La terre
476 pages
Français
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Description

La Terre est le quinzième volume de la série des Rougon-Macquart. Sans doute l’un des plus violents, Zola y dresse en effet un portrait féroce du monde paysan de la fin du xixe siècle, âpre au gain, dévoré d’une passion pour la terre qui peut aller jusqu’au crime. Tout l’ouvrage est empreint d’une bestialité propre à choquer les lecteurs de l’époque, les accouplements d’animaux alternant avec ceux des humains, eux-mêmes marqués par une grande précocité et par une brutalité allant fréquemment jusqu’au viol. Dès sa parution, la Terre a soulevé de violentes controverses, illustrées notamment par le Manifeste des cinq, article publié dans le Figaro par cinq jeunes romanciers qui conseillaient à Zola de consulter Charcot pour soigner ses obsessions morbides. Extrait : Ce dernier venait de rejoindre les deux autres, qui hurlaient aux trousses de l'infirme. Essoufflé, ahuri, Hilarion entra, en se déhanchant sur ses jambes torses. Son bec-de-lièvre le faisait saliver, il bégayait sans pouvoir expliquer les choses, l'air caduc pour ses vingt-quatre ans, d'une hideur bestiale de crétin. Il était devenu très méchant, enragé de ce qu'il ne pouvait attraper à la course et calotter les gamins qui le poursuivaient. Cette fois encore, c'était lui qui avait reçu une volée de boules de neige.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 20
EAN13 9782824702483
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
LA T ERRE
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
LA T ERRE
1895
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0248-3
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
,   , un semoir de toile bleue noué sur le v entr e , en
tenait la p o che ouv erte de la main g auche , et de la dr oite , tous lesJ tr ois p as, il y pr enait une p oigné e de blé , que d’un g este , à la v
olé e , il jetait. Ses gr os soulier s tr ouaient et emp ortaient la ter r e grasse , dans
le balancement cadencé de son cor ps  ; tandis que , à chaque jet au milieu
de la semence blonde toujour s v olante , on v o yait luir e les deux g alons
r oug es d’une v este d’ ordonnance , qu’il ache vait d’user . Seul, en avant, il
mar chait, l’air grandi  ; et, der rièr e , p our enfouir le grain, une her se r
oulait lentement, aelé e de deux che vaux, qu’un char r etier p oussait à longs
coups de fouet régulier s, claquant au-dessus de leur s or eilles.
La p ar celle de ter r e , d’une cinquantaine d’ar es à p eine , au lieu dit
des Cor nailles, était si p eu imp ortante , que M. Hourde quin, le maîtr e de
la Borderie , n’avait p as v oulu y env o y er le semoir mé canique , o ccup é
ailleur s. Je an, qui r emontait la piè ce du midi au nord, avait justement
devant lui, à deux kilomètr es, les bâtiments de la fer me . Ar rivé au b out du
2La ter r e Chapitr e I
sillon, il le va les y eux, r eg arda sans v oir , en soufflant une minute .
C’étaient des mur s bas, une tache br une de vieilles ardoises, p erdue
au seuil de la Be auce , dont la plaine , v er s Chartr es, s’étendait. Sous le ciel
vaste , un ciel couv ert de la fin d’ o ctobr e , dix lieues de cultur es étalaient
en cee saison les ter r es nues, jaunes et fortes, des grands car rés de
lab our , qui alter naient av e c les napp es v ertes des luzer nes et des trèfles  ;
et cela sans un cote au, sans un arbr e , à p erte de v ue , se confondant,
s’abaissant, der rièr e la ligne d’horizon, nee et r onde comme sur une mer .
Du côté de l’ ouest, un p etit b ois b ordait seul le ciel d’une bande r oussie .
A u milieu, une r oute , la r oute de Châte audun à Orlé ans, d’une blancheur
de craie , s’ en allait toute dr oite p endant quatr e lieues, dér oulant le défilé
g é ométrique des p ote aux du télégraphe . Et rien autr e , que tr ois ou quatr e
moulins de b ois, sur leur pie d de char p ente , les ailes immobiles. D es
villag es faisaient des îlots de pier r e , un clo cher au loin émer g e ait d’un pli de
ter rain, sans qu’ on vît l’église , dans les molles ondulations de cee ter r e
du blé .
Mais Je an se r etour na, et il r ep artit, du nord au midi, av e c son
balancement, la main g auche tenant le semoir , la dr oite foueant l’air d’un v ol
continu de semence . Maintenant, il avait de vant lui, tout pr o che , coup ant
la plaine ainsi qu’un fossé , l’étr oit vallon de l’ Aigr e , après le quel r e
commençait la Be auce , immense , jusqu’à Orlé ans. On ne de vinait les prairies
et les ombrag es qu’à une ligne de grands p euplier s, dont les cimes jaunies
dép assaient le tr ou, p ar eilles, au ras des b ords, à de courts buissons. Du p
etit villag e de Rognes, bâti sur la p ente , quelques toitur es seules étaient en
v ue , au pie d de l’église , qui dr essait en haut son clo cher de pier r es grises,
habité p ar des familles de corb e aux très vieilles. Et, du côté de l’ est, au
delà de la vallé e du Loir , où se cachait à deux lieues Clo y es, le chef-lieu
du canton, se pr ofilaient les lointains cote aux du Per che , violâtr es sous le
jour ardoisé . On se tr ouvait là dans l’ancien Dunois, de v enu aujourd’hui
l’ar r ondissement de Châte audun, entr e le Per che et la Be auce , et à la
lisièr e même de celle-ci, à cet endr oit où les ter r es moins fertiles lui font
donner le nom de Be auce p ouilleuse . Lor sque Je an fut au b out du champ ,
il s’ar rêta encor e , jeta un coup d’ œil en bas, le long du r uisse au de l’ Aigr e ,
vif et clair à trav er s les herbag es, et que suivait la r oute de Clo y es,
sillonné e ce same di-là p ar les car rioles des p ay sans allant au mar ché . Puis, il
3La ter r e Chapitr e I
r emonta.
Et toujour s, et du même p as, av e c le même g este , il allait au nord, il
r e v enait au midi, env elopp é dans la p oussièr e vivante du grain  ; p endant
que , der rièr e , la her se , sous les claquements du fouet, enter rait les g er mes,
du même train doux et comme réflé chi. D e longues pluies v enaient de
r etarder les semailles d’automne  ; on avait encor e fumé en août, et les
lab our s étaient prêts depuis longtemps, pr ofonds, neo yés des herb es
salissantes, b ons à r e donner du blé , après le trèfle et l’av oine de l’assolement
triennal. A ussi la p eur des g elé es pr o chaines, menaçantes à la suite de ces
délug es, faisait-elle se hâter les cultivateur s. Le temps s’était mis br
usquement au fr oid, un temps couleur de suie , sans un souffle de v ent, d’une
lumièr e ég ale et mor ne sur cet o cé an de ter r e immobile . D e toutes p arts,
on semait  : il y avait un autr e semeur à g auche , à tr ois cents mètr es, un
autr e plus loin, v er s la dr oite  ; et d’autr es, d’autr es encor e s’ enfonçaient
en face , dans la p er sp e ctiv e fuyante des ter rains plats. C’étaient de p
etites silhouees noir es, de simples traits de plus en plus minces, qui se
p erdaient à des lieues. Mais tous avaient le g este , l’ env olé e de la semence ,
que l’ on de vinait comme une onde de vie autour d’ eux. La plaine en pr
enait un frisson, jusque dans les lointains no yés, où les semeur s ép ar s ne
se v o yaient plus.
Je an descendait p our la der nièr e fois, lor squ’il ap er çut, v enant de
Rognes, une grande vache r ousse et blanche , qu’une jeune fille , pr esque
une enfant, conduisait à la corde . La p etite p ay sanne et la bête suivaient
le sentier qui long e ait le vallon, au b ord du plate au  ; et, le dos tour né , il
avait ache vé l’ emblav e en r emontant, lor squ’un br uit de cour se , au milieu
de cris étranglés, lui fit de nouv e au le v er la tête , comme il dénouait son
semoir p our p artir . C’était la vache emp orté e , g alop ant dans une
luzernièr e , suivie de la fille qui s’épuisait à la r etenir . Il craignit un malheur , il
cria  :
― Lâche-la donc  !
Elle n’ en faisait rien, elle haletait, injuriait sa vache , d’une v oix de
colèr e et d’ép ouvante .
― La Coliche  ! v eux-tu bien, la Coliche  !. . . Ah  ! sale bête  !. . . Ah  !
sacré e r osse  !
Jusque-là , courant et sautant de toute la longueur de ses p etites
4La ter r e Chapitr e I
jamb es, elle avait pu la suiv r e . Mais elle buta, tomba une pr emièr e fois,
se r ele va p our r etomb er plus loin  ; et, dès lor s, la bête s’affolant, elle fut
traîné e . Maintenant, elle hurlait. Son cor ps, dans la luzer ne , laissait un
sillag e .
― Lâche-la donc, nom de Dieu  ! continuait à crier Je an. Lâche-la
donc  !
Et il criait cela machinalement, p ar ter r eur  ; car il courait lui aussi, en
compr enant enfin  : la corde de vait s’êtr e noué e autour du p oignet, ser ré e
davantag e à chaque nouv el effort. Heur eusement, il coup a au trav er s d’un
lab our , ar riva d’un te

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