La fille aux yeux d’or
56 pages
Français

La fille aux yeux d’or

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome I. Neuvième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : ― Enfin, voici donc une aventure bien romanesque, se dit Henri quand Paul revint. A force de participer à quelques-unes, j’ai fini par rencontrer dans ce Paris une intrigue accompagnée de circonstances graves, de périls majeurs. Ah ! diantre, combien le danger rend la femme hardie ! Gêner une femme, la vouloir contraindre, n’est-ce pas lui donner le droit et le courage de franchir en un moment des barrières qu’elle mettrait des années à sauter ? Gentille créature, va, saute. Mourir ? pauvre enfant ! Des poignards ? imagination de femmes ! Elles sentent toutes le besoin de faire valoir leur petite plaisanterie. D’ailleurs on y pensera, Paquita ! on y pensera, ma fille ! Le diable m’emporte, maintenant que je sais que cette belle fille, ce chef-d’œuvre de la nature est à moi, l’aventure a perdu de son piquant.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 29
EAN13 9782824709819
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LA F I LLE A UX Y EUX
D’OR
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA F I LLE A UX Y EUX
D’OR
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0981-9
BI BEBO OK
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA F I LLE A UX Y EUX D’OR
A EUGÈN E DELA CROIX, P EI N T RE
    av entur e compréhensible , il est né cessair e
d’ajouter ici que lord Dudle y tr ouva natur ellement b e aucoupP de femmes disp osé es à tir er quelques e x emplair es d’un si
délicieux p ortrait. Son se cond chef-d’ œuv r e en ce g enr e fut une jeune fille
nommé e Euphémie , né e d’une dame esp agnole , éle vé e à la Havane ,
ramené e à Madrid av e c une jeune cré ole des Antilles, av e c les g oûts r uineux
des colonies  ; mais heur eusement marié e à un vieux et puissamment riche
seigneur esp agnol, don Hijos, mar quis de San-Ré al qui, depuis l’ o ccup
ation de l’Esp agne p ar les tr oup es françaises, était v enu habiter Paris, et
demeurait r ue Saint-Lazar e . A utant p ar insouciance que p ar r esp e ct p our
l’inno cence du jeune âg e , lord Dudle y ne donna p oint avis à ses enfants
des p ar entés qu’il leur cré ait p artout. Ce ci est un lég er inconvénient de
la civilisation, elle a tant d’avantag es, il faut lui p asser ses malheur s en
fav eur de ses bienfaits. Lord Dudle y , p our n’ en plus p arler , vint, en 1816,
se réfugier à Paris, afin d’é viter les p our suites de la justice anglaise qui,
de l’Orient, ne pr otég e que la mar chandise . Le lord v o yag eur demanda
1La fille aux y eux d’ or Chapitr e
quel était ce b e au jeune homme en v o yant Henri. Puis, en l’ entendant
nommer  : ― Ah  ! c’ est mon fils. el malheur  ! dit-il.
T elle était l’histoir e du jeune homme qui, v er s le milieu du mois
d’av ril, en 1815, p ar courait nonchalamment la grande allé e des T uileries, à la
manièr e de tous les animaux qui, connaissant leur s for ces, mar chent dans
leur p aix et leur majesté  ; les b our g e oises se r etour naient tout naïv ement
p our le r e v oir , les femmes ne se r etour naient p oint, elles l’aendaient au
r etour , et gravaient dans leur mémoir e , p our s’ en souv enir à pr op os, cee
suav e figur e qui n’ eût p as dép aré le cor ps de la plus b elle d’ entr e elles.
― e fais-tu donc ici le dimanche  ? dit à Henri le mar quis de
Ronquer olles en p assant.
― Il y a du p oisson dans la nasse , rép ondit le jeune homme .
Cet é chang e de p ensé es se fit au mo y en de deux r eg ards significatifs
et sans que ni Ronquer olles ni de Mar say eussent l’air de se connaîtr e . Le
jeune homme e x aminait les pr omeneur s, av e c cee pr omptitude de coup
d’ œil et d’ ouïe p articulièr e au Parisien qui p araît, au pr emier asp e ct, ne
rien v oir et ne rien entendr e , mais qui v oit et entend tout. En ce moment,
un jeune homme vint à lui, lui prit familièr ement le bras, en lui disant  :
―  Comment cela va-t-il, mon b on de Mar say  ?
― Mais très-bien, lui rép ondit de Mar say de cet air affe ctueux en
app ar ence , mais qui entr e les jeunes g ens Parisiens, ne pr ouv e rien, ni p our
le présent ni p our l’av enir .
En effet, les jeunes g ens de Paris ne r essemblent aux jeunes g ens
d’aucune autr e ville . Ils se divisent en deux classes  : le jeune homme qui a
quelque chose et le jeune homme qui n’a rien  ; ou, le jeune qui
p ense et celui qui dép ense . Mais entendez-le bien, il ne s’agit ici que de
ces indigènes qui mènent à Paris le train délicieux d’une vie élég ante . Il
y e xiste bien quelques autr es jeunes g ens, mais ceux-là sont des enfants
qui conçoiv ent très-tard l’ e xistence p arisienne et en r estent les dup es. Ils
ne sp é culent p as, ils étudient, ils pio chent, disent les autr es. Enfin il s’y
v oit encor e certains jeunes g ens, riches ou p auv r es, qui embrassent des
car rièr es et les suiv ent tout uniment  ; ils sont un p eu l’Émile de Rousse au,
de la chair à cito y en, et n’app araissent jamais dans le monde . Les
diplomates les nomment imp oliment des niais. Niais ou non, ils augmentent
le nombr e de ces g ens mé dio cr es sous le p oids desquels plie la France . Ils
2La fille aux y eux d’ or Chapitr e
sont toujour s là  ; toujour s prêts à gâcher les affair es publiques ou p
articulièr es, av e c la plate tr uelle de la mé dio crité , en se tar guant de leur
impuissance qu’ils nomment mœur s et pr obité . Ces espè ces de Prix d’excellence
so ciaux infestent l’administration, l’ar mé e , la magistratur e , les chambr es,
la cour . Ils amoindrissent, aplatissent le p ay s et constituent en quelque
sorte dans le cor ps p olitique , une ly mphe qui le sur char g e et le r end
mollasse . Ces honnêtes p er sonnes nomment les g ens de talent, immoraux, ou
frip ons. Si ces frip ons font p ay er leur s ser vices, du moins ils ser v ent  ;
tandis que ceux-là nuisent et sont r esp e ctés p ar la foule  ; mais heur eusement
p our la France , la jeunesse élég ante les stigmatise sans cesse du nom de
g anaches.
D onc, au pr emier coup d’ œil, il est natur el de cr oir e très-distinctes, les
deux espè ces de jeunes g ens qui mènent une vie élég ante  ; aimable cor p
oration à laquelle app artenait Henri de Mar say . Mais les obser vateur s qui
ne s’ar rêtent p as à la sup erficie des choses sont bientôt convaincus que
les différ ences sont pur ement morales, et que rien n’ est tr omp eur comme
l’ est cee jolie é cor ce . Né anmoins tous pr ennent ég alement le p as sur tout
le monde  ; p arlent, à tort et à trav er s, des choses, des hommes, de
liératur e , de b e aux-arts  ; ont toujour s à la b ouche le Pi et Cobourg de chaque
anné e  ; inter r omp ent une conv er sation p ar un calemb our  ; tour nent en
ridicule la science et le savant  ; méprisent tout ce qu’ils ne connaissent
p as ou tout ce qu’ils craignent  ; puis se meent au-dessus de tout, en
s’instituant jug es suprêmes de tout. T ous my stifieraient leur s pèr es, et
seraient prêts à v er ser dans le sein de leur s mèr es des lar mes de cr o
codile  ; mais g énéralement ils ne cr oient à rien, mé disent des femmes, ou
jouent la mo destie , et obéissent en ré alité , à une mauvaise courtisane ,
ou à quelque vieille femme . T ous sont ég alement cariés jusqu’aux os p ar
le calcul, p ar la dépravation, p ar une br utale envie de p ar v enir , et s’ils
sont menacés de la pier r e , en les sondant on la leur tr ouv erait à tous, au
cœur . A l’état nor mal, ils ont les plus jolis dehor s, meent l’amitié à tout
pr op os en jeu, sont ég alement entraînants. Le même p er siflag e domine
leur s chang e ants jar g ons  ; ils visent à la bizar r erie dans leur s toilees,
se font gloir e de rép éter les bêtises de tel ou tel acteur en v ogue , et
débutent av e c qui que ce soit p ar le mépris ou l’imp ertinence p our av oir
en quelque sorte la pr emièr e manche à ce jeu  ; mais malheur à qui ne
3La fille aux y eux d’ or Chapitr e
sait p as se laisser cr e v er un œil p our leur en cr e v er deux. Ils p araissent
ég alement indiffér ents aux malheur s de la p atrie , et à ses flé aux. Ils r
essemblent enfin bien tous à la jolie é cume blanche qui cour onne le flot
des tempêtes. Ils s’habillent, d

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