Avant-propos
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842 Extrait : En donnant à une œuvre entreprise depuis bientôt treize ans, le titre de la Comédie humaine, il est nécessaire d’en dire la pensée, d’en raconter l’origine, d’en expliquer brièvement le plan, en essayant de parler de ces choses comme si je n’y étais pas intéressé. Ceci n’est pas aussi difficile que le public pourrait le penser. Peu d’œuvres donne beaucoup d’amour-propre, beaucoup de travail donne infiniment de modestie. Cette observation rend compte des examens que Corneille, Molière et autres grands auteurs faisaient de leurs ouvrages : s’il est impossible de les égaler dans leurs belles conceptions, on peut vouloir leur ressembler en ce sentiment.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 61
EAN13 9782824709659
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
A V AN T -P ROPOS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
A V AN T -P ROPOS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0965-9
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A V AN T -P ROPOS
    une œuv r e entr eprise depuis bientôt tr eize ans, le
titr e de la Comédie humaine , il est né cessair e d’ en dir e la p en-E sé e , d’ en raconter l’ origine , d’ en e xpliquer briè v ement le plan,
en essayant de p arler de ces choses comme si je n’y étais p as intér essé .
Ce ci n’ est p as aussi difficile que le public p our rait le p enser . Peu d’ œuv r es
donne b e aucoup d’amour-pr opr e , b e aucoup de travail donne infiniment
de mo destie . Cee obser vation r end compte des e x amens que Cor neille ,
Molièr e et autr es grands auteur s faisaient de leur s ouv rag es  : s’il est
imp ossible de les ég aler dans leur s b elles conceptions, on p eut v ouloir leur
r essembler en ce sentiment.
L’idé e pr emièr e de la Comédie humaine fut d’ab ord chez moi comme
un rê v e , comme un de ces pr ojets imp ossibles que l’ on car esse et qu’ on
laisse s’ env oler  ; une chimèr e qui sourit, qui montr e son visag e de femme
et qui déploie aussitôt ses ailes en r emontant dans un ciel fantastique .
Mais la chimèr e , comme b e aucoup de chimèr es, se chang e en ré alité , elle
a ses commandements et sa ty rannie aux quels il faut cé der .
Cee idé e vint d’une comp araison entr e l’Humanité et l’ Animalité .
Ce serait une er r eur de cr oir e que la grande quer elle qui, dans ces
der nier s temps, s’ est émue entr e Cuvier et Ge offr oi Saint-Hilair e , r ep
o1A vant-pr op os Chapitr e
sait sur une inno vation scientifique . L’ unité de composition o ccup ait déjà
sous d’autr es ter mes les plus grands esprits des deux siè cles pré cé dents.
En r elisant les œuv r es si e xtraordinair es des é crivains my stiques qui se
sont o ccup és des sciences dans leur s r elations av e c l’infini, tels que Sw
edenb or g, Saint-Martin, etc., et les é crits des plus b e aux g énies en histoir e
natur elle , tels que Leibnitz, Buffon, Charles Bonnet, etc., on tr ouv e dans
les monades de dans les molé cules or g aniques de Buffon, dans
la for ce vég étatrice de Ne e dham, dans l’emboîtement des p arties
similair es de Charles Bonnet, assez hardi p our é crir e en 1760  : L’animal
végète comme la plante  ; on tr ouv e , dis-je , les r udiments de la b elle loi du
soi pour soi sur laquelle r ep ose l’ unité de composition . Il n’y a qu’un
animal. Le cré ateur ne s’ est ser vi que d’un seul et même p atr on p our tous les
êtr es or g anisés. L’animal est un princip e qui pr end sa for me e xtérieur e ,
ou, p our p arler plus e x actement, les différ ences de sa for me , dans les
milieux où il est app elé à se dé v elopp er . Les Espè ces Zo ologiques résultent
de ces différ ences. La pr o clamation et le soutien de ce sy stème , en har
monie d’ailleur s av e c les idé es que nous nous faisons de la puissance divine ,
sera l’éter nel honneur de Ge offr oi Saint-Hilair e , le vainqueur de Cuvier
sur ce p oint de la haute science , et dont le triomphe a été salué p ar le
der nier article qu’é crivit le grand Go ethe .
Pénétré de ce sy stème bien avant les débats aux quels il a donné lieu,
je vis que , sous ce rapp ort, la So ciété r essemblait à la Natur e . La So ciété
ne fait-elle p as de l’homme , suivant les milieux où son action se déploie ,
autant d’hommes différ ents qu’il y a de variétés en zo ologie  ? Les
différ ences entr e un soldat, un ouv rier , un administrateur , un av o cat, un
oisif, un savant, un homme d’état, un commer çant, un marin, un p oète , un
p auv r e , un prêtr e , sont, quoique plus difficiles à saisir , aussi considérables
que celles qui distinguent le loup , le lion, l’âne , le corb e au, le r e quin, le
v e au marin, la br ebis, etc. Il a donc e xisté , il e xistera donc de tout temps
des Espè ces So ciales comme il y a des Espè ces Zo ologiques. Si Buffon a
fait un magnifique ouv rag e en essayant de r eprésenter dans un liv r e l’
ensemble de la zo ologie , n’y avait-il p as une œuv r e de ce g enr e à fair e p our
la So ciété  ? Mais la Natur e a p osé , p our les variétés animales, des b or nes
entr e lesquelles la So ciété ne de vait p as se tenir . and Buffon p eignait le
lion, il ache vait la lionne en quelques phrases  ; tandis que dans la So ciété
2A vant-pr op os Chapitr e
la femme ne se tr ouv e p as toujour s êtr e la femelle du mâle . Il p eut y av oir
deux êtr es p arfaitement dissemblables dans un ménag e . La femme d’un
mar chand est quelquefois digne d’êtr e celle d’un prince , et souv ent celle
d’un prince ne vaut p as celle d’un artiste . L’État So cial a des hasards que
ne se p er met p as la Natur e , car il est la Natur e plus la So ciété . La
description des Espè ces So ciales était donc au moins double de celle des Espè ces
Animales, à ne considér er que les deux se x es. Enfin, entr e les animaux,
il y a p eu de drames, la confusion ne s’y met guèr e  ; ils cour ent sus les
uns aux autr es, v oilà tout. Les hommes cour ent bien aussi les uns sur les
autr es  ; mais leur plus ou moins d’intellig ence r end le combat autr ement
compliqué . Si quelques savants n’admeent p as encor e que l’ Animalité se
transb orde dans l’Humanité p ar un immense courant de vie , l’épicier
devient certainement p air de France , et le noble descend p arfois au der nier
rang so cial. Puis, Buffon a tr ouvé la vie e x cessiv ement simple chez les
animaux. L’animal a p eu de mobilier , il n’a ni arts ni sciences  ; tandis que
l’homme , p ar une loi qui est à r e cher cher , tend à r eprésenter ses mœur s,
sa p ensé e et sa vie dans tout ce qu’il appr oprie à ses b esoins. oique
Leuw enhoëk, Swammerdam, Sp allanzani, Ré aumur , Charles Bonnet, Muller ,
Haller et autr es p atients zo ographes aient démontré combien les mœur s
des animaux étaient intér essantes  ; les habitudes de chaque animal sont,
à nos y eux du moins, constamment semblables en tout temps  ; tandis que
les habitudes, les vêtements, les p ar oles, les demeur es d’un prince , d’un
banquier , d’un artiste , d’un b our g e ois, d’un prêtr e et d’un p auv r e sont
entièr ement dissemblables et chang ent au gré des civilisations.
Ainsi l’ œuv r e à fair e de vait av oir une triple for me  : les hommes, les
femmes et les choses, c’ est-à-dir e les p er sonnes et la r eprésentation
matérielle qu’ils donnent de leur p ensé e  ; enfin l’homme et la vie .
En lisant les sè ches et r ebutantes nomenclatur es de faits app elé es
histoires , qui ne s’ est ap er çu que les é crivains ont oublié , dans tous les temps,
en Ég y pte , en Per se , en Grè ce , à Rome , de nous donner l’histoir e des
mœur s. Le mor ce au de Pétr one sur la vie privé e des Romains ir rite
plutôt qu’il ne satisfait notr e curiosité . Après av oir r emar qué cee immense
lacune dans le champ de l’histoir e , l’abbé Bartélemy consacra sa vie à
r efair e les mœur s gr e cques dans Anachar sis.
Mais comment r endr e intér essant le drame à tr ois ou quatr e mille p
er3A vant-pr op os Chapitr e
sonnag es que présente une So ciété  ? comment plai

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