Ève et David
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome IV. Huitième volume de l'édition Furne 1842.Extrait : Lucien fut charmant avec ses anciens camarades qui lui témoignèrent une admiration presque respectueuse. Il causa pendant environ une demi-heure avec beaucoup d’esprit, car il se trouvait sur un piédestal et voulait justifier l’opinion du pays : il se mit les mains dans les goussets, il parla tout à fait en homme qui voit les choses de la hauteur où ses concitoyens l’ont mis. Il fut modeste, et bon enfant, comme un génie en déshabillé. Ce fut les plaintes d’un athlète fatigué des luttes à Paris, désenchanté surtout, il félicita ses camarades de ne pas avoir quitté leur bonne province, etc. Il les laissa tout enchantés de lui.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9782824709727
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
ÈV E ET D A V I D
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
ÈV E ET D A V I D
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0972-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.ÈV E ET D A V I D
 , L fit viser son p asse-p ort, acheta une canne
de houx, prit, à la place de la r ue d’Enfer , un coucou qui, mo y en-L nant dix sous, le mit à Lonjume au. Pour pr emièr e étap e , il
coucha dans l’é curie d’une fer me à deux lieues d’ Ar p ajon. and il eut aeint
Orlé ans, il se tr ouva déjà bien las et bien fatigué  ; mais, p our tr ois francs,
un batelier le descendit à T our s, et p endant le trajet il ne dép ensa que deux
francs p our sa nour ritur e . D e T our s à Poitier s, Lucien mar cha p endant
cinq jour s. Bien au delà de Poitier s, il ne p ossé dait plus que cent sous, mais
il rassembla p our continuer sa r oute un r este de for ce . Un jour , Lucien fut
sur pris p ar la nuit dans une plaine où il résolut de biv ouaquer , quand,
au fond d’un ravin, il ap er çut une calè che montant une côte . A l’insu du
p ostillon, des v o yag eur s et d’un valet de chambr e placé sur le siég e , il put
se bloir der rièr e entr e deux p aquets, et s’ endor mit en se plaçant de
manièr e à p ouv oir résister aux cahots. A u matin, ré v eillé p ar le soleil qui lui
frapp ait les y eux et p ar un br uit de v oix, il r e connut Mansle , cee p etite
ville où, dix-huit mois aup aravant, il était allé aendr e madame de
Barg eton, le cœur plein d’amour , d’ esp érance et de joie . Se v o yant couv ert
de p oussièr e , au milieu d’un cer cle de curieux et de p ostillons, il comprit
qu’il de vait êtr e l’ objet d’une accusation  ; il sauta sur ses pie ds, et allait
1Èv e et D avid Chapitr e
p arler , quand deux v o yag eur s sortis de la calè che lui coupèr ent la p ar ole  :
il vit le nouv e au préfet de la Char ente , le comte Sixte du Châtelet et sa
femme , Louise de Nègr ep elisse .
― Si nous avions su quel comp agnon le hasard nous avait donné  ! dit
la comtesse . Montez av e c nous, monsieur .
Lucien salua fr oidement ce couple en lui jetant un r eg ard à la fois
humble et menaçant, il se p erdit dans un chemin de trav erse en avant
de Mansle , afin de g agner une fer me où il pût déjeuner av e c du p ain et
du lait, se r ep oser et délibér er en silence sur son av enir . Il avait encor e
tr ois francs. L’auteur des Mar guerites, p oussé p ar la fiè v r e , cour ut p
endant long-temps  ; il descendit le cour s de la rivièr e en e x aminant la disp
osition des lieux qui de v enaient de plus en plus pior esques. V er s le milieu
du jour , il aeignit à un endr oit où la napp e d’ e au, envir onné e de saules,
for mait une espè ce de lac. Il s’ar rêta p our contempler ce frais et touffu
b o cag e dont la grâce champêtr e agit sur son âme . Une maison aenant à
un moulin assis sur un bras de la rivièr e , montrait entr e les têtes d’arbr es
son toit de chaume or né de joubarb e . Cee naïv e façade avait p our seuls
or nements quelques buissons de jasmin, de chè vr efeuille et de houblon,
et tout alentour brillaient les fleur s du flo x et des plus splendides plantes
grasses. Sur l’ empier r ement r etenu p ar un pilotis gr ossier , qui maintenait
la chaussé e au-dessus des plus grandes cr ues, il ap er çut des filets étendus
au soleil. D es canards nag e aient dans le bassin clair qui se tr ouvait au delà
du moulin, entr e les deux courants d’ e au mugissant dans les vannes. Le
moulin faisait entendr e son br uit ag açant. Sur un banc r ustique , le p oète
ap er çut une b onne gr osse ménagèr e tricotant et sur v eillant un enfant qui
tour mentait des p oules.
― Ma b onne femme , dit Lucien en s’avançant, je suis bien fatigué , j’ai
la fiè v r e , et n’ai que tr ois francs  ; v oulez-v ous me nour rir de p ain bis et de
lait, me coucher sur la p aille p endant une semaine  ? j’aurai eu le temps
d’é crir e à mes p ar ents qui m’ env err ont de l’ar g ent ou qui viendr ont me
cher cher ici.
―  V olontier s, dit-elle , si toutefois mon mari le v eut. Hé  ! p etit homme  ?
Le meunier sortit, r eg arda Lucien et s’ôta sa pip e de la b ouche p our
dir e  : ―  T r ois francs, une semaine  ? autant ne v ous rien pr endr e .
― Peut-êtr e finirai-je g ar çon meunier , se dit le p oète en contemplant
2Èv e et D avid Chapitr e
ce délicieux p ay sag e avant de se coucher dans le lit que lui fit la meunièr e ,
et où il dor mit de manièr e à effray er ses hôtes.
―  Courtois, va donc v oir si ce jeune homme est mort ou vivant, v oici
quator ze heur es qu’il est couché , je n’ ose p as y aller , dit la meunièr e le
lendemain v er s midi.
― Je cr ois, rép ondit le meunier à sa femme en ache vant d’étaler ses
filets et ses engins à pr endr e le p oisson, que ce joli g ar çon-là p our rait bien
êtr e quelque gring alet de comé dien, sans sou ni maille .
― A quoi v ois-tu donc cela, p etit homme  ? dit la meunièr e .
― D ame  ! ce n’ est ni un prince , ni un ministr e , ni un député ni
un é vê que  ; d’ où vient que ses mains sont blanches comme celles d’un
homme qui ne fait rien  ?
― Il est alor s bien étonnant que la faim ne l’é v eille p as, dit la meunièr e
qui v enait d’apprêter un déjeuner p our l’hôte que le hasard leur avait
env o yé la v eille . Un comé dien  ? r eprit-elle . Où irait-il  ? Ce n’ est p as encor e
le moment de la foir e à Ang oulême .
Ni le meunier ni la meunièr e ne p ouvaient se douter qu’à p art le
comé dien, le prince et l’é vê que , il est un homme à la fois prince et comé dien,
un homme r e vêtu d’un magnifique sacerdo ce , le Poète qui semble ne rien
fair e et qui né anmoins règne sur l’Humanité quand il a su la p eindr e .
― i serait-ce donc  ? dit Courtois à sa femme .
―  Y aurait-il du dang er à le r e ce v oir  ? demanda la meunièr e .
― Bah  ! les v oleur s sont plus dég ourdis que ça, nous serions déjà
dévalisés, r eprit le meunier .
― Je ne suis ni prince , ni v oleur , ni é vê que , ni comé dien, dit tristement
Lucien qui se montra soudain et qui sans doute avait entendu p ar la cr
oisé e le collo que de la femme et du mari. Je suis un p auv r e jeune homme
fatigué , v enu à pie d de Paris ici. Je me nomme Lucien de Rub empré , et
suis le fils de monsieur Chardon, le pré dé cesseur de Postel, le phar
macien de l’Houme au. Ma sœur a ép ousé D avid Sé chard, l’imprimeur de la
place du Mûrier à Ang oulême .
― Aendez donc  ! dit le meunier . C’t imprimeur-là n’ est-il p as le fils
du vieux malin qui fait valoir son domaine de Mar sac  ?
― Pré cisément, rép ondit Lucien.
3Èv e et D avid Chapitr e
― Un drôle de pèr e , allez  ! r eprit Courtois. Il fait, dit-on, tout v endr e
chez son fils, et il a p our plus de deux cent mille francs de bien, sans
compter son esquipol  !
Lor sque l’âme et le cor ps ont été brisés dans une longue et
doulour euse lue , l’heur e où les for ces sont dép assé es est suivie ou de la mort ou
d’un ané antissement p ar eil à la mort, mais où les natur es cap ables de
résister r epr ennent alor s des for ces. Lucien, en pr oie à une crise de ce g enr e ,
p ar ut prés de succomb er au moment où il apprit, quoique vaguement, la
nouv elle d’une catastr ophe ar rivé e à D avid Sé chard, son b e au-frèr e .
―  Oh  ! ma sœur  ! s’é cria-t-il, qu’ai-je fait, mon Dieu  ! Je suis un
infâme  !
Puis il se laissa tomb er sur un banc de b ois, dans la pâleur et
l’affaissement d’un mourant. La meunièr e s’ empr essa de lui app orter une jae
de lait qu’ elle le for ça de b oir e  ; mais il pria le meunier de l’aider à se
mer e sur son lit, en lui demandant p ardon de lui donner l’ embar ras de
sa mort, car il cr ut sa der nièr e heur e ar rivé e . En ap er ce vant le fantôme
de la mort, ce gracieux p oète fut pris d’idé es r eligieuses  : il v oulut v oir le
curé

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