Le bal de Sceaux
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Description

1829. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Si le comte de Fontaine, ancien vendéen, a accepté la monarchie constitutionnelle de Louis XVIII, sa fille Émilie refuse tous les partis qu'on lui propose, ne voulant épouser qu'un Pair de France. Un jour, elle décide de se rendre au bal de Sceaux pour «faire peuple». Cet endroit est fréquenté par toutes les couches de la société de Paris et des environs. Elle y remarque un jeune homme élégant qui ne peut être que de bonne naissance... Réflexion historique et sociale sur la France de la Restauration, ce roman est des plus importants dans l'oeuvre de Balzac.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 264
EAN13 9782824710013
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LE BAL DE SCEA UX
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LE BAL DE SCEA UX
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1001-3
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LE BAL DE SCEA UX
A H EN RI DE BALZA C
Son frèr e
HONORÉ.
   Fontaine , chef de l’une des plus anciennes familles
du Poitou, avait ser vi la cause des Bourb ons av e c intellig enceL et courag e p endant la guer r e que les V endé ens fir ent à la
république . Après av oir é chapp é à tous les dang er s qui menacèr ent les
chefs r o yalistes durant cee orag euse ép o que de l’histoir e contemp
oraine , il disait g aiement  : ― Je suis un de ceux qui se sont fait tuer sur
les mar ches du trône  ! Cee plaisanterie n’était p as sans quelque vérité
p our un homme laissé p ar mi les morts à la sanglante jour né e des atr
eChemins. oique r uiné p ar des confiscations, ce fidèle V endé en r efusa
constamment les places lucrativ es que lui fit offrir l’ emp er eur Nap olé on.
Invariable dans sa r eligion aristo cratique , il en avait av euglément suivi
les maximes quand il jug e a conv enable de se choisir une comp agne .
Malgré les sé ductions d’un riche p ar v enu ré v olutionnair e qui meait cee
alliance à haut prix, il ép ousa une demoiselle de K er g ar ouët sans fortune ,
mais dont la famille est une des plus vieilles de la Br etagne .
1Le bal de Sce aux Chapitr e
La Restauration sur prit monsieur de Fontaine char g é d’une
nombr euse famille . oiqu’il n’ entrât p as dans les idé es du g énér eux g
entilhomme de solliciter des grâces, il cé da né anmoins aux désir s de sa femme ,
quia son domaine , dont le r e v enu mo dique suffisait à p eine aux b esoins
de ses enfants, et vint à Paris. Contristé de l’avidité av e c laquelle ses
anciens camarades faisaient curé e des places et des dignités
constitutionnelles, il allait r etour ner à sa ter r e , lor squ’il r e çut une ler e ministérielle ,
p ar laquelle une Ex cellence assez connue lui annonçait sa nomination au
grade de maré chal-de-camp , en v ertu de l’ ordonnance qui p er meait aux
officier s des ar mé es catholiques de compter les vingt pr emièr es anné es
iné dites du règne de Louis X V I I I comme anné es de ser vice . elques
jour s après, le V endé en r e çut encor e , sans aucune sollicitation et d’
office , la cr oix de l’ ordr e de la Légion-d’Honneur et celle de Saint-Louis.
Ébranlé dans sa résolution p ar ces grâces successiv es qu’il cr ut de v oir
au souv enir du monar que , il ne se contenta plus de mener sa famille ,
comme il l’avait pieusement fait chaque dimanche , crier viv e le Roi dans
la salle des Maré chaux aux T uileries quand les princes se r endaient à la
chap elle , il sollicita la fav eur d’une entr e v ue p articulièr e . Cee audience ,
très-pr omptement accordé e , n’ eut rien de p articulier . Le salon r o yal était
plein de vieux ser viteur s dont les têtes p oudré es, v ues d’une certaine
hauteur , r essemblaient à un tapis de neig e . Là , le g entilhomme r etr ouva
d’anciens comp agnons qui le r e çur ent d’un air un p eu fr oid  ; mais les princes
lui p ar ur ent adorables , e xpr ession d’ enthousiasme qui lui é chapp a, quand
le plus gracieux de ses maîtr es, de qui le comte ne se cr o yait connu que
de nom, vint lui ser r er la main et le pr o clama le plus pur des V endé ens.
Malgré cee o vation, aucune de ces augustes p er sonnes n’ eut l’idé e de lui
demander le compte de ses p ertes, ni celui de l’ar g ent si g énér eusement
v er sé dans les caisses de l’ar mé e catholique . Il s’ap er çut, un p eu tard, qu’il
avait fait la guer r e à ses dép ens. V er s la fin de la soiré e , il cr ut p ouv oir
hasarder une spirituelle allusion à l’état de ses affair es, semblable à celui de
bien des g entilshommes. Sa Majesté se prit à rir e d’assez b on cœur , toute
p ar ole mar qué e au coin de l’ esprit avait le don de lui plair e  ; mais elle
répliqua né anmoins p ar une de ces r o yales plaisanteries dont la douceur
est plus à craindr e que la colèr e d’une réprimande . Un des plus intimes
confidents du r oi ne tarda p as à s’appr o cher du V endé en calculateur ,
au2Le bal de Sce aux Chapitr e
quel il fit entendr e , p ar une phrase fine et p olie , que le moment n’était
p as encor e v enu de compter av e c les maîtr es  : il se tr ouvait sur le tapis
des mémoir es b e aucoup plus ar riérés que le sien, et qui de vaient sans
doute ser vir à l’histoir e de la Ré v olution. Le comte sortit pr udemment du
gr oup e vénérable qui dé crivait un r esp e ctueux demi-cer cle de vant
l’auguste famille . Puis, après av oir , non sans p eine , dég ag é son ép é e p ar mi les
jamb es grêles où elle s’était eng ag é e , il r eg agna p é destr ement à trav er s
la cour des T uileries le fiacr e qu’il avait laissé sur le quai. A v e c cet esprit
rétif qui distingue la noblesse de vieille r o che chez laquelle le souv enir de
la Ligue et des Bar ricades n’ est p as encor e éteint, il se plaignit dans son
fiacr e , à haute v oix et de manièr e à se compr omer e , sur le chang ement
sur v enu à la cour . ― A utr efois, se disait-il, chacun p arlait libr ement au r oi
de ses p etites affair es, les seigneur s p ouvaient à leur aise lui demander des
grâces et de l’ar g ent, et aujourd’hui l’ on n’ obtiendra p as, sans scandale ,
le r emb our sement des sommes avancé es p our son ser vice  ? Morbleu  ! la
cr oix de Saint-Louis et le grade de maré chal-de-camp ne valent p as tr ois
cent mille liv r es que j’ai, b el et bien, dép ensé es p our la cause r o yale . Je
v eux r ep arler au r oi, en face , et dans son cabinet.
Cee scène r efr oidit d’autant plus le zèle de monsieur de Fontaine ,
que ses demandes d’audience r estèr ent constamment sans rép onse . Il vit
d’ailleur s les intr us de l’ empir e ar rivant à quelques-unes des char g es
réser vé es sous l’ancienne monar chie aux meilleur es maisons.
―  T out est p erdu, dit-il un matin. D é cidément, le r oi n’a jamais été
qu’un ré v olutionnair e . Sans Monsieur , qui ne dér og e p as et console ses
fidèles ser viteur s, je ne sais en quelles mains irait un jour la cour onne de
France , si ce régime continuait. Leur maudit sy stème constitutionnel est
le plus mauvais de tous les g ouv er nements, et ne p our ra jamais conv enir
à la France . Louis X V I I I et M. Beugnot nous ont tout gâté à Saint-Ouen.
Le comte désesp éré se prép arait à r etour ner à sa ter r e , en
abandonnant av e c noblesse ses prétentions à toute indemnité . En ce moment, les
é vénements du Vingt Mar s annoncèr ent une nouv elle tempête qui
menaçait d’ engloutir le r oi légitime et ses défenseur s. Semblable à ces g ens
g énér eux qui ne r env oient p as un ser viteur p ar un temps de pluie ,
monsieur de Fontaine empr unta sur sa ter r e p our suiv r e la monar chie en
dér oute , sans sav oir si cee complicité d’émigration lui serait plus pr opice
3Le bal de Sce aux Chapitr e
que ne l’avait été son dé v ouement p assé  ; mais après av oir obser vé que
les comp agnons de l’ e xil étaient plus en fav eur que les brav es qui, jadis,
avaient pr otesté , les ar mes à la main, contr e

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