Honorine
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome IV. Quatrième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Je vous vois venir, monsieur le comte, répondis-je en interrompant, je devine vos intentions. Votre premier secrétaire a voulu crocheter votre caisse, je connais le cœur du second, il pourrait aimer votre femme. Et pouvez-vous le vouer au malheur en l’envoyant au feu ! Mettre sa main dans un brasier sans se brûler est-ce possible ? ― Vous êtes un enfant, reprit le comte, je vous enverrai ganté ! Ce n’est pas mon secrétaire qui viendra se loger rue Saint-Maur, dans la petite maison de maraîcher que j’ai rendue libre, ce sera mon petit cousin le baron de l’Hostal, maître des requêtes... » Après un moment donné à la surprise, j’entendis un coup de cloche et une voiture roula jusqu’au perron. Bientôt le valet de chambre annonça madame de Courteville et sa fille. Le comte Octave avait une très-nombreuse parenté dans sa ligne maternelle. Madame de Courteville sa cousine était veuve d’un juge au Tribunal de la Seine, qui l’avait laissée avec une fille et sans aucune espèce de fortune. Que pouvait être une femme de vingt-neuf ans auprès d’une jeune fille de vingt ans aussi belle que l’imagination pourrait le souhaiter pour une maîtresse idéale ? ― « Baron, maître des requêtes, référendaire au sceau en attendant mieux, et ce vieil hôtel pour dot, aurez-vous assez de raisons pour ne pas aimer la comtesse ? » me dit-il à l’oreille en me prenant la main et me présentant à madame de Courteville et à sa fille. Je fus ébloui, non par tant d’avantages que je n’aurais pas osé rêver, mais par Amélie de Courteville dont toutes les beautés étaient mises en relief par une de ces savantes toilettes que les mères font faire à leurs filles quand il s’agit de les marier. Ne parlons pas de moi, dit le consul en faisant une pause.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 16
EAN13 9782824709802
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
HONORI N E
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
HONORI N E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0980-2
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.HONORI N E
A MONSI EU R A CH I LLE DEV ERIA,
Comme un affe ctueux souv enir de l’auteur .
DE BALZA C.
  F ont autant de répugnance que les Anglais ont de
pr op ension p our les v o yag es, p eut-êtr e les Français et les An-S glais ont-ils raison de p art et d’autr e . On tr ouv e p artout quelque
chose de meilleur que l’ Angleter r e , tandis qu’il est e x cessiv ement difficile
de r etr ouv er loin de la France les char mes de la France . Les autr es p ay s
offr ent d’admirables p ay sag es, ils présentent souv ent un comfort sup
érieur à celui de la France , qui fait les plus lents pr ogrès en ce g enr e . Ils
déploient quelquefois une m agnificence , une grandeur , un lux e
étourdissants  ; ils ne manquent ni de grâce ni de façons nobles, mais la vie de tête ,
l’activité d’idé es, le talent de conv er sation et cet aicisme si familier s à
Paris  ; mais cee soudaine entente de ce qu’ on p ense et de ce qu’ on ne
dit p as, ce g énie du sous-entendu, la moitié de la langue française , ne se
r encontr ent nulle p art. A ussi le Français, dont la raillerie est déjà si p eu
comprise , se dessè che-t-il bientôt à l’étrang er , comme un arbr e déplanté .
L’émigration est un contr e-sens chez la nation française . Be aucoup de
1Honorine Chapitr e
Français, de ceux dont il est ici question, av ouent av oir r e v u les
douanier s du p ay s natal av e c plaisir , ce qui p eut sembler l’hy p erb ole la plus
osé e du p atriotisme .
Ce p etit pré ambule a p our but de rapp eler à ceux des Français qui
ont v o yag é le plaisir e x cessif qu’ils ont épr ouvé quand, p arfois, ils ont r
etr ouvé toute la p atrie , une o asis dans le salon de quelque diplomate  ;
plaisir que compr endr ont difficilement ceux qui n’ ont jamais quié l’asphalte
du b oule vard des Italiens, et p our qui la ligne des quais, riv e g auche , n’ est
déjà plus Paris. Retr ouv er Paris  ! sav ez-v ous ce que c’ est, ô Parisiens  ?
C’ est r etr ouv er , non p as la cuisine du Ro cher de Cancale , comme Bor el
la soigne p our les g our mets qui sav ent l’appré cier , car elle ne se fait que
r ue Montor gueil, mais un ser vice qui la rapp elle  ! C’ est r etr ouv er les vins
de France qui sont à l’état mythologique hor s de France , et rar es comme
la femme dont il sera question ici  ! C’ est r etr ouv er non p as la
plaisanterie à la mo de , car de Paris à la fr ontièr e elle s’é v ente  ; mais ce milieu
spirituel, compréhensif, critique , où viv ent les Français, depuis le p oète
jusqu’à l’ ouv rier , depuis la duchesse jusqu’au g amin.
En 1836, p endant le séjour de la cour de Sardaigne à Gênes, deux
Parisiens, plus ou moins célèbr es, pur ent encor e se cr oir e à Paris, en se tr
ouvant dans un p alais loué p ar le Consul-Général de France , sur la colline ,
der nier pli que fait l’ Ap ennin entr e la p orte Saint-omas et cee fameuse
lanter ne qui, dans les kepseakes , or ne toutes les v ues de Gênes. Ce p alais
est une de ces fameuses villas où les nobles Génois ont dép ensé des
millions au temps de la puissance de cee république aristo cratique . Si la
demi-nuit est b elle quelque p art, c’ est assurément à Gênes, quand il a plu
comme il y pleut, à tor r ents, p endant toute la matiné e  ; quand la pur eté
de la mer lue av e c la pur eté du ciel  ; quand le silence règne sur le quai et
dans les b osquets de cee villa, dans ses marbr es à b ouches bé antes d’ où
l’ e au coule av e c my stèr e  ; quand les étoiles brillent, quand les flots de la
Mé diter rané e se suiv ent comme les av eux d’une femme à qui v ous les
ar rachez p ar ole à p ar ole . A v ouons-le  ? cet instant où l’air embaumé p
arfume les p oumons et les rê v eries, où la v olupté , visible et mobile comme
l’atmosphèr e , v ous saisit sur v os fauteuils, alor s qu’une cuiller à la main
v ous effilez des glaces ou des sorb ets, une ville à v os pie ds, de b elles
femmes de vant v ous  ; ces heur es à la Bo ccace ne se tr ouv ent qu’ en Italie
2Honorine Chapitr e
et aux b ords de la Mé diter rané e . Supp osez autour de la table le mar quis di
Nègr o , ce frèr e hospitalier de tous les talents qui v o yag ent, et le mar quis
D amaso Par eto , deux Français déguisés en Génois, un Consul-Général
entouré d’une femme b elle comme une madone et de deux enfants
silencieux, p ar ce que le sommeil les a saisis, l’ambassadeur de France et sa
femme , un pr emier se crétair e d’ambassade qui se cr oit éteint et malicieux,
enfin deux Parisiens qui viennent pr endr e cong é de la consulesse dans un
dîner splendide , v ous aur ez le table au que présentait la ter rasse de la villa
v er s la mi-mai, table au dominé p ar un p er sonnag e , p ar une femme
célèbr e sur laquelle les r eg ards se concentr ent p ar moments, et l’hér oïne de
cee fête impr o visé e . L’un des deux Français était le fameux p ay sagiste
Lé on de Lora, l’autr e un célèbr e critique , Claude Vignon. T ous deux, ils
accomp agnaient cee femme , une des illustrations actuelles du b e au se x e ,
mademoiselle des T ouches, connue sous le nom de Camille Maupin dans
le monde liérair e . Mademoiselle des T ouches était allé e à F lor ence p our
affair e . Par une de ces char mantes complaisances qu’ elle pr o digue , elle
avait emmené Lé on de Lora p our lui montr er l’Italie , et avait p oussé
jusqu’à Rome p our lui montr er la camp agne de Rome . V enue p ar le Simplon,
elle r e v enait p ar le chemin de la Cor niche à Mar seille . T oujour s à cause du
p ay sagiste , elle s’était ar rêté e à Gênes. Natur ellement le Consul-Général
avait v oulu fair e , avant l’ar rivé e de la cour , les honneur s de Gênes à une
p er sonne que sa fortune , son nom et sa p osition r e commandent autant
que son talent. Camille Maupin, qui connaissait Gênes jusque dans ses
der nièr es chap elles, laissa son p ay sagiste aux soins du diplomate , à ceux
des deux mar quis g énois, et fut avar e de ses instants. oique
l’ambassadeur fût un é crivain très-distingué , la femme célèbr e r efusa de se prêter à
ses gracieusetés, en craignant ce que les Anglais app ellent une exhibition ,
mais elle r entra les griffes de ses r efus dès qu’il fut question d’une jour né e
d’adieu à la villa du consul. Lé on de Lora dit à Camille que sa présence
à la villa était la seule manièr e qu’il eût de r emer cier l’ambassadeur et sa
femme , les deux mar quis g énois, le consul et la consulesse . Mademoiselle
des T ouches fit alor s le sacrifice d’une de ces jour né es de l ib erté complète
qui ne se r encontr ent p as toujour s à Paris p our ceux sur qui l e m onde a
les y eux.
Maintenant, une fois la réunion e xpliqué e , il est facile de conce v oir
3Honorine Chapitr e
que l’étiquee en avait été bannie , ainsi que b e aucoup de femmes et des
plus éle vé es, curieuses de sav oir si la virilité du talent de Camille Maupin
nuisait aux grâces de la jolie femme , et si, en un mot, le haut-de-chausses
dép assait la jup e . D epuis le dîner jusqu’à neuf heur es, moment où la
collation fut ser

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