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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 61 |
EAN13 | 9782824709659 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
A V AN T -P ROPOS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
A V AN T -P ROPOS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0965-9
BI BEBO OK
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A V AN T -P ROPOS
une œuv r e entr eprise depuis bientôt tr eize ans, le
titr e de la Comédie humaine , il est né cessair e d’ en dir e la p en-E sé e , d’ en raconter l’ origine , d’ en e xpliquer briè v ement le plan,
en essayant de p arler de ces choses comme si je n’y étais p as intér essé .
Ce ci n’ est p as aussi difficile que le public p our rait le p enser . Peu d’ œuv r es
donne b e aucoup d’amour-pr opr e , b e aucoup de travail donne infiniment
de mo destie . Cee obser vation r end compte des e x amens que Cor neille ,
Molièr e et autr es grands auteur s faisaient de leur s ouv rag es : s’il est
imp ossible de les ég aler dans leur s b elles conceptions, on p eut v ouloir leur
r essembler en ce sentiment.
L’idé e pr emièr e de la Comédie humaine fut d’ab ord chez moi comme
un rê v e , comme un de ces pr ojets imp ossibles que l’ on car esse et qu’ on
laisse s’ env oler ; une chimèr e qui sourit, qui montr e son visag e de femme
et qui déploie aussitôt ses ailes en r emontant dans un ciel fantastique .
Mais la chimèr e , comme b e aucoup de chimèr es, se chang e en ré alité , elle
a ses commandements et sa ty rannie aux quels il faut cé der .
Cee idé e vint d’une comp araison entr e l’Humanité et l’ Animalité .
Ce serait une er r eur de cr oir e que la grande quer elle qui, dans ces
der nier s temps, s’ est émue entr e Cuvier et Ge offr oi Saint-Hilair e , r ep
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sait sur une inno vation scientifique . L’ unité de composition o ccup ait déjà
sous d’autr es ter mes les plus grands esprits des deux siè cles pré cé dents.
En r elisant les œuv r es si e xtraordinair es des é crivains my stiques qui se
sont o ccup és des sciences dans leur s r elations av e c l’infini, tels que Sw
edenb or g, Saint-Martin, etc., et les é crits des plus b e aux g énies en histoir e
natur elle , tels que Leibnitz, Buffon, Charles Bonnet, etc., on tr ouv e dans
les monades de dans les molé cules or g aniques de Buffon, dans
la for ce vég étatrice de Ne e dham, dans l’emboîtement des p arties
similair es de Charles Bonnet, assez hardi p our é crir e en 1760 : L’animal
végète comme la plante ; on tr ouv e , dis-je , les r udiments de la b elle loi du
soi pour soi sur laquelle r ep ose l’ unité de composition . Il n’y a qu’un
animal. Le cré ateur ne s’ est ser vi que d’un seul et même p atr on p our tous les
êtr es or g anisés. L’animal est un princip e qui pr end sa for me e xtérieur e ,
ou, p our p arler plus e x actement, les différ ences de sa for me , dans les
milieux où il est app elé à se dé v elopp er . Les Espè ces Zo ologiques résultent
de ces différ ences. La pr o clamation et le soutien de ce sy stème , en har
monie d’ailleur s av e c les idé es que nous nous faisons de la puissance divine ,
sera l’éter nel honneur de Ge offr oi Saint-Hilair e , le vainqueur de Cuvier
sur ce p oint de la haute science , et dont le triomphe a été salué p ar le
der nier article qu’é crivit le grand Go ethe .
Pénétré de ce sy stème bien avant les débats aux quels il a donné lieu,
je vis que , sous ce rapp ort, la So ciété r essemblait à la Natur e . La So ciété
ne fait-elle p as de l’homme , suivant les milieux où son action se déploie ,
autant d’hommes différ ents qu’il y a de variétés en zo ologie ? Les
différ ences entr e un soldat, un ouv rier , un administrateur , un av o cat, un
oisif, un savant, un homme d’état, un commer çant, un marin, un p oète , un
p auv r e , un prêtr e , sont, quoique plus difficiles à saisir , aussi considérables
que celles qui distinguent le loup , le lion, l’âne , le corb e au, le r e quin, le
v e au marin, la br ebis, etc. Il a donc e xisté , il e xistera donc de tout temps
des Espè ces So ciales comme il y a des Espè ces Zo ologiques. Si Buffon a
fait un magnifique ouv rag e en essayant de r eprésenter dans un liv r e l’
ensemble de la zo ologie , n’y avait-il p as une œuv r e de ce g enr e à fair e p our
la So ciété ? Mais la Natur e a p osé , p our les variétés animales, des b or nes
entr e lesquelles la So ciété ne de vait p as se tenir . and Buffon p eignait le
lion, il ache vait la lionne en quelques phrases ; tandis que dans la So ciété
2A vant-pr op os Chapitr e
la femme ne se tr ouv e p as toujour s êtr e la femelle du mâle . Il p eut y av oir
deux êtr es p arfaitement dissemblables dans un ménag e . La femme d’un
mar chand est quelquefois digne d’êtr e celle d’un prince , et souv ent celle
d’un prince ne vaut p as celle d’un artiste . L’État So cial a des hasards que
ne se p er met p as la Natur e , car il est la Natur e plus la So ciété . La
description des Espè ces So ciales était donc au moins double de celle des Espè ces
Animales, à ne considér er que les deux se x es. Enfin, entr e les animaux,
il y a p eu de drames, la confusion ne s’y met guèr e ; ils cour ent sus les
uns aux autr es, v oilà tout. Les hommes cour ent bien aussi les uns sur les
autr es ; mais leur plus ou moins d’intellig ence r end le combat autr ement
compliqué . Si quelques savants n’admeent p as encor e que l’ Animalité se
transb orde dans l’Humanité p ar un immense courant de vie , l’épicier
devient certainement p air de France , et le noble descend p arfois au der nier
rang so cial. Puis, Buffon a tr ouvé la vie e x cessiv ement simple chez les
animaux. L’animal a p eu de mobilier , il n’a ni arts ni sciences ; tandis que
l’homme , p ar une loi qui est à r e cher cher , tend à r eprésenter ses mœur s,
sa p ensé e et sa vie dans tout ce qu’il appr oprie à ses b esoins. oique
Leuw enhoëk, Swammerdam, Sp allanzani, Ré aumur , Charles Bonnet, Muller ,
Haller et autr es p atients zo ographes aient démontré combien les mœur s
des animaux étaient intér essantes ; les habitudes de chaque animal sont,
à nos y eux du moins, constamment semblables en tout temps ; tandis que
les habitudes, les vêtements, les p ar oles, les demeur es d’un prince , d’un
banquier , d’un artiste , d’un b our g e ois, d’un prêtr e et d’un p auv r e sont
entièr ement dissemblables et chang ent au gré des civilisations.
Ainsi l’ œuv r e à fair e de vait av oir une triple for me : les hommes, les
femmes et les choses, c’ est-à-dir e les p er sonnes et la r eprésentation
matérielle qu’ils donnent de leur p ensé e ; enfin l’homme et la vie .
En lisant les sè ches et r ebutantes nomenclatur es de faits app elé es
histoires , qui ne s’ est ap er çu que les é crivains ont oublié , dans tous les temps,
en Ég y pte , en Per se , en Grè ce , à Rome , de nous donner l’histoir e des
mœur s. Le mor ce au de Pétr one sur la vie privé e des Romains ir rite
plutôt qu’il ne satisfait notr e curiosité . Après av oir r emar qué cee immense
lacune dans le champ de l’histoir e , l’abbé Bartélemy consacra sa vie à
r efair e les mœur s gr e cques dans Anachar sis.
Mais comment r endr e intér essant le drame à tr ois ou quatr e mille p
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sonnag es que présente une So ciété ? comment plai