Antigone
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Description

Il y a plus d'un siècle, une confrérie de mages nommée « la Guilde des magiciens » apprit aux hommes à utiliser la magie pour mettre fin aux conflits qui déchiraient le pays. La ville d'Antigone fut alors bâtie pour devenir la capitale qui unifierait les peuples. Conscient que d'autres ennemis pourraient un jour les attaquer, la Guilde prit la décision d'enseigner l'art du combat magique aux hommes, et c'est ainsi que naquit l'université de la magie.
Avant de mourir, les mages enfermèrent leur magie dans un orbe qu'ils offrirent à Antigone, l'orbe d'Oenoul, et transformèrent leurs corps en un arbre de vie. Chaque année une branche serait coupée pour y sculpter des bâtonnets magiques et les offrir aux magiciens après l'obtention de leur diplôme.
L'histoire se déroule un siècle après la disparition de la Guilde.
Quinn Milic est un garçon de 16 ans, apprenti magicien peu intéressé par les études. Il passe la plupart de son temps à faire la fête et à s'entraîner à l'épée avec celui qu'il considère comme son frère, William Archer, d'un an son aîné et soldat d'Antigone.
Mais son caractère impétueux risque d'entraîner Quinn vers des dangers bien plus sombres que ses examens de fin d'année.

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Publié le 15 octobre 2020
Nombre de lectures 2
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

La Transcendance de l’orbe
Prologue
er Histoire de la magie1 Cycle
par Aeneas Sangrey
Chapitre 1: La création d’Antigone
Au commencement il n’y avait rien, rien de magique dans la soif de pouvoir des hommes.Les cors de guerre résonnaient et les nations de Core se livraient une lutte sans merci pour le contrôle
des terres, plongeant le peuple dans la misère.
Et puis un jour, la Guilde fit son apparition.Il s’agissait d’êtres magiques à l’apparence humaine mais dont la puissance dépassait l’entendement.Azphal, arrivant du nord, était le plus puissant d’entre eux. Son bâton magique, dénommé
Kelta’a, lui conférait un pouvoir sans égal.
Venu de l’est, Razin était le plus vieux. Son grand âge lui conférait sagesse et savoir. Haltar le guérisseur, originaire de l’ouest, maitrisait l’art de la guérison du corps et de l’esprit.En provenance du Sud-est, Uldyrh était le créateur des sceaux et enchantements Enfin, Garoz, membre emblématique de la guilde originaire du sud-ouest, excellait dans la maitrise de la magie ardente, appelée magie du combattant.
Les cinq mages sinstallèrent rejoignirent dans la petite ville de Gouna située aux abords du Timir. Ils enseignèrent aux habitants à maitriser lart magique et à lutiliser pour travailler.L’histoire de Gouna et de la Guilde ne tarda pas à se répandre, et rapidement, de nombreuses personnes
voyagèrent en direction de la ville pour rencontrer ces mages légendaires et leur magie. Gouna qui ne comptaitqu’une centaine d’habitant avant l’arrivée de la Guilde, en abritaitplus d’un millier après seulement deux jours.
Les nations de Core voyaient cette expansion comme une menace. Les barons des Pics de cendre
s’allièrentà ceux des Hautes-terres pour envahir Gouna, mais leurs armées furent décimées. Par
la suite, la Guildesigna un traité commercial avec l’Aire, ce qui poussa les autres régions à faire
de même. Un accord de paix fut signé qui réunifia la nation de Core et la décision fut prise d’élire
une capitale.
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« Antig » qui signifie « magie » en langue magique et « Gouna » signifiant « berceau » dans la langue des premiers hommes, ancêtres des Coraniens.La ville d’Antigone était née, et la construction de la Qualbra marqual’élection de la Guilde des magiciens au rang de dirigeant de la nation.
Chapitre 5 : Le seigneur Norzag
Voilà près de cent ans quela Guilde avait repoussé l’invasion des pays de l’est. Cent ans de paix ininterrompue ayant rendu la nation de Core plus prospère qu’elle ne l’avait jamais été.Mais ce calmefut troublé par d’effrayantes histoiresvenues du Sud. Des villages entiers réduits en cendre, retrouvéssans aucune trace de vie. Des rumeurs concernant l’apparition d’une bête
ailée près du col des damnés. Alerté par ces événements, et redoutant la présence d’un dragon, la Guilde se mît en marche jusqu’à la plaine deFaron, connue comme la terre des sages ayant défié les dieux et gagné la
liberté des hommes.
L’auteur de ces crimesétait un mage noir du nom de Norzag, ayant en sa possession un bâton de magie, Ku’ulle sceptre de la mort. Le combat qui suivit déchira le ciel et fit tremblait la terre pendant plus de trois jours. Grâce aux pouvoir incommensurable du sceptre de la mort, Norzag réussi à tenir tête à la Guilde. Leur combat prit fin au piedd’Ilama, la plus haute montagne des monts d’Arcour, lorsque Norzag périt en entrainant quatre des membres de la Guilde avec lui.
Seul Azphal survécu, et dans un ultime effort, il parvint àdétruire Ku’ul.
A son retour, Azphalprit la décision d’enseigner aux hommes l’art du combat magique. Conscient que d’autres ennemis aussi puissants que Norzag pourraient un jour attaquer la cité, il en conclut que les hommes devraient apprendre à se défendre seuls.C’est ainsique l’aile sud-est
du Consortium devint l’université de la magie.Azphalenferma ensuite sa magie dans un orbe qu’il offrit aux hommes, l’orbe d’Oenoul. Il transforma ensuite son corps en un arbre de vie. Chaque année une branche serait coupée pour ème permettre de sculpter les Isitos offert à chaque étudiant de 5 cycle lors del’obtention de son diplôme.L’orbe d’Oenoul fut placée dans la Qualbra, au centre de la ville pour que son pouvoir
bénéfique apporte paix et prospérité sur Antigone. Un nouveau conseil fut élu, ayant pour tâche de protéger la nation ainsi que ses habitants en attendant qu’un jour peut-être, d’autres mages viennent prendre la relève.
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Chapitre 1 : La ville lumière
« Fuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiuiu » Le filet d’air chaud s’échappant du réveil grinçait comme la craie sur une ardoise. La ferme ! grommela Quinn la tête enfouie sous les draps du lit.
Les premiers rayons de l’aube traversaient péniblement les rideaux pour lui murmurer que l’heure était venue de se lever. Un nouveau sifflement strident vint de nouveau rompre le silence de la pièce.
Bon sang, mais c’est qu’il me provoque ! s’agaça-t-il. Le jeune homme empoigna son oreiller et le lança en direction de la petite table en bois sur laquelle était placé le criard, le heurtant de plein fouet. Mon dragon siffleur! s’écria une voix féminine.Les yeux encore à moitié fermés, Quinn se retournad’un air intrigué. Une jeune fille entièrement
nue était allongée prêt de lui, les draps en soie du lit cachant son intimité. « Qui est-ce ? » se
demanda-t-il, alors qu’un mal de tête lui rappela soudain son ivresse de la veille.J’espère qu’il n’est pasdit- cassé, elle en se levant précipitamment. Je savais que c’était une mauvaise idée de te ramener chez moi.
Désolé, rétorqua-t-il sans y croire d’une voix encore enrouée.Elle ôta vivement l’oreiller avant de prendre le reptile de cuivre dans ses bras,le tenant comme s’il s’agissait d’un être vivant. Quinn reprenait doucement ses esprits, les yeux perdus dans le vide, et c’est en observant son visage que tout lui revint subitement. La soirée à la taverne des trois grillons, la bière, la fille seule au comptoir, encore de la bière ; il se rappelait de tout, excepté son prénom. Passant nerveusement la main dans ses cheveux bruns ébouriffés, il entendit une voix féminine
qui appelait de l’autre côté de la porte.C’est ma mère, dit la fille en reposant leréveil sur la table. Elle doit se demander pourquoi je ne suis pas encore levée. Jevais aller lui parler, tu m’attends ici?
Elle se redressa face à lui, le questionnant du regard. Sa longue chevelure noire ondulant le long de son corps dessinait des courbes sensuelles, attirant toute l’attention du jeune homme qui afficha un sourire niait. Satisfaite par cette réponse, elle attrapa une robe froissée qui trainée au sol avant de sortir, non sans lui adresser un dernier regard. Quinn connaissait bien ce genre de regard. Ce mélange d’envie mêlé d’espoir, il savait qu’une fois de retour il faudrait parler de ce
qu’il s’était passé cette nuit, toujours parler… cela l’ennuyait déjà.
3
Son sourire béat disparu au moment même où le claquement de la porte se fit entendre. Il se frotta vivement le visage pour se réveiller.
C’est qu’il s’agirait dene pas trainer, dit-il en s’étirant.Sans perdre un instant, il rentra sa tunique en lin blanc dans son pantalon et enfila son pourpoint en cuir marron posé au sol. A peine le temps de lacer ses chausses qu’il écartait déjà les rideaux, pour se glisser par la fenêtre avec l’agilité d’un chat.Le jour s’était levait sur Antigone, capitale du pays de Core et berceau de la magie. Les rayons du soleil révélaient l’éclat des hautes murailles qui entourait la ville. Surplombant la cité, le Consortium reflétait toute la puissance de la Guilde qui jadis l’avait fait bâtir. Quatre immenses bâtiments dont l’architecture défiait les lois de la physique, et au centre, jaillissant desentrailles de la terre, la Qualbra, une tour d’ivoire de plus de milles mètres pointant le ciel en véritable doigt accusateur. C’est à l’intérieur de la tour des cieux, dans un lieu tenu secret, que se trouvait l’orbe d’Oenoul; offrande de la magie d’Azphal afin de guider les hommes et leur apporter paix
et prospérité.
Très en retard, Quinn fila à toute allure à travers le quartier commerçant. Malgré l’heure
matinale, les rues grouillaient déjà de monde. Il s’engagea dans une ruelle peu fréquentée débouchant sur une immense place où se tenait un marché. La place Dubil devait son nom au célèbre marchand Dubil Artenag, émissaire de la confrérie des Iles Dorées, qui conclut le
premier accord économique avec la Guilde des Magiciens, une centaine d’années auparavant.
Elle accueillait le célèbre marché d’Antigone, connu pour sa richesse et sa diversité. Des centaines de marchands et saltimbanques prenaient place pour accueillir les centaines de personnes venues des quatre coins du globe. La traversé s’annonçait difficile, mais Quinn s’y engagea sans attendre. A quelques jours de l’examen de fin d’année, il savait que ce nouveau retard pourrait lui couter cher. Enjambant les
cageots de nourriture et sautant par-dessus les stands d’étoffes des contrées du Sud, il filait comme
le vent, prenant tous les risques et n’hésitant pas à passer sous les échasses d’un saltimbanque cracheur de feu perché à plusieurs mètres au-dessus du sol. Soudain, un chariot tiré par un bœuf surgit de derrière un stand. Impossible de le contourner. Quinn se jeta en dessous du chariot en
glissant sur ses genoux. La boue présente sous la charrette l’ayant grandement aidé dans sa démarche, le rendit cependant incapable de prendre appui pour se relever. Il agita frénétiquement ses bras comme un oiseau tombé du nid pour retrouver l’équilibre. Il allait
s’écrouler en arrière lorsqu’une main lui agrippa le bras et le tira violement en avant.
Encore en retard à ce que je vois, lui lança son sauveur d’un ton amical.
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Quinn titubât un instant avant de reconnaitre la voix de William, son meilleur ami. William était
grand, presque une tête de plus que lui. La blondeur naturelle de ses longs cheveux coiffés en
arrière lui donnait l’allure d’un prince, se mêlant au bleu azur de ses yeux légèrement plissés.Il portait une armure d’argent étincelante cintré à la taille qui décuplait sa carrure naturellement ème imposante. A vingt ans, il était déjà capitaine de la 4d’exploration.
Will !s’écria-t-il en époussetant son pantalon. Tu n’es pas en mission ce matin ?
Nous y allons, dit-il en désignant la porte est de la ville à l’autre bout dela place. Et toi, ne devrais-tu pas déjà être en cours ? Quin afficha un air innocent qui ne trompait personne, encore moins William qui le connaissait
trop bien. La ponctualité était la dernière de ses vertus, mais en parler n’y changerai rien, aussi
changea-t-il de sujet :
Rappel moi quand se déroulent tes examens ?
Dans deux jours, je compte d’ailleurs sur toi pour m’aider à m’entrainer demain après-midi.
 A ce propos, te souviens-tu de l’examen des Tréflons que j’ai passé le mois dernier? Il se
trouve que je l’ai réussi! fit le soldat en passant nerveusement la main dans ses cheveux dorés. Le visage de Quinn changea subitement. Les Tréflons composés la garde d’élite d’Antigone, en charge de la protection du Consortium. Malgré son mépris pour les soldats et l’armée, le garçon
avait un profond respect envers ces combattants d’élite.
Félicitation ! Tu fais donc parti de la garde blanche maintenant. Pas tout à fait. Je dois d’abord participer à l’un de leur entrainement, et s’ils jugent que je suisà la hauteur, je pourrai peut-être endosser la cape blanche. L’entrainement commence demain,
ème dès l’annonce du 4Carillon.
Attend, serais-tu entrain de te défiler, et de me laisser tomber par la même occasion ? répondit Quinn qui commençait à bouillir. Tu ne cesses de me répéter qu’un homme doit tenir ses engagements, et je te rappel que tu m’as fait une promesse.
Capitaine Archer, que faîtes-vous ? Le régiment n’attend plus que vous pour partir, gronda une voix si rauque qu’elle couvrit le vacarme du marché autour d’eux.Un petit homme trapu se dirigea d’un pas bedonnant vers les deux garçons. Il était vêtu d’une
armure semblable à celle de William, à ceci près qu’il portait une cape orange. Il dévisagea
Quinn d’un regard sévère.Laissez donc cemagicien de pacotille à ses occupations, nous n’avons pas de temps à perdre, maugréat-il avec un sourire narquois laissant entrevoir une lignée de dent jaunes et usées. Partez devant Colonel Idak, je vous rejoins tout de suite, répondit William avec respect.
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Bien, mais faites vite, fit-il sèchement en fusillant une nouvelle fois Quinn du regard avant de s’éloigner.Tu n’en a pas marre de lécher les bottes? lança Quinn en portantde ce gros porc volontairement la voix.
Retrouvons-nous au lac après déjeuné, dit William sans prêter attention à sa provocation. ème Un cor résonna soudainement en provenance de la Qualbra, annonçant le 2 Carillon. Il faut quej’y aille, s’affola Quinn. Va pour cette après-midi. Je vais t’étaler en moins de temps
qu’il n’en faut pour le dire, lança-t-il plein d’assurance avant de reprendre sa course sous le regard
amusé de William. De l’autre côté de la place, deux immenses colonnes en pierres marquaient l’entrée de l’université de la magie, reliées par une arche en fer forgé représentant un bâton magique posé
sur un livre. Ce lieu créé par le légendaire Azphal enseignait les arts magiques depuis plus de 100 ans. Au terme d’un enseignement de cinq cycles, les étudiants obtiendraient le titre de mage leur permettant d’exercer la magie dans le pays de Core. Le jeune homme s’engouffra sous l’arche, espérant en son for intérieur que son retard ne serait pas remarqué. Le professeur Arbum étant presque aveugle, ce n’était pas le cas des autres professeurs pouvant croiser sa roue, aussi força-t-il l’allure. Après avoir traversé la cour extérieure, il s’engagea dans l’immense couloir du bâtiment principal. Autrefois les quartiers personnels de la Guilde des Magiciens, le
raffinement de ces lieux était à couper le souffle. Les murs enmarbre noir s’élevaient à plus de dix mètres au-dessus du sol jusqu’à former des voûtes d’ogive finement sculptées. Une ouverture dans le mur donnait sur une petite cour pavée, que Quinn savait fréquentée. En jetant un œil, il aperçut un groupe d’étudiantqui traversait la cour. Ils se dirigeaient vers un grand bâtiment en pierre, dont les grandes fenêtres en verre réfléchissaient les rayons du soleil sur troisdes arbres fruitiers. Reconnaissable à leurs toges vertes, ce groupe d’apprenti Prêtre suivaientun homme aux cheveux blancs et à l’habit plus foncé. Il poussa une porte en bois et
invita les étudiants à le suivre d’un geste de la main.Après s’être assuré que la voie était libre, Quinn se remit en route jusqu’à un escalier montant sur sa gauche. En haut, une solide porte en bois. Ce rituel matinal devenu quotidien, le garçon reprit rapidement son souffle, avant de se glisser sans un bruit à l’intérieur.Dans un amphithéâtre de petite taille, un groupe d’élèves assistaient au cours d’herbologie du professeur Arbum, un vieil homme dont la longue barbe grisonnante se confondait avec son habit, une robe de couleur verte aussi vieille et décrépi que son propriétaire. Les coutures
d’arabesques jaunes cousues au bas de sa toge, signe des Ounas, semblaient sur le point de lâcher. Plongé dans la lecture d’un énorme livre à la reliure usée, il ne remarqua pas Quinn se
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faufiler entre les gradins jusqu’à une place au fond de la salle. Il s’installa à côté d’un jeune garçon bedonnant portant d’épaisses lunettes rondes et habillé d’une toge rouge.
Salut Lorcàn, alors, qu’est-ce qu’il raconte? murmura-t-il à son voisin. C’est le récit d’un explorateur à propos des plantes tulsivores, expliqua studieusement le garçon. On les trouve seulement au sud des 7 terres et elles peuvent absorber l’énergie magique. C’est réellement passionnant! Passionnant en effet, souffla Quinn d’un air désespéré en se courbant sur son bureau pour
dormir. Je vais allez m’entrainer au lac avec William, cette après-midi, tu veux venir ? Captivé par le cours d’herbologie, Lorcàn ne répondit pas ; un coup sec dans le pied de sa chaise lui rappela son oubli, ainsi que l’impatience légendaire de Quinn qui le fixait durement de ses
yeux vert émeraude. Peut-être que ce cours ne t’intéresse pas, mais ce n’est pas mon cas. De toute façon, j’ai un cours d’alchimie cette après-midi.  Oh Lorcàn, tu me fatigues! s’exaspéra-t-il en se redressant vivementsur sa chaise. C’est le dernier jour de cours avant les examens, tu ne voudrais pas te détendre un peu ? Et puis, qui se
soucis des plantes, sérieusement. Pourquoi avoir choisi l’option herbologie dans ce cas ? s’étonna Lorcàn en lâchant le professeur des yeux pour la première fois. Son visage rond, surmonté d’une touffe de cheveux frisés dont la couleur s’accordait étrangement avec ses petits yeux marron, lui donnait l’air enjoué d’un éclat de naïveté. A seulement 19 ans, il
ème été l’un des plus jeunes étucycle.diants de 5 C’était ça ou les manœuvres militaires, j’ai donc choisi le moins pire,dit Quinn en levant les yeux au ciel.
Pour unProzer, un entrainement militaire semble pourtant plus approprié. Ce n’est pas toi
justement qui voulais t’entraîner. Difficile d’arriver en retard et de passer inaperçu lors d’un entrainement, dit-il en souriant. A propos de passer inaperçu, faut que je te raconte ce qui m’est arrivé ce matin.
Lorcàn l’écouta d’un air attentif lui décrire sa soirée de la veille.Les frasques de son ami ne le passionnaient pas vraiment mais Quinn avait une façon théâtrale de raconter ses histoires, riche en gestes qui l’amusait beaucoup. S’il ne cautionnait pas sa façon de se comporter, Lorcàn se
mît à rire lorsqu’il lui raconta qu’il s’était sauvé par la fenêtre. Il ne pouvait s’empêcher
d’éprouver une sorte d’admiration pour son ami. Quinn à qui rien ne faisait peur, insolent,
perturbateur, mais fort d’un optimisme à toute épreuve.
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Le reste du cours se déroula dans le calme et la lenteur caractéristique du professeur Arbum. Sa
voix monotone vint bercer le jeune homme qui tomba dans les bras de Morphée, pour finalement émerger en fin de matinée. Le visage plissé, les yeux humides, il se mît à bailler fort peu discrètement.
Où en est-il ? demanda-t-il avec lassitude à son voisin. Lorcàn n’avait pas perdu son temps. La pile de feuille remplies de notes témoignait de son assiduité. Il parle d’alchimie florale, la concoction de potion par l’étude des plantes agressives. C’est passionnant ! dit-il en continuant de gratter le papier avec sa plume. Savais-tu qu’il existe un lien
magique étonnement fort chez certaines espèces de plante ?
Fabuleux. Bon, s’il n’a pas remarqué que je m’étais endormi, il ne se rendra pas non plus compte que je suis parti. Je vais aller me chercher quelque chose à manger, je n’ai pas vraiment eu le temps de déjeuner ce matin. On se retrouve au réfectoire ?
Je te conseil de rester, le professeur Arbum a promis une surprise pour la fin du cours.
Quinn se tourna d’un air intrigué vers le vieil homme qui était maintenant accoudé à son pupitre
en bois de chêne. Ce chapitre marque la fin de vos cours d’herbologie, annonça-t-il en refermant son gros livre poussiéreux. Ce fut pour moi un plaisir de partager avec vous durant ces cinq cycles, mais il est
maintenant de voler de vos propres ailes et d’apprendre. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter
bonne chance pour vos examens, et n’oubliez pas que de leur réussitedépend votre avenir. A ce propos, je tiens cette information Grand Prêtre Oesnar lui-même : de nombreux postes sont à pourvoir au sein même du Consortium cette année, mais seuls les meilleurs pourront y accéder.
Sur-ce, je vous libère. Quoi? C’est tout? s’injuria Quinn. Il nus répète ça chaque année, merci le roi de l’info.Alors qu’il allait partir, une jeune fille vêtue d’une toge jaune interpella le professeur pour lui rappeler sa promesse. Mais le vieillard n’était pas aussi sénile qu’il y paraissait. Un large sourire éclaira son visage alors qu’il nettoyait ses lunettes à l’aide d’un chiffon usagé.
En effet Mircella, je voulais voir ceux qui resterai jusqu’au bout.
Il se dirigea lentement vers son pupitre et récupéra une grosse clef en cuivre posée dessus. Il existe dans le monde des créatures, animales ou végétales, capables de prouesses magiques incroyables, annonça-t-il d’un ton fort et assuré, radicalement différent de tout à l’heure. Je vous
propose de vous en faire découvrir quelques-unes, particulièrement rares et intéressantes.
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L’ensemble des élèves étaient pendues aux lèvres du professeur. Celui-ci prenait soin de marquer un temps entre chacune de ces phrases, utilisant le silence de l’amphithéâtre comme moteur du suspens. J’affectionne tout particulièrement les élèves d’Herbologie. Ils sont curieux et dignes de
confiance. Depuis dix ans que j’enseigne dans cette université, pas une seule promotion ne m’a déçue. Il me parait donc évident de perpétuer la tradition, continua-t-il en scrutant de ses petits yeux gris chacun des élèves. Comme pour le cycle précédent, je vais donc vous accorder l’honneur de visiter l’Arboretum d’Antigone. Génial! s’écria Lorcàn.L’Arboretum constituait la plus grande réserve florale du pays, tant par la diversité de spécimen que par la qualité des recherches menées par le Consortium. Les Ounas, ces mages spécialisés dans la guérison et la confection des potions, travaillaient sans relâche avec les druides au sein des jardins suspendu afin d’étendre leurs connaissances en matière d’herbologie et d’alchimie.
Des clameurs de joies fusèrent dans la classe à l’annonce de la nouvelle. Seul Quinn ne semblait
pas intéressé par l’offre du professeur Arbum. Ayant confectionné un origami en forme de sabre,
il l’avait enchanté pour qu’il se batte contre son doigt. Concentré sur son duel, son regard s’éclaira soudainement à la lueur d’une idée.Attend un peu,ce n’est pas dans l’Arboretum que se trouve Yo’Jo… Aie! L’épée en papier lui avait asséné un coup des plus fourbes en venant se planter sous son ongle. La riposte ne tarda pas. Furieux, il écrasa du poing l’origami contre la table.Comme vous le savez,un Istio sera remis à ceux d’entre vous qui obtiendront leur diplôme, reprit Arbum en sortant un petit objet de la poche intérieur de sa robe.
Dans sa main tremblante de fébrilité, le professeur tenait un petit bâton dégageant une aura magique forte. Il était en bois polis de couleur orangé, serti d’un anneau noir aux extrémités.me fut remis il y a bien des années, continua-t-il en admirant le bâtonnet les yeux Celui-là
emplis de nostalgie.
Quelques centaines d’années seraient plus juste, se moqua Quinn.
Chaque année, une branche de l’arbre sacré fleuri. Elle sera coupée et débitée pour fabriquer
ème les Istios des 5cycles, telle est la tradition. Mais l’apprentissage des traditions présume de les comprendre. Et pour cela, quoi de mieux que d’assister à l’une d’entre elles, dit-il en rangeant son istio, cessant son discours à chacun de ses pas lents. Avec l’accord du directeur de l’université,
le professeur Alberius, j’ai obtenu l’autorisation de vous emmener jusqu’à Yo Joulda, l’arbre
sacré, et d’assister à la cérémonie de la coupe.
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Aucune clameur ne se fit entendre cette fois. Voir l’arbre était déjà inimaginable, alors assister à la cérémonie de création des Istios. Seule une poignée de mages sont autorisé à y participer. Vestige du sacrifice d’Azphal, l’arbre légendaire inspirait à tous un grand respect. Incroyable! murmura Lorcàn, ses yeux marrons grand ouvert et pétillant d’impatience.Jeunes gens, je vous invite à me suivre. Avec une rapidité inouïe, Lorcàn ramassa ses affaires et se précipita vers la porte où s’entassait
déjà le groupe d’étudiant à la suite du vieil homme.Empruntant le couloir principal jusqu’à une avenues bordées d’arbres, ils marchèrent jusqu’à une structure en granit bleu où étaient postés deux gardes en armures, un arbre blanc gravé sur leur plastron. L’édifice formait une niche à l’intérieur de laquelle ondulait un faisceau bleu. Le professeur sorti un parchemin de sa poche et le tendit aux soldats avant de s’engager dans l’alcôve,
suivit par la cohorte d’élèves surexcités. La lumière s’anima soudainement. Des gerbes bleues et blanches jaillirent autour d’eux, les soulevant du sol pour monter lentement le long de la cheminé. Une fois au sommet, le faisceau se stabilisa.
Bienvenu dansl’Arboretumd’Antigone !annonçale professeur d’un ton enjoué.
Entourés par les hautes tours du consortium, des jardins de plantes aux mille couleurs se dessinaient entre les allées de cette grande place. Les plantes grimpantes qui tapissaient les murs des bâtiments se mêlaient aux arbustes exotiques plantés çà et là. Un peu plus loin s’élevait un magnifique temple pyramidal, et au-dessus lévitait un gros bloc de terre entrelacé d’épaisses racines. Il s’agissait des légendaires jardins suspendus d’Antigone où se trouvait Yo’Joulna l’arbre sacré. Sa taille dépassait largement celle de n’importe quel autre arbre de l’Arboretum. Bien que situé à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de leur tête, les étudiants pouvaient apercevoir ses solides branches dont les feuilles rosées, presque transparentes, flottaient au gré du vent. Suivant l’allée qui menait au temple, ils longèrent un petit étang où s’égaillaient des nénuphars. Au centre, des perles nacrées diffusaient une faible lueur jaune se reflétant à la surface de l’eau.Ce sont des perles d’Ambroi. Elles récoltent l’énergie du soleil pour s’éclairer pendant la nuit.
Il y en a dans chaque lanterne du Consortium, expliqua Lorcàn.
L’atmosphère calme et reposante de ce lieu chargé d’odeurs sucrées contrastéavec le bruit de fond en provenance des rues de la capitale, situées en contrebas. A l’intérieur de la pyramide, le sol était entièrement recouvert d’une terre sombre. De grands arbres s’élevaient dont les épaisses
feuilles jaunes étaient si larges qu’elles pouvaient dissimuler un homme. Les murs et le plafond étaient recouverts d’une mousse verte et humide, donnant l’impression d’une voûte végétale emplie par le chant d’oiseaux ayant trouvés refuge dans le temple.
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C’est ici que les druides étudient la faune et la flore de chaque forêt du pays, expliqua le professeur Arbum. Les serres d’Antigone renferment un spécimen de chaque arbre, ainsi que certaines espèces totalement disparues à l’heure actuelle. Veuillez me suivre jeunes gens, nous allons accéder à la partie supérieure où se trouve le joyau de ces lieux.
Le groupe s’engagea sur un sentier de gravier blanc le long duquel poussait une herbe violette.
Mais l’étrange spectacle se déroulant à quelques mètres de lui attisa la curiosité de Quinn qui se
détourna du groupe. Deux hommes étaient agenouillés devant un petit autel de pierre où était
disposés des graines et des fruits. L’un d’eux tenait un bâton dans une main et une faucille en argent dans l’autre. Une couronne de gui enserrait la tête du second alors qu’il énonçait une formule enlangue magique. Une tige jaillit des graines, puis une autre, et encore une autre, jusqu’à
former un parterre de fleurs colorées. Le garçon les observa sans bruit, le regard figé, jusqu’à ce que l’un des hommes remarque sa présence. es-tu ?  Qui Ne sais-tu pas qu’il est interdit aux étrangers de pénétrer en ces lieux? Sors
immédiatement ! lui lança-t-il d’un ton menaçant.
En se retournant, Quinn s’aperçut que le reste du groupe avait disparu. Un peu décontenancé
par cette réaction, il ne trouva pas la force de se justifier. Il recula d’un pas avant de tourner les
talons pour s’enfuir. En sortant du temple, il heurta de plein fouet un homme de grande taille, vêtu d’une longue robe en velours écarlate avec des bandes orangebrodées le long de ses épaules. Un chapeau à la pointe tordue était posé sur sa tête d’où tombaient de longs cheveux argentés. Cet homme était le professeur Albérius Graypen, directeur de l’université de la magie d’Antigone. Sa longue barbe blanche habilement tressée lui donnait l’air d’un noble, et ses yeux
bleus envoutant semblaient capable de lire à travers le regard.
Quinn, que fais-tu donc ici, tout seul ? demanda-t-il d’un ton soupçonneux au jeune garçon.Professeur Albérius, je suis content de vous voir ! Je suivais le professeur Arbum qui devait nous montrer l’arbre sacré, mais je crois bien que j’ai perdu le reste du groupe.Albérius connaissait bien le tempérament de Quinn, avec qui il entretenait une relation assez peu conventionnelle. Le manque d’attention de son élève ne l’étonna donc pas.
 Puisque tu ne portespas ta toge d’étudiant, je vais t’éviter un effort inutile. L’entrée du sanctuaire est soumise à un règlement très strict, et l’uniforme en faitpartie. Le professeur Arbum est un vieil homme et sa vue laisse un peu à désirer; s’il avait remarqué ta tenue, il ne t’aurait
surement pas emmené avec lui.
Quinn baissa la tête, la mine déconfite. L’espoir de voir un jour l’arbre sacré venait de s’envoler, et à en juger par les tremblements de son corps, il avait du mal àl’encaisser le choc.Comprenant sa maladresse, Albérius posa sa main sur l’épaule du jeune garçon en souriant.
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