Ronde fantastique
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Extrait : Mon horreur se changea en épouvante 

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Publié par
Nombre de lectures 58
EAN13 9782824711966
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

CHARLES BARBARA
RON DE F AN T AST IQU E
BI BEBO O KCHARLES BARBARA
RON DE F AN T AST IQU E
1846
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1196-6
BI BEBO OK
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Sour ces :
– B.N.F .
– Éfélé
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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C’étaient les r ouag es de ma p endule qui allait sonner minuit. A ceJ signal, toutes les horlog es d’alentour , du haut de leur s clo cher s,
sans guèr e se soucier ni de l’accord ni de la mesur e , se mir ent à compter
ses douze heur es à la ville  : v ous eussiez dit une fugue de Bach sur un
har monica de g é ant.
A ucune heur e , sans conteste , plus que celle-ci n’é v eille en l’ame des
p ensé es sombr es, des souv enir s ter ribles. Les moins ér udits le sav ent  :
c’ est à minuit que les sp e ctr es app araissent aux vivans, que les fantômes
dansent en r ond autour des tomb e aux, que les sor cièr es, à califour chon
sur des manches à balai, se r endent au sabbat, et j’ en p asse . C’ est sans
doute à minuit que r etentir ont les tr omp ees du jug ement der nier , et un
auteur , p our p eu qu’il aspir e à la qualification de dramatique , ne p eut
conv enablement débuter que p ar ces mots  : Il était minuit  !
Il était donc minuit. J’aendais Johanna. D emain, p our la mille huit
cent quarante-sixième fois, r enaissait ce p er sonnag e long, maigr e , é denté ,
couv ert d’un cilice , saup oudré de cendr e , qu’ on nomme Carême . Le
carnaval à l’ag onie me conviait à ses jo y euses funérailles, et p our rien au
monde je n’ eusse v oulu me disp enser d’y êtr e . D eburau m’avait prêté un
1Ronde fantastique
des costumes épiques de sa g arde-r ob e , et je m’ en étais affublé sans v
ouloir d’aucune façon me p oser en rival de ce comé dien sublime . Je me fusse
estimé tr op heur eux de n’ en êtr e qu’une pâle copie  ; mais j’avais b e au
me tordr e le cou et étudier des p oses, ma psy ché s’ obstinait à ne r efléter
qu’un très v ulg air e Pier r ot. Ir rité de ma g aucherie , et ne sachant à qui
m’ en pr endr e , je me disp osais à quer eller Johanna dont le r etard ache vait
de m’ e x asp ér er .
Certes, le hasard n’ est p as moins g rand artiste que p olitique pr ofond,
s’il est v rai, comme on le prétend, que ce soit lui qui g ouv er ne le monde , et,
d’une agrég ation d’atomes, fasse l’homme . La v ue de Johanna n’a jamais
manqué d’é v eiller en moi cee p ensé e . and je la couv e de mes y eux
ardens, il me pr end envie p arfois de m’é crier , comme ces charlatans qui
pr omènent dans les foir es un enfant à deux têtes ou une vache à tr ois
cor nes  : « A qui en pr o duira une p ar eille , je donne cent mille é cus de
r ente . »
Et, de fait, p eut-êtr e se fatiguerait-on dans de longues r e cher ches
avant de r encontr er des for mes aussi har monieuses, une g org e plus fer me ,
une jamb e ég alement fine , des pie ds et des mains d’un aussi b e au
modèle . Sa phy sionomie surtout est un ty p e de grâce et de distinction. D eux
grands y eux noir s, qui lancent des flammes, en é clair ent la pâleur doré e .
Pour p eu qu’il fût p ossible de r endr e le travail du pince au à l’aide des
sons, je dirais que ses sour cils r essemblent à deux notes filé es à l’unisson
p ar des v oix ég ales et douces. Les dé esses antiques, y compris toutes les
V énus, eussent été à p eine dignes de démêler l’ép aisse che v elur e noir e
aux r eflets bleuâtr es qui cour onne cee femme incomp arable . D e pr ofil,
la ligne pr esque dr oite que dessinent le fr ont et le nez s’ar rête br
usquement p our dé coup er des narines d’une e x quise délicatesse . Sa b ouche ,
un p eu forte , estomp é e à ses coins p ar un lég er duv et, ne semble de v oir
s’ ouv rir que p our donner p assag e à des accens p assionnés, et le menton
qui ter mine son visag e en complète si heur eusement l’ ensemble , qu’ on ne
saurait en conce v oir un autr e à cee tête v raiment antique .
Mais, là , là , v oici le r e v er s  : cee femme p ossède un cœur imp
énétrable , jusque-là que p arfois on serait tenté de lui en r efuser un. Sûr e de
la puissance de ses char mes, dans l’aitude calme et fièr e d’une Romaine ,
elle p ose or gueilleusement de vant v ous et semble dir e  : «  Contemple et
2Ronde fantastique
ador e . » Ce qu’ elle p ense , p our mon tour ment, je ne le saurais dir e .
Seulement, aux g oûts étrang es que p arfois elle trahit, on se sur pr end à craindr e
qu’ elle n’ait p oint conscience de la b e auté . Mais le mo y en de se p er suader
que la musique , p our cee b elle cré atur e , soit de barbar es rapso dies
raclé es sur un violon d’av eugle  ; la p o ésie , un cliquetis de mots bizar r es, de
phrases contour né es, inintelligibles  ; la p eintur e , les enseignes sous v er r e ,
comme on en v oit aux b outiques de quelques mar chands  ; l’art plastique ,
la colle ction des b ons hommes de cir e du b oule vard  ? Oh  ! combien de
fois, la pr essant dans mes bras et la sentant de marbr e , n’ai-je p as supplié
le ciel d’animer cee b elle statue  ! Mais, moins heur eux que le sculpteur
gr e c, ma V énus r estait de marbr e , il est v rai du marbr e le plus rar e , comme
n’ en pr o duisit jamais Par os.
J’aendais cee femme , en pr oie à des inquiétudes assez semblables
aux tortur es de la jalousie .
Enfoncé dans mon fauteuil, je suivais d’un œil distrait les lueur s
r oug es que le fo y er à demi éteint r env o yait sur les lambris. Par dépit
contr e une femme , je les maudissais toutes  ; une vap eur grise env elopp ait
mon ame et l’inondait de tristesse  ; des p ensé es bizar r es, dé cousues,
trav er saient mon esprit  ; une suite d’imag es de for mes my stiques p assaient
successiv ement de vant mes y eux. . .
Pan  ! p an  ! p an  !. . . Ces tr ois coups, frapp és à ma p orte , inter r
ompir ent br usquement mes mé ditations. J’allai ouv rir . Une femme entra,
vêtue d’une p elisse noir e , le visag e à demi caché sous un masque de v
elour s. — Chèr e Johanna, lui dis-je

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