Ces marches, il les dévale comme un fou et pourtant, la descente semble durer mille ans. On dirait une scène de film au ralenti, quand les perles de sueur écrasées de lenteur voltigent dans l’air, que les battements de cils sontcomme des ailes lourdes, épuisées, quand enfin la mort prend son temps, risque même de rater son rendez-vous. Ils vont peut-être s’en sortir nos deux fuyards du New Deal. Peut-être que la mort de ce gros dégueu-lasse d’Albinosest un peu bordéliqueet qu’il va trem-per dans son sang pourri encore un petit paquet de minutes. Et qui sait, un copieux paquet avant que ses sbires hébétés ne le découvrent vautré dans son bu-reau-baisodrome, avec son air ahuri et la tête explosée près de la corbeille à papierporno chic. Oui, peut-être que ces deux rescapés du diabolique Zastava vont avoir le temps de sauter dans la voiture et foncer vers une vie nouvelle, loin, très loin de ce cloaque et de cette boue. Juste avant, il faudra trier en vitesse quelques affaires à l’appartement et surtout déloger les vingt-trois mille euros planqués par Ricardo sous trois tomettes amo-vibles dans la chambre d’amis. Cette chambre où ne dort jamais personne.
Blottie contre cet homme qui avale les marches in-finies, Hania n’a plus peur ni ne souffre de rien. L’oubli
ou une gigantesque force qui lui ressemble a brusque-ment fait son œuvre, gommé d’un coup trois années de désastre, rebouché le trou de cette vie sans chemin ni lumière. Hania sort de sa longue nuit. Tout en elle s’est soudainrecousu. C’est l’adieu à une plaie ouverte, au cancer de l’errance, à la femme de rien, à la douleur des jours qui se croyait éternelle et si sûre de sa force. Cette femme réveillée se laisse escorter par ce grand calme tout neuf, par cette aube magique malgré la tourmente qui gronde, malgré le sang qui peut jaillir du visage ou d’ailleurs en une seconde, malgré la mort qui rôde et a peut-être faim. Là, soudain, cette femme qui s’appelle Hania Bocqueda, née Hania Lahbabi à Dar Kamal Chaoui, village berbèredu Maroc, sait qu’elle est net-toyée du dedans, prête à recevoir le soleil et vivre l’autre versant du monde, celui qui parle peu et trans-met la lumière, celui qui sauve par la beauté, cette beau-té simple et nue qui s’offre là où l’on sait regarder, mettre en congé sa bouche, loin du vacarme qui en-combre, loin de l’arrogance. Hania sent sa vie refaire ses gammes, réapprendre à mettre un pas devant l’autre sans vaciller ni chercher la chute. Oui, surtout sans chercher la chute. Elle se sent si bien, là, dans les bras de cet hommequ’elle ne connaît pas, qui court mainte-nant sur un trottoir luisant de pluie avec dessus la lu-mière jaune des réverbères et encore pas mal de nuit. Cet homme en nage qu’elle ne connaît pas vient de lui offrir quelque chose de grand,d’inespéré. Ça lui rap-pelle soudain une phrase lue un matin de chagrin sur la couverture d’un magazine sérieux, à la petite biblio-thèque de la rue des Cordelières, à Paris. Elle habitait juste à côté, dans un immense loft bohème au plancher
mauve avec Stan Hockney, un architecte génial, cé-lèbre, dépressif et qui mangeait chaque matin deux énormes sauterelles flambées à la tequila et une tartine de guacamole trempée dans son café colombien. De-puis toutes ces années, cette phraseIl n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amourest restée en tête sans lui qu’elle sache pourquoi et voilà qu’elle se prend à la murmurer dans les bras de cet homme qui, avec son émetteur, ouvre à distance les portières de sa voiture, puis dépose Hania sur le trottoir glissant et lui dit, es-soufflé : « Assieds-toi vite, mon amour. » Enfin, il se précipite côté conducteur et voit à une centaine de mètres un groupe d’agités devant l’entrée du New Deal.
Quand la Porsche rugit et que ses 340 chevaux en-ragés la propulsent dans les rues encore presque dé-sertes de Marseille, Hania regarde intensément cet homme qui, en une seconde, l’a délestée de son destin d’inutile et d’épouvantée. Elle veut lui parler, là, main-tenant. Elle veut lui offrir, elle aussi, un moment de douceur et de beauté, un instant de vérité dont il se souviendra peut-être comme d’une pause étrange et lumineuse dans le désordre de cette nuit finissante, cette nuit qui sent drôle et où les hyènes du New Deal organisent la battue, la traque, la mise à mort.
Oui, elle veut lui parler vite, les yeux grands ouverts, et lui dire :
Mon amour, mon amour, je viens de vous ren-contrer pour la première fois au bout d’un canon de revolver, à deux doigts de la mort, affublée d’une vie que vous deviez gommer comme on efface un gros
mot sur une ardoise, une vie où presque rien n’était sauvable, où l’abject avait grignoté peu à peu les frag-ments de bonheur et les mots bien habillés, normaux, propres sur eux, les mots qui n’avaient pas encore de furoncles et une odeur putride. Oui mon amour, je vous ai rencontré pour la première fois en voyant vos beaux yeux verts et inquiets au-dessus de moi, juste après votre choix de me choisir, me redonner du souffle, de l’élan, m’offrir un peu de vie neuve avec du soleil même la nuit. Les deux premières secondes où, allongée par terre, je vous ai vu, j’ai cru que nous étions morts tous les deux, que nous avions déjà fait le grand voyage et que nous étions en enfer ou quelque chose qui lui ressemblait. J’ai cru que votre Albinos avait fait d’une pierre deux coups. Et puis non, j’ai soudain tout compris. J’ai reçu votre preuve d’amour comme un diamant, un philtre de vie, un bouquet de promesses à nous faire : celle de cesser le scandale du malheur et de la perdition, celle de donner à cette nouvelle chance les plus belles robes, les plus belles fêtes, les plus belles déclarations d’amour qui puissent exister, celle enfin de vivre droit, le ventre calme, le corps noble, sans gre-nades dans les yeux. Sans la fureur du sang.
Oui mon amour, je vous disvousparce que vous êtes neuf et neuve moi aussi. Parce que j’en suis encore au frôlement et que je vous regarde vous installer peu à peu dans l’amour, parce que le tutoiement a encore son chemin à faire avant d’êtredigne de confiance. Et je vous disvousparceque c’est beau, parce que cettenou-vellerencontre annule les brouillons d’avant, ses taches rouges partout et ses ratures comme des cicatrices.
C’est si beau cevous de la première fois, ce vous du respect, de la délicatesse. C’est comme un soleil bien éduqué qui ne brûle pas la peau mais l’effleure. Un soleil élégant qui fait connaissance sans s’imposer, sans être bavard ni faire de grands gestes.
Oui, mon amour, c’est tout cela que je vais vous dire très vite dans cette voiture, même si ce n’est pas le moment, même si c’est ridicule. Il n’y a de ridicule que les mots privés de sortie quand ils ont quelque chose de beau et de doux à dire. Et si l’on s’écoute trop, si l’on se vautre sans cesse dans l’excuse et ce mot à la con de pudeur, on met des grilles devant sa bouche et on laisse le silence vous piller, vous dessécher, vous injecter du vide et de la mort à petit feu. C’est sûr que ça ne fait pas d’histoires le silence, c’est propret, pra-tique, confortable, ça passe partout, c’est du genre bon fils de famille ou gendre idéal. Le silence, ça sert sur-tout à dire avec le nez qui ment qu’il y aura d’autres jours pour DIRE les choses. Oui, bien sûr, il y aura d’autres jours et un jour, la mort, elle aussi, aura deux mots à vous dire. Et, croyez-moi, la pudeur à la con, elle s’en contrefout la faucheuse. D’ailleurs, elle ignore ce que c’est. Elle cause quand il faut causer, ne remet pas ses messages au lendemain ou à la Saint-Glinglin. Et voilà, on a l’air de quoi quand on s’en va Dieu sait où avec cette grille et cette porte cloutée devant la bouche? On a l’air de rien. On est tout petit, fait comme un rat et la gueule perdue dans la nuit du monde, on chiale de n’avoir su dire je t’aime à ceux qui l’attendaient, l’espéraient chaque jour, peut-être priaient comme des malades pour que ce mot vienne se poser
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