Le dernier des Spartians
16 pages
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Le dernier des Spartians

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Description

À la fois fable, conte philosophique et parodie de roman d’anticipation ou de fantaisie, le nouvel opus de Bernard Viallet (après « Bienvenue sur Déliciosa », « Expresso Love », « Montburgonde » et « G-Warriors ») entraîne une nouvelle fois le lecteur dans une suite d’aventures étonnantes, toujours contées sur un rythme entraînant et soutenu. Par certains de ses aspects, le monde si exotique d’Aspartia ressemble quelque peu au nôtre. Ce qui n’en demeure que plus surprenant et un brin inquiétant…

Informations

Publié par
Publié le 28 février 2018
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

LE DERNIER des SPARTIANS (Roman)
BERNARD VIALLET
LE DERNIER DES SPARTIANS
Editions Emma Jobber
« Il faudra avoir peur pour l’enfant de l’homme, Le poison et le désespoir le guetteront; On ne l’aura désiré que pour soi et non pour lui ou pour le monde. (…) Même celui qui sera protégé par les siens Sera menacé d’avoir l’esprit mort ; il vivra dans le jeu et le mirage. Qui le guidera puisqu’il n’y aura plus de maître ? Personne ne lui aura enseigné à espérer et à agir. »
(Jean de Jérusalem)
A Joëlle, Emmanuelle, Marianne et Benoît.
DU MÊME AUTEUR __________________
« Le Mammouth m’a tué » (Editions Tempora & Bookless) « Ulla Sundström » (TheBookEdition) « Dorian Evergreen » (TheBookEdition) « Les Faux As » (TheBookEdition) « Bienvenue sur Déliciosa » (TheBookEdition & L’IvreBook) « Opération Baucent » (TheBookEdition & Amazon Kindle) « Expresso Love » (CSP Edition & Amazon Kindle) « Montburgonde » (CSP Edition & Amazon Kindle) « L’aéronaute embourbé » (CSP Edition & Amazon Kindle) « G-Warriors » (CSP Edition & Amazon Kindle)
CHAPITRE 1
Schlock proposa aimablement au triumvir Roy F. Land de bien vouloir s’allonger sur une assez confortable couche de fougères séchées recouvertes d’une bonne épaisseur de peaux de gourses et de poutons. — Je vous en prie, Monsieur le Ministre, si vous voulez bien vous donner la peine… lui dit-il en grimaçant discrètement dans sa longue barbe blanche. R. F. Land ne put s’empêcher de corriger, histoire de montrer qu’il plaçait sa fonction bien au-dessus de celle d’un vulgaire ministre : « Son Excellence le Premier des Triumvirs, voulez-vous, Schlock… » — Oh, fit l’autre, pour moi qui ne suis qu’un modeste rebouteux de village, ce ne sont que pinailleries sans importance… Ministre ou Triumvir quelle différence ? Quand on sait sur quoi s’étend votre juridiction… Un îlot ridicule… Laissez-moi rire ! Allez, Roy Fraternity, n’y pensez plus, laissez-vous aller, oubliez les soucis du pouvoir et détendez-vous ! L’œil bleu acier du gros dignitaire s’attarda tristement sur Schlock. Il savait que son soignant faisait allusion à des réalités dérangeantes, mais il voulait continuer à répandre le doute sur la réalité de la situation politique d’Aspartia. Chaque jour, les choses évoluaient sur l’île, mais rarement en bien. Et sur le continent sans doute était-ce pire. Il regarda le vieux savant par en dessous. Cela faisait un mois qu’il ne l’avait vu. Il le trouvait amaigri avec des traits creusés et un corps émacié qui flottait dans une sorte de chasuble de lin écru serrée à la ceinture par une grosse corde de chanvre brun. Quel âge pouvait bien avoir le mage ? Il se sentait incapable dire si c’était cent, deux cents voire mille printemps. De tout temps, Schlock avait fait partie du paysage. Land avait même assisté autrefois à ses cours abscons sur l’éthique et la symbologie quand il était lui-même étudiant à l’Université Brabançonne. Dans ses souvenirs les plus lointains, Schlock portait déjà cette longue barbe blanche à nulle autre pareille. Ses traits étaient déjà creusés, son nez en bec d’aigle déjà inquiétant et son regard noir déjà perçant et inquisiteur. Mais tout cela remontait à si longtemps. De l’orgueilleuse faculté perchée sur la colline, ne subsistaient que les quelques pauvres pans de mur au milieu des ruines abandonnées d’un château simili-médiéval. Les vestiges d’un savoir à jamais disparu. Etrangement, Roy sentit une vague de pitié l’envahir. En réalité, il s’apitoyait sur leur sort à eux tous. Il poussa un long soupir à fendre l’âme. Un léger sourire ironique apparut aux commissures des lèvres du guérisseur… — Détendez-vous, lui répéta-t-il. Essayez d’oublier un moment tous les soucis de votre charge, tous les problèmes qui vous attendent dès que vous aurez franchi cette porte… — Je ne vous comprends pas bien Schlock... Posséder tant de science et de tant de talent… Représenter un véritable trésor vivant pour notre petite communauté… — On n’a pas toujours pensé cela de moi… — … Et rester croupir dans cette tanière semi-enterrée… — Cette « tanière » comme vous l’appelez est la forme d’habitat la plus évoluée que notre civilisation ait jamais créée. C’est un « zome » composé de plusieurs dômes semi-sphériques partiellement enterrés. Le résultat donne une maison « zéro calories », totalement passive et ne dépensant aucune énergie. Une simple bougie suffit à l’éclairer et à la chauffer en hiver. Même contre un palais néo-gorbusien, point ne l’échangerais ! — Bof, votre zome, comme vous dîtes, est tellement vieux et décrépi que je doute qu’il ait encore les qualités dont vous le parez. L’étanchéité laisse à désirer, l’humidité remonte du sol et vos murs sont décorés de magnifiques fresques de mousse et de moisissure vert de gris… — Est-ce ma faute si Jédial nous douche deux jours sur trois et si notre malheureux village ne
dispose plus d’artisan couvreur encore capable de grimper pour réparer une toiture fissurée ? — Parlons-en de ce trou crasseux… Il devrait vous dégoûter… avec tous ces vieux, tous ces relégués, tous ces débiles mentaux… — Sachez, Monsieur Fraternity, répliqua sèchement le mage, que rien de ce qui est humain ne me dégoûte… — Vous n’avez aucune raison sérieuse de ne pas venir vous installer sur notre île. Nous vous accueillerions dans notre prestigieux cénacle. Vous seriez à votre véritable place au milieu des notables, des puissants et des Sages du Grand Conseil. Reconnaissez que votre milieu naturel se trouve là-bas et non ici ! — C’est possible, admit Schlock un peu à regret. Mais je préfère être le premier dans mon village que le dernier sur Aspartia… — Attention, répliqua doctement Roy F. Land, le doigt pointé en l’air, un Sage tel que vous ne doit point se rendre coupable du péché d’orgueil sinon d’aucuns pourraient douter qu’il en soit vraiment un… La science est encore balbutiante dans le domaine particulier des méfaits de l’extrême vieillesse sur le cortex neuronal. Pensez que vous pourriez bénéficier des soins du département santé-bonheur de notre divin Appareil… — Laissez tomber, je dispose de la totalité de mes facultés mentales, je n’ai nul besoin de vos soins physico-chimiques allopathiques. — Nous pourrions vous attribuer un poste de Ministre, tenez celui du bien-être, de l’intelligence artificielle et des médecines alternatives, cela devrait vous convenir. Vous pourriez siéger au Grand Conseil, à l’Assemblée Plénipotentiaire, au Sénat et même au cénacle de la communauté ilienne, avec accès prioritaire au Restaurant Parlementaire, au Club-House des Sages et au Hamman V.I.P de l’Assemblée… — Ces petites jouissances mesquines ne m’intéressent nullement… — Et les joies enivrantes que procurent la puissance, la célébrité et… le POUVOIR… vous ne pouvez tout de même pas les rejeter avec un tel dédain ? Schlock commençait à être lassé du discours de ce petit bonhomme au ventre rond, aux grosses bajoues et aux poches sous les yeux qui était allongé devant lui et qui n’arrivait pas à se laisser aller. Il ne voyait en lui qu’un malade comme un autre. Toute la journée, les patients allaient se succéder dans son étrange cabinet de consultation. Il tenterait de les soulager avec ses méthodes peu orthodoxes et y laisserait beaucoup d’énergie vitale. Il ne souhaitait pas perdre plus de temps avec Land, tout Premier Triumvir qu’il fût sur la lointaine et arrogante Aspartia… — Nous verrons, nous verrons, fit-il en appuyant ses deux mains sur les épaules du dignitaire qui s’était redressé sur sa couche rustique. Je réfléchirai plus tard à votre proposition. Mais pour l’instant, revenons-en à nos poutons. Détendez-vous, laissez-vous aller et ne pensez plus à rien ! Land daigna enfin se taire et fermer les yeux. Schlock se concentra puis, pendant de longues minutes, imposa ses deux mains fines et décharnées au-dessus du front du triumvir. Ensuite, il les plaça de chaque côté des tempes et finalement sur chacun des organes vitaux de son patient. — Vous vous sentez bien, calme, détendu, reposé maintenant, lui dit-il. L’autre poussa le soupir comblé de l’homme pris d’une légère somnolence. — Vous êtes complètement relaxé… Votre corps se sent léger, vos muscles sont en coton… en coton… Le corps raidi de Land se laissa aller totalement alors que les mains de son soignant revenaient lentement vers son front. D’une voix douce et lente, le vieux mage reprit : « Roy Fraternity Land, vous avez confiance… une absolue confiance… Il est temps maintenant de libérer totalement votre cortex, tout votre cortex… Même ses zones les plus secrètes… Le magma bouillonnant et les limbes intérieurs stagnants. Que toutes les pensées torturantes, toutes les angoisses et toutes les peurs passent dans mes mains et s’évaporent à jamais. Qu’elles soient remplacées par des images de douceur, de grâce et de volupté… Vous êtes étendu sur le sable tiède, au bord d’un lagon bleu… La douce chaleur du soleil vous pénètre lentement. Elle vous délasse peu à peu… » Les yeux fermés, le corps abandonné, le patient souriait béatement. Sans doute les paroles susurrées par Schlock pénétraient-elles lentement jusqu’aux tréfonds des circonvolutions de son
cerveau selon un mécanisme mystérieux car Land se retrouvait maintenant dans un état second fort ressemblant à celui de l’hypnose. — C’est parfait, Fraternity, approuva le vieux mage… Tout le monde vous apprécie, vous révère, vous adule… Surtout les femmes… Nombreuses sont celles qui voudraient passer un moment avec vous. Pour elles, vous êtes toujours jeune et beau. Eternellement désirable et fringant. Même Frambo, la femme-objet de l’Appareil, la Reine secrète d’Aspartia, le modèle de la sélection, celle que toutes veulent imiter, la mère et la fille des Sages, celle que tout homme rêve de faire sienne, même elle, vous préfère aux deux autres, vous le symbole de la Fraternité. Vous surclassez le Travail et la Famille. Tout le peuple est derrière vous. Même les hommes. Les Anciens, bien sûr… Mais aussi les jeunes, les costauds, les intrépides, les braves d’entre les braves, l’élite, nos Spartians polymusclés qui sortent de notre école de Paix. Bien plus que les autres Ministres avec leur Patrie, leur Liberté, leur Egalité et leur Travail, c’est vous leur véritable modèle, vous, qui incarnez l’idéal qu’ils brûlent de servir… Sans Fraternité, c’est-à-dire sans amour du proche ou du lointain que seraient les autres idéaux, des coquilles vides, des fardeaux ! Vous représentez tout cela, Roy FRATERNITY Land. Soyez-en fier et digne. Laissez-vous pénétrer de cette pensée. Votre voie est juste et personne ne peut mieux guider le peuple que vous… Laissez votre cortex le plus intime s’en persuader. Ainsi puiserez-vous la force de vivre les épreuves des jours à venir… Ecoutez ma voix… Concentrez-vous… Concentrez-vous… Tout va bien… Tout est sous contrôle… Schlock savait qu’il en était arrivé à la phase critique du traitement psychosomatique de son illustre patient. Il n’enviait pas la place du Premier des Triumvirs, son écrasante responsabilité dans cette période difficile et angoissante. Il essayait de lui infuser un maximum d’énergie et d’enthousiasme par le truchement de ses longues mains blanches aux veines apparentes. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front ridé. Son rythme cardiaque s’accélérait, son souffle devenait plus court et pourtant il était parfaitement immobile au-dessus de ce corps qui était dans une position de gisant. Schlock souffrait. Il sentait tout un flot d’énergie vitale s’échapper inexorablement de sa vieille carcasse fatiguée. Quand les premières images hallucinatoires vinrent s’imprimer dans son esprit, il rompit le charme. Il savait qu’il avait tout donné à Land. Pas question d’aller plus loin. — Je vais maintenant compter jusqu’à trois… A trois, vous pourrez ouvrir les yeux et revenir parmi nous… Un, deux, et trois… Tout doucement, le corps du potentat se mit à frémir, puis à bouger un peu. Il ouvrit les yeux avec l’air éberlué de l’homme qui sort péniblement d’un rêve ou d’un cauchemar et qui ne réalise pas encore où il se trouve. — Retour en douceur à la réalité, Land, lui dit le mage qui avait l’impression d’être complètement vidé. Vous vous sentez lucide, calme, détendu… Vous êtes chez le vieux sorcier Schlock. Tous vos maux, toutes vos peurs, toutes vos angoisses ont disparu. Vous voilà rechargé, rééquilibré, heureux et dynamique. Vous avez retrouvé tout votre potentiel. Vous vous sentez bien dans votre peau… Vous ne doutez plus… Vous voilà prêt à redevenir l’idole du bon peuple d’Aspartia. Roy F. Land laissait son regard errer tout autour de lui : « Oui, dit-il en se parlant à lui-même, ce dôme de paille de lin et de boue séchée, c’est bien celui de mon vieux maître Schlock… Cette paillasse, c’est bien celle sur laquelle je viens me ressourcer chaque semaine… » Il ne put s’empêcher de remarquer que le lieu était sale et vétuste, que tout lui semblait misérable et puant le renfermé et que le village lui-même était crasseux et hostile. Mais qu’importait, il avait une fois de plus réussi à se recharger en énergie vitale. Il avait presque l’impression d’être redevenu un surhomme. L'übermenschIl allait dominer de toute son arrogance retrouvée les d’Aspartia. galeux, les pesteux, les malades et les miséreux du continent. Les vieillards grincheux, snobinards ou geignards de son île de nantis ne pourraient rien contre lui. Juste approuver et admirer la sagesse, l’autorité et la clairvoyance qui lui permettaient de si bien gérer les affaires de la Cité… Le triumvir se leva, drapé dans sa dignité retrouvée. Sans un mot, il tendit au vieux savant un anneau d’or orné d’une émeraude grosse comme un bouchon de carafe que l’autre refusa d’un air outré. C’était depuis longtemps devenu une sorte de rituel entre eux. Jamais Schlock ne daignait
accepter le moindre salaire pour ses services. Land remit la bague à son doigt boudiné et sortit sans un merci ni un mot d’adieu. Le vieux mage s’étendit immédiatement sur la couche encore tiède et ferma les yeux. Il savait qu’il allait lui falloir plusieurs heures pour se remettre d’une telle perte de fluide vital. Plantés à la porte du zome, deux gardes armés d’épées, de lances et de boucliers attendaient leur maître en compagnie de quatre porteurs, grands gaillards au torse nu et à la peau sombre tout juste revêtus d’un pagne de fibre synthétique jaune fluo. Magnifiques spécimens de génuques, créatures obtenues à une certaine époque par des manipulations génétiques bizarroïdes pratiquées dans un des secteurs les plus secrets de l’Appareil. Tout dans les muscles, pas grand-chose dans la cervelle et absolument rien sous le pagne. Un siècle plus tôt, les médias avaient annoncé leur création comme l’avènement merveilleux de l’homme idéal. Très vite, on s’était aperçu que ce n’étaient que de pauvres bougres bien plus proches du bovidé que de Mick de la Pirandole, l’autodidacte omniscient injustement oublié. Heureusement, on ne comptait sur l'île qu’une petite douzaine de ces clones, tous au service du triumvirat. Land s’installa sur les coussins de l’espèce de palanquin qu’on lui présenta. Manifestement, il était déjà contrarié : « Je ne vois pas les deux jeunes gens que nous devions récupérer pour les essais de Patriotisme Fraternel… Que s’est-il passé ? » — Nous sommes absolument désolés, Eminent Premier Triumvir, lui répondit le garde en ôtant la calebasse qui lui servait de casque et qui l’empêchait de s’exprimer clairement. Nous avons fouillé le village de fond en comble et nous n’avons rien trouvé… — Ou l’information était fausse ou ils se sont cachés en vous voyant arriver… — Bof, fit l’autre garde, ceux qu’on a trouvés n’étaient pas vraiment des perdreaux de l’année, un godelureau de soixante-neuf printemps et une nymphette de soixante-deux… — Evidemment, admit Land en le regardant d’un air mauvais, la semence du mâle doit être un peu éventée et le sillon de la femelle racorni, mais vous ne valez guère mieux, vous-même, Spartian… Quel âge avez-vous ? — Cent quinze ou cent vingt, je ne me souviens plus trop, répondit le garde d’un air dédaigneux. Mais tout le monde s’accorde pour ne m’en donner qu’à peine soixante… — La vie militaire maintient en forme, c’est bien connu, répondit Land avant d’ajouter en direction des génuques : « En route, porteurs ! » en se disant que son armée ou plutôt ce qui en restait était bien misérable avec ces vieux briscards blanchis sous le harnais dans leurs justaucorps de cuir usé, avec leurs armes rudimentaires et cette relève qui n’arrivait qu’au compte-gouttes. Le petit groupe traversa sans s’attarder un village minable composé d’une unique rue bordée de quelques huttes croulantes et sales. L’hygiène semblait inconnue ici. Les gens jetaient tout dehors sans se préoccuper des conséquences. Résultat : des tas d’ordures fermentaient au soleil faisant le bonheur de misérables bandes de crads noirs et de quelques vilains pochons roses au poil crotté qui adoraient se vautrer dans cette sanie répugnante. Des excréments naviguaient dans des rigoles d’urine que les porteurs ne parvenaient pas toujours à éviter… En plus de l’odeur infecte et tenace que le dignitaire devait supporter, il y avait également des nuées de mouches et d’insectes divers qui l’assaillaient de toutes parts. « Ah, j’aurais dû prendre l’autre palanquin, celui à rideaux et moustiquaires… » regretta-t-il. Non loin de l’embarcadère, les génuques s’arrêtèrent net. Un groupe de mendiants, de boiteux, lépreux et autres scrofuleux, s’était placé en travers de leur chemin. Ces pauvres diables, sales comme des poux et vêtus de guenilles immondes, avaient bien l’intention qu’on leur fasse la charité… — Pitié, grand homme… Donnez-nous quelque chose, n’importe quoi… On a faim… Mais Land ne l’entendait pas de cette oreille. Il ordonna à ses gardes de le débarrasser de ces pouilleux avec calme et fermeté. Les deux soldats prirent leurs épées et du plat de la lame se mirent à taper sur les échines ou les postérieurs des mendiants qui filèrent en se frottant les côtes ou l’arrière-train sans demander leur reste. Arrivés au bord de l'eau, les porteurs génuques purent adapter la structure du palanquin au plat-bord du large canot qui attendait, amarré au ponton. Puis ils prirent les rames pendant que les Spartians éloignaient la légère embarcation en s’aidant du manche de leurs longues lances…
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