L’île aux fous ! Tuer chaque année deux mille nouveaux-nés de fous de Bassan, cet oiseau emblématique des côtes rocheuses de l’Atlantique Nord, telle est la tradition sur l’île de Lewis, dans les lointaines Hébrides Extérieures, à l’extrême nord-ouest de l’Écosse. C’est là, dans ce pays désolé aux paysages magnifiés par la lumière boréale, que se déroule l’enquête menée par Finlay (Fin) Macleod, venu tout exprès d’Édimbourg pour aider la police locale à retrouver l’assassin d’Ange Macritchie. Un crime sordide, dont le rituel ressemble beaucoup à celui sur lequel il avait déjà enquêté dans la capitale, sans jamais découvrir l’assassin. Cela donne à Fin l’occasion de revenir sur son île natale, et les souvenirs, conscients et inconscients, vont ressurgir au fil de ses rencontres avec les témoins et protagonistes du drame. Et des drames, il y en a eu sur cette île aux habitants marqués au plus profond d’eux-mêmes par la rudesse des conditions de vie. Le lecteur peut être surpris par l’importance donnée à la méditation intérieure de Fin, dont la mémoire, brisée par un terrible accident lorsqu’il était adolescent et la mort récente de son fils, reconstitue petit à petit ce passé dont il aurait bien voulu se détacher. Cette quête personnelle, que l’auteur nous fait partager dans les moindres détails, est pourtant passionnante et essentielle à la compréhension de ce qui s’est passé sur Lewis, la résolution de l’enquête se faisant lorsque Fin retrouve enfin la pleine conscience de sa propre histoire. Ce premier opus de la "Trilogie écossaise" de Peter May est d’une force extraordinaire, tant par les aspects psychologiques et l’intensité dramatique du récit que par la formidable énigme qui est proposée au lecteur.